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Les États-Unis préparent un blitzkrieg «Choc et Intimidation» pour l'IrakPar Henry Michaels Utilisez cette version pour imprimer La guerre que préparent la Maison blanche et le Pentagone contre le peuple irakien sera caractérisée par un barbarisme que l'on n'a pas vu depuis les horreurs des années 1930 et 1940. Le niveau de brutalité rappellera les scènes gravées dans la mémoire collective des générations précédentes, tels le bombardement de Guernica et le blitzkrieg allemand contre la Pologne. Washington a indiqué que l'on considère la possibilité d'utiliser des armes nucléaires en Irak. Récemment, le Pentagone a fait savoir que l'on prépare l'utilisation de telles «armes de destruction massive», et qu'il y a une grande probabilité que l'administration Bush les utilisera si les forces américaines se trouvent en difficulté. Sans même parler du recours aux armes nucléaires, le plan d'attaque américain prévoit un bombardement massif de l'Irak. Le Pentagone compte dévaster ce pays en le bombardant avec plus de missiles en une journée que ce qu'il a reçu au total lors des quarante jours de la guerre du Golfe il y a 12 ans. L'Organisation mondiale de la santé a estimé qu'il pourrait y avoir un demi-million de morts et d'invalides irakiens. Des considérations purement militaires ne peuvent expliquer une telle brutalité. Ces préparatifs ont un but politique: terroriser et démoraliser le peuple irakien et les masses arabes et envoyer un message de violence et d'intimidation au monde entier. Pour protéger les intérêts de l'oligarchie financière et pour obtenir l'hégémonie mondiale, l'administration Bush prépare d'immenses crimes de guerre. Les États-Unis se moquent de toute la structure de droit international, surtout de ce qui s'est développé après les horreurs de la Deuxième Guerre mondiale. La doctrine de guerre préventive anéantit tous les principes de non-agression et de légalité internationale établis dans la charte de l'ONU, dont Washington prétend défendre les résolutions. Il faut se souvenir qu'après les défaites de l'Allemagne nazie et du Japon impérial, leurs leaders politiques et militaires ont été accusés et jugés coupables d'avoir préparé et déclaré une guerre agressive, un crime passible la peine de mort. Un ancien officier de renseignement de l'armée américaine, William Arkin, a rapporté au Los Angeles Times du 26 janvier, citant des textes de l'état-major américain, que l'on préparait un document qui balise l'utilisation de l'arme atomique en Irak, le «Theater Nuclear Planning Document», donnant des emplois possibles et des cibles potentielles pour des armes nucléaires. Selon des sources anonymes, on se concentre sur la destruction de ressources irakiennes que l'on prétend être profondément enterrées ou qui abriteraient des armes biologiques ou chimiques. Les porte-parole américains ont déjà accusé Hussein d'enterrer des sites militaires sous des zones peuplées, établissant un prétexte pour bombarder des villes ou des villages. Les documents cités par Arkin démontrent que l'on réserve le droit d'utiliser des armes nucléaires au cas où les forces américaines, malgré leur supériorité technologique, souffriraient des pertes importantes ou rencontreraient une résistance importante. Selon un document secret qui mettait à jour la doctrine nucléaire du Pentagone, signé par le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld au début de 2002, on pourrait utiliser des armes nucléaires dans le cas «d'évènements militaires surprenants». La Maison blanche a significativement augmenté le nombre des situations qui justifieraient l'utilisation des armes nucléaire en cessant de les considérer comme une catégorie à part d'armes comme c'était le cas traditionnellement et en les regroupant avec les autres options militaires comme les Forces spéciales, les opérations secrètes, la cyberguerre, la «tromperie stratégique», la guerre psychologique, et les forces de l'air. Le 11 décembre, Rumsfeld a envoyé à Bush un mémo demandant l'autorisation de charger l'Amiral James O. Ellis Jr., le chef du QG Stratégique (STRATCOM) à Omaha au Nebraska, de toutes les ressources militaires «stratégiques», y compris les armes nucléaires. Au mois de janvier, presque sans discussion au Pentagone, pour ne pas parler du Congrès ou du peuple américain, Bush a approuvé la proposition de Rumsfeld. L'amiral Ellis a démontré son état d'esprit en posant cette question en décembre : «Si nous trouvons une cible terroriste au moment critique ou un dépôt d'armes de destruction massive, et nous n'avons que des minutes et non pas des heures ou des jours pour y faire face, comment contrer cette menace à notre pays de l'autre côté du monde» ? Les préparatifs nucléaires se déroulent à STRATCOM, au sein de petites équipes à Washington et à la «résidence non spécifiée» de Richard Cheney quelque part en Pennsylvanie. Cheney, qui dirige un gouvernement «d'ombre» secret depuis l'attentat du 11 septembre, pourrait bien appuyer sur la gâchette nucléaire. L'Irak n'est pas la seule cible de la nouvelle doctrine nucléaire. Dans les exercices de préparation nucléaire qu'il a récemment mis en place, STRATCOM s'est concentré sur sept nations comme cibles prioritaires: les soi-disant pays de «l'axe du Mal» (Irak, Iran, Corée du Nord), la Syrie, la Libye, la Chine, et la Russie. S'il fallait que l'arme nucléaire soit utilisée en Irak, cela signifierait que s'ouvre une nouvelle période de guerre nucléaire. Tout en refusant de commenter le rapport d'Arkin, les porte-parole de la Maison Blanche ont carrément refusé d'écarter le scénario nucléaire. «Les États-Unis se réservent le droit de se défendre et de défendre leurs alliés avec tous les moyens nécessaires», le chef d'état-major de Bush, Andrew Card, a déclaré le 26 janvier. CBS News a rapporté le week-end passé que l'invasion commencera par le lancement de 300 à 400 missiles en un jour, à partir d'avions et de vaisseaux de guerre. C'est plus que le nombre total de missiles lancés pendant la guerre de 1991. On lancera 300 à 400 missiles supplémentaires le deuxième jour. Un missile tombera sur Bagdad en moyenne tous les quatre minutes, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, détruisant l'infrastructure nécessaire à l'approvisionnement en eau courante et en électricité, les réseaux de communications, les bâtiments du gouvernement, les routes, les ponts, et d'autres structures essentielles. En prévision du bombardement, les forces de l'air ont stocké 6000 dispositifs servant au guidage par satellite pour convertir des bombes non guidées en bombes guidées par satellite. Lors de la première guerre du Golfe, les bombes guidées du Pentagone ont été responsables de nombreuses atrocités. Des dizaines de milliers d'Irakiens, civils et soldats, ont été massacrés pendant la courte guerre de 1991. Cette fois-ci, selon le Pentagone, le bombardement massif sera le plus féroce de l'histoire. «On n'a jamais vu ni envisagé quoi que ce soit d'aussi important», un fonctionnaire du Pentagone a dit à CBS. «Il n'y aura pas de lieu sûr à Bagdad». Le soi-disant projet de «domination rapide» se base sur un concept élaboré en 1996 dans un rapport de l'Université nationale de la Défense, sous l'administration Clinton et bien avant les évènements du 11 septembre 2001. L'idée est surnommée «Choc et Intimidation» (majuscules dans l'original), car elle vise à déborder psychologiquement l'ennemi, et par extension la population. Parlant à CBS News, un des auteurs du rapport, Harlan Ullman, a établi un parallèle direct avec Hiroshima. D'ici deux à cinq jours, le peuple irakien serait «épuisé sur le plan physique, émotionnel et psychologique». Il parlait d'avoir «un effet immédiat, un peu comme les armes nucléaires à Hiroshima, en quelques minutes, non pas en des heures ou des jours». Le rapport de 1996 élaborait sur ce thème : «Un objectif clé de la "domination rapide" est d'imposer un niveau écrasant de Choc et d'Intimidation contre un adversaire de façon immédiate ou très rapide pour paralyser sa volonté de continuer. Crûment, la "domination rapide" établirait le contrôle de l'environnement et paralyserait ou déborderait tellement les perceptions et la compréhension des évènements d'un adversaire que l'ennemi serait incapable de résister tant au niveau stratégique qu'au niveau tactique. Nous rendrions l'adversaire totalement impuissant et vulnérable à nos actions. «Théoriquement, ce que la "domination rapide" et le Choc et l'Intimidation tentent d'imposer (dans les cas extrêmes) est l'équivalent non nucléaire de l'impact qu'ont eu les armes atomiques lancées sur les Japonais à Hiroshima et Nagasaki. Les Japonais étaient prêts à aller jusqu'au suicide dans leur résistance jusqu'au temps où les bombes nucléaires furent lancées. L'impact qu'ont eu ces armes a réussi à transformer l'état d'esprit du citoyen japonais moyen et celui des dirigeants au moyen du Choc et de l'Intimidation.» Au prochain paragraphe, le rapport souligne que l'on ne peut exclure la possibilité d'utiliser les armes nucléaires, ajoutant qu'en fait la "domination rapide" «sous-entend» leur capacité destructrice. L'ancien secrétaire-général adjoint à l'ONU, Denis Halliday, qui a dirigé le programme pétrole contre nourriture en 1997 et 1998 a accusé les États-Unis et leur seul allié important, le Royaume-Uni, d'agir avec le dessein «d'anéantir la société irakienne, une catastrophe qui serait aggravée par l'utilisation d'armes nucléaires tactiques». Un groupe de plus de 100 professeurs de droit a prévenu Bush dans une lettre que de hauts fonctionnaires pourraient faire face à des accusations de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocide si la guerre en Irak a lieu. Malgré le refus américain d'approuver le traité établissant la nouvelle Cour pénale internationale, la lettre ajoute que «Les fonctionnaires américains ayant commis certains crimes internationaux risquent d'être néanmoins considérés comme étant responsables sous les principes de compétence universelle et de la Loi sur les crimes de guerre». Conscient de la révulsion que provoqueront ses actions, le département d'État américain a contacté ses ambassades autour du monde pour dire aux Américains à l'étranger de se préparer à être rapatriés en cas de troubles politiques ou d'attentats «terroristes». C'est le premier avertissement aussi général émis par le département d'État. L'assaut américain horrifiera des millions de personnes
autour du monde. Elles auront raison de condamner le gouvernement
américain pour une brutalité innommable et chercheront
des réponses politiques. Les projets longuement préparés
par l'administration Bush soulignent le fait que l'on ne peut
pas compter sur les manifestations pour empêcher la guerre.
Cela nécessite la mobilisation internationale des travailleurs
pour mettre fin au système économique responsable
pour cette nouvelle éruption de barbarisme.
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