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Florence: Plus de 500 000 personnes manifestent contre la guerre en Irak

De notre correspondant
Le 12 novembre 2002

Plus de 500 000 personnes ont manifesté le 9 novembre à Florence contre la menace de guerre des Etats-Unis contre l'Irak. C'était une des plus importantes manifestations pacifistes dans l'Europe d'après guerre. Les manifestants étaient venus de nombreux pays d'Europe, d'Amérique du Nord ainsi que d'autres régions du monde.

Selon les estimations de la police la manifestation a rassemblé 450 000 personnes, un chiffre par lui-même énorme dans une ville de 500 000 habitants. Selon les organisateurs, 1 million de personnes avaient, en fin de journée, participé au défilé.

La manifestation s'est déroulée vers la fin du premier Forum Social Européen, un congrès de quatre jours qui a rassemblé divers groupes anti-mondialisation, partis politiques, groupes pacifistes et organisations non gouvernementales (ONG) qui devaient discuter de la stratégie à mettre en place pour contrecarrer les conséquences de la mondialisation et des politiques économiques néo-libérales. Les organisateurs de la manifestation de samedi attendaient la venue de 200 000 personnes et craignaient que l'adoption, la veille, par les Nations unies d'une résolution concernant l'Irak dissuaderait certains protestataires d'y participer. En réalité, comme de nombreuses personnes s'étaient rassemblées dans la ville, la manifestation a dû démarrer deux heures plus tôt que prévu.

Le défilé a traversé toute la ville de Florence, partant du centre historique de la ville pour se terminer au stade de football municipal. Le défilé était deux fois plus important que celui qui s'était tenu l'année dernière à Gênes lors du sommet économique du G8. Pendant la manifestation de Gênes des policiers et des agents en civil étaient intervenus pour disperser la manifestation et pour semer la confusion dans celle-ci. A Gênes, un manifestant avait été tué par la police et de nombreux autres avaient été blessés ou arrêtés.

A Florence, grâce à la discrétion de la police, les événements se sont déroulés sans heurts.

Des banderoles dénonçaient la campagne de guerre contre l'Irak et proclamaient : « Il faut mettre fin à la coalition pour la guerre » ainsi que « Non à la guerre contre l'Irak ». Des slogans réclamaient une « mondialisation » de la résistance et affichaient leur opposition au militarisme croissant et à la destruction du niveau de vie. A la fin de la manifestation, des intervenants, parmi lesquels on pouvait voir des opposants américains à la guerre, ont réclamé l'union des mouvements pacifistes en provenance de l'Europe tout entière avec les mouvements pacifistes aux Etats-Unis.

Les seules banderoles syndicales visibles dans la manifestation étaient celles du syndicat CGIL qui était traditionnellement lié au vieux Parti Communiste Italien (PCI). Celui-ci s'est maintenant scindé pour donner le Parti de la Gauche Démocratique ainsi que le Parti Communiste Refondé, moins important.

Les dirigeants des autres principaux syndicats italiens n'ont fait aucun effort pour lier la question de la guerre à la montée des attaques contre les travailleurs italiens par le gouvernement de droite de Berlusconi. Ce n'est que la veille de la manifestation de Florence que des dizaines de milliers d'ouvriers de chez Fiat se sont mis en grève et ont défilé séparément dans de nombreuses villes d'Italie contre les licenciements massifs par le fabricant d'automobiles le plus important du pays.

Les syndicats des autres pays ont également ignoré la manifestation. Bernd Gehrke, un orateur du syndicat allemand des fonctionnaires, des employés de banques et de sociétés d'assurance (ver.di), fort d'un million d'adhérents, a expliqué que le dirigeant de son syndicat avait choisi de rester en Allemagne pour entamer des discussions avec le gouvernement plutôt que « d'aborder la question d'une Europe sociale».

Les partis de la coalition de droite italienne au pouvoir ont, pour des raisons évidentes, boycotté la manifestation. Le gouvernement Berlusconi a démontré qu'il était un des alliés les plus fidèles du gouvernement Bush en Europe. Mais le peu d'empressement de la Gauche Démocratique, le principal parti d'opposition, pour s'associer officiellement aux demandes des manifestants a été clairement mis en évidence.

Le Forum Social Européen s'est tenu en Toscane sous le slogan « Il est possible de faire une autre Europe ­ non au racisme, à la guerre et au néo-libéralisme». Ce forum a rassemblé au total 413 associations non-gouvernementales et anti-mondialisation, des associations pacifistes et écologistes, des organisations d'aide sociale et quelques partis de contestation radicale. Pendant quatre jours, près de 35 000 personnes, pour la plupart jeunes, venant de 32 pays différents ont participé à divers ateliers et conférences pour discuter de différents problèmes comme la menace de guerre, les attaques contre les droits démocratiques et les coûts économiques et sociaux du capitalisme mondial.

L'imposante manifestation de samedi a montré de façon incontestable l'opposition à l'échelle européenne de la jeunesse ainsi que de larges couches de la classe ouvrière aux plans de guerre des Etats-Unis. Avant une invasion américaine en Irak, il se développe un mouvement contre la guerre qui est largement indépendant des syndicats et des parti sociaux-démocrates établis. La manifestation a également montré la très large opposition en Italie contre la politique ultra-conservatrice et militariste du gouvernement de coalition dirigé par Berlusconi.

Les groupes présents à la manifestation de samedi dernier ont annoncé un projet d'une journée de protestation à l'échelle de l'Europe pour le 15 février 2003.


 

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