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Conférence du WSWS/PES à Berlin : «La puissance du gouvernement américain a été largement exagérée en Europe»Par nos correspondants Utilisez cette version pour imprimer Le texte qui suit est un compte rendu d'une conférence publique du World Socialist Web Site et du Partei für Soziale Gleichheit (le Parti de l'égalité socialiste en Allemagne) tenue le 1er juin à Berlin. Le sujet de la conférence était «Les leçons de la guerre en Irak : Les tâches de la classe ouvrière européenne.» «Ni les gouvernements européens en général, ni le gouvernement social-démocrate-vert en particulier, n'ont le courage, l'imagination politique et la fermeté intellectuelle, sans parler de la motivation sociale, qui sont requises pour traiter avec le gouvernement américain de la façon dont il le mérite. Nous vivons dans une période caractérisée par les formes les plus extrêmes de lâcheté et d'arriération.» C'est sur ces mots que David North, secrétaire du bureau de rédaction international du World Socialist Web Site et secrétaire national du Parti de l'égalité socialiste aux États-Unis, a commencé son discours à une conférence publique du WSWS et du Partei für Soziale Gleichheit tenu le 1er juin à Berlin. North discuta des leçons de la guerre en Irak devant un auditoire composé d'ouvriers, de jeunes et de professionnels venus de villes et de villages tant de l'est que de l'ouest de l'Allemagne. Il fut précédé de deux autres conférenciers-Peter Schwarz et Chris Marsden-tous les deux membres du comité de rédaction international du WSWS. Ils traitèrent de la situation en Europe et des conséquences de la guerre. North a mis l'accent sur le fait que l'Allemagne fut le théâtre d'un débat particulièrement animé sur la nature du gouvernement Bush et de la guerre en Irak. L'année dernière, lorsque l'ancienne ministre de la Justice, Herta Däubler-Gmelin du Parti social-démocrate (SPD), a osé établir une comparaison entre les politiques de Bush et celles du régime nazi, elle s'est attiré les foudres qui attendent tous les politiciens bourgeois qui, dans un moment d'inattention, laissent échapper la vérité. «Elle fut immédiatement renvoyée.» Après tout, le retour de la guerre en tant que méthode légitime pour poursuivre une politique étrangère amène à faire des parallèles entre l'administration Bush et le régime nazi, sans pour autant oublier toutes leurs différences,. «À cette époque, il y a de cela 70 ans, les politiques de l'Allemagne se distinguaient par un dédain pur et simple pour la loi internationale, par des mensonges éhontés et par la confection continuelle de nouveaux prétextes pour justifier la guerre. Aujourd'hui, tout cela nous est familier.» North fit ressortir le fait que l'accusation centrale qui avait été portée contre les chefs d'État et les chefs militaires nazis aux procès de Nuremberg peut et doit être portée contre l'administration Bush. «Contrairement à la croyance populaire, le noyau des accusations aux procès de Nuremberg n'était pas l'anéantissement de 6 millions de juifs dans les camps de concentration, un massacre qui, sans aucun doute, se range parmi les plus grands crimes de l'histoire de l'humanité, mais plutôt la planification et l'exécution d'une guerre d'agression. Sur ce chef d'accusation, Bush, Cheney et Rumsfeld sont tous également coupables.» North a expliqué qu'il y avait plusieurs raisons pour expliquer le manque de courage des gouvernements européens, particulièrement celui de l'Allemagne, à refuser d'appeler ce crime par son vrai nom et de défier les responsables. Une des raisons est la grossière surestimation de la puissance et du pouvoir du gouvernement Bush. «On peut régulièrement lire des commentaires et des analyses dans la presse allemande qui discute de la "puissance incomparable" du gouvernement américain. Je me demande: dans quel monde vivent les gens qui écrivent de telles choses? En réalité, le gouvernement à Washington est politiquement le plus faible et le plus corrompu à avoir pris le pouvoir aux États-Unis. C'est un gouvernement qui va d'une crise à une autre sans orientation précise, un gouvernement mené par des gens qui ne possèdent pas de compréhension sérieuse de la situation internationale et qui basent principalement leur compréhension et leurs actions sur des illusions et sur de l'aveuglement tout en s'appuyant sur la strate la plus confuse et la plus arriérée de la population.» North donna quelques statistiques sur l'étendue de la crise politique et économique aux États-Unis, crise qui a des conséquences dramatiques sur le niveau de vie de la majeure partie de la population. Depuis mars 2001, 2,2 millions d'emplois ont été perdus aux États-Unis, augmentant le nombre total de chômeurs à 9,2 millions. Il est estimé que 5 millions de personnes travaillent à temps partiel avec un revenu en dessous de celui pour survivre. Même selon les statistiques officielles, qui tendent à sous-évaluer la situation, il y a actuellement 14 millions de personnes aux États-Unis qui sont soit sans emploi ou qui sont sous-employés. La nature du chômage a aussi changé de façon importante. Le «chômage structurel» (c.-à-d. le pourcentage des emplois qui ont été anéantis de façon permanente) atteint 75 pour cent de tous les emplois perdus. De plus en plus, les travailleurs instruits et qualifiés perdent leurs emplois. Il y a eu une augmentation importante du taux de chômeurs parmi les mathématiciens et les informaticiens. Il est passé de 0,7 pour cent en 1998 à 6 pour cent l'an passé. «C'est devenu une facette de la vie quotidienne de voir des gens qui gagnaient autrefois 200.000 $ ou 250.000 $ par année et qui se retrouvent maintenant avec des emplois à faibles revenus où ils sont payés 6 $ ou 7 $ de l'heure,» déclara North. «Pour sa part, le gouvernement essaie de façon obsessive de prendre des mesures pour rendre les riches encore plus riches.» Cette politique a mené à la banqueroute des administrations dans la plupart des États. Sur 50 États, il est estimé que 37 sont insolvables. «Lorsque de futurs historiens écriront à propos du gouvernement Bush, ils affirmeront qu'il était entièrement inévitable que la situation se dirige vers une révolution. On la voyait venir, vont-ils dire. Derrière le spectacle des opérations militaires, toute la société était en proie à un déclin rapide.» North a insisté sur l'importance que l'Europe base sa perspective révolutionnaire sur les contradictions sociales profondes de la société américaine. Il était révélateur qu'aucun des gouvernements européens n'était prêt à reconnaître réellement ce qui se passe aux États-Unis et à s'opposer au gouvernement Bush. Dans de telles conditions, la tâche d'unir l'Europe et celle de s'opposer à la politique militariste du gouvernement américain revient à la classe ouvrière européenne. Chris Marsden, le secrétaire national du Parti de l'égalité socialiste de Grande-Bretagne, parla du rôle du gouvernement Blair, qui a été secoué par la mobilisation de la population britannique contre la guerre. Aucun autre gouvernement ne s'est opposé aussi agressivement aux intérêts, aux espoirs et aux aspirations de la population du pays. La politique lâche et réactionnaire de Blair se traînant derrière Bush a provoqué la colère et le mécontentement généralisés. Marsden signala que selon un sondage réalisé par Channel Four TV, Blair est en tête de liste pour les politiciens les plus haïs. Il est même allé jusqu'à repousser Margaret Thatcher, l'ancienne première ministre du Parti conservateur, en troisième position. Il y avait une volonté considérable à travers la population de s'attaquer politiquement à Blair. Ceci requiert toutefois un programme politique bien élaboré. Marsden énonça les trois éléments de base pour concevoir un programme et une offensive politiques contre le gouvernement britannique: «Premièrement, un tel programme doit être basé sur l'opposition à la réapparition de l'impérialisme militaire qui a été mise en évidence lors des manifestations anti-guerre.» «Deuxièmement, il doit mettre sur pied un programme de défense de la position sociale de la classe ouvrière contre les efforts déployés pour imposer la loi de la grande entreprise à l'intérieur du pays. Cette politique intérieure est poursuivie avec autant de vigueur que celle démontrée par Washington et Londres pour envahir l'Irak.» «Troisièmement, il doit chercher à mobiliser la classe ouvrière partout en Europe indépendamment de la bourgeoisie européenne, incluant les gouvernements comme ceux de la France et de l'Allemagne qui ont fait semblant d'avancer une solution de remplacement à la guerre de Bush et Blair.» Marsden expliqua que la pression exercée par le gouvernement américain était en train d'affecter le projet d'une Europe unifiée qui s'effondre de plus en plus. Alors que d'anciens gouvernements américains, incluant celui de Bill Clinton, appuyaient le projet d'unification de l'Europe, le gouvernement Bush poursuit délibérément une politique qui sème la discorde. Dans les derniers mois, il a pris une série de mesure pour diviser l'Europe. Les liens étroits entre la Grande-Bretagne et les États-Unis ont joué un rôle majeur, Marsden continua, mais la nouvelle collaboration établie avec la Pologne et d'autres pays d'Europe de l'Est était aussi importante. En votant pour la plus récente résolution aux Nations Unies mise de l'avant par les États-Unis et la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France ont lâchement capitulé et ont démontré clairement que la classe dirigeante européenne n'a pas de solution de rechange véritable à la politique américaine. «C'est la classe ouvrière européenne qui doit prendre les commandes de l'opposition à l'impérialisme sur tous les fronts, dans une lutte politique déterminée contre Washington, mais aussi contre Londres, Paris et Berlin», déclara Marsden. Il ajouta : «Contre le cauchemar d'un nouveau siècle américain basé sur le type de brutalité observée en Irak et contre la perspective échouée d'une Europe capitaliste unifiée, la classe ouvrière doit mettre de l'avant la perspective des États Unis socialistes d'Europe.» Dans ces conditions, il serait possible pour les travailleurs européens d'offrir une perspective à des millions de gens sur la planète et de tendre la main aux travailleurs américains en s'appuyant sur une opposition commune à l'administration Bush et à la menace que ses politiques militaristes et colonialistes laissent planer sur toute l'humanité.
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