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L'administration Bush veut la guerrePar David North Utilisez cette version pour imprimer L'offre du gouvernement irakien d'accepter sans conditions le retour des inspecteurs en désarmement de l'ONU, même si elle ne fait rien d'autre, expose la vérité la plus essentielle de la politique internationale contemporaine : l'administration Bush veut la guerre. Ses proclamations hystériques sur les « armes de destruction massive » n'ont jamais été autre chose qu'un moyen de fabriquer une justification publique pour une guerre. La réaction furieuse de l'administration Bush au communiqué du ministre des affaires étrangères irakien (elle a insisté que l'ONU n'y fasse pas attention) provient du fait qu'elle sait que la concession de Saddam Hussein enlève à Washington son prétexte semi-légal pour envahir l'Irak, détruire son gouvernement, saisir ses puits de pétrole, et le réduire essentiellement à un niveau semi-colonial. Les manoeuvres de l'administration Bush la semaine dernière à l'ONU se basaient sur le calcul que l'Irak ne pourrait jamais accepter les résolutions provocatrices et draconiennes que les Etats-Unis allaient imposer au Conseil de Sécurité. En plus, les résolutions laisseraient aux Etats-Unis le droit de décider si oui ou non l'Irak y obéissait. L'administration Bush était sûre que cet arrangement donnerait inévitablement, d'ici quelques semaines ou quelques jours, un casus belli. Elle déclarerait simplement que l'Irak « n'obéissait pas » aux résolutions et entamerait la guerre. Pour le moment, ce scénario est en panne, bien qu'il n'y ait aucune raison de croire que l'ONU ne se pliera pas bientôt aux pressions américaines. L'administration Bush aura, en toute probabilité, les résolutions et la guerre qu'elle voudra. Depuis plus d'un demi-siècle chaque administration américaine a invoqué le spectre de Munich 1938 (quand le premier ministre britannique Neville Chamberlain a capitulé à Hitler et donné la Tchécoslovaquie aux Nazis) pour justifier sa propre politique impérialiste. Les Etats-Unis font d'habitude passer leurs actions pour une résistance à une agression. Mais leur dernière tentative de dépeindre Bush comme un équivalent moderne de Churchill, ayant raison contre tous ceux qui s'entendraient avec un tyran dangereux, atteint un niveau de tromperie qu'aucune autre administration n'avait atteint. Car rien ne rappelle plus les méthodes du régime nazi (sa fabrication de toute pièces de la crise tchèque et sa conduite des négociations à Munich en Septembre 1938) que les tactiques de l'administration Bush en relation à l'Irak. Dans l'été de 1938, le régime hitlérien avait conclu que la guerre était la réponse nécessaire aux contradictions socio-économiques pour lesquelles les nazis n'avaient aucune solution rationnelle. La crise des régions des Sudètes avait beaucoup moins à voir avec les questions spécifiques abordées par Hitler pour justifier une invasion de la Tchécoslovaquie (en premier lieu, les prétendus mauvais traitements infligés à la minorité allemande) qu'avec les efforts des dirigeants du régime nazi pour trouver un prétexte pour une guerre. En fait, comme bien des historiens l'ont démontré, Hitler s'intéressait bien moins à arracher des concessions à la Tchécoslovaquie qu'à obtenir une excuse pour commencer une guerre. Dans sa magnifique biographie de Hitler, l'historien Ian Kershaw raconte que le chef nazi était désolé que les concessions britanniques et françaises à Munich permettaient à l'Allemagne d'occuper le Sudetenland sans guerre. Hitler a signé les documents qui dépeçaient la Tchécoslovaquie à contrecoeur. « Pour lui, le document n'avait plus de sens. Et il ne célébrait pas ce qui s'était passé à Munich. Il sentait que l'on lui avait volé le plus grand triomphe qu'il était sûr d'obtenir d'une guerre limitée avec les Tchèques et qui avait été son but pendant tout l'été ». [Hitler 1936-1945 : Nemesis (New York et Londres, 2001) pp. 122-23]. George Bush n'est pas Adolf Hitler et son administration n'est pas l'équivalent américain du régime nazi. Mais la politique extérieure de son gouvernement est dirigée par des sections téméraires et sans merci de l'élite dirigeante américaine qui insistent sur la guerre comme le meilleur moyen d'arriver aux buts géostratégiques et économiques mondiaux de l'impérialisme américain. La lecture d'une sélection des articles paru ces deux dernières semaines dans le Wall Street Journal démontre le point de vue d'éléments de la classe capitaliste qui exercent une influence immense sur et à l'intérieur de cette administration. Dans un article intitulé « Finissons la guerre », Victor Davis Hanson a écrit mardi que les Etats-Unis « doivent envahir, conquérir, et pacifier » l'Irak. « On doit se demander quand, non pas si, il y aura la libération de l'Irak », Hanson a déclaré. « Même le délai dans l'effort pour en finir avec Saddam a produit certains effets positifs. L'administration a élaboré son casus belli ici et à l'étranger ». Le même jour, George Melloan, le rédacteur-adjoint du Journal, a déclaré que l'ultimatum de Bush aux Nations Unies « prépare le renversement de Saddam Hussein ». Il a continué : « Les forces armées américaines devront calculer comment le faire. Mais entretemps, la situation est sous contrôle ». Dans un autre article, publié lundi et intitulé « Le pétrole de Saddam », le Journal a ouvertement affirmé que « le meilleur moyen de maintenir le prix du pétrole à un niveau raisonnable est une guerre courte et réussie contre l'Irak qui commence assez vite ». L'administration Bush, confrontée à une crise économique grandissante et un scandale qui discrédite complètement les piliers du capitalisme américain parmi la masse des travailleurs, considère la guerre comme un moyen de détourner l'attention de problèmes internes qui sont de plus en plus impossibles à résoudre. Si l'administration arrive à obtenir sa guerre contre
l'Irak, celle-ci sera le prélude à de plus grandes
et de plus sanglantes atrocités.
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