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La vague de chaleur tue des milliers d'EuropéensPar Stefan Steinberg Utilisez cette version pour imprimer Dans toute l'Europe, des températures record ont causé la mort de milliers de personnes et ont provoqué des feux de forêts meurtriers dans le sud de ce continent. Selon le ministre français de la Santé, 3.000 personnes sont décédées au cours des dernières semaines à cause de la vague de chaleur. Il avait tout d'abord prétendu qu'il n'existait aucun moyen à 100 pour cent fiable d'apprécier le nombre de morts dus à la chaleur. Les médecins français ont fait tout leur possible pour faire face au nombre croissant de victimes de la chaleur. A Paris, ces derniers jours, les températures sont allées jusqu'à 40 degré Celsius (104 degrés Farenheit) et ont légèrement baissé jeudi. Les pompes funèbres ont noté une augmentation de 37 pour cent des morts pour la semaine dernière par rapport à l'an passé. Le premier ministre Jean-Pierre Raffarin a dû affronter des critiques de plus en plus violentes parce qu'il n'avait pas réussi à agir assez vite face à cette catastrophe. Cette semaine, le gouvernement a déclenché un plan d'urgence pour la région parisienne pour répondre à cette crise sanitaire. Des médecins ont été rappelés de leurs vacances, du personnel supplémentaire a été mis à contribution et des funérariums provisoires ont été installés. La Croix Rouge Française a aidé à soigner les victimes et des lits dans les hôpitaux militaires ont été mis à disposition parce que les services d'urgence étaient débordés. Patrick Pelloux, Président de l'Association des médecins urgentistes, a fait remarquer que l'auto-satisfaction gouvernementale combinée à des restrictions budgétaires n'ont fait qu'aggraver le problème. Au début de cette semaine, il a déclaré: "Les plus faibles tombent comme des mouches". Il a poursuivi en accusant le gouvernement d'auto-satisfaction face aux nombreux décès: "Ils osent dire que ces morts sont naturelles. C'est absolument faux. Aucune statistique n'a été établie. Il n'existe pas la moindre information". Un médecin parisien, le Docteur Muriel Chaillet, a déclaré à la BBC: "L'été dernier, la situation était déjà catastrophique. Cette année, c'est encore pire. Nous n'étions absolument pas préparés. C'est l'échec complet du système hospitalier." Au début de cette semaine, les températures en Grande-Bretagne ont dépassé le seuil des 37,7 degrés Celsius (100 degrés Farenheit) pour la première fois depuis qu'il existe des statistiques de ce genre. Sur le continent les températures ont presque battu tous les records connus. En Italie du nord, les médecins ont déclaré plus de 100 morts à cause de la chaleur. On estime qu'au Portugal 25 personnes ont péri dans les feux de forêt. A la différence des Etats-Unis, la majorité des foyers et des lieux de travail en Europe ne disposent pas de système d'air conditionné. Des millions d'employés ont été obligés de travailler par des températures tropicales et les médecins européens ont déclaré un nombre croissant de problèmes de santé consécutifs à la chaleur. Ces problèmes ont plus particulièrement affecté les personnes âgées et les handicapés. Des feux de forêts ont ravagé un certain nombre de pays d'Europe du Sud. Des feux gigantesques embrasent le centre du Portugal depuis la fin du mois de juillet. Au début de cette semaine, les pompiers luttaient contre 20 feux principaux et plusieurs centaines de feux secondaires. Pour le moment, on pense que les feux ont causé la mort de 25 personnes et les forestiers estiment que 215.000 hectares de terre ont été perdus. Une journal portugais a écrit, "le centre du pays disparaît dans les incendies". Au cours des derniers jours, la lutte contre les incendies dans le centre du Portugal a été ralentie par l'apparition de nouveaux feux dans la région de l'Algarve près de la côte méridionale du pays. Les militaires ont porté secours à des dizaines d'habitants menacés par le feu dans la région de Silves et d'Aljezur. Le tourisme a beaucoup souffert parce que la circulation des trains et la circulation routière ont été perturbés, des milliers de vacanciers fuyant la région. Le premier ministre a instauré l'état d'urgence et a demandé l'aide de l'Union européenne. Les feux de forêt ont amené l'état d'urgence dans les régions d'Espagne où les incendies ont provoqué leurs premières victimes cette semaine. En Catalogne, on a trouvé les corps calcinés de cinq membres d'une même famille qui essayaient apparemment de fuir leur maison entourée par les flammes. Cinq-cent résidents ont été mis à l'abri. Depuis le début du mois, près de 30.000 hectares de forêt ont été détruits par les flammes. En Espagne, un pompier au moins a trouvé la mort et les équipes de secours ont été utilisées au maximum de leurs capacités. En Italie, des milliers d'acres de forêt ont été détruits par les incendies. On signale qu'au moins 60 personnes sont mortes à cause de la chaleur. Les pompiers ont combattu 24 feux. Les plus importants ravageaient la Toscane, le Piémont, la Ligurie, la région de Rome et la Campanie. En Italie et au Portugal, la presse a dénoncé la volonté des spéculateurs et des milieux criminels comme étant les principaux responsables des incendies parce qu'ils voulaient spéculer sur les terrains. Les feux ont également ravagé la Croatie, certaines régions d'Allemagne ainsi que la Corse. La France a également souffert des incendies les plus ravageurs de toute son histoire cet été. Des régions étendues de la côte méditerranéenne ainsi que des stations de la région de Cannes ont été durement touchées. Dans toute l'Europe et plus particulièrement en Allemagne, cette forte élévation des températures a provoqué un réchauffement des rivières. Les poissons ont été décimés et la multiplication d'algues dangereuses constitue une menace pour les stations balnéaires du nord de l'Allemagne. Dans toutes ce régions, les dégâts causés par les incendies vont avoir à long terme des conséquences importantes sur l'agriculture, sur le tourisme et sur l'environnement tout entier alors que des centaines d'hectares de forêt ont été réduits en cendres. Avant les incendies de la semaine dernière, les agriculteurs se plaignaient que le manque de pluie pendant plusieurs semaines associé à la sécheresse des champs allaient entraîner une baisse record des récoltes, et plus particulièrement des récoltes de blé. Les températures étouffantes ont également des conséquences d'une considérable portée pour la production d'énergie. Les gouvernements français et allemand ont tenu des réunion de crise la semaine dernière pour discuter des moyens d'empêcher les coupures de courant causées par la vague de chaleur. La baisse des niveaux d'eau a diminué la production des centrales nucléaires dans l'Europe entière. Par exemple, les 58 centrales françaises qui fournissent 70 pour cent de l'électricité du pays utilisent l'eau des rivières comme élément principal de leur système de refroidissement. Il est prévu que ces centrales soient autorisées à enfreindre les règlements de la température maximale de l'eau à recycler. On s'attend à une baisse des températures vers la fin de cette semaine. C'est seulement à ce moment là que toute l'étendue des coûts humains de la vague de chaleur pourra être appréciée dans toute son ampleur. Cette vague de chaleur a ravivé le débat suivant: ces températures élevées sont-elles la manifestation normale d'un changement climatique ou sont-elles un symptôme du réchauffement de la planète? Selon toutes les apparences, c'est la deuxième alternative qui est la plus plausible. L'année 1998 a battu tous les records de chaleur et les années 1990 ont été la décennie la plus chaude de tout le millénaire. Les experts estiment que 2003 battra très facilement 1998 comme l'année la plus chaude. En outre, sept des étés les plus chauds dans les annales de l'Allemagne depuis les années 1860 font partie des treize dernières années. Dans un document publié le mois dernier l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) a déclaré: "Il est fort probable que l'augmentation des températures au cours du 20ème siècle est la plus importante depuis plus de mille ans." En ajoutant " la tendance depuis 1976 est approximativement triple pour toute cette période". D'après l'OMM, les changements climatiques ne sont pas seulement responsables des températures record en Europe et en Inde mais également pour la fréquence des tornades aux Etats-Unis et pour l'ampleur des inondations au Sri Lanka et dans d'autres pays. Cette dernière crise due à la vague de chaleur met en évidence toute l'insuffisance des mesures prises par les gouvernements du monde entier pour faire face au réchauffement de la planète. Bien que ses informations ne soient maintenant plus très fiables, les accords de Kyoto ne sont toujours pas entrés en vigueur. La Russie a refusé d'en accepter les conditions, tandis que les Etats-Unis (de loin le pays au monde qui pollue le plus), a pris la décision unilatérale de dénoncer l'accord au moment où l'administration Bush était aux affaires du pays. Les politiciens européens ont réagi aux dernières catastrophes climatiques par un mélange de consternation publique et d'étroit pragmatisme, même si ce n'est en aucun cas la première fois dans l'histoire récente que le continent a été frappé par de telles catastrophes. Au cours de l'été 2001, une partie importante de l'Europe du Sud a été touchée par les pires incendies de ces dernières décennies et en 1997 de nombreuses régions de Pologne et d'Allemagne de l'Est ont souffert de très graves inondations. En août de l'année dernière, une importante partie de l'Europe centrale a encore une fois enduré des pluies record. De mémoire d'homme, ces inondations ont été les plus catastrophiques. Des régions entières de l'Europe de l'Est, de la République Tchèque (y compris la capitale Prague) ainsi que des régions du sud et du centre de l'Allemagne ont été englouties sous les eaux et ont été plongées dans le chaos le plus total. A cette époque les politiciens se tordaient les mains de désespoir, mais il est vite apparu que les autorités polonaises et allemandes n'avaient tiré aucun enseignement de la catastrophe de 1997 et avaient été surpris par les désastres de 2002. Il est maintenant évident que la réaction des gouvernements européens témoigne du même manque de perspective et de préparation face à cette dernière vague de chaleur et à ces feux de forêts. Malgré les quelques mesures prises par l'Union européenne depuis les incendies de 2001, comme par exemple l'augmentation de la surveillance par satellite des phénomènes météorologiques, il n'y a eu aucune prévention adéquate (et encore moins de mesures préventives concrètes) de la vague de chaleur et de ses conséquences. De plus, les mesures d'urgences pour combattre les conséquences
de l'actuelle vague de chaleur ont été compromises
dans de nombreux pays d'Europe par les mesures gouvernementales
de privatisation et de réductions budgétaires pour
les services d'incendie, pour les services forestiers et pour
les services médicaux d'urgence.
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