wsws : Nouvelles et analyses : États-Unis
par le bureau de rédaction
21 juin 2003
Plus de deux mois après le début de l'occupation de Bagdad et plus de trois mois après le début de l'invasion américaine de l'Irak, l'administration Bush n'a toujours pas présenté la moindre preuve que l'Irak avait des armes de destruction massive. Il est de plus en plus évident que l'argumentation avec laquelle la Maison blanche et les médias américains ont «vendu» la guerre est entièrement fausse.
Dans les mois qui précédaient la guerre, Bush a souvent répété l'avertissement qu'à moins que les États-Unis envahissent l'Irak et «désarment Saddam Hussein», le dirigeant irakien fourniraient aux terroristes des armes chimiques, biologiques et mêmes nucléaires qui seraient ensuite utilisées contre le peuple américain. C'est cette menace qui était supposément imminente qui fut invoqué pour rejeter la loi internationale et pour lancer la machine de guerre américaine contre ce pays appauvri et à demi affamé à cause d'un embargo économique de plus d'une décennie.
Que l'on ait maintenant la preuve que ces déclarations aient été des mensonges n'a pas surpris grand monde. Même avant la conquête de l'Irak, les accusations des États-Unis avaient été très largement rejetées à travers le monde. Aucun gouvernement en Europe ou au Moyen-Orient ne considérait que l'Irak ait représenté une menace sérieuse sur le plan militaire. Les inspecteurs en armement de l'ONU avaient été incapables de localiser une seule arme de destruction massive après des mois d'inspections sans restrictions. Des dizaines de millions de personnes, qui étaient soi-disant la cible des armes de destruction massive irakiennes, ont marché dans les villes de tous les continents pour dénoncer la décision américaine de lancer une guerre d'agression qui n'avait pas été provoquée.
Alors que les propagandistes de guerre américains présentaient l'attaque contre l'Irak comme une prolongation de la «guerre contre le terrorisme», il est bien connu que l'administration Bush avaient développer ses plans pour renverser le régime de Saddam Hussein au moyen de la force militaire bien avant les attaques contre le World Trade Center et le Pentagone. Les événements du 11 septembre sont devenus un prétexte pour forcer l'opinion publique à accepter l'intervention militaire américaine.
L'accusation que l'Irak possédait des armes de destruction massive a été choisie, comme l'a plus tard admis l'adjoint au secrétaire à la Défense, Paul Wolfowitz, pour des «raisons bureaucratiques». En d'autres termes, c'était la seule allégation sur laquelle le département d'État, le Pentagone et la CIA pouvaient s'entendre qu'elle offrirait une couverture utilisable pour masquer les véritables motifs de la guerre: s'emparer des immenses ressources en pétrole de l'Irak et établir la domination américaine au Moyen-Orient.
Depuis que la guerre a commencé, toutefois, chacun des éléments de la campagne de l'administration Bush sur la question des armes de destruction massive a été prouvé faux.
* L'Irak avait cherché à acheter de l'uranium du Niger, dans l'ouest de l'Afrique. Il a été prouvé que cette affirmation était basée sur de documents trafiqués, presque une année avant que Bush reprenne l'accusation dans son Discours sur l'état de l'Union de 2003.
* Des milliers de tubes d'aluminium importés par l'Irak pouvaient être utilisés pour construire des centrifugeuses servant à enrichir l'uranium. Ce mensonge a été démoli par l'Agence internationale d'énergie atomique aussi bien que par des scientifiques nucléaires américains.
* L'Irak possède jusqu'à 20 missiles Scud de longue portée, interdits selon les sanctions de l'ONU. On a trouvé aucun de ces missiles et aucun n'a été utilisé durant le conflit militaire.
* L'Irak a entreposé une immense quantité d'agents chimiques et biologiques, y compris de gaz neurotoxique, de bacille du charbon et de la toxine botulinique. Rien n'a été trouvé malgré des recherches sur des centaines de sites désignés avant la guerre dans des rapports des agences d'espionnage américain.
* Saddam Hussein avait fait acheminé des armes chimiques aux troupes aux premières lignes qui les utiliseraient lorsque l'armée américaine entrerait en Irak. Aucune arme chimique ne fut utilisée et on en a trouvé aucune après l'effondrement de l'armée irakienne sous l'impact de l'assaut américain.
L'administration Bush en est réduit à utiliser la découverte de deux remorques de camion près de Mossoul comme la preuve que l'Irak possédait des laboratoires mobiles de développement d'armes biologiques. L'Irak en avait déjà été accusé dans la présentation que fit le secrétaire d'État Colin Powell devant le Conseil de sécurité de l'ONU le 5 février 2003. Mais on a trouvé aucune trace d'un agent biologique dans les remorques et la Maison blanche a dû reculer aussi sur cette affirmation, suggérant que les remorques étaient peut-être la preuve d'un «programme» d'armement, mais pas des armes elles-mêmes.
L'administration Bush et ces défenseurs au sein des médias tentant continuellement de réécrire l'histoire, il est nécessaire de faire à nouveau la démonstration que les armes de destruction massive furent la principale raison offerte pour justifier que les États-Unis aillent en guerre. La résolution votée au Congrès en octobre dernier qui a donné à Bush l'autorisation de lancer la guerre, la résolution 1441 du Conseil de sécurité ainsi que la résolution pour la guerre adoptée par le Parlement britannique à la demande du premier ministre Tony Blair avaient toutes pour coeur le danger que posait le prétendu arsenal d'armes chimiques et biologiques de l'Irak et ses efforts concrets pour développer des armes nucléaires.
Des représentants du gouvernement américain ont maintes fois répété de façon très nette que non seulement l'Irak possédait d'énormes quantités d'armes biologiques et chimiques, en violation des résolutions de l'ONU, mais que les agences d'espionnage américaines avaient indiqué précisément où ces armes étaient entreposées, connaissaient l'identité précise de ceux qui étaient impliqués dans leur production et même les ordres militaires qu'avait donné Saddam Hussein sur leur utilisation en cas de guerre.
Il y a eu des douzaines de citations de ce type desquelles nous ne reproduirons que les suivantes:
* 26 août 2002: Le vice-président Dick Cheney a déclaré devant les Vétérans des guerres à l'étranger: «Il n'y a aucun doute que Saddam Hussein a présentement des armes de destruction massive. Il n'y a aucun doute qu'il les développent pour les utiliser contre nos amis, contre nos alliés et contre nous.»
* 18 septembre 2002: Le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld a dit devant le Comité sur le service militaire de la Chambre des représentants: «Nous savons que le régime irakien a des armes chimiques et des armes biologiques. Son régime en a entreposé de grandes quantités, de façon clandestine, y compris le VX, le sarin, le cyclosarin et le gaz moutarde.»
* 7 octobre 2002: Le président Bush a déclaré dans un discours télévisé de Cincinnati que l'Irak «possédait et produisait des armes chimiques et des armes biologiques. Il cherche à obtenir l'arme nucléaire.»
* 7 janvier 2003: Rumsfeld a déclaré lors d'une conférence de presse du Pentagone: «Il n'y a aucun doute pour moi qu'ils possèdent des armes chimiques et biologiques.» Il a ajouté que cette certitude était basée sur des renseignements récents et pas sur le fait que l'Irak avait utilisé de telles armes dans les 1980.
* 9 janvier 2003: Le porte-parole de la Maison blanche Ari Fleischer a dit «Nous savons que c'est un fait qu'il y a des armes là-bas.»
* 8 février 2003: Bush a dit dans son adresse radiodiffusée hebdomadairement: «Nous avons des sources qui nous disent que Saddam Hussein a récemment donné l'autorisation aux officiers sur le terrain d'utiliser l'arme chimique, les armes mêmes que ce dictateur dit ne pas avoir.»
* 16 mars 2003: Cheney a déclaré sur l'émission «Meet the Press» [«Rencontre avec les médias»], se référant à Saddam Hussein, «Nous croyons qu'il a, en fait, reconstruit des armes nucléaires.»
* 17 mars 2003: Dans l'ultimatum qu'il a donné à Saddam Hussein avait de commencer la guerre, Bush a déclaré: «Les informations qu'ont obtenues ce gouvernement et d'autres gouvernements ne laissent aucun doute sur le fait que le régime irakien continue à posséder et à cacher certaines des armes les plus fatales jamais développées.»
* 30 mars 2003: Sur l'émission «This Week» [«Cette semaine»] du réseau de télévision ABC, 10 jours après le début de la guerre, Rumsfeld réitérait que l'Irak possédait des armes de destruction massive, ajoutant «Nous savons où elles se trouvent.»
Les congressistes républicains et démocrates ainsi que les commentateurs des médias ont décrit les actions de l'administration Bush comme de l'exagération, du battage publicitaire, de l'embellissement ou tout au plus comme des pressions sur la CIA et les autres agences d'espionnage pour qu'elles produisent un preuve «convaincante» contre l'Irak. De telles descriptions passent à côté de la question essentielle: l'administration Bush a délibérément menti au peuple américain et au monde, en concoctant des prétextes pour une guerre dans le but de justifier une agression contre un État souverain. Il faut remonter à Hitler et aux nazis qui s'étaient déguisés avec l'uniforme polonais pour simuler une «attaque» contre des positions allemandes en 1939 pour trouver une tentative aussi flagrante et aussi cynique de construire un casus belli.
Il est important de se rappeler le contexte dans lequel la campagne des «armes de destruction massive» a pris place. Des manifestations de masse à travers le monde avaient démontré, comme le New York Times l'a écrit à l'époque qu'il y avait «deux superpuissances, le gouvernement américain et l'opinion publique mondiale» qui s'opposaient irrémédiablement l'une à l'autre.
L'administration Bush faisait face à une opposition sans précédent au Conseil de sécurité américain et à des menaces de la France, de la Russie et de la Chine d'user de leur droit de veto alors que les inspecteurs en armement, dans l'ensemble des rapports qu'ils ont donné au Conseil de sécurité n'ont pas trouvé de preuve que l'Irak possédait soit des armes interdites, soit les installations pour en produire.
La campagne de mensonges sur les armes de destruction massive était nécessaire pour surmonter l'impact qu'avait sur l'opinion publique américaine l'opposition mondiale. Cette campagne a bénéficié de la complicité des médias américains et des politiciens du Parti démocrate qui savaient que les porte-parole de l'administration mentaient, mais qui ont refusé de le déclarer publiquement.
L'administration Bush utilise une méthode bien précise: la vérité est ce que vous dîtes qu'elle est et les événements n'ont objectivement aucune conséquence. En autant que l'on peut utiliser les ressources du gouvernement fédéral et des médias contrôlés par la grande entreprise pour renforcer sa version des événements, pour bombarder les masses avec des images de propagande et pour étouffer toute explication différente, la clique de droite qui règne à Washington croit qu'elle peut s'en tirer avec les pires mensonges digne d'un roman d'Orwell.
Cette méthode, avec son mépris jusqu'à saturation du peuple américain et de son droit à contrôler la politique publique, remonte aux origines de cette administration. Bush déclare qu'il a obtenu un mandat électoral pour son programme ultra-droite, malgré qu'il ait menée sa campagne sur le thème du «conservatisme compatissant», le slogan publicitaire utilisé pour cacher son véritable programme d'un voile de modération et malgré qu'il ait perdu le vote populaire et a pu accéder à la Maison blanche grâce à l'intervention de la majorité de droite de la Cour suprême américaine.
Sur sa politique intérieure, Bush ment effrontément: les diminutions d'impôts pour les riches sont des «programmes de création d'emplois», les coupes dans Medicare et Medicaid sont des «réformes», les compressions budgétaires pour l'éducation publique sont présenté avec la formule «aucun enfant n'est oublié», l'élaboration du cadre légal pour un État policier est la défense de la «liberté» contre le terrorisme.
Et il y a une autre grande tromperie: l'affirmation selon laquelle ni l'administration Bush ni les agences du renseignement américaines ne possédaient d'information qui leur auraient permis d'empêcher les attaques terroristes du 11 septembre ou de réagir aux détournements d'avions une fois ceux-ci amorcés.
L'administration a bloqué toute enquête sérieuse sur les événements du 11 septembre malgré une masse de preuves que les agences du renseignement américaines avaient été averties à l'avance des attaques terroristes lorsqu'elles se préparaient et qu'elles surveillaient ceux qui y participèrent sans prendre les mesures les plus élémentaires pour prévenir le meurtre de plus de 3000 personnes.
Au même moment, l'administration a utilisé la tragédie comme prétexte pour mettre en oeuvre une série de mesures d'extrême-droite de répression politique et de guerre, des mesures qui avaient été élaborées depuis longtemps.
Les méthodes préférées de l'administration Bush sont de supprimer de censurer l'information, d'accuser ceux qui la critique de trahison et de complicité avec les terroristes et, quand tout le reste a échoué, rajouter une couche de mensonges sur le tas que font les anciens. Ainsi, lorsque la question des armes de destruction massive contre l'Irak a été exposée pour être une fabrication, cela fut suivi de la concoction d'accusations similaires encore plus tirées par les cheveux envers l'Iran.
Il n'existe pas de précédent dans l'histoire américaine d'une falsification d'une ampleur comparable à celle réalisée par l'administration Bush, le Parti républicain et leur choeur que forment les médias. La «perte de crédibilité» de l'époque de la guerre du Vietnam n'est rien comparée à la machine à mensonges du gouvernement actuel.
Mentir sur une telle échelle a un impact visible sur le corps politique. Cela contribue à la destruction de tout lien politique entre les travailleurs, qui forment la vaste majorité, et l'élite dirigeante. Les masses s'aliènent du régime alors que le régime perd toute habilité à comprendre les contradictions sociales toujours plus importantes qui prennent place juste sous ses yeux. Ce n'est que contradiction sur contradiction et les conditions pour des éruptions sociales et politiques se développent.
Malgré les illusions que peut avoir la Maison blanche, les événements ont des conséquences. Il n'a fallu que quelques semaines pour qu'il soit révélé que la conquête et l'occupation de l'Irak étaient une entreprise coloniale sanglante. Ici encore, l'administration a réagi en mentant, prétendant que l'opposition de masse du peuple irakien à l'occupation américaine n'est rien de plus que des «poches de résistance» isolées ou encore le fait des «forces loyales à Saddam Hussein».
Le mouvement international contre la guerre sans précédent qui s'est développé avant l'invasion est un autre événement objectif qui a d'immenses implications, même si Bush a regardé les manifestations de haut, déclarant qu'il ne déciderait pas quelle politique il adopte en se basant sur un «focus group». L'opposition de masse à l'occupation américaine de l'Irak renaîtra aux États-Unis et internationalement et des millions de personnes vont demander que les États-Unis retirent leurs troupes de l'Irak ainsi que de tout le Moyen-Orient et l'Asie.
Un argument qui fut récemment avancé par les défenseurs de l'administration Bush au sein du monde politique et des médias est que cette dernière ne pouvait pas mentir au sujet des armes de destruction massive parce que cela demanderait une vaste conspiration de la CIA, du Pentagone, du département d'État, du Congrès et de la précédente administration de Clinton contre le peuple américain.
Le premier ministre britannique Tony Blair a dit les choses plus crûment, déclarant que personne ne pouvait croire que lui et Bush avait délibérément fabriqué un prétexte pour la guerre parce que ce serait «trop grossier». Le sénateur républicain John McCain a demandé si les critiques de la guerre ne croyaient pas «toutes les principales agences du renseignement sur Terre, des générations d'inspecteurs des Nations unies, trois présidents américains et cinq secrétaires de la Défense.»
C'est une description assez juste de la campagne internationale contre l'Irak menée par les États-Unis, aussi bien sous l'administration démocrate que républicaine, durant tous les 1990. Le spectre des armes de destructions massives a été utilisé pendant une décennie entière comme excuse tout usage, aussi bien lorsqu'il s'agissait de conserver l'embargo contre l'Irak que pour continuer à contrôler l'espace aérien ou toute autre limite sur la souveraineté irakienne.
Durant les années Clinton, l'Irak a souvent dû prouver un non-fait, soit démontrer qu'il n'avait aucune arme de destruction massive où que ce soit sur son territoire, et chaque échec à cette tâche intrinsèquement impossible a été utilisé pour continuer à affamer le peuple irakien au coût de plus d'un million de vies. Aujourd'hui, l'administration Bush utilise les crimes de l'administration Clinton contre le peuple irakien pour justifier de plus grands crimes encore.
Aucun des dirigeants démocrates que ce soit au Congrès ou des candidats présidentiels n'a le courage de condamner l'administration Bush pour avoir piéger le peuple américain en lui faisant accepter la guerre au moyen du mensonge. Dans certains cas (le congressiste Richard Gephardt, le sénateur Joseph Lieberman, la sénatrice Hillary Clinton), ils furent même des complices directs des mensonges. Dans d'autres cas, comme dans celui de Tom Daschle par exemple, seul la couardise en face des attaques de l'extrême-droite a joué un rôle important.
D'autres, comme les sénateurs Robert Graham et Carl Levin, ont critiqué la Maison blanche parce qu'ils s'inquiètent du fait que la révélation que Bush a menti pour lancer une guerre contre l'Irak va avoir pour conséquence qu'il sera plus difficile de gagner l'appui de la population pour la prochaine guerre américaine, que ce soit contre l'Iran, la Corée du Nord ou une autre pays. Mais peu importe leur critique des tactiques de la Maison blanche, sur la question fondamentale, celle de la défense de l'impérialisme, les deux partis de la grande entreprise sont unis.
Les médias américains répètent sans critique les déclarations de l'administration Bush que l'Irak a entreposé de grandes quantités d'armes de destruction massive, que Saddam Hussein a des liens étroits avec les terroristes intégristes musulmans et que l'action militaire américaine au Moyen-Orient était en réponse aux attaques du 11 septembre.
Les médias ont toujours été un instrument de la grande entreprise, mais il y a eu une détérioration qualitative au cours des derniers trente ans. Durant la guerre du Vietnam, il y avait un nombre considérable d'articles critiques, au moins dans les derniers stades, alors que la crédibilité des déclarations du gouvernement sur la victoire imminente était remise en question par les événements. Les principaux fournisseurs de nouvelles américains ont publié des documents du Pentagone, les Pentagone Papers, et ont exposé le scandale du Watergate. Au cours de la dernière décennie plus particulièrement, les médias ont cédé devant chaque provocation de la droite, décrivant l'enquête sur Whitewater et l'affaire Lewinsky comme une exposition légitime de comportements répréhensibles à la Maison blanche de Clinton, légitimant la vol de l'élection présidentielle de l'an 2000, acceptant sans questionnement l'explication que les événements du 11 septembre étaient un éclair dans un ciel bleu que ne pouvait anticiper l'administration Bush et maintenant endossant la conquête de l'Irak.
Des organes de presse autrefois libéraux comme le New York Times peuvent s'auto-flageller pour des peccadilles comme l'affaire Jayson Blair, où un journaliste junior du Times a fabriqué des citations et des détails circonstanciels dans plusieurs articles, mais ils n'ont aucune gêne à collaborer avec le Pentagone et le CIA pour fabriquer un prétexte pour une guerre où des dizaines de milliers de personnes ont trouvé la mort.
Un sondage remarquable, réalisé par le Programme sur les attitudes envers la politique internationale de l'université du Maryland, a été publié récemment. Il a été trouvé qu'un tiers des Américains croyaient que l'armée américaine avait découvert des armes de destruction massive en Irak. Environ 22 pour cent ont dit que l'Irak avait utilisé des armes biologiques ou chimiques lors de la guerre. D'autres sondages ont rapporté que quelques 50 pour cent de ceux interrogé croyaient que des citoyens irakiens avaient participé aux attaques du 11 septembre, alors que 40 pour cent croyaient que Saddam Hussein avait directement aidé les pirates de l'air.
De telles résultats de sondages sont une condamnation du rôle que jouent les médias américains pour systématiquement désinformer et mêler le public américain. Mais ils ont aussi montré que le supposé large appui à la guerre en Irak ne repose que sur du sable.
On ne peut pas utiliser la manipulation des médias indéfiniment. Comme l'administration Bush, les médias se sont discrédités aux yeux de dizaines de millions de personnes qui ont vu que les porte-parole du gouvernement et les médias ont menti sans scrupules et sans limites.
Le rôle fondamental que joue le mensonge dans la politique américaine ne reflète pas simplement le cynisme des médias, mais plutôt l'ampleur des contradictions sociales au sein des États-Unis. Ce pays connaît les divisions de classe les plus profondes de toutes les nations industrialisées. C'est un pays où les rapports sociaux, dominés par d'immenses différences de richesse, deviennent de plus en plus antithétique à toute forme de démocratie et se conforment de plus en plus à la gouvernance par une élite oligarchique.
Il est impossible pour la classe dirigeante de donner un portrait honnête d'un système qui amoncelle les richesses pour quelques privilégiés tout en poussant vers le bas le niveau de vie de la vaste majorité de la population. Ces tensions sociales mènent inéluctablement à des soulèvements politiques majeurs.
Que les déclarations que fait l'administration Bush sur les armes de destructions aient été exposées comme fausses a déjà eu un impact colossal outremer, où le premier ministre britannique Tony Blair est ouvertement accusé de mentir au Parlement et au peuple britannique. La réaction aux États-Unis est moins visible, en large partie à cause de l'effondrement du libéralisme et de l'absence de toute position le moindrement critique aussi bien dans les médias que dans le Parti démocrate.Il existe une grande opposition populaire aux politiques de l'administration Bush et une véritable colère envers la guerre en Irak, mais cela ne trouve écho dans aucune section des médias ou de l'establishment politique.
Plus tôt que tard, toutefois, les contradictions de l'impérialisme américain doivent trouver une façon de s'exprimer politiquement. Alors que la situation en Irak se détériore, l'autre mensonge fondamental de cette guerre, que les États-Unis remplaceraient Saddam Hussein par un régime démocratique, est lui aussi entièrement démasqué.
Le régime d'occupation américain a déjà commencé à s'engager dans des mesures qui sont caractéristiques d'une dictature militaire comme les fouilles provocatrices dans les quartiers résidentiels irakiens, tirer sur des manifestants qui ne sont pas armés et annuler d'élections prévues. La première priorité des occupants est de redémarrer l'industrie pétrolière de l'Irak et de la privatiser pour que la richesse en pétrole du pays puisse être pillée par les entreprises américaines.
Les déclarations sur les «armes de destruction massive» et sur «la guerre pour la démocratie» vont revenir hanter l'administration Bush et l'establishment politique américain en son entier qui a embrassé la guerre. L'impact politique se fait déjà sentir au sein des troupes en Irak. Elles ont commencé à exprimer leur désillusionnement face à l'invasion et leur opposition à une prolongation de l'occupation d'un pays dont la population veut clairement qu'elles le quittent.
Toutes les institutions de l'élite dirigeante américaine
sont impliquées dans des crimes de dimensions renversantes
: la Maison blanche, le Congrès, le juridique, l'armée,
les médias, l'aristocratie du monde des affaires. Tout
mouvement significatif d'en bas va produire une crise non seulement
pour un président ou une administration mais pour un ordre
social dans son ensemble.
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