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Le bilan historique de l'opportunisme pablisteEchange avec un sympathisant de la LCR française15 avril 2004 Le WSWS a reçu le courriel, affiché ci-dessous, d'un sympathisant de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), une organisation parmi d'autres en France se réclamant du trotskisme, en réponse à " Forum social européen: la LCR essaie de placer l'opposition populaire sous le contrôle de la gauche officielle". La lettre est suivie d'une réponse d'Antoine Lerougetel. Utilisez cette version pour imprimer Lettre d'un sympathisant de la Ligue communiste révolutionnaire Je ne comprends pas le tract du 17 novembre 2003. Vous dites que la LCR est un parti bourgeois et qu'elle ne fait qu'accompagner la gauche plurielle dans sa ligne stalinienne et libérale. Je rappelle que la LCR est la Section Française de la Quatrième Internationale, union trotskyste créée contre le stalinisme et toute forme de capitalisme. Nous n'avons jamais appelé à rejoindre le capitalisme. Si nous prônons le dialogue avec les autres partis, c'est pour les rappeler à se réunir contre le capitalisme. Si vous pensez que la démocratie et l'ouverture démocratique ne sont que bourgeoises, alors ne vous dites pas socialistes. Nous avons aussi vivement reproché l'attitude du PCR italien pour ses dérives, et avons soutenu nos camarades de la fraction DS, qui ont été expulsés du PT brésiliens. Les traîtres staliniens et socio-libéraux n'ont pas leur place au sein des luttes de classes. Nous voulons la révolution, le communisme et la Paix. Nous avons activement lutté contre les bourgeoisies du monde entier, avec force et dévouement. Trotsky vous renierait pour ce que vous avez dit. Vous n'avez qu'un discours creux, contestataire et digne des commérages les plus fallacieux. Le prolétariat doit vaincre et nous le ferons. Veuillez nous fournir des explications plausibles à cette diffamation. La réponse par Antoine Lerougetel Merci de votre lettre nous demandant " des explications plausibles " concernant l'analyse politique de la LCR faite par le WSWS. Nous vous répondrons en termes historiques concrets confirmant notre analyse de la politique opportuniste de la LCR. Nous récusons votre accusation selon laquelle il y aurait eu " diffamation " dans la déclaration du 17 novembre 2003, Forum social européen: la LCR essaie de placer l'opposition populaire sous le contrôle de la gauche officielle. Le Comité International de la Quatrième Internationale considère assurément la LCR comme une organisation opportuniste petit-bourgeois (non pas, comme vous dites " un parti bourgeois ") Pour étudier l'évolution de la LCR et du Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale (SUQI) la tendance internationale à laquelle elle appartient il nous faut retourner aux origines de la scission qui se produisit dans le mouvement international fondé par Léon Trotsky, la Quatrième Internationale (QI), en 1953. La Lettre Ouverte de James P. Cannon, dirigeant du Socialist Workers Party (SWP Parti socialiste des travailleurs au USA), lança un appel à tous les trotskistes orthodoxes à former leur propre tendance en opposition au groupement opportuniste dirigé par Michel Pablo, Ernest Mandel et autres. La tendance de Pablo et de Mandel était arrivée à la conclusion que le rôle de la Quatrième Internationale n'était pas celui du parti mondial de la révolution sociale, comme l'avait envisagé Trotsky, mais un rôle de conseiller et de groupe de pression par rapport aux mouvements staliniens, sociaux démocrates et nationalistes petits-bourgeois. A la fin de la deuxième guerre mondiale, à Postdam et Yalta, le pacte entre le Stalinisme et l'impérialisme vit le jour avec pour objectif la division du monde en sphères d'influence. Suite à cela, le stalinisme intervint directement pour supprimer toute tentative par les salariés d'établir le socialisme en Europe. Les 'états ouvriers déformés', il faut mettre l'accent plutôt sur 'déformés' que sur 'ouvriers', installés par Staline dans l'Europe de l'Est, furent des entités bureaucratiques où les nationalisations tardives ne furent en aucun sens socialistes car non basées sur le renversement révolutionnaire de l'état capitaliste par la classe ouvrière. Effectivement, tout développement de la sorte fut réprimé avec brutalité. Des exemples clés en sont le soulèvement est-allemand de 1953 et la Révolution Hongroise de 1956. Les staliniens s'opposèrent à toute possibilité que l'effondrement des régimes fascistes n'ouvre la voie à la révolution socialiste en Italie, en Grèce, en France Ceci donna à l'impérialisme américain l'opportunité d'utiliser ses immenses ressources afin de venir à la rescousse des classes capitalistes d'Europe ayant collaboré avec le nazisme et s'étant totalement discréditées de refaire une stabilité au capitalisme mondial. Ces conditions difficiles donnèrent lieu à une théorie liquidationniste appelée "les deux blocs" mise en avant par Michel Pablo, alors Secrétaire de la QI. Cette politique réactionnaire écartait essentiellement le rôle de la classe ouvrière agissant comme force politique indépendante sous la conduite des trotskistes. Pablo et ses partisans affirmaient que le conflit entre l'impérialisme et le stalinisme (on était alors en pleine guerre froide) pousserait les staliniens à gauche et les forcerait à prendre le pouvoir sur une position anticapitaliste. De ce fait, le rôle indépendant de la QI ne se justifiait plus. Ils proposaient, en d'autres termes, que le parti se fonde dans les 'mouvements de masse' du stalinisme et de la social démocratie. Pablo organisa l'expulsion de la QI de la majorité de la section française qui refusait d'accepter cette politique. Cette attaque révisionniste reflétait la pression de classe exercée sur le mouvement trotskiste suite aux accords d'après guerre et du boom économique basé sur la force relative de l'impérialisme américain. Cette attaque fut rejetée et le trotskisme orthodoxe défendu par la création, en 1953, par Cannon et ses partisans, du Comité International de la Quatrième Internationale qui aujourd'hui publie le World Socialist Web Site. Depuis lors, la tendance pabliste a participé à de multiples trahisons des intérêts de la classe ouvrière internationale. Le dirigeant pabliste italien, Livio Maitan, a récemment fait référence à ces trahisons en utilisant l'euphémisme de " dérives ", lors de son discours d'ouverture du XV congrès du Secrétariat Unifié. Pour ne citer que quatre exemples de trahison pabliste parmi tant d'autres, considérons les faits : * En 1964, le LSSP, section Pabliste du Secrétariat
Unifié du Sri Lanka, entra dans le gouvernement bourgeois
de Bandaranaike. Les conséquences en furent désastreuses
pour la classe ouvrière. Le LSSP contribua à implanter
le chauvinisme cinghalais dans la constitution de 1972, divisant
la classe ouvrière tamoule et cinghalaise et conduisant
finalement à des attaques racistes envers les Tamouls
et à une guerre civile communautariste qui dure depuis
20 ans. * Le troisième exemple est celui du Brésil. Le gouvernement bourgeois de Lula met en uvre la politique du FMI au dépens des paysans sans terre par le biais du ministre de la réforme agraire Miguel Rossetto, figure importante de votre mouvement Démocratie Socialiste, une faction du P.T (parti des travailleurs) au gouvernement. On voit là la démocratie bourgeoise à l'uvre, aidée par le pablisme (c'est-à-dire le radicalisme petit bourgeois ou gauchisme).Voici ce que Livio Maitan dit de Rosssetto dans son discours d'ouverture des débats au XVe Congrès des pablistes, le Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale (SUQI) : " En principe, nous n'avons jamais souffert de cette maladie fatale du mouvement ouvrier qu'est le crétinisme parlementaire, même si nous avons subi, à différentes époques, des dérives, du Sri Lanka à des pays d'autres continents. Donc, nous n'avons pas peur de souligner comme un reflet de notre influence croissante le fait que dans la dernière décennie nous avons eu des élus dans une série de pays, du Brésil aux Philippines, du Danemark au Portugal et au Parlement européen. Au Brésil, un camarade comme Miguel Rossetto, dont nous connaissons les qualités et l'esprit militant, est aujourd'hui membre du gouvernement surgi du succès populaire sans précédent qu'a représenté l'élection de Lula. Miguel a assumé une responsabilité cruciale avec la tache d'accomplir une réforme agraire radicale, susceptible de déclencher une dynamique plus générale de rupture du système. Nous allons suivre et soutenir sa bataille, appuyée par tous les secteurs les plus avancés du Parti des travailleurs et le Mouvement des sans terre, et, en faisant taire une angoisse sous-jacente pour la difficulté extrême de l'entreprise, nous lui exprimons dans ce congrès notre solidarité la plus chaleureuse ". La mauvaise foi de ce paragraphe laisse pantois. * Il nous faut aussi mentionner l'ignoble décision prise par la LCR de rejoindre les staliniens, les sociaux démocrates du Parti socialistes et les Verts en avril-mai 2002 pour appeler à soutenir le président sortant Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen d'extrême-droite au second tour des élections présidentielles françaises. Olivier Besancenot, candidat LCR au premier tour des élections présidentielles, fit clairement savoir qu'il voterait pour Chirac et appela à faire de même. Besancenot déclara à la presse : " Nous proposons que tous les électeurs se lavent les mains dimanche soir [après avoir voté pour Chirac] et organisent un troisième tour social en manifestant dans la rue en grand nombre ". Un des derniers communiqués de presse de la LCR déclarait qu'il était nécessaire " de faire barrage au Front National dans les urnes comme nous l'avons fait dans la rue. Le 5 mai votez contre Le Pen ". Peut-on être plus clair quand il n'y a que deux candidats ? Le programme de votre organisation est résolument opportuniste comme en témoigne votre soutien sans critique au Forum Social Européen et à Attac, organisation antimondialiste, qui veulent réformer le capitalisme par des gadgets tels que la taxe Tobin sur les transferts de capitaux, votée par le XV congrès Pabliste du SUQI. Ceci confirme une fois de plus la position de classe de la LCR. L'indépendance politique de la classe ouvrière est subordonnée à ces mouvements de contestation petit-bourgeois, parce que comme le dit Maitan " l'essentiel, c'est d'être dans le mouvement ". Ce n'est donc pas un " dialogue " avec des gens opposés au capitalisme avec pour but de leur rappeler, comme vous le suggérez, de " s'unir contre le capitalisme ", mais plutôt un moyen de maintenir des illusions dans la politique de contestation et les programmes réformistes nationaux qui ont été abandonnés par les sociauxdémocrates et staliniens et les bureaucraties syndicales qui leur sont associées. Contrairement à ces manuvres dénués de principes, le rôle du parti marxiste international, le CIQI, est de démontrer à la classe ouvrière la nature profonde de la crise capitaliste et de mettre en avant la seule solution viable qui est la reconstruction socialiste de la société. C'est la tâche entreprise par le CIQI, pendant que les Pablistes oeuvrent pour répandre l'illusion que les intérêts de la classe ouvrière peuvent être défendus dans le cadre du système capitaliste et de ses institutions nationales et internationales. Si vous dites que " la classe ouvrière doit vaincre " alors il faut tirer les leçons de l'histoire. L'unité des travailleurs et la victoire finale du socialisme dépendent d'une perspective révolutionnaire marxiste. L'appel pitoyable d'Alain Krivine de la LCR aux sociaux démocrates et staliniens les incitant à " tirer le bilan " de leur temps dans un gouvernement bourgeois sert à semer des illusions sur une quelconque tendance progressiste de ces formations. Les travailleurs ont commencé à faire leur propre bilan en votant contre ces partis ou en s'abstenant. Pourtant les dirigeants LCR/LO n'ont aucune intention de se séparer de ces forces politiquement dégénérées que l'on trouve dans les syndicats, mais veulent à tout prix rester à leurs côtés. Un changement récent des statuts internes de la LCR abandonnant toute référence à la dictature du prolétariat souligne la trajectoire vers la droite du pablisme. Dans la période à venir, salariés et jeunes radicalisés seront forcés de se rendre compte que la défense de leurs droits démocratiques et de leur existence nécessite une rupture avec la politique bourgeoise et tous ses pièges. L'opportunisme de gauche façon LCR est l'un de ces pièges. Notre intervention dans les élections européennes, sri lankaises et les élections présidentielles aux U.S.A, conduite par nos candidats des Partis de l'égalité socialiste, fera avancer la lutte pour une perspective socialiste. Cela nous mettra inévitablement en conflit avec ceux comme la LCR dont l'obsession d'" être dans le mouvement de masse "est un moyen de s'adapter aux bureaucrates en place. Si vous souhaitez défendre avec sérieux l'héritage du Trotskisme, il vous faudra examiner le bilan historique et rompre avec le pablisme du Secrétariat unifié et rejoindre ceux qui défendent les principes de base du socialisme.
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