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En réponse aux violences israéliennes contre les Palestiniens, les attaques anti-juives se multiplient en France et en Grande-BretagnePar Francis Dubois Une des conséquences du conflit israélo-palestinien fut une série d'attaques antisémites en Europe. À Londres, David Myers, un étudiant en théologie de vingt ans fut grièvement blessé à coups de couteau par un homme originaire d'Algérie. Mais c'est en France, où vivent cinq millions de musulmans, pour la plupart d'origine arabe, et sept cent mille juifs, vivant dans les mêmes quartiers en paix depuis des décennies, que la situation est la plus tendue. À Paris, cinq mille personnes manifestèrent sur les Champs-Elysées en soutien à Israël à l'appel d'organisations sionistes. Dans les jours qui suivirent, des manifestations en faveur des Palestiniens eurent lieu dans plusieurs grandes villes, plus particulièrement à Lyon, Marseille et Strasbourg. Les conflits prirent un caractère de plus en plus ethnique et plus particulièrement antisémite. La police française fit état de quelque 80 attaques en l'espace de trois semaines contre des synagogues, des commerces et des écoles juives. Il y eut des tentatives d'incendie contre plusieurs synagogues. Certaines furent détruites partiellement, celle de Trappes, dans la région parisienne, le fut entièrement. Des tombes furent profanées et des graffiti antisémites firent leur apparition sur les murs. L'heure est aux actes d'intimidation contre la population juive et un climat de peur s'est ainsi instauré. Les représentants d'organisations juives ont demandé au gouvernement la protection de la police et même celle de l'armée. La plupart de ces attaques se sont produites dans les banlieues de grandes villes et en particulier dans la banlieue parisienne, où les communautés juives et maghrébines vivent côte à côte et où les tensions sociales sont les plus aigues. Il semble que les attaques soient plus spécialement le fait de jeunes d'origine maghrébine et pauvres. Une grande partie des jeunes originaires du Maghreb vivant en France s'identifient aux jeunes Palestiniens en lutte contre l'État d'Israël. Comme l'ont noté nombre de reportages parus dans des journaux français, cette identification s'explique par leur propre situation sociale : ils sont eux aussi opprimés politiquement et socialement, une majorité d'entre eux souffre de la pauvreté et du chômage et ils sont régulièrement victimes d'agressions racistes de la part de la police française, agressions qui ont souvent des conséquences mortelles. Une partie de ces jeunes sont sous l'influence des islamistes fondamentalistes qui ne font pas de différence entre la politique de l'État sioniste et du peuple juif en général. Ils diffusent des slogans antisémites et poussent l'indignation ressentie devant la brutalité de l'armée israélienne dans une direction réactionnaire, ethnique et religieuse. Selon la police, les auteurs des attaques sont plus particulièrement des jeunes venus de la petite criminalité, « sans liens avec des organisations politiques ». En général, ils ne sont pas musulmans pratiquants et ne fréquentent pas les mosquées. Cela indique que les événements en Israël viennent faire exploser encore une fois la poudrière sociale, qui a déjà explosé à maintes reprises au cours des dernières années dans les banlieues, prenant la forme de confrontations entre des jeunes et la police. Dans de nombreux établissements scolaires, les élèves originaires du Maghreb se sont solidarisés avec les Palestiniens. Une partie du corps enseignant réagit en tentant de réprimer toute discussion politique, mais certains enseignants s'efforcèrent de révéler l'arrière-plan historique et politique du conflit et de contrecarrer ainsi les interprétations religieuses. Les attaques antisémites sont de l'eau au moulin du sionisme, qui prétend représenter les intérêts de tous les juifs. Les organisations sionistes en France ont toujours présenté la révolte contre Israël comme une attaque contre le judaïsme en tant que tel. L'extrême droite a elle aussi tenté de tirer profit de cette situation tendue en faisant de l'agitation contre l'une ou l'autre communauté. L'organisation d'extrême droite GUD (Groupe d'union et de défense) a ainsi brûlé le drapeau israélien devant l'université d'Assas à Paris et s'est heurtée au syndicat étudiant juif. Le MNR (Mouvement national républicain), né d'une scission du Front National, appelle au contraire à une mobilisation contre le « danger arabe ». Le gouvernement, certains journaux et de nombreuses organisations
de défense des droits civils, réagirent à
cette situation en ignorant son arrière-plan politique,
en voyant dans ces attaques uniquement du « racisme »
et en revendiquant, au nom de la défense de la République,
une intervention massive de l'État. Le gouvernement montra
qu'il craignait que la crise du Moyen-Orient ne radicalise aussi
la vie politique en France. Voir aussi :
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