Non à
Chirac et Le Pen! Pour un boycott des élections présidentielles
en France par la classe ouvrière
Lettre ouverte à Lutte ouvrière, à la Ligue
communiste révolutionnaire et au Parti des travailleurs
Par le comité de rédaction du World Socialist
Web Site
29 avril 2002
Les élections présidentielles de 2002 ont imposé
une grande responsabilité politique aux dirigeants, adhérents
et sympathisants de Lutte ouvrière (LO), de la Ligue communiste
révolutionnaire (LCR) et du Parti des travailleurs (PT).
Plus de 3 millions de personnes ont donné à vos
candidats un vote sans précédent au premier tour.
Mais au premier tour, on a aussi vu une percée du Front
national avec le candidat fasciste Le Pen arrivé deuxième
et qui s'opposera au président Chirac au second tour le
5 mai.
Les millions de personnes qui ont voté pour vos candidats
s'attendent à ce que vous vous prononciez avec clarté
et avec force sur cette crise politique. La question est posée
et il faut y répondre: quelle est la position de vos organisations
sur le scrutin du 5 mai? Comment les travailleurs et les jeunes
français vont-ils développer leur lutte pour défendre
leurs intérêts sociaux et vaincre le danger fasciste?
Le World Socialist Web Site lance un appel à toute
organisation qui cherche à défendre la classe ouvrière
à faire campagne activement pour le boycott des urnes
aux élections présidentielles du 5 mai. Pas de
soutien politique ni pour Le Pen ni pour Chirac! Mobilisez les
travailleurs et les jeunes français contre ce faux «
choix » antidémocratique.
Malgré les différences historiques et politiques
bien connues entre vos trois partis et le Comité International
de la Quatrième Internationale, lesquelles nous ne cherchons
pas à cacher, nous pensons qu'il est essentiel de proposer
cette campagne et d'en expliquer son fondement politique.
Pourquoi un boycott? Parce qu'il faut répudier toute
légitimité à cette élection frauduleuse
; parce qu'il faut établir une politique indépendante
pour la classe ouvrière ; parce qu'un boycott actif et
offensif créerait les meilleures conditions pour les luttes
qui suivront les élections.
Un appel au boycott de la part de vos trois partis, accompagné
d'une campagne offensive, aurait un caractère tout autre
qu'une simple abstention individuelle. Il servirait à
éduquer les masses politiquement, et surtout les jeunes
qui ont été galvanisés par le choc du succès
de Le Pen au premier tour.
Il faut que ces nouvelles forces apprennent des enseignements
politiques importants. Il leur faut apprendre à ne pas
se laisser duper par les mensonges de l'establishment politique
bourgeois - la droite gouvernementale et la gauche gouvernementale,
ainsi que les médias - qui affirment que voter pour Chirac
représente la défense de la démocratie,
le salut de l'« honneur » de la France, la création
d'« un front antifasciste », et ainsi de suite.
La classe ouvrière ne peut faire confiance à
la bourgeoisie française, corrompue et réactionnaire,
pour la défense des droits démocratiques ni pour
s'opposer au fascisme. La campagne électorale de Chirac,
qui adopta en bloc la rhétorique sécuritaire de
Le Pen, en est la preuve incontestable.
D'aucuns vont prétendre que boycotter le scrutin du
5 mai renforcera Le Pen et son mouvement fasciste. Nous rejetons
de telles affirmations sans réserve. La politique n'est
pas l'arithmétique, et pour s'opposer à Le Pen
il n'est pas nécessaire de soutenir Chirac. Au contraire,
c'est précisément la campagne officielle de soutien
pour Chirac, campagne qui unifie la droite gouvernementale et
la gauche gouvernementale, qui renforce l'affirmation entièrement
fausse et démagogique de Le Pen que c'est lui seul qui
exprime l'opposition populaire à l'establishment politique.
Une campagne de boycott et d'opposition à grande échelle
au scrutin du 5 mai qui sera menée par la gauche socialiste
et qui mobilisera les travailleurs contre Le Pen et Chirac, dégonflerait
les fausses prétentions de Le Pen et montrerait aux masses
qu'il y a bien une force sociale qui conteste l'ordre social
et politique actuel.
Il faut clairement dire qu'à ce jour la position qu'ont
prise les représentants de LO et de la LCR revient à
appuyer tacitement un vote pour Chirac. LO « n'appelle
pas à l'abstention au second tour » a déclaré
la candidate présidentielle de LO, Arlette Laguiller.
Dans une déclaration du bureau politique de la LCR, on
peut lire « La LCR se mobilise pour que Le Pen ait le moins
de voix possible le dimanche 5 mai. Nous comprenons les électeurs
qui votent Chirac pour s'opposer à Le Pen, mais nous ne
pensons pas que Chirac soit le rempart face à cette nouvelle
montée de l'extrême droite. »
Au cours de la campagne électorale du premier tour,
vos partis ont ardemment dénoncé le caractère
de droite de la présidence Chirac, et ont décrit
Chirac, correctement, comme la personnification de la réaction
bourgeoise corrompue. Comment pouvez-vous maintenant laisser
entendre qu'un vote pour Chirac soit permis, compréhensible
ou défendable ? Vos propres déclarations et avertissements
ne devraient-ils pas être pris au sérieux ?
La déclaration de la LCR laisse entendre qu'on ne peut
répondre aux arguments en faveur d'un vote pour Chirac
au second tour, ou que d'appeler ouvertement pour le boycott
de Chirac et de Le Pen ne sera pas compris des masses. C'est
une grande sous-estimation du potentiel politique de la situation
actuelle.
Qui est responsable pour le succès de Le Pen?
Sans vouloir minimiser les dangers que représente le
Front national, le vote pour Le Pen ne représente pas
un appui de masse pour un programme fasciste en France, encore
moins l'émergence d'un mouvement fasciste à la
Mussolini ou à la Hitler. Même parmi tous ceux qui
ont voté pour Le Pen, il n'y a qu'une petite fraction
qui appuie en fait son programme social et l'établissement
d'un régime dictatorial de droite.
Si Le Pen devait, contre toute attente, gagner le vote présidentiel,
il ne pourrait pas soumettre le peuple français à
une dictature autoritaire. Dans la campagne que mènent
les médias et l'élite politique en faveur de Chirac,
la menace immédiate que pose Le Pen est grotesquement
exagérée, exagération qui a pour but de
terroriser la classe ouvrière pour qu'elle appuie une
politique de collaboration de classe. Pour lutter contre Le Pen,
nous devons correctement diagnostiquer la cause de la maladie
politique dont il est le symptôme. La cause du malaise
actuel est qu'il n'y a pas d'alternative socialiste aux politiques
capitalistes.
Le Pen a profité politiquement et idéologiquement
de l'abandon de la classe ouvrière et de ses intérêts
par les partis qui déclaraient la représenter.
Comme Jospin l'a admis lors de sa campagne, son parti peut porter
le nom de « socialiste », mais son programme n'est
« pas socialiste ». Le Parti socialiste cherche à
administrer, au nom des capitalistes, un État-providence
qui n'offre plus de protection sociale, et qui, au contraire,
réduit continuellement le niveau de vie et les conditions
sociales des ouvriers. Le gouvernement Jospin a pris sur ses
épaules d'imposer tous les sacrifices en terme d'emplois
et de programmes sociaux qui étaient nécessaires
pour établir le système monétaire européen
et lancer l'euro.
Quant au Parti communiste, il est depuis des décennies
le principal pilier du capitalisme français au sein de
la classe ouvrière. Dans la période récente,
c'est l'organisation stalinienne qui porte principalement la
responsabilité de l'introduction au sein de la classe
ouvrière du poison qu'est le chauvinisme anti-immigré.
Il y a 20 ans, le dirigeant et candidat présidentiel du
Parti communiste, Robert Hue, s'est fait connaître, en
tant que maire d'une banlieue de Paris pour avoir suscité
la haine et la crainte envers les ouvriers immigrés. C'est
ainsi qu'il a ouvert la voie à Le Pen dans les banlieues
de la classe ouvrière et les anciens bastions du Parti
communiste du nord de la France.
Le Pen s'est renforcé principalement à cause
des politiques de droite mises en place par les partis de la
gauche depuis 20 ans. C'est ce qui a généré
le sentiment d'aliénation et de découragement qu'a
pu exploiter le Front national. Et pourtant, la solution au défi
fasciste, selon ces mêmes politiciens sociaux-démocrates
discrédités, est d'aller encore plus à droite
et d'appuyer Chirac le 5 mai.
Il est naturel pour Jospin, Hollande, Chevènement et
les autres d'appeler pour un vote pour Chirac. Pour eux, cela
ne nécessite pas de réorientation politique importante,
puisque qu'ils partagent avec lui le même cadre politique.
Ils ont étroitement travaillé avec Chirac durant
les cinq ans de la cohabitation, appuyant non seulement sa politique
intérieure réactionnaire, mais encore l'implication
de la France dans une série d'interventions militaires
impérialistes allant de la Bosnie et du Kosovo jusqu'en
Afghanistan.
La déclaration de Jospin et Cie. que c'est une «
gauche divisée » qui est responsable de la victoire
de Le Pen est un argument qui ne vise pas seulement la campagne
présidentielle de LO, la LCR et du PT, mais aussi l'existence
de toute organisation politique de la classe ouvrière
qui serait indépendante de la bourgeoisie. La logique
de cet argument est la liquidation de toutes les tendances politiques
qui se réclament du socialisme dans un large courant où
la ligne politique serait déterminée par les forces
le plus à droite, quelque chose du type du Parti démocrate
aux États-Unis qui a eu pour résultat l'accession
de George W. Bush à la Maison Blanche.
Nous rejetons avec mépris les déclarations intéressées
de Jospin et du Parti socialiste et de leurs apologistes comme
Daniel Cohn-Bendit, que c'est la gauche socialiste qui porte
le blâme de la percée de Le Pen. Le fait qu'une
proportion non négligeable d'ouvriers ait voté
pour leurs pires ennemis est sujet de préoccupations pour
tous les véritables socialistes. Mais la responsabilité
pour ce dangereux développement incombe à ceux
qui ont systématiquement trahi la classe ouvrière
durant des décennies.
La dimension internationale
La campagne électorale pour le premier tour a généralement
ignoré les dimensions internationales de la crise qui
confronte la classe ouvrière. Mais il n'y a pas de doute,
que Le Pen et Mégret ont tiré avantage du fait
de se présenter comme les opposants de Bruxelles, en blâmant
l'intégration européenne, l'introduction de l'euro
et les immigrés pour la croissance du chômage et
la détérioration du niveau de vie de la classe
ouvrière.
La classe ouvrière doit offrir une alternative progressiste
plutôt que rétrograde à la mondialisation
capitaliste. Elle doit opposer à la démagogie chauvine
et anti-immigrée son programme basé sur l'internationalisme
socialiste. La mondialisation capitaliste signifie une «
Europe sans frontières » seulement pour les patrons
et les entreprises, alors que les ouvriers sont prisonniers des
frontières nationales. Nous rejetons l'utopie réactionnaire
du retour à un projet national français (qui n'était
déjà plus viable il y a 20 ans sous Mitterrand)
et luttons pour les États-Unis socialistes d'Europe, qui
donneront la liberté aux ouvriers de toutes les races
et de toutes les nationalités de voyager, travailler et
s'établir où bon leur semble.
L'essence du socialisme est l'internationalisme. La lutte
pour la défense des intérêts des ouvriers
et de la jeunesse de France est inséparable de la lutte
contre l'impérialisme, non seulement américain,
mais aussi français, britannique, allemand et japonais.
Le plus grand crime de la coalition menée par le Parti
socialiste fut son appui à l'impérialisme français
en Afrique, au Moyen-Orient, dans les Balkans et dernièrement
en Afghanistan. Jospin a ainsi pris place du même côté
des barricades que Le Pen, l'ancien parachutiste et tortionnaire
en Algérie.
Ceux qui appellent pour un vote pour Chirac au nom de la défense
de la démocratie en France tournent le dos à ces
questions internationales cruciales. Voter pour Chirac signifie
prendre la responsabilité politique pour un gouvernement
qui a déjà promis de participer à la guerre
américaine contre l'Irak, une intervention impérialiste
qui risque de déstabiliser l'ensemble du Moyen-Orient
et de déboucher sur une généralisation de
la guerre entre pays impérialistes.
Les enseignements de l'histoire
S'il était légitime pour la gauche d'appeler
à voter pour le réactionnaire Chirac au nom de
la « défense de la démocratie », alors
il serait aussi légitime de voter pour le programme de
son gouvernement une fois au pouvoir, et même de joindre
son gouvernement en tant que législateur ou membre de
son cabinet. Il y a une longue et tragique histoire de politiques
opportunistes de ce type dans le mouvement ouvrier français,
qui remonte à Alexandre Millerand, le premier politicien
socialiste à joindre un gouvernement bourgeois il y a
de cela un siècle. Millerand lui aussi a déclaré
être motivé par le besoin de défendre la
démocratie contre la menace de l'ultra-droite que représentaient
les anti-dreyfusards. Le gouvernement dont il faisait partie
a finalement massacrés des ouvriers en grève.
Ce sont les mêmes excuses qui furent utilisées
pour justifier la formation du Front populaire en France en 1936,
qui était une alliance du Parti socialiste, du Parti communiste
et du Parti radical bourgeois. Le gouvernement du Front populaire,
arrivé au pouvoir grâce à l'appui de la classe
ouvrière, a fait des pieds et des mains pour désamorcer
le mouvement révolutionnaire, qui a pris la forme d'une
grève générale massive, et pour sauver le
capitalisme français. Une fois le travail accompli, à
savoir de retenir, de trahir et de démoraliser la classe
ouvrière, il a donné le pouvoir à la droite,
ce qui a ouvert la voie à l'effondrement de 1940 et à
l'établissement du régime pro-fasciste de Vichy.
Dans certains milieux, il y a eu des tentatives cyniques et
erronées de justifier un vote pour Chirac en citant l'exemple
de la lutte de Trotski contre les politiques staliniennes d'ultra
gauche de la « Troisième période »,
particulièrement en Allemagne dans les années de
la montée de Hitler au pouvoir. Trotski s'est opposé
à la politique adoptée par la direction stalinienne
du Parti communiste allemand qui identifiait les sociaux-démocrates
au fascisme et rejetait toute alliance des organisations de la
classe ouvrière pour vaincre la menace du nazisme.
La campagne de Trotski pour un Front unique combatif de la
classe ouvrière, toutefois, n'avait rien en commun avec
le virage à droite subséquent des staliniens vers
le Front populaire qui subordonnait la classe ouvrière
aux partis bourgeois au nom de la « défense de la
démocratie ». C'est cette politique, qui mena à
la défaite de la révolution espagnole et au désastre
en France, au Chili ainsi que dans des douzaines d'autres pays,
qu'on tente de raviver avec la campagne de soutien à Chirac.
Il serait erroné d'identifier mécaniquement
la France de 2002 à l'Allemagne de 1932 ou de comparer
Le Pen à Hitler. Peu importe les similitudes idéologiques
et politiques entre le Front national et les nazis, le mouvement
de Le Pen est à ce jour beaucoup plus faible. Les gains
qu'il a pu faire ne sont pas le résultat d'une radicalisation
des masses de la petite-bourgeoisie ruinée par l'impact
de l'effondrement mondial du capitalisme. Ils sont plutôt
explicables par la désorientation de la classe ouvrière,
désorientation qui, elle-même, est le résultat
du déclin prolongé et de la perte de crédibilité
des partis traditionnels.
Néanmoins, la comparaison historique tient pour l'aspect
suivant : ceux qui demandent un vote pour Chirac pour «
arrêter Le Pen » empruntent la voie tracée
par les sociaux-démocrates allemands qui, lors des élections
présidentielles de 1932, avaient appuyé le militariste
réactionnaire Hindenburg pour « arrêter Hitler
». En janvier 1933, ce même Hindenburg, devenu président,
nommait Hitler au poste de Chancelier de l'Allemagne. Tout au
long de la catastrophe en Allemagne, la social-démocratie
s'est aplatie devant les partis et l'État bourgeois, s'opposant
à tout effort pour une mobilisation indépendante
de la classe ouvrière contre le fascisme.
Chirac n'a aucune différence politique de principes
avec Le Pen. S'il le considérait politiquement opportun,
il pourrait parfaitement faire appel à Le Pen pour renforcer
ou même rejoindre son gouvernement dans une confrontation
avec la classe ouvrière.
La question historique essentielle est que la classe ouvrière
adopte un point de vue politique indépendant et développe
sa propre force sur toutes les questions, y compris la question
brûlante de la lutte contre le fascisme. En dernière
analyse, ce n'est que la force politique propre de la classe
ouvrière, et non les institutions et les partis de l'État
bourgeois, qui pourra défendre les droits démocratiques.
La voie progressiste aujourd'hui
Une campagne combative pour un boycott au second tour sera
la meilleure façon de préparer la classe ouvrière
à organiser une lutte contre celui des candidats qui remportera
l'élection présidentielle. Ceux qui appellent au
vote pour Chirac font comme si la politique commençait
et se terminait le 5 mai. Ils ignorent les implications d'une
campagne pro-Chirac non seulement sur les élections législatives
du mois de Juin, mais surtout sur les luttes de classes et les
luttes sociales qui se développeront inévitablement
après l'élection.
Rappelons ce qui a suivi la précédente élection
de Jacques Chirac au poste de président de la République.
Moins de six mois après son arrivée à l'Élysée,
la France connaissait son plus important mouvement de grève
et de protestations étudiantes depuis mai-juin 1968. Les
luttes de novembre-décembre 1995, qui furent provoquées
par les attaques du gouvernement Juppé contre les retraites
et d'autres avantages sociaux, ont pris la bourgeoisie par surprise,
miné le gouvernement Juppé et créé
les conditions pour la défaite des gaullistes et pour
l'élection d'un gouvernement dirigé par le Parti
socialiste, à la grande surprise de Jospin lui-même
et des autres dirigeants de la gauche officielle.
Compte tenu de ces faits, la campagne actuelle pour un vote
« 100% Chirac » est une tentative de paralyser politiquement
la classe ouvrière à la veille de luttes dont les
proportions dépasseront de loin celles de 1995. Un vote
massif pour Chirac aura pour effet d'accroître considérablement
son autorité politique en tant que politicien quasi bonapartiste.
Il usera de cette autorité sans vergogne à l'encontre
des intérêts de la classe ouvrière.
Il existe de nombreux indices que les dirigeants du Parti
socialiste tout comme ceux d'autres organisations du «
gouvernement de gauche » sont pleinement conscients de
cette objectif. Donc ils exigent la fin des manifestations de
masse contre Le Pen, car inquiets qu'elles entravent la continuation
du programme de droite de privatisation, de destruction des conditions
de travail et d'élimination des emplois dans la période
après les élections.
Ce qu'il faut retenir du dernier quart de siècle, c'est
qu'il est impératif de combattre l'influence politique
réactionnaire d'organisations vieillies, dépassées,
fossilisées et qui autrefois parlaient au nom de la classe
ouvrière. Aujourd'hui ces organisations ne sont plus que
des coquilles vides, ne survivant que grâce à une
bureaucratie intéressée et grâce aux subsides
de l'État.
L'évolution de Jospin lui-même démontre
bien les conséquences pernicieuses de décennies
d'adaptation à ces vieilles organisations. Il offre l'exemple
classique de celui qui a voulu utiliser les principes politiques
et la réputation historique de Léon Trotski pour
couvrir son opportunisme. Sa carrière politique s'est
terminée par une démission honteuse, en abandonnant
littéralement ses responsabilités politiques au
moment même où les plus graves dangers menacent
la classe ouvrière.
La politique française et la politique mondiale sont
à un tournant de leur histoire. Tout dépendra,
comme Trotski l'a expliqué il y a longtemps, du «
facteur subjectif », c'est-à-dire de la direction
révolutionnaire et de la conscience politique de la classe
ouvrière. Donné une direction qui n'est pas hypnotisée
par l'opinion publique bourgeoise, confiante en la classe ouvrière
et en sa force politique, la débâcle de Jospin et
du Parti socialiste ouvrira la voie au développement d'un
mouvement politique indépendant de masse de la classe
ouvrière, fondé sur un programme socialiste et
internationaliste.
Les véritables sentiments de millions d'ouvriers et
de jeunes n'ont trouvé qu'une bien pâle expression
dans les votes donnés à LO, à la LCR et
au PT le 21 avril dernier. Il est indispensable de parler franchement
aux membres et aux partisans de ces partis : sur la base des
déclarations et des faits et gestes de vos dirigeants,
vos organisations n'ont à ce jour fait preuve d'aucune
compréhension de l'immense responsabilité qui repose
aujourd'hui sur eux. Vous êtes appelés par la crise
actuelle à donner une direction décisive. Ceci
signifie concrètement de reprendre à votre compte
l'appel pour le boycott des élections du 5 mai. Le World
Socialist Web Site encourage tous les socialistes de France
à soulever cette demande et à lutter pour sa réalisation.
Voir aussi :
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