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Deuxième tour des élections municipales en France: les partis de la Gauche plurielle enregistrent des pertes substantielles

Par Francis Dubois
23 mars 2001

Les partis de la Gauche plurielle, la coalition gouvernementale, ont enduré des pertes substantielles, bien qu'ayant pris au second tour des élections municipales les villes de Paris et de Lyon à la droite traditionnelle.

Les médias et les sondages avaient escompté avant le 11 mars, date du premier tour des élections, une «vague rose» qui donnerait au Parti socialiste (PS), au Parti communiste français (PCF), aux Verts, au Mouvement des Citoyens (MDC) et au Parti radical de gauche (PRG), qui forment la Gauche plurielle, le contrôle d'une série de villes et de municipalités clés.

Toutefois, suite au second tour des élections dimanche 18 mars, les médias parlent à présent d'une «vague bleue» vu que les gaullistes du Rassemblement pour la République (RPR), de l'Union pour la Démocratie française (UDF) et de Démocratie libérale (DL) ont fait bien mieux que ne le prévoyaient les sondages.

Le Parti socialiste, le parti du premier ministre Lionel Jospin a perdu le contrôle d'un grand nombre de grosses villes et communes au profit de l'opposition de droite. En revanche, les gaullistes n'ont cédé que dix villes à la Gauche plurielle. Les pertes gouvernementales comprennent 23 villes de plus de 30 000 habitants dont six de plus de 100 000 habitants. Dans le cas de Paris et de Lyon, bien que la droite ait perdu des sièges dans divers arrondissements et donc le contrôle de la mairie, dans l'ensemble, elle enregistrait plus de votes dans les deux villes.

Presque tous les ministres qui étaient candidats furent battus. De l'avis de la plupart des commentateurs, la perte de la Mairie de Paris par les gaullistes, qui est à présent dirigée pour la première fois par un maire PS, ainsi que de celle de Lyon, est principalement due aux luttes intestines que se livrent les partis de droite plutôt qu'à un appui confirmé à la coalition gouvernementale. Du reste, le candidat PS à Lyon avait appelé la droite à voter au deuxième tour, appel qui fut en partie accueilli.

Le PCF, jusque-là le deuxième parti de la coalition de Jospin, a lui aussi perdu un grand nombre de villes, y compris Nîmes, la seule ville de plus de 100 000 habitants qu'il contrôlait. Il ne reste au PCF plus que 31 municipalités (dont 22 en banlieue parisienne) contre 41 après les élections municipales de 1995. Le PCF perd aussi un nombre important de villes de plus de 15 000 habitants ce qui le fait disparaître complètement dans certaines régions. Même dans ses bastions de la «petite couronne» parisienne (proche banlieue) où son influence était grande, l'autorité du parti a essuyé un sérieux revers. De plus, il ne dirige désormais plus que deux villes de plus 20 000 habitants dans la région Ile-de-France. La gestion de plusieurs dizaines de municipalités était ce qui faisait encore du PCF un parti de quelque importance.

Le parti des Verts, est le seul parti de la Gauche plurielle à avoir enregistré des gains dans ces élections. Les Verts détiennent à présent les mairies d'une quinzaine de villes de moyenne importance y compris celle du 2e arrondissement de Paris. Ils vont également pour la première fois faire leur entrée en grand nombre dans les conseils municipaux d'autres villes. Suite à leurs gains du premier tour, les Verts avaient décidé de présenter leurs propres candidats dans des villes où, de par le passé, ils se seraient désistés en faveur du PS mieux placé. Les médias les considèrent à présent comme le deuxième parti le plus important de la Gauche plurielle; conscient de cet état de fait, les Verts réclament de façon agressive des postes et des concessions du Parti socialiste.

L'extrême-droite fut en mesure de conserver les villes gagnées lors des élections municipales de 1995, à savoir Orange, Marignane et Vitrolles, mais, dans l'ensemble, sa présence a diminué. Alors qu'en 1995, le Front National (FN) était présent au second tour dans 103 des 185 villes de plus de 30 000 habitants, le 18 mars, le FN et le Mouvement national Républicain (MNR, mouvement issu d'une scission avec le FN en 1998) ne concourraient que dans 41 villes sur 205 de même catégorie.

Les estimations s'accordent pour dire qu'en général les électeurs de la droite traditionnelle gaulliste se sont plus mobilisés que ceux de la Gauche plurielle. Selon une estimation, 37 % des sympathisants de la Gauche plurielle se sont abstenus contre 28 % pour la droite. Cet abstentionnisme «de gauche» s'est même accrue de 2 % au second tour. Ceux qui ont voté au deuxième tour pour les partis que la presse française qualifie «d'extrême-gauche» (Lutte ouvrière (LO), Ligue communiste révolutionnaire (LCR) et Parti des Travailleurs (PT) ) ou les soit-disant «listes citoyennes» n'ont pas reporté leur voix sur les candidats de la Gauche plurielle au second tour comme cela avait été chaque fois le cas lors des élections précédentes. En dépit de leurs divisons, les gaullistes ont profité de la crise prolongée au sein de l'extrême-droite en absorbant le plus souvent leurs votes. Le RPF (Rassemblement pour la France), un parti chauvin et anti-européen qui s'était souvent allié à la droite (supportant à Paris le maire sortant Jean Tiberi), a fait fonction de pont entre l'extrême-droite et les gaullistes. Les partis de la droite traditionnelle ont réussi à récupérer une grande partie de l'électorat du FN et du MNR sur la base de campagnes agressives dont les thèmes étaient centrés sur la loi et l'ordre, le renforcement des effectifs de police, etc.

Si l'on regarde la composition sociale du vote, l'on s'aperçoit les partis de la coalitions ont gagné des voix parmi les couches favorisées des villes, ce qui a surtout été le cas pour les Verts. «Succès parmi les élites urbaines, dans les bastions des cadres supérieurs, mais défaites dans les ville populaires, dans les cités-dortoirs, tel est, au soir de ces élections municipales, le bilan de la gauche gouvernementale» note un commentateur de Libération au lendemain du second tour des élections.

Ceci est à peine surprenant, vu que tout au long de la campagne électorale aucun des partis officiels n'a abordé les problèmes sociaux auxquels la classe ouvrière a à faire face mais n'ont pas manqué de s'adresser aux patrons et à l'élite des couches privilégiées des classes moyennes.

C'est la raison pour laquelle le taux d'abstention fut généralement plus élevé dans les circonscriptions où la classe ouvrière domine et plus particulièrement encore en ce qui concerne les jeunes. Inquiétés par le degré d'aliénation des masses de la population du gouvernement, de nombreux commentateurs parlent à présent d'une «dislocation entre le vote populaire et la Gauche plurielle».

La désaffection de l'«électorat populaire» ou, plus correctement, de la classe ouvrière vis-à-vis de la Gauche plurielle s'est sérieusement aggravée depuis l'entrée en fonction de Jospin en 1997. A cette époque, Jospin avait tenté de renouer avec le vote ouvrier, et c'était précisément en cela que résidait l'une des tâches primordiales incombant au PCF dans la coalition.

Les élections municipales se tiennent à un moment où une fragmentation croissante du paysage politique a lieu. Aucun des partis en lutte n'a été capable, durant ces six dernières années, de remporter plus de 25 % des voix dans une élection. Les pertes considérables subies par le PCF accentueront sa propre crise et accélèreront sa désintégration; la fondation du NPC (Nouveau Parti communiste) étant prévue en octobre prochain.

A l'issue de ces élections, le gouvernement de Jospin se trouve plus fragilisé que jamais. La coalition gouvernementale est confrontée à un bouleversement alors que Jospin n'est plus en mesure de compter sur le PCF qui est profondément divisé. Alors qu'en 1997, les Verts n'étaient qu'une force d'appoint, les écologistes sont devenus aujourd'hui le deuxième parti de la coalition.

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