wsws : Nouvelles et analyses : Moyen-Orient
Par Bill Vann
Le 30 juillet 2002
Le WSWS met en ligne ci-dessous la réponse de Bill Vann
à l'importante correspondance que nous avons reçue
suite à notre déclaration du 12 juillet «Non au boycott
des universitaires israéliens ». La
réponse de Vann est suivie d'un échantillon
représentatif du courrier des lecteurs que nous avons reçu
à ce propos.
La déclaration du 12 juillet a été rédigée
suite à l'appel du professeur britannique Steven Rose demandant
aux universitaires européens de rompre tout contact avec
leurs homologues israéliens pour faire pression sur le
gouvernement israélien afin qu'il mette fin à la
réoccupation de la Cisjordanie et de la bande de Bande
de Gaza et reprenne les négociations avec l'autorité
palestinienne.
Le boycott s'est déjà soldé par le congédiement
de deux universitaires israéliens (les professeurs Gideon
Toury de l'université de Tel Aviv et Miriam Schlesinger
de l'université Bar-Illan) par le publiciste britannique
des revues Translator et Translation Studies Abstract.
La déclaration du WSWS fut suivie par la publication
le 17 juillet d'« Un
échange sur le boycott des universitaires israéliens
» dans lequel nous répondions à certains
arguments d'un lecteur en faveur du boycott.
Depuis, nous avons reçu plusieurs autres réactions
à notre déclaration du 12 juillet et à l'échange
du 17 juillet. Les questions en litige vont bien au delà
des questions de tactiques immédiates à adopter
pour le Moyen-Orient: elles soulignent les différences
fondamentales entre le marxisme et ce qui est habituellement vu
comme un courant de «gauche» ou «radical»
dans leurs approches respectives aux questions historiques, théoriques
et politiques auxquelles fait face le mouvement ouvrier international.
Comme nous l'avons clairement mentionné dans notre déclaration initiale, le WSWS s'oppose à toutes mesures victimisant les gens sur la base de leur nationalité et nous sommes contre toute tentative d'imposer une quarantaine internationale contre des universitaires israéliens en particulier en leur interdisant de participer à des conférences et à collaborer à des publications et des recherches.
Nous écrivions: «Des mesures visant des Israéliens
ordinaires ne font qu'aider les tentatives sionistes à
répandre l'idée fataliste et profondément
pessimiste que le monde entier est uni contre les Juifs et que
l'État israélien est le seul refuge possible».
Selon certains lecteurs, se préoccuper du sort de quelques
intellectuels israéliens est erroné compte tenu
des conditions horribles confrontées par les millions d'habitants
des territoires occupés. Ce type d'argumentation peut être
utilisé, et l'est, pour justifier à peu près
n'importe quelle mesure ostensiblement dirigée contre l'État
d'Israël, du boycott des professeurs israéliens aux
attentats suicides perpétrés dans les quartiers
ouvriers de Tel Aviv.
L'outrage provoqué par les atrocités menées
par la force de défense israélienne n'efface pas
la nécessité de considérer attentivement
le contenu politique des moyens de résistance employés.
Nous rejetons les méthodes qui désorientent la classe
ouvrière ou mettent de l'avant la conception qu'une transformation
progressive de la société puisse être obtenue
sans la mobilisation indépendante et révolutionnaire
de la classe ouvrière.
Nous reconnaissons la légitimité des diverses formes
de protestation du peuple palestinien contre l'agression israélienne,
y compris l'exigence de la cessation de toute aide à Israël
et l'appel au désinvestissement. Mais la question fondamentale
de notre point de vue est comment ces exigences peuvent développer
la conscience socialiste de la classe ouvrière, tant juive
qu'arabe, en Israël et dans les territoires occupés
et mettre de l'avant l'unité internationale de la classe
ouvrière.
Certaines des lettres reçues par le WSWS déforment
avec cynisme notre position, la présentant comme un soutien
au sionisme ou une expression d'indifférence devant l'oppression
du peuple palestinien. De telles allégations malhonnêtes
trouvent leur source au sein des organisations petites-bourgeoises
de «gauche» qui voient le boycott universitaire comme
une façon d'étendre leur influence et qui par conséquent
sont livides devant notre opposition.
D'autres correspondants sont clairement horrifiés par les
événements qui ont transpirés des territoires
occupés (le couvre-feu interdisant à des millions
de personnes de sortir de chez eux, le meurtre de civils innocents
et la dévastation du peu de ce qui reste de l'infrastructure
palestinienne) et par conséquent se demandent pourquoi
quelqu'un pourrait s'opposer à toute mesure prise pour
protester contre les crimes du régime sioniste.
Ce qui caractérise beaucoup ces lettres cependant, c'est
leur approche pessimiste à l'endroit de toute possibilité
de mener une lutte contre le sionisme et l'État israélien
en se basant sur la classe ouvrière et l'internationalisme.
Certains correspondants prétendent qu'il n'y a pas de classe
ouvrière israélienne; d'autres déclarent
que le concept même d'unir les travailleurs arabes et juifs
est irréaliste à cause des profondes divisions sociales
et politiques qui existent entre eux. Puisque qu'il n'y a actuellement
«pas de classe ouvrière unie formant une institution
politique», d'autres moyens doivent être trouvés
pour effectuer une transformation progressiste du Moyen-Orient
et mettre fin à la souffrance des masses palestiniennes.
Essentiellement, cela signifie s'adapter au nationalisme bourgeois.
Le boycott même s'inscrit dans la lignée de ce qui
est connue comme la «solution des deux États»:
un accord négocié qui entraînerait un État
palestinien formellement indépendant constitué des
territoires de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.
Les masses palestiniennes, nous apprend-on, ne seront gagnées
au socialisme que dans la mesure où elles voient que les
socialistes dans le monde entier posent des gestes de solidarité
avec les directions palestiniennes actuelles. Comment pouvons-nous
ne pas appuyer la «lutte armée» nous demande
un lecteur, lorsqu'elle est soutenue non seulement par le Hamas,
mais également par des sections du Fatah et de l'ancien
Front démocratique pour la libération de la Palestine
stalinien?
Nous ne pensons pas que la lutte contre l'oppression du peuple
palestinien trouvera une solution dans la création d'un
mini-État palestinien. Depuis plus d'un demi-siècle,
la question nationale est apparue pour beaucoup comme l'axe du
conflit au Moyen-Orient. Mais les masses ont traversé d'amères
expériences avec les divers mouvements nationalistes, tous
s'étant avérés une impasse politique. Partout
l'histoire a démontré l'incapacité organique
de la bourgeoisie nationale d'accéder à une véritable
indépendance de l'impérialisme ou à jeter
les fondations d'un développement économique capable
d'améliorer le lot des masses laborieuses et oppressées.
L'appui aux attentats suicides, le dernier sursaut de la «lutte
armée» qui était si romancée il n'y
a pas si longtemps, démontre l'impasse politique des mouvements
nationalistes. Alors que des conditions désespérées
et des décennies d'oppression, sans parler de l'échec
du projet national même, ont tragiquement créé
une couche de jeunes palestiniens prêts à donner
leur vie de cette façon, les politiques de ceux qui font
la promotion d'une telle pratique sont tout à fait réactionnaires.
Ceux qui tentent de légitimer de telles actions en mentionnant
les crimes beaucoup plus grands de l'État israélien
ne luttent pas pour bâtir l'unité des travailleurs
arabes et israéliens dans une lutte commune contre les
élites arabes et israéliennes et contre le capitalisme.
Ils poursuivent des desseins tout à faut différents.
Israël est un État capitaliste, donc par conséquent
fondé sur l'exploitation de la classe ouvrière.
Le fait de caractériser les travailleurs israéliens
de «colonialistes» satisfait peut-être ceux
qui veulent évacuer la frustration et l'outrage moral,
mais cela ne peut leur fournir de base pour une perspective objective
ou révolutionnaire.
Les conditions qui existent actuellement en Israël sont le
produit de développements historiques complexes. Le manque
de conscience socialiste parmi les travailleurs israéliens
est le résultat de la trahison de la classe ouvrière
internationale par le stalinisme, la social-démocratie,
et bien entendu par les mouvements nationalistes bourgeois du
monde arabe également.
Pendant des décennies, une partie substantielle de l'immigration
juive en Israël provenait de l'Union soviétique, déclenchée
en premier par les politiques réactionnaires de la bureaucratie
stalinienne puis par les conditions catastrophiques créées
par l'effondrement de l'URSS.
Malgré les problèmes considérables de développement
d'une conscience parmi les travailleurs israéliens, il
n'empêche qu'il existe une importante opposition en Israël
à Sharon et à la guerre en cours contre les Palestiniens.
De nombreux sondages démontrent qu'une majorité
substantielle de la population favorise l'abandon des colonies
et le retrait des troupes de la bande de Gaza et de la Cisjordanie.
Ces sentiments populaires ne peuvent trouver une voie progressiste
que dans la mesure où les socialistes luttent avec consistance
pour une position internationaliste sans céder à
la frustration du moment. C'est une approche opposée au
type de politiques opportunistes qui partent de l'idée
de «ce qui est possible maintenant» selon ce qui est
perçu comme le niveau de conscience actuel de la classe
ouvrière.
La seule fondation sur laquelle une paix véritable et durable
peut être créée dans la région est
la lutte pour l'unification des travailleurs de toutes les nationalités
et religions pour la construction des États-Unis socialistes
du Moyen-Orient dans le cadre de la révolution socialiste
mondiale. Promouvoir des illusions dans la capacité de
la bourgeoisie palestinienne à réaliser les aspirations
démocratiques et sociales des masses ne fait pas avancer
cette cause. Et cette dernière ne pourra pas plus progresser
par le soutien d'une solution à «deux États»
présentée comme un objectif «pratique».
Tout accord conclu entre le régime israélien et
la direction palestinienne actuelle ne fera qu'augmenter l'oppression
de classe des travailleurs des deux côtés de la «ligne
verte».
Plusieurs lecteurs ont demandé quelle était la position
de notre mouvement lors des campagnes des années 1980 pour
le désinvestissement et le boycott économique de
l'Afrique du Sud.
Nous n'avons pas soutenu d'appel visant à boycotter
des intellectuels sud-africains particuliers alors que certains
subissaient la répression et des représailles pour
leur opposition à l'apartheid.
Tout en soutenant la demande pour un embargo économique
contre le régime, nous avons mis en garde que les politiques
des dirigeants des campagnes de boycott et de désinvestissement
servaient à subordonner la lutte contre l'apartheid afin
de gagner l'appui des grandes entreprises et des politiciens des
partis au pouvoir en Europe et en Amérique. Une section
importante de la grande entreprise voyait en effet l'apartheid
comme irrationnel du point de vue de ses intérêts
et soutenait la transition vers ce qui était perçu
comme une forme de domination plus économique et potentiellement
profitable. De notre côté, nous insistions sur la
nécessité pour la classe ouvrière de mobiliser
sa force indépendante pour soutenir les travailleurs sud-africains,
notamment en bloquant l'envoi d'armes et d'autres marchandises.
Ceux qui se réclament de l'exemple du boycott sud-africain
pour défendre le boycott des universitaires israéliens
ne se soucient guère des politiques nationalistes et réformistes
qui étaient derrière, pas plus que du résultat
final de cette supposée «réussite» pour
l'Afrique du Sud. Avec l'engagement non seulement des universitaires,
mais également des banques multinationales, des entreprises
et des gouvernements impérialistes, le cadre légal
de l'apartheid fut éliminé et un nouveau régime
dirigé par le Congrès national africain (ANC) prit
le pouvoir politique. Mais le pouvoir économique ne bougea
que légèrement, et principalement vers un resserrement
de l'emprise du capital financier international. Huit ans plus
tard, le gouffre des inégalités entre les riches
et les pauvres est toujours aussi important, sinon plus qu'à
l'époque du pouvoir blanc minoritaire, la seule exception
étant la redistribution minime des richesses vers la mince
couche de Noirs qui occupe maintenant des postes au sein du gouvernement
et des conseils d'administration. Pour les grandes masses, les
conditions sont de plus en plus désespérées,
avec près du tiers de la population sans emploi et le quart
des habitants infectés par le virus du sida. Bien que ces
conditions sont fréquemment attribuées à
«l'héritage de l'apartheid», elles n'en sont
pas moins également le résultat d'une passation
des pouvoirs qui a laissé le capitalisme intact, une transition
réalisée en partie grâce à la campagne
de boycott.
Aucun des opposants à notre déclaration n'a répondu
à la question de savoir pourquoi le boycott ne devait se
limiter qu'aux universitaires israéliens. Pourquoi en effet
ne pas inclure les universitaires américains et britanniques
puisque Washington et Londres fournissent depuis longtemps l'argent,
les bombes et les balles utilisés pour opprimer et tuer
les Palestiniens, et que ces deux gouvernements sont responsables
de crimes encore pire que ceux effectués par Israël?
Certains nous ont accusé de «relativiser» les
atrocités israéliennes, d'autres ont soutenu qu'il
était plus facile de boycotter Israël que les États-Unis,
compte tenu de la taille de ce dernier et de son rôle effacé
sur le marché mondial.
Les universitaires israéliens ne sont pas plus mauvais
que leurs homologues d'ailleurs dans le monde. Combien de voix
se sont élevées au sein des universités américaines
contre le militarisme mondial de l'administration Bush, ses crimes
de guerre en Afghanistan, les préparatifs de guerre contre
l'Irak ou la suppression des droits démocratiques aux États-Unis?
Certains universitaires britanniques et européens faisant
la promotion de cette campagne, tout comme leurs collègues
américains qui la soutiennent, pensent peut-être
jouer un rôle pour apporter la paix au Moyen-Orient. Mais
malgré leurs bonnes intentions, dans la mesure où
ils réalisent cette aspiration en dehors d'une mobilisation
véritable de la classe ouvrière, ils agissent non
pas indépendamment, mais comme des émissaires de
leurs gouvernements, et ils représentent les intérêts
de leur élite dominante nationale dans la transformation
du Moyen-Orient pour la satisfaction des besoins du capital.
Nous pensons que les intellectuels et les universitaires peuvent
jouer un rôle progressiste dans la transformation de la
société dans la mesure où ils se subordonnent
à la construction d'un mouvement ouvrier révolutionnaire
basé sur le programme du socialisme international. La campagne
de boycott actuelle va à l'encontre de cet objectif.
Au nom du comité de rédaction du WSWS
Bill Vann
Chers camarades,
Je suis un habitué de votre site Web depuis peu et l'impression
que j'en ai est tout simplement formidable... tout ce que je peux
vous dire c'est BRAVO ET CONTINUEZ VOTRE BON TRAVAIL !! Je regrette
seulement de ne pas avoir découvert le WSWS bien avant...
J'ai étudié et suivi la théorie socialiste
marxiste et les médias alternatifs depuis un certain temps
déjà. Votre site va vraiment en profondeur. Votre
vision claire du monde
et la profondeur de votre pensée et de vos connaissances
sont... vraiment époustouflantes !
Voilà, j'ai pensé vous envoyer ce petit mot pour
vous féliciter et n'abandonnez JAMAIS la lutte juste, car
des sources comme la votre sont infiniment inestimables, tant
pour les masses inexpérimentées que les intellectuels
informés de partout dans le monde...
Paix et salutations,
MD
P.S. : Vous avez RAISON à 100 % de vous opposer au boycott
des universitaires israéliens. Le socialisme ne peut gagner
les peuples du monde à sa cause si ses adhérents
défendent de telles attitudes racistes et continuent de
soutenir les divisions entre les États et les nationalités.
L'intégrité affichée par l'équipe
du WSWS dans cette affaire et d'autres nouvelles est vraiment
une source d'inspiration extrêmement impressionnante. Ne
lâchez pas!
22 juillet 2002
Salut,
Je vouais simplement vous dire que j'ai lu votre article sur le
boycott des universitaires israéliens et que c'était
l'article le plus articulé et le plus perspicace que j'aie
jamais lu à propos de la politique envers Israël.
Je trouve le boycott de mauvais goût car il m'apparaît
hypocrite de ne pas examiner scrupuleusement le rôle de
TOUS les pays qui sont si inhumains et de se détourner
d'eux. Et je peux penser à une vingtaine de pays sans problème
qui correspondent à cela.
J'ai vu la pétition soutenant le boycott et remarqué
qu'il y avait plein de noms arabes signés. Je ne peux qu'imaginer
que si le boycott était dirigé contre l'Arabie Saoudite
(un pays certainement tout aussi injuste et discriminatoire qu'Israël),
ces personnes auraient non seulement probablement refusé
de signer, mais ils l'auraient également qualifiée
de geste «anti-musulman» et «anti-arabe».
Cela m'enrage de savoir que des Israéliens vivent bien
aux dépens des Palestiniens. Mais en m'érigeant
contre cela, je n'oublie pas que moi aussi je vis bien aux dépens
d'autres peuples. La plupart de ces personnes sont ouvertement
arrogantes et refusent de reconnaître cet état de
fait.
L.
21 juillet 2002
Monsieur,
Je suis à la base opposé à toute tractation
avec mes ennemis. Je crois que cela découle de la nature
humaine. Lorsque les États-Unis ont décidé
de boycotter l'Irak et d'autres pays, ils l'ont fait en sachant
que le mal engendré aurait des répercussions tant
sur les innocents que sur leurs ennemis. Bien que cela soit mal,
je souhaite voir l'annihilation totale de l'État d'Israël
et je partage entièrement les sentiments de Bernard Baruch
à l'endroit de Franklin Roosevelt lorsque les sionistes
ont fait pression pour obtenir son appui en 1944 et même
avant. Cet État fut créé en dépit
de ses objections de toutes façons et l'histoire a démontré
à maintes reprises depuis qu'il avait eu raison de s'y
opposer. Les sympathies ou les préoccupations à
l'endroit de la population d'origine n'ont jamais été
présentes parmi les partisans de l'État Israël,
et maintenant cela se traduit en atrocités quotidiennes.
La responsabilité collective a été la carte
jouée par les sionistes de l'holocauste qui ont mené
la guerre contre le goy lo pendant tant d'années. Ces mêmes
personnes ont collectivement démonisé les Arabes,
causé une guerre d'une magnitude sans précédent
et jeté la honte sur les États-Unis pour cette folie.
L'État Israël et les États-Unis sont deux criminels
qui ne doivent pas être acceptés à la table
des nations ni profiter des richesses du monde dans son ensemble.
FS
18 juillet 2002
Chers rédacteurs, bien que la lettre de JB était
enflammée et crue, elle n'en a pas moins frappé
juste là ou il le fallait, alors que votre réplique
prolixe était lamentable et désappointante.
Laissez moi soulever un point, certes minime, mais représentatif du supposé outrage produit par cet incident que vous semblez apparemment faire vôtre, et que vous décrivez comme «le licenciement de deux salariés». Allons, vous savez certainement comment les revues spécialisées fonctionnent. Un rédacteur en chef invite des collègues de son domaine à se joindre à un comité de rédaction pour créer un imprimatur d'approbation solidaire de leur association bénévole avec la revue. Le professeur Baker a fait preuve de consistance en soutenant le boycott des universités israéliennes en demandant aux deux universitaires israéliens de se dissocier volontairement de sa revue (dont elle est à la fois publiciste et éditrice). Le blâme leur revient à eux pour leur refus disgracieux de démissionner, ce refus exprimant plus le nationalisme israélien que la dignité universitaire. Le professeur Baker a bravement donné un exemple de consistance. Et de cet exemple, des boycotts plus importants contre le gouvernement israélien malveillant et la population juive majoritairement complice pourront être encouragés.
Salutations.
NM
18 juillet 2002
Cher rédacteur,
J'ai lu « Un échange sur le boycott des universitaires
israéliens » daté du 17 juillet, 2002,
et trouvé une similitude frappante dans les écrits
de ce lecteur (JB) avec celle de ML, un autre lecteur s'opposant
à vous, tel que rapporté dans « Answers
to a radical numbskull: once more on the gulf between Marxism
and protest politics » (Réponse à un aliéné
radical : une fois de plus sur l'écart entre le marxisme
et les politiques de protestation), article daté du 12
avril 2000, de Patrick Martin. En effet, les deux sont au bord
de vomir à la fin de leur lettre. ML écrit «You
guys make me want to throw up!» (vous me donnez le goût
de vomir) et JB «Je veux vomir quand je vous vois en train
de la citer».
La raison pour laquelle ces radicaux de la classe moyenne et petits-bourgeois
de «gauche» ont toujours besoin de vomir à
la fin de leurs lettres découle, je crois, de la nature
de leur diète idéologique. Ils consomment de toute
évidence trop de politique riche en calorie et de mauvaise
qualité, pleins de slogans vides avec pas assez d'ingrédients
substantiels et de base scientifique, le tout mal cuit et mélangé.
Alors il n'est pas surprenant qu'ils connaissent de tels éclatements
de logorrhée, accompagnés de désordres digestifs.
La vacuité de leurs arguments les force à monter
le ton et à vomir afin de dissimuler le creux de leur position
et leur paresse de lire et de développer leurs connaissances.
Et bien entendu ils se défilent devant une excellente question
logique soulevée par le WSWS dans sa réponse: pourquoi
imposer cette sanction seulement contre les universitaires israéliens,
et non contre ceux des États-Unis et du Royaume-Uni qui,
selon leur logique, serait encore plus méchants? Alors
qu'ils répondent: «pourquoi ne pas insister que l'on
refuse tout contact avec les universitaires américains
et britanniques et que l'on les licencie?»...
Enfin, je souhaite à JB et à ML du plaisir à
lire le WSWS, et j'espère que comme résultat, nous
pourrons un jour les accueillir au WSWS et dans la Quatrième
Internationale qui sont, je crois, ouverts à tous ceux
qui s'efforcent honnêtement de contribuer à accomplir
les tâches historiques de la classe ouvrière internationale.
DP
Pékin, Chine
18 juillet 2002
Chers rédacteurs du WSWS, je lis régulièrement
les articles du site Web du WSWS et je les ai trouvés constamment
bien réfléchis et d'un niveau admirablement très
élevé. D'habitude, je serais prêt à
vous féliciter pour vos efforts et à recommander
votre site. Mais j'ai été très surpris et
frappé de lire aujourd'hui votre réaction à
l'«Appel pour un moratoire sur les relations scientifiques
et culturelles avec Israël». Votre article est, à
mon avis, un recul très déplorable par rapport à
votre niveau d'analyse habituellement élevé et constitue
le point le plus bas de tout ce que vous avez publié jusqu'à
présent. C'est en fait un tissu de faussetés à
l'endroit de personnes qui adoptent une position politique honorable
dont vous insinuez et sous-entendez qu'ils font preuve d'immaturité
politique et de bas motifs et qui est empreint par dessus tout
de jalousie et/ou de calculs idéologiques...
[Les universitaires israéliens] n'ont pas été
«licenciés» (ils continuent de travailler dans
leurs institutions respectives) mais leur contribution à
une revue scientifique de l'UMIST a été refusée
dans le respect du boycott universitaire proposé uniquement
pour exercer des pressions sur l'État d'Israël afin
qu'il respecte le droit international. C'est peut être une
expérience désagréable et même humiliante
pour eux sur le plan personnel, mais la tactique est légitime
et la solution ultime repose entre les mains de l'État
israélien... Oui, on peut «sérieusement penser
que de telles méthodes aideront à développer
des sentiments antisionistes en Israël»! Justement!
Au moins le quart de la population israélienne est déjà
nettement antisioniste. Pourquoi ne seraient-ils pas renforcés
par cette mesure, comme les Noirs l'ont été en Afrique
du sud sous le joug de l'apartheid?...
Vous écrivez: «En identifiant grossièrement
les universités juives avec l'État israélien
et ses crimes, le boycott universitaire aide les idéologues
sionistes». Cette supposée identification n'est que
dans la tête de l'auteur du WSWS: le moratoire ne vise pas
spécifiquement les institutions universitaires «juives»
(si de telles institutions existent), mais tous les organismes
universitaires israéliens, dont peuvent (encore) faire
partie des non-juifs également. L'auteur du WSWS semble
ici être dupe du principal mensonge du sionisme: Sionisme
= État juif = Peuple juif = Judaïsme... Vous écrivez
: «La conduite correcte () serait précisément
le contraire d'un tel boycott: chercher le maximum de contact
possible avec leurs homologues israéliens et arabes».
Un engagement maximum, c'est à dire le versement de subventions
et le soutien aux institutions universitaires et militaires israéliennes
a été mené par l'UE (principalement par le
Royaume-Uni, l'Allemagne et la France) pendant des décennies
(les résultats politiques engendrés sont malheureusement
évidents) alors que l'équivalent de telles faveurs
à leurs «homologues arabes» se situent bien
en delà du zéro absolu. Si cette mesure peut être
transformée ou être élargie pour inclure principalement
l'envoi d'armes et l'aide militaire, cela ne pourra être
que mieux encore. Pour l'instant c'est un pas dans la bonne direction.
Et également, pourquoi un tel «engagement maximum»
n'a pas été utilisé dans le cas de l'Afrique
du Sud? Si je me souviens bien (et je m'en souviens), c'était
plutôt le « DÉS-engagement maximum »
qui était à l'ordre du jour à l'époque!
Les travaux des universitaires israéliens NE SONT PAS soumis
à une «censure morale». Ils sont isolés
et pourront être débattus après la résolution
du problème politique urgent actuel: éviter un génocide
majeur au Moyen-Orient. Les universitaires auront ainsi plus de
temps libres pour développer «une pensée indépendante»
car ils n'auront pas à voyager pour aller à des
conférences internationales aux frais de l'UE, une organisation
dont les tentatives de médiation sont régulièrement
rejetés par leur gouvernement. Voilà qui devrait
vous nourrir l'esprit et vous donner de quoi à digérer...
Respectueusement,
OR
18 juillet 2002
Bonjour,
Je visite votre site Web depuis un certain temps déjà.
Vous publiez des articles dont le niveau est constamment élevé
et vos principes comme votre sens de l'éthique sont toujours
évidents, même si à l'occasion je ne partage
pas votre avis.
Votre article contre le boycott démontre une fois de plus
votre moralité et vos principes, ainsi que votre analyse
honnête et raffinée. Enfin des anti-impérialistes
véritablement humains et décents. Depuis un certain
temps je me suis distancé de la position défensive-aggressive
de mon pays, même si je soutiens toujours toute action militaire
restreinte à l'élimination de leaders et d'activistes
terroristes.
Vos standards démontrent néanmoins qu'en dépit
de ce que j'ai pensé, la Quatrième Internationale
et ses principes ne sont pas morts, et encore moins dépassés.
Bonne chance,
DL
17 juillet 2002
Je partage l'opinion de l'auteur de la lettre que vous avez inclus
aujourd'hui dans votre envoi aux lecteurs. J'aimerais bien entendre
votre définition de ce qu'est la «classe ouvrière».
La «classe ouvrière» JUIVE ISRAÉLIENNE
est extrêmement petite et ne compte pratiquement pas de
juifs Ashkenazi. Alors comment ce petit groupe est supposé
se soulever et entraîner un État monolithique fondé
par des puissances étrangères à effectuer
les changements que vous préconisez? Considérez-vous
réellement les professeurs d'université comme faisant
partie de «la classe ouvrière»???!!! Israël
est un État entièrement bourgeois.
De plus, Israël est différent de tous les autres États
du Moyen-Orient en cela qu'il a été formé
comme un État fondé de pouvoir lorsque les colonialistes
ont dû quitter la région entre 1920 et 1950. Il n'existait
pas avant cela. La plupart des Israéliens sont originaires
de pays colonisateurs. La plupart des «colons» des
territoires occupés sont Américains. Comment inscrivez-vous
cela dans votre analyse? Je pense qu'avec le temps votre analyse
va changer. Je ne veux pas connaître votre réponse.
Je me fie à vos articles pour les nouvelles qui ne sont
pas diffusées dans les médias ici aux États-Unis,
mais en tant qu'intellectuel issu de la classe ouvrière,
je pense que vous sur-réagissez à cette lettre et
que vous n'avez pas pris le temps de réfléchir à
votre analyse de la situation autant que vous le devriez. L'auteur
de la lettre a soulevé un point très pertinent:
tout citoyen est un membre actuel ou potentiel de l'armée
(sauf s'il a le courage de refuser, en quel cas il se voit privé
de la plupart des «droits» donnés à
«tous» les citoyens israéliens juifs). Où
tenez-vous compte de cela dans votre analyse politique de la lutte
des classes? Je suis vraiment curieux de le savoir. Finalement,
je ne pense pas que se fier uniquement à l'idéologie
politique fournira la réponse: cela n'a jamais marché
par le passé. Le problème, c'est les gens, la vie
qu'ils mènent, leurs droits, leurs aspirations. Et 99,9
% de la population israélienne collabore avec un régime
extrêmement répressif...
TS
17 juillet 2002
Cher rédacteur, je suis en profond désaccord avec
votre position à propos du boycott des universitaires israéliens.
Contrairement aux Palestiniens, depuis 54 ans les universitaires
israéliens jouissent de la liberté et ont accès
à information tant d'Israël que du reste du monde.
Une crise humanitaire horrible sévit au Moyen-Orient depuis très longtemps à cause des politiques israéliennes qui privent les Palestiniens des droits les plus essentiels. Des choses aussi simples pour nous que la liberté d'aller et de venir à notre volonté sont prises pour acquises pour la majorité des gens... mais pas pour les Palestiniens qui sont soumis aux points de contrôles, aux couvre-feu et aux fermetures de représailles d'Israël. Si un Palestinien sort de sa demeure, il peut la retrouver occupée en permanence par des Israéliens à son retour. S'il ne sort pas de chez lui, elle peut être bombardée ou rasée au bulldozer. Si vous étiez palestinien et que vous plantiez un arbre, il peut être déraciné. Construisez un château d'eau (parce qu'Israël refuse que votre village ait accès à l'eau) et la force de défense israélienne peut le prendre comme cible pour une pratique de tir et ainsi laisser l'eau se perdre dans les ruines environnantes. Vous pouvez bien vous inscrire à un cours à l'université locale, mais bonne chance pour y assister. Vous risquez l'emprisonnement à vie et la torture par Israël uniquement parce que vous êtes un mâle palestinien âgé de plus de 15 ans. Sortez du pays et vous pourriez ne pas avoir le droit de revenir dans votre famille et à l'endroit où vous êtes né, vous et votre père et toute la famille avant depuis des générations. Restez et vous pouvez être blessé ou tué lors d'un assassinat ciblé illégal... Il y plein d'universitaires pro-israéliens qui écrivent et vivent aux États-Unis Certains profitent même du statut privilégié de la Ivy League Universities afin de lancer des appels à des représailles collectives contre les Palestiniens ou à la purification ethnique de tous les Arabes de la «Terre sainte», des idées que je trouve pour le moins effroyables. Les écrivains pro-israéliens peuvent faire des déclarations péremptoires sur toutes sortes de cruautés et proposer toutes sortes de préjudices et faire de la propagande.
Beaucoup de voix juives pro-palestiniens et pro-droits de la personne
aux États-Unis tentent désespérément
d'être entendues par dessus le tonnerre sioniste qui gronde
dans la plupart de nos médias écrits et électroniques.
Le boycott des universitaires israéliens ne fera taire
personne, mais il peut contribuer à inciter des gens qui
ont la possibilité depuis plus de 54 années d'appliquer
leurs connaissances et leurs énergies à trouver
une solution juste qui respecterait les droits de tous en «Terre
sainte» et pas seulement pour les quelques membres du peuple
élu juif...
Salutations,
ASA
15 juillet 2002
Cher rédacteur, alors qu'Israël poursuit son attaque
brutale en Cisjordanie avec pour objectif la soumission du peuple
Palestinien dans le cadre de la «solution» de l'apartheid
sioniste, le WSWS a choisi d'attaquer des universitaires horrifiés
par la brutalité israélienne des derniers mois qui
ont décidé d'agir. Les arguments que vous soulevez
le sont assez souvent dans les discussions sur ce problème
par la droite et la «gauche sioniste» (la question
du boycott universitaire a en effet suscité toute une furie
dans la communauté universitaire israélienne [un
fort contraste par rapport au silence assourdissant relatif aux
crimes israéliens] et ce fait seul témoigne de son
efficacité à secouer la complaisance de l'élite
universitaire locale). Mais il est décourageant de lire
ces mêmes arguments vides venant d'un groupe socialiste
qui tente de les démolir avec des principes soi-disant
marxistes. La Palestine est aujourd'hui à l'avant-garde
de la lutte anti-impérialiste, et le peuple palestinien
fait face à une superpuissance régionale soutenue
par l'impérialisme. La solidarité et le soutien
reçus par les Palestiniens de la gauche internationale
contribuera pour beaucoup dans la détermination des masses
palestiniennes et du Moyen-Orient à se tourner vers le
socialisme révolutionnaire. Votre déclaration contre
ces universitaires qui ont posé un geste concret pour s'opposer
aux crimes israéliens alors que des millions de Palestiniens
se voient imposer un couvre-feu depuis trois semaines et qu'une
menace de purification ethnique plane, ne peut que bâtir
un mur de méfiance envers le socialisme révolutionnaire
chez vos lecteurs qui affrontent l'impérialisme au Moyen-Orient...
Dans la lutte impérialiste en Palestine, les universités israéliennes peuvent difficilement être vues comme une force progressive. Comme institution, elles font partie prenante du système israélien, entretenant de nombreux rapports avec le complexe militaire et l'élite politique du pays. Bien qu'elles conservent une indépendance formelle de l'État, cette indépendance ne s'est jamais manifesté en opposition à l'occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza qui dure depuis 35 ans...
Depuis le début de l'Intifada le 29 septembre 2000, la
vaste majorité des universitaires israéliens a réagi
en soutenant avec enthousiasme ou passivement les politiques des
gouvernements israéliens, un dur réveil pour ceux
parmi nous qui croyaient que les dernières années
avaient vu les intellectuels post-sionistes marquer des points.
Un juif israélien ne s'expose pas au danger en protestant,
et en fait depuis le début de l'Intifada, une petite «gauche
radicale» a bien protesté, mais les universitaires
ne se sont pas précipités en masse pour les rejoindre.
Depuis, de nombreux universitaires aimeraient se voir comme des
«libéraux», la situation la plus pratique pour
eux étant la conspiration du silence, si personne n'exige
que les intellectuels prennent position, ils peuvent alors soutenir
les atrocités en les ignorant... Convaincre les israéliens
de rompre avec les politiques de leur élite dirigeante
est en fait un objectif crucial. Comme j'ai expliqué plus
haut, les universitaires sont beaucoup plus liés intimement
avec cette élite (et ne sont donc pas des éléments
« faciles à gagner ») que ne l'est la classe
ouvrière israélienne, et ils favorisent habituellement
la maintenance du statu quo. Il est ainsi plus vraisemblable qu'ils
s'éloignent de l'élite dirigeante si leurs collègues
progressistes de l'étranger leur font savoir que leur appui
aux crimes du régime israélien est inacceptable
plutôt que de simplement continuer de collaborer avec eux
sans rien dire... Les impérialismes des États-Unis
et du Royaume-Uni ont toute une histoire de crimes brutaux contre
les peuples oppressés du monde qui est encore pire que
celle d'Israël. Ils mènent actuellement tous les deux
de fréquentes sorties de bombardement en Afghanistan et
en Irak et planifient de mener la guerre une fois de plus contre
le peuple de ce pays qui souffre depuis si longtemps. De plus,
toute personne politisée est bien consciente que derrière
la machine de guerre de Sharon se cachent l'administration Bush
et le gouvernement travailliste de Blair. Alors pourquoi ne pas
appeler au boycott des universitaires britanniques et américains
? Il faut d'abord signaler le fait que d'autres crimes brutaux
ont été et sont toujours commis dans le monde n'aident
certes en rien les Palestiniens soumis à la brutalité
d'Israël. Mais la Palestine est maintenant un des foyers
de la lutte impérialiste. Cela ne diminue en rien la responsabilité
de combattre les autres manifestations de l'impérialisme,
telle l'attaque anticipée contre l'Irak (qui n'es pas sans
rapport d'ailleurs), mais l'existence des autres luttes n'implique
pas plus que nous pouvons « relativiser » les atrocités
sionistes afin de justifier l'inaction (en Israël une réplique
courante est : regardez ce que les États-Unis ont fait
en Afghanistan, nous ne sommes pas plus pire »). Puisque
l'agent direct de ces atrocités est un petit État
client, il est plus facile de boycotter Israël, tout comme
il est plus facile d'éviter d'acheter ses produits que
ceux des États-Unis...
Bien entendu, le boycott universitaire est une initiative limitée,
mais il a déjà lancé le débat dans
les hautes sphères de la communauté universitaire
israélienne repliée sur elle-même et qui préfèrerait
jouer les imbéciles. J'espère que le jour où
les travailleurs américains et britanniques bloqueront
les envois d'armes en Israël est proche, mais en attendant,
il n'y a aucune justification pour attaquer l'initiative de certains
universitaires pour bloquer une arme importante du régime
sioniste : la légitimité accordée au racisme
israélien.
HK
14 juillet 2002
Cher rédacteur, en tant que dissident israélien,
j'approuverais certainement un boycott sélectif des israéliens,
non pas des universitaires, qui sont vraisemblablement membres
des camps anti-Sharon et anti-occupation, mais des équipes
sportives et des artistes israéliens par exemple. L'Afrique
du Sud a été profondément meurtrie en se
faisant interdire de participer aux événements et
aux compétitions internationales et que ses artistes se
sont vus refusés de se produire à l'étranger.
Ce sont des boycotts psychologiquement plus efficaces que les
boycotts économiques, ces derniers étant même
parfois contre-productifs en touchant les victimes du régime
plutôt que leurs dirigeants et partisans. Le même
principe doit être appliqué ici, autrement vous ne
faites que renforcer le mensonge sioniste que toutes les mesures
prises contre Israël sont nourries par l'antisémitisme.
Salutations,
YL
14 juillet 2002
Cher rédacteur,
Le pilonnage, le bombardement et la démolition jour après
jour de toute infrastructure vitale des territoires palestiniens
occupés depuis 1967 soulève enfin une réaction
chez certains universitaires progressistes préoccupés
d'Occident (des gens qui parvenaient à vivre en paix avec
les faits lugubres de la nature raciste et colonialiste de l'État
d'Israël) démontrée tant dans l'idéologie
que dans la pratique, non seulement dans les territoires occupés
mais dans tous les divers aspects de la vie.
Le monde universitaire israélien qui, comme ailleurs dans
le monde, fait partie de l'élite du pays et est en étroite
relation avec la classe dominante, ne s'est jamais manifesté
comme une opposition. Les institutions et les organisations universitaires
n'ont jamais élevé leur voix contre l'occupation,
ou même contre le sort terrible qui a frappé les
écoles et les universités en Cisjordanie et dans
la bande de Gaza lors des premier et second intifadas.
Depuis le début des années 1980, le Conseil des
études supérieures d'Israël a empêché
la fondation d'une université qui enseignerait en arabe,
une demande des organisations de la population arabe d'Israël.
Les universitaires israéliens n'ont jamais appuyé
le moindrement ces demandes (au même moment les étudiants
arabes qui étudient dans leur langue dans les écoles
élémentaires et secondaires sont obligés
de poursuivre des études supérieures en hébreu
n'ont droit à aucun cours de soutien, alors que les immigrants
juifs en Israël reçoivent ces cours gratuitement)...
Les universitaires israéliens ne s'opposent pas aux pratiques
racistes et antidémocratiques au sein de leurs institutions.
Les conférences et les comités universitaires qui
traitent de sujets tels que « le problème démographique
» (le fait même que des résidents arabes et
des citoyens vivent dans l'État Israël) sont tout
à fait légitimités. Parallèlement,
les gens qui essaient d'aborder dans les universités israéliennes
les crimes perpétrés contre le peuple palestinien
sont persécutés (le cas le plus connu étant
celui de Teddy Katz, qui a rédigé une thèse
de maîtrise sur l'expulsion des résidents arabes
du village de Tantoura lors de la guerre de 1948)...
Depuis l'éruption du second intifada, les universités
ont commencé à persécuter les universitaires
de gauche : neufs professeurs de l'université d'Haïfa
ont été menacés d'être « jugés
à l'interne » parce qu'ils ont pris part à
une démonstration de l'union des étudiants arabes
qui a été interdite par les autorités de
l'université; Le docteur Illan Pappe, un historien proéminent
a pratiquement été expulsé de l'université...
et accusé d'avoir « offensé ses collègues
» en soutenant la pétition pour le boycott !...
Vous voyez une équivalence entre « sionisme »
et « judaïsme ». Pour interpréter des
gestes contre les sionistes et leurs associations comme étant
de « la persécution simplement à cause de
sa nationalité, de son origine ethnique, ou de sa religion
», c'est suggérer qu'être « colonialiste/sioniste
» est inhérent au fait d'être Juif... et c'est
là une déclaration extrêmement antisémite
appuyée par l'idéologie du mouvement sioniste et
d'autres groupes racistes...
Vous soutenez que le boycott enfoncera encore plus les Israéliens
dans le piège sioniste. Ne pensez vous pas un seul instant
à ce que la poursuite de la politique du « maintien
du statu quo » fera aux Palestiniens? L'effet d'une telle
politique ne serait-il pas un désappointement et une désillusion
face au concept de la « solidarité internationale
», du « mouvement révolutionnaire international
» etc., etc. ? Les Palestiniens qui sont plus de huit millions
ne méritent-ils pas d'être pris en considération
dans la planification de votre politique ? ...
Pensez-vous que le principal effort dans la lutte pour la décolonisation
de l'Asie et de l'Afrique était de convaincre les colonialistes
que ce n'est pas beau d'être des oppresseurs ? Combien de
pays coloniaux et semi-coloniaux auraient ainsi obtenus même
l'indépendance limitée qu'ils ont aujourd'hui ?
Ou doivent-ils attendre jusqu'à ce que la révolution
triomphe dans les pays impérialistes et que les travailleurs
victorieux donnent à ces pauvres gars du Tiers Monde leur
indépendance et leur autodétermination...
Salutations camarades,
IB
Un diplômé juif de l'Université d'Haïfa
14 juillet 2002
Voir aussi :
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