wsws : Nouvelles et analyses : États-Unis
Par le bureau de rédaction
6 janvier
2003
L'année 2003 a commencé avec en arrière-plan la guerre imminente et la crise économique qui s'approfondit. Ce n'est qu'une question de semaines avant que les États-Unis fassent pleuvoir des bombes sur une population irakienne sans défense.
L'administration Bush déclare qu'elle ne s'est pas encore décidée sur la question de la guerre. Cela est aussi faux que cynique. La Maison blanche a déjà décidé qu'elle irait de l'avant avec son assaut militaire, comme le montre clairement l'état avancé du déploiement des forces américaines dans le Golfe Persique. Des dizaines de milliers de soldats américains sont massés dans cette région, appuyés par une armada de navires chargés à pleine capacité des armes les plus avancées et les plus fatales et par des centaines d'avions de guerre. Les opérations militaires ont déjà commencé, sous la forme d'opérations militaires dans l'enclave kurde au nord de l'Irak et de l'augmentation des bombardements dans les soi-disant «zones d'interdiction aérienne«.
Il n'y a rien que Bagdad puisse faire, y compris éliminer Saddam Hussein, qui empêchera une invasion par les États-Unis. Bush ne trompe personne lorsqu'il dénonce l'Irak pour violer des résolutions de l'ONU. Washington ne cherche pas à «désarmer» l'Irak, pas plus qu'il ne cherche le départ de Hussein. Il cherche plutôt à occuper le pays et se saisir de son pétrole.
Peu importe comment se terminera cette guerre, l'administration Bush met en mouvement un ensemble de processus qui généreront des convulsions, non seulement au Moyen-Orient, mais partout sur le globe. La guerre va enflammer encore plus l'opinion publique internationale, ce qui résultera en représailles violentes non seulement contre les soldats américains, mais aussi contre les civils américains, autant aux États-Unis même qu'ailleurs dans le monde.
En Irak, le massacre américain suscitera une opposition profonde et implacable. Les masses irakiennes vont correctement considérer l'armée américaine comme un occupant et un oppresseur colonial.
La même logique qui sous-tend la guerre contre l'Irak va inévitablement mener à la guerre contre l'Iran, la Syrie ainsi que d'autres pays de la région. La campagne américaine pour dominer les ressources pétrolières du monde va conduire à des luttes acharnées entre les nations plus puissantes, y compris la Russie, la Chine ainsi que les grandes puissances rivales des États-Unis en Europe et le Japon. La conquête de l'Irak par les États-Unis va débuter un processus dont le terme est la Troisième Guerre mondiale.
Les implications désastreuses des visées guerrières de Washington peuvent déjà se voir des résultats de l'invasion américaine de l'Afghanistan. Un an après la chute du régime des Talibans, les soldats américains continuent à subir les attaques d'une population enragée. L'intervention américaine en Asie centrale a eu pour conséquence d'empoisonner encore plus les relations entre le Pakistan et l'Inde, deux pays qui possèdent l'arme atomique. En dépit des efforts de la dictature pakistanaise pour apaiser les États-Unis, les tensions entre Washington et Islamabad continuent de croître dans des conditions de colère populaire intense et où il y des manifestations de plus en plus importantes contre le régime de Musharaf et contre les États-Unis. Déjà, il y a eu des esclandres aux frontières pakistanaises entre des forces pakistanaises et américaines.
La propagande de guerre de l'administration Bush a produit une soudaine augmentation des tensions dans la péninsule coréenne. La rhétorique incendiaire et les provocations de Washington ont poussé Pyongyang à prendre des contre-mesures qui font augmenter le danger d'une guerre nucléaire, alors que la Corée du Sud connaît des manifestations de masse antiaméricaines.
Le gouvernement américain se prépare à lancer une vague de violence militaire à travers le monde comme on n'en a pas vu depuis les 1930 et 1940. La meilleure comparaison que l'on puisse trouver pour la politique étrangère de l'administration Bush, qui repose entièrement sur la force brute et l'agression, est celle des nazis.
Quels étaient les traits caractéristiques de la politique étrangère de l'impérialisme allemand? Une série d'agressions militaires de plus en plus ambitieuses qui a commencé par les pays qui étaient trop faibles pour résister sérieusement aux avancées de la Wehrmacht. L'occupation de pays, le renversement de gouvernements et leur remplacement par des régimes pantins. La fabrication de prétextes grossiers pour justifier des guerres préventives et non provoquées. Un mépris ouvert envers la loi internationale et le non-respect des normes habituelles de la diplomatie. En résumé, une politique de capture et de pillage.
Pour chacun de ces aspects, il n'y a pas de différence essentielle entre les méthodes utilisées à travers le monde par les fascistes des années 30 et 40, que ce soit le viol de l'Éthiopie par l'Italie ou l'invasion allemande de la Pologne, et celles qu'utilise l'administration Bush.
Le monde est témoin d'une nouvelle éruption des formes les plus violentes de l'impérialisme. L'administration Bush veut subjuguer des régions entières de la planète dans le but de réaliser les demandes de l'élite dirigeante américaine pour le monopole des ressources vitales, la domination des marchés mondiaux et l'exploitation des nouvelles sources de travail surexploitées et à bon marché.
L'augmentation des tensions dans la péninsule coréenne aura eu une conséquence politique bénéfique: elle ne laisse aucun doute sur le fait que les prétextes officiels de la guerre contre l'Irak sont complètement faux. Le gouvernement américain déclare que la guerre contre l'Irak est justifiée parce qu'il développe des armes de destruction massive et a défié les résolutions de l'ONU. Le gouvernement américain accuse la Corée du Nord des mêmes gestes, mais en tire des conclusions entièrement différentes.
Saddam Hussein coopère avec les inspecteurs des Nations unies et est à des années de construire une bombe atomique, selon les estimations du gouvernement américain lui-même. La Corée du Nord a expulsé les inspecteurs des Nations unies et a remis en route son réacteur nucléaire à Yongbyon, ce qui lui procurera suffisamment de plutonium pour construire une demi-douzaine de bombes nucléaires dans six mois. Mais les États-Unis ont répondu en augmentant ses préparatifs de guerre contre l'Irak tout en minimisant l'importance du conflit avec la Corée du Nord et demandant la reprise d'un dialogue qui serait supervisé par l'ONU.
Les porte-parole de l'administration Bush n'ont pas réussi à expliquer ce qu'un critique a nommé son approche «schizophrénique» face à ces deux pays. C'est parce que les véritables causes de la guerre avec l'Irak n'ont rien à voir avec la propagande de la Maison blanche et du secrétariat d'État qui sont repris sans la moindre critique par les médias américains.
L'administration Bush parle au nom de ceux au sein de l'élite dirigeante américaine qui ont vu dans l'effondrement de l'Union soviétique l'occasion d'établir une Pax Americana, dans laquelle les compagnies américaines, grâce à l'armée et à leurs bombes, domineront le monde. La clé pour ces visées d'hégémonie mondiale est la domination sans partage du continent eurasien et le contrôle des ressources stratégiques de cette région, la plus importante étant le pétrole. Sur cette base, l'impérialisme américain veut faire chanter et terroriser le monde entier.
Le site web qui traite de questions diplomatiques et militaires, Stratfor.com, a récemment publié une évaluation franche des véritables intérêts américains en jeu dans une nouvelle guerre du Golfe Persique. Stratfor.com a des rapports étroits avec des éléments bien placés de l'administration Bush et en général exprime clairement leur point de vue sur la stratégie. Le site internet cite trois objectifs fondamentaux: prendre contrôle du pétrole irakien, faire de l'Irak une tête de pont pour d'autres opérations militaires au Moyen-Orient et en Asie centrale et provoquer un bain de sang qui traumatisera la population arabe et consolidera la domination israélo-américaine de la région.
Stratfor.com a écrit:
« La décision d'attaquer l'Irak est née de besoins psychologiques et stratégiques. Psychologiquement, Washington veut redéfinir la perception qu'ont les Arabes des États-Unis; l'objectif ici est le respect et la crainte. Stratégiquement, les États-Unis veulent occuper l'Irak dans le but de contrôler le pivot du Moyen-Orient: une fois l'Irak occupé, ils pourront faire sentir leur puissance sur toute la région. L'hypothèse est qu'une victoire en Irak permettrait de redéfinir la dynamique du monde arabe. Des gouvernements arabes, comme celui du Koweït, ont accueilli cette évolution alors que d'autres, comme celui de l'Arabie saoudite, la redoute. Tous comprennent qu'un Irak occupé par les États-Unis changerait définitivement la région. Les États-Unis deviendraient sans la moindre ambiguïté les successeurs des Ottomans et des Britanniques pour le monde arabe.
« Le pétrole constituerait un des leviers de ce pouvoir. Si les États-Unis établissaient leur contrôle sur les réserves de pétrole de l'Irak, les seconds en importance dans le monde, les cours du pétrole pourraient diminuer radicalement et les États arabes seraient privés de la position privilégiée qu'ils occupent dans l'OPEC et qu'ils utilisent pour modeler les politiques du pétrole. Les nations arabes riches en pétrole, la plus importante étant l'Arabie saoudite, ne pourraient probablement plus supporter leur économie. Les réalités économiques pourraient ainsi arriver à produire ce que l'indignation populaire ne peut pas: le changement de régime.
« Ensuite, il y a l'Israël. La défaite de l'Irak, un de ses plus grands adversaires avoués, ferait de l'Israël et des États-Unis les forces dominantes dans cette région, forçant les gouvernements arabes à vivre sous la menace de la destruction économique et militaire. Les dirigeants arabes craignent aussi que l'Israël, encouragé par la défaite de l'Irak, expulse les Palestiniens de la Bande de Gaza et de la Cisjordanie vers les pays avoisinants. Un exode forcé de ce genre créerait une catastrophe humanitaire de proportion épique, tellement importante que les gouvernements arabes ne pourraient pas la gérer.»
Il y a une immense part de témérité dans la politique étrangère de l'administration Bush. La doctrine Bush de la guerre préventive et sa première application dans le Golfe Persique ont de profondes implications déstabilisatrices non seulement pour le Moyen-Orient lui-même, mais aussi pour le reste du monde. Une invasion et une occupation de l'Irak par les États-Unis mineraient tous les régimes bourgeois arabes, au même moment qu'elles feraient beaucoup augmenter les tensions entre les États-Unis et ses rivaux européens et japonais. L'Iran, l'Inde, le Pakistan, la Chine et d'autres nations en concluront que la seule façon de parer à une attaque américaine est de développer des armes nucléaires le plus rapidement possible.
Washington est en train de détruire toute la structure des rapports internationaux qui a permis un certain degré de stabilité depuis un demi-siècle et qui a réussi à contenir les contradictions qui ont mené deux fois à des conflits mondiaux au cours du vingtième siècle.
Ces politiques, dont les vastes implications sont à peine considérées par ceux qui sont au pouvoir, ne sont une expression de confiance, mais plutôt l'expression d'un sentiment profond de crise. L'impérialisme américain est très puissant, mais ses contradictions le sont encore plus. La puissance militaire américaine repose sur une base économique toujours plus fragile. La témérité de l'administration Bush est une réponse à l'anxiété qui croît dans les cercles dirigeants devant la détérioration de l'économie américaine et devant les implications qu'a pour les États-Unis le développement de la crise sociale.
Une composante importante de la politique étrangère de Bush est la notion qu'en accaparant les ressources stratégiques à travers le monde, le capitalisme américain pourra repousser les difficultés économiques incontournables qu'il confronte. C'est une tentative d'utiliser la puissance militaire pour résoudre des problèmes économiques pour lesquels l'élite dirigeante américaine n'a aucune solution. C'est ce qui explique la multiplication des analyses provenant de Washington et des comités d'experts de l'industrie pétrolière sur l'impact positif sur les cours mondiaux du pétrole qu'aura l'appropriation des complexes pétroliers irakiens par les États-Unis.
Le capitalisme américain doit faire face à une crise financière et économique toujours plus désespérée. Le chômage est en pleine croissance, les taux d'investissements et de production industrielle soit sont stagnants, soit diminuent et aussi bien l'endettement personnel que l'endettement des sociétés atteignent des niveaux records.
Les gouvernements des états à travers le pays sont sur le bord de la faillite et le déficit du budget fédéral a recommencé à croître. L'anxiété au sein des cercles dirigeants a été exacerbée par les ventes de Noël, indiquant un déclin dans un des secteurs de l'économie qui ne semblait pas influencé par la tendance générale à la récession: la consommation des ménages.
La crise actuelle a été engendrée par l'effondrement du boum spéculatif de Wall Street des années 90. Il est estimé que la valeur totale des actions a perdu 2,6 billions (mille milliards) en 2002 seulement, ce qui amène la somme des pertes à 7 billions depuis que Wall Street a atteint son sommet à l'été 2000.
L'an dernier, ce fut la première fois depuis la Grande Dépression que le cours de la bourse diminuait pour trois années de suite. Ayant commencé l'année à 10.000 points, l'indicateur Dow Jones a effleuré les 7000 en juillet et encore une fois en octobre. Le déclin de 16,8 pour cent du Dow Jones a été le pire déclin annuel depuis 1977, alors que la diminution de 6 pour cent le mois de décembre dernier a été le pire déclin du dernier mois de l'année depuis 1931. L'indicateur Standard et Poors, qui englobe plus de secteurs d'activité que le Dow Jones, a perdu 23 pour cent alors que le NASDAQ a perdu 33 pour cent, pour un total de 75 pour cent depuis l'an 2000.
Ces pertes colossales ont eu un effet inéluctable sur l'économie en général. Les faillites personnelles et celles des entreprises atteignent des niveaux record. Les compagnies américaines n'ont pas réussi à remplir leurs engagements contractés sur les marchés des obligations pour une somme plus importante en 2001-2002 que les vingt précédentes années réunies. L'investissement des compagnies s'est pratiquement évaporé. La confiance populaire dans le monde des affaires américain et le système capitaliste lui-même est au plus bas depuis la crise des années 30, après une année de scandales financiers (Enron, WorldCom, Global Crossing, Tyco, etc) en relation avec l'effondrement des marchés.
L'économie américaine retourne vers la récession malgré que l'administration Bush déclare que nous sommes sur la voie de la récupération économique. Le chômage a atteint un sommet de huit ans et la confiance des consommateurs a chuté en décembre. Les ventes au détail durant le temps de Noël sont les plus basses depuis trente ans. En particulier, les commerces au détail à bon marché qui desservent la classe ouvrière furent durement touchés.
Le niveau de vie des travailleurs se détériore rapidement. Presque chacun des états américains prévoit des compressions budgétaires dans les services sociaux au moment même où la croissance du chômage et de la pauvreté les rendent encore plus nécessaires. Le 28 décembre, l'administration Bush a retiré les primes d'assurance-chômage à 800.000 travailleurs sans emploi, après que les républicains au Congrès, et une opposition bidon des démocrates, ont empêché que les dispositions législatives qui auraient permis leur prolongation puissent être votées.
La position internationale du capitalisme américain connaît une pression toujours plus importante. Les investisseurs étrangers sur les marchés financiers américains voient la valeur de leur actif plonger et pourraient commencer à retirer leur investissement, ce qui aurait pour conséquence de mettre les États-Unis dans l'impossibilité de financer leur gargantuesque déficit de la balance des paiements qui atteint 500 milliards par années. Cela vient remettre en question la stabilité du dollar américain, la base du système financier international. Le dollar a perdu 15,2 pour cent de sa valeur en 2002 face à l'euro et 9,8 pour cent face au yen.
Il semble de plus en plus évident que pour la première fois depuis les années 30, l'économie mondiale entre dans une période de déflation mondiale, un cercle vicieux dans lequel les prix tombent, la valeur des actifs diminue, le crédit se raréfie, la production se rétrécit, le commerce décline et le système des profits s'arrête essentiellement.
La politique étrangère de l'administration Bush demeure dominée par les exigences de la politique intérieure, c'est-à-dire des implications sociales explosives découlant de l'impasse économique. Le gouvernement américain est dominé par la nécessité de distraire et de confondre l'opinion publique au moyen d'une suite incessante de provocations: des alertes terroristes, des crises militaro-politiques et des guerres. C'est un autre domaine où la position du capitalisme américain peut se comparer à l'Allemagne nazie des 1930, alors que le régime hitlérien prenait la voie de la guerre en réponse aux contradictions sociales grandissantes à l'intérieur.
L'administration Bush combine les méthodes du gangstérisme international, la violence accompagnée du chantage et du mensonge, avec celles de la répression intérieure. La concentration énorme des forces policières entre les mains du gouvernement fédéral depuis le 11 septembre 2001 n'a rien à voir avec la protection des Américains ordinaires des dangers du terrorisme. Elle vise à faciliter une attaque ouverte contre le niveau de vie et les gains sociaux de la classe ouvrière américaine.
Ce n'est pas un accident si Bush a insisté pour que la loi qui a établi son nouveau secrétariat à la Sécurité intérieure enlève leurs droits syndicaux et civiques aux fonctionnaires fédéraux. Cette attaque fait partie d'une approche générale en vertu de laquelle la «sécurité nationale» et la «guerre au terrorisme» sont utilisées comme prétexte à demander de plus grands sacrifices encore aux travailleurs et à les priver de tout moyen juridique de se défendre contre les empiétements des employeurs. C'est la signification de la décision de l'administration de forcer United Airlines à la banqueroute, mettant la table pour que les gigantesques compagnies du transport aérien et des autres industries ouvrent les contrats, imposent des diminutions sans précédent des salaires et des conditions et intensifient l'exploitation industrielle par l'augmentation de la cadence, les heures supplémentaires obligatoires et l'élimination de toutes les normes de protection et de santé au travail.
La guerre à venir en Irak aura un coût économique énorme. Elle aggravera tous les problèmes économiques internes du capitalisme américain et intensifiera la crise sociale. Elle dictera des assauts plus larges contre la classe ouvrière, contre ses droits démocratiques comme contre ses intérêts sociaux. L'emploi, la santé, les retraites, l'éducation, le logement tous se dégraderont durant de la guerre.
L'élite dirigeante américaine a pris une voie qui mène inévitablement à la catastrophe. L'oligarchie financière, obsédée par l'accroissement de sa richesse, met en marche des forces sociales immenses qu'elle ne comprend pas. L'histoire montre que, des outils politiques des États, la guerre est le plus dangereux. Elle produit inévitablement des conséquences imprévues. La course effrénée de Washington vers la guerre intensifiera les luttes anti-impérialistes à travers le monde et intensifiera la protestation sociale et la résistance à l'intérieur des États-Unis.
Cet assaut contre un pays appauvri et torturé dégoûtera les populations internationale et américaine. Il n'y a pas de véritable soutien politique de masse aux États-Unis pour le genre de barbarie que le gouvernement américain veut imposer à l'Irak.
Déjà, une vague d'opposition anti-impérialiste est évidente en Europe et en Asie. Mais ceux qui veulent lutter contre l'impérialisme américain ne doivent avoir aucune illusion quant aux rivaux impérialistes de Washington. Malgré l'opposition publique à la guerre, et leur propre crainte des conséquences d'une guerre, les bourgeoisies d'Europe et du Japon sont incapables de contrer la politique de Washington. Que ce soit parce qu'elles cèderont aux menaces ou qu'elles se laisseront soudoyer, elles finiront toutes par se rallier à la puissance impérialiste hégémonique.
La prédominance actuelle des États-Unis parmi les puissances impérialistes est une expression particulière des contradictions fondamentales du capitalisme mondial. Deux fois pendant le vingtième siècle, l'éruption de ces contradictions a causé des guerres mondiales. Après la Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis étaient la puissance dominante mondiale, mais leur influence était limitée par l'existence de l'URSS, la révolution chinoise et les luttes de masse qui ont accompagné l'effondrement des empires coloniaux européens. La chute de l'URSS en 1991 a levé ces contraintes sur l'action militaire américaine, permettant une nouvelle explosion de violence impérialiste.
Alors que les défenseurs du capitalisme ont affirmé que la fin de la Guerre froide signifiait «la fin de l'histoire», la nouvelle éruption du militarisme démontre que les traités internationaux qui ont mis fin à la Deuxième Guerre n'ont pas résolu la crise du capitalisme mondial. Cette crise provient de la contradiction entre une économie mondiale très développée et intégrée et le système des États-nations à l'intérieur duquel le système du profit s'est développé et auquel il est indissolublement attaché.
La contradiction fondamentale qui a engendré les guerres et les révolutions au vingtième siècle se développe de nouveau et prépare une nouvelle éruption. La tentative des États-Unis d'établir leur domination mondiale signale l'approche d'une nouvelle crise révolutionnaire internationale. Le résultat final sera ou bien une chute vers la barbarie ou l'avancement du monde vers le socialisme.
La principale force sociale qui s'oppose à la guerre impérialiste est la classe ouvrière. La lutte contre le militarisme doit se baser sur la mobilisation de cette force à l'échelle internationale.
Le défi de l'année à venir sera de donner au mouvement anti-guerre grandissant un programme grâce auquel la classe ouvrière internationale se mobilisera comme force politique indépendante. L'opposition à la politique rapace de Bush en matière internationale et interne monte déjà aux États-Unis. Les cotes de popularité de Bush que publient les médias sont cyniques et fausses. Le prétendu soutien massif dont jouirait Bush n'est qu'une manifestation trompeuse de l'absence de toute opposition sérieuse du parti démocrate ou de n'importe quelle autre section de la classe politique.
Même les sondages publiés par les médias démontrent que l'opposition à la guerre augmente, malgré l'abandon de toute opposition par le parti démocrate. Selon un sondage récent, une majorité reste opposée à un assaut unilatéral contre l'Irak, même dans le cas où aucun soldat américain ne serait tué.
La classe ouvrière américaine porte une immense responsabilité dans l'opposition aux politiques rapaces de l'administration Bush. Elle ne doit pas permettre que le peuple américain soit impliqué dans les crimes d'une guerre menée en son nom.
Les travailleurs américains qui cherchent une alternative au programme guerrier de Bush et à la réaction interne doivent tirer les leçons politiques de l'effondrement des partis réformistes et du virage à droite des deux grands partis bourgeois. Il faut briser la barrière politique qu'est le système des deux partis et construire un mouvement politique international des travailleurs qui prône une alternative socialiste au système capitaliste.
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Ce mouvement doit ouvertement et franchement s'opposer au système capitaliste. Il doit lier la lutte contre la guerre impérialiste à la redistribution la plus complète de la richesse de l'élite dirigeante aux travailleurs. Cela signifie qu'il faut prendre d'assaut la richesse et le privilège, ce qui inclut l'expropriation des grandes entreprises et de la haute finance et leur conversion en entreprises publiques, fonctionnant sur la base d'une gestion scientifique et sous contrôle démocratique de la classe ouvrière.
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