Questions
politiques et historiques soulevées par l'assaut russe
en Tchétchénie
Par le comité de rédaction
Le 17 janvier 2000
Depuis plus de trois mois, les troupes russes combattent dans
la république caucasienne de Tchétchénie.
Selon certaines évaluations, le nombre de morts atteindrait
les 10 000. Il y a un quart de million de réfugiés
tchétchènes et le tiers de la population est sans
abri. De 30 000 à 50 000 personnes seraient piégées
dans la capitale assiégée Grozny, soumises au pilonnage
d'artillerie et aux incursions sporadiques des troupes russes.
Le World Socialist Web Site lance un appel à tous les
travailleurs, étudiants et intellectuels pour qu'ils demandent
la cessation immédiate de la guerre et le retrait des
troupes russes. Les déclarations intéressées
du Kremlin selon lesquelles il agit au nom de l'intérêt
du peuple russe doit être rejetée. L'assaut sur
la Tchétchénie est une guerre de prédation
menée dans l'intérêt de l'élite dirigeante
russe.
L'ex-président Eltsine et son successeur récemment
nommé, Vladimir Poutine, prétendent que l'attaque
contre la Tchétchénie ne vise que les bandits terroristes.
Mais la façon même dont le conflit est mené,
soit avant tout par le bombardement des populations civiles des
villes et villages tchétchènes, réfute clairement
cette tentative de présenter la guerre comme une simple
action policière.
Les affirmations selon lesquelles les séparatistes
tchétchènes sont responsables des attentats qui
ont fait plus de 200 morts à Moscou et dans d'autres villes
en septembre dernier ont servi de prétexte pour déclencher
la guerre. Jusqu'à présent, aucune preuve concluante
n'a été présentée pour soutenir les
allégations selon lesquelles des tchétchènes
seraient impliqués dans ces attentats à la bombe.
Par contre, à la lumière des crimes violents et
des assassinats politiques perpétrés par les éléments
de la mafia dans sa lutte d'influence au sein des cercles gouvernementaux
russes, on ne peut écarter la possibilité que cette
dernière soit derrière ces actes criminels. Mais
qu'importe. Ces attentats et la guerre en Tchétchénie
servent bien les objectifs politiques des dirigeants de la Russie
: la couverture médiatique de la crise sociale croissante
qui sévit dans le pays a en effet été pratiquement
éclipsée et les pouvoirs de répression de
la police ont été accrus. La guerre a également
été le principal moyen utilisé par les proches
collaborateurs de Eltsine pour assurer sa succession à
la présidence par Poutine. Ce dernier apparaît comme
l'homme fort requis pour ramener l'ordre dans le chaos russe.
La principale justification de la guerre avancée par
le gouvernement Poutine est la défense des intérêts
du peuple russe par la préservation de l'intégrité
territoriale de la Fédération russe contre les
marionnettes politiques au service de puissances hostiles. Or,
s'il y a quelque chose de risible, c'est bien de voir le Kremlin
se présenter comme le sauveur des masses russes et le
gardien des intérêts nationaux de la Russie. Les
politiques de marché capitalistes appliquées depuis
près de dix ans par Eltsine et son héritier Poutine
ont en effet entraîné le plus grand désastre
social et économique à jamais avoir frappé
un peuple en temps de paix. Une poignée d'éléments
à demi criminalisés trônent au sommet du
nouvel ordre actuel et s'enrichissent en condamnant la grande
majorité des travailleurs russes au chômage de masse,
à la pauvreté et à la destruction des services
sociaux essentiels.
Depuis qu'elle a émergé de la bureaucratie stalinienne
il y a de cela une décennie maintenant, la clique dirigeante
du Kremlin s'est constamment basée sur le soutien des
gouvernements, des banques et des sociétés de l'Occident
pour subsister. Agissant essentiellement comme un régime
à la merci des États-Unis et de l'Europe, le Kremlin
applique la liquidation de l'industrie d'État et permet
au Capital international d'accéder aux ressources naturelles
et au marché russes.
La guerre en Tchétchénie est menée pour
défendre les intérêts de la nouvelle bourgeoisie
compradore russe. Depuis que l'OTAN a bombardé la Serbie,
son alliée traditionnelle, l'élite dirigeante russe
se préoccupe de plus en plus de l'opposition que nourrit
l'Occident face à son hégémonie dans le
Caucase. Cette région constitue un pont stratégique
entre les champs de pétroles incommensurablement riches
de la mer Caspienne et l'Europe. Bien que les communiqués
gouvernementaux officiels identifient généralement
les régimes islamistes du Moyen-Orient comme venant en
aide aux séparatistes tchétchènes, plusieurs
personnalités politiques russes ont avancé que
les États-Unis pouvaient bien être directement impliqués
également.
Lors d'une récente réunion de chefs d'État-major,
le ministre de la Défense Igor Sergeyev a en effet déclaré
que « les intérêts nationaux des États-Unis
commandent que le conflit militaire au nord du Caucase, alimenté
de l'extérieur, ne cesse de couver... la politique occidentale
défie la Russie et vise à affaiblir sa position
internationale et à l'expulser hors de régions
stratégiques importantes ».
Ce type de déclaration vise à recueillir le
soutien de la population russe pour continuer la campagne en
Tchétchénie en faisant appel au sentiment anti-américain
très répandu depuis la guerre au Kosovo. Or, la
menace que représente la progression du militarisme américain
ne peut être combattue sur la base du chauvinisme grand
russe que propage Poutine et ses alliés de l'appareil
militaire. Tout soutien des travailleurs à la guerre ne
fera que renforcer la poigne de leurs oppresseurs et du gouvernement
qui est l'intermédiaire des banques internationales et
des conglomérats industriels qui veulent dominer la Russie.
L'objectif du Kremlin en Tchétchénie est de
redonner à la Russie son statut de grande puissance afin
de renforcer sa position face aux gouvernements impérialistes
et aux banques occidentales avec lesquels il doit négocier.
C'est ainsi que le Kremlin compte maintenir son droit de partager
les fruits de l'exploitation des peuples russe et du Caucase.
Le rôle de l'impérialisme en Tchétchénie
Ce serait une grave erreur que de voir les puissances occidentales,
l'OTAN ou les Nations Unies comme un contrepoids possible à
l'agression russe en Tchétchénie. Les gouvernements
impérialistes, et les États-Unis en particulier,
sont les principaux responsables de l'actuelle tragédie.
Aucun commentateur des médias ne révélera
la vérité flagrante que cette guerre est menée
par un régime qui a été commandité
tant par les États-Unis que par l'Europe, qui l'ont par
ailleurs comparé comme la première fleuraison issue
du nouvel ordre démocratique découlant de la chute
de l'URSS et de la restauration du marché capitaliste.
Les médias ont attribué les idéaux humanitaires
et démocratiques les plus nobles aux anciens apparatchiks
staliniens comme Eltsine alors même que ces derniers s'enrichissaient
en gérant le démantèlement des entreprises
d'État qui réduisait à la pauvreté
des millions de travailleurs.
Les condamnations des États-Unis et de l'Europe contre
la guerre que mène la Russie relèvent de la pure
hypocrisie. Leur offensive militaire contre l'Iraq et l'imposition
des sanctions sont responsables de la mort de centaines de milliers
d'hommes, de femmes et d'enfants innocents. Pendant le conflit
avec la Serbie, l'OTAN a bombardé les populations civiles
de Belgrade et de nombreux autres villes et villages du pays,
en plus de s'arroger le droit de piétiner la souveraineté
de petites nations. Depuis longtemps les États-Unis se
donnent le droit de poser des gestes d'agression au nom de la
« lutte au terrorisme ». Tel fut le cas notamment
l'an dernier lors du bombardement de la plus importante usine
pharmaceutique du Soudan.
L'assaut de l'OTAN contre la Serbie n'est que la dernière
d'une longue série de mesures prises par les États-Unis
pour s'opposer aux intérêts géopolitiques
de longue date de la Russie. Au cours des dernières années,
l'OTAN s'est agrandie en accueillant d'anciens alliés
du pacte de Varsovie de la Russie de l'ère soviétique,
et plusieurs de ces États se sont vus offrir la possibilité
de devenir membre de l'Union européenne. Les États-Unis
ont également ressuscité l'idée de créer
un bouclier national pour contrer toute attaque de missiles balistiques,
ce qui est pourtant contraire à leur engagement pris dans
le cadre du Traité sur les limitations des systèmes
des missiles antimissiles de 1972. Cela laisse planer sur la
Russie le danger que les États-Unis pourraient frapper
son territoire avec une relative impunité. Parallèlement,
les États-Unis poursuivent toujours leur politique d'ostracisme
à l'égard du contrôle russe sur les voies
d'acheminement en pétrole qui partent du bassin de la
mer Caspienne et traversent le Caucase. Avec de telles conditions,
les forces les plus chauvines en Russie ne pouvaient que se renforcer.
Rien n'indique cependant que les États-Unis ou l'Europe
sont prêts à sacrifier leurs rapports économiques
et politiques avec la Russie à cause des gestes posés
en Tchétchénie. L'Occident se préoccupe
en effet du danger de voir la rupture totale de ses relations
avec un régime qui sert si bien ses intérêts
et non du sort du peuple tchétchène. C'est pourquoi
les déclarations officielles des gouvernements occidentaux
combinent régulièrement les appels à la
modération adressés à la Russie avec la
reconnaissance du droit de Moscou de mater les « activités
terroristes » sur son territoire. Voilà qui devrait
être médité par tous ceux qui ont été
dupes de la propagande de Washington relative aux droits de l'homme
et qui ont par conséquent approuvé les poussées
militaristes de l'impérialisme américain en Iraq,
en Bosnie et au Kosovo.
Les leçons de l'histoire
Le World Socialist Web Site propose une perspective indépendante
pour la classe ouvrière russe, tchétchène
et internationale qui est basée sur les leçons
politiques fondamentales du XXe siècle. La guerre en Tchétchénie
a des racines dans les décennies de trahison de l'ancien
régime stalinien à l'égard des aspirations
sociales et démocratiques de la révolution d'Octobre
1917. Du fait de son rejet catégorique des principes internationalistes
et égalitaires qui guidaient le Parti Bolchevik sous la
direction de Lénine et de Trotsky, le stalinisme est responsable
des griefs nationaux et démocratique périodiques
du peuple tchétchène.
La classe ouvrière n'a réussi à prendre
le pouvoir en 1917 qu'en recueillant le soutien de la majorité
de la paysannerie et des nationalités opprimées
de l'empire russe. Formée en 1922, l'Union des Républiques
Socialistes Soviétiques comptaient 140 millions d'habitants,
dont 65 millions répartis dans des centaines de minorités
nationales.
Afin d'assurer la direction de la classe ouvrière sur
les masses opprimées, le Parti Bolchevik proclama l'égalité
et la souveraineté de tous les peuples soviétiques,
leur droit de sécession et de créer des États
indépendants, l'abolition des privilèges nationaux
et religieux et le libre développement des minorités
nationales et des groupes ethniques. C'est ainsi qu'ils ont détruit
tout soupçon de poursuite du chauvinisme grand russe et
combattu l'influence politique des puissances impérialistes
et des forces blanches de la bourgeoisie nationale. Il est indéniable
que l'unification volontaire des peuples soviétiques a
contribué à éviter l'éclatement du
vieil empire tsariste en une multitude d'unités nationales
minuscules et réactionnaires, impuissantes politiquement
et essentiellement subordonnées aux grandes puissances
occidentales.
Cette politique a donné un immense essor au mouvement
des masses oppressées dans le monde entier. La révolution
d'Octobre a apporté la réponse essentielle aux
questions de méthode et de programme qui se posaient aux
masses coloniales : comment se libérer de l'impérialisme
et progresser socialement et économiquement ? Elle prouvait
par son exemple même que la véritable base d'affranchissement
de l'oppression nationale était la conquête du pouvoir
par la classe ouvrière jetant les fondations du développement
de l'économie socialiste. Le plus grand crime du stalinisme
a certainement été de discréditer et de
miner la confiance des ouvriers et des paysans du monde entier
à l'endroit d'une telle solution socialiste.
Les bolcheviks comprenaient que la tache de la construction
socialiste ne pourrait être accomplie qu'à l'échelle
mondiale. Tant que l'URSS demeurait isolée, elle ne pourrait
faire que les premiers pas pour s'émanciper de l'héritage
du retard économique russe. Les fondement matériels
et économiques essentiels à la construction d'une
société prospère et véritablement
égalitaire ne pourraient provenir que du prolongement
de la révolution aux pays les plus avancés d'Europe
et de l'établissement éventuel d'un système
socialiste mondial.
Toutefois, devant les défaites des luttes révolutionnaires
en Europe, de vastes couches au sein du parti et de la bureaucratie
de l'État en sont venus à rejeter cette perspective
en la qualifiant d'« irréaliste », pour finir
par placer la défense de leurs privilèges avant
les intérêts historiques de la classe ouvrière.
Ces couches ont trouvé dans Staline un guide et leur justification
théorique dans l'utopie réactionnaire de la construction
du « socialisme dans un seul pays ».
Léon Trotsky forma l'Opposition de Gauche au sein du
Parti Bolchevik en opposition à cette perspective nationaliste
stalinienne et à la réapparition de ce qu'il appela
le « chauvinisme de grande puissance ». Par la suite,
la bureaucratie grandissante dirigée par Staline eut recours
de plus en plus à la terreur, à la répression
et au meurtre pour mater ses opposants marxistes, et les crimes
contre les travailleurs soviétiques et les minorités
nationales s'intensifièrent.
L'une des pires atrocités commises par la bureaucratie
stalinienne fut la déportation en masse de 400 000 Tchétchènes
et Ingouches en Asie centrale soviétique pendant la Deuxième
Guerre mondiale, plus exactement en 1944. On estime à
30 p. 100 le nombre de morts parmi ces déportés.
L'impasse du séparatisme
Le fait de s'opposer à la guerre n'équivaut
aucunement à approuver la perspective ou les méthodes
des groupes séparatistes et des dirigeants nationalistes
en Tchétchénie. Ce serait commettre une erreur
que de penser que la seule alternative à la répression
du Kremlin est la création d'un État indépendant
tchétchène. En fait, cette perspective ne peut
servir de fondement viable pour assurer un développement
économique progressiste au Caucase, ou encore pour répondre
aux besoins sociaux et démocratiques de la majorité
de sa population.
La question n'est pas ici de débattre des conditions
de vie des masses tchétchènes ou russes sous l'ancien
régime stalinien. Tous les peuples de l'URSS ont souffert
de la suppression de leurs droits démocratiques et sociaux
pendant des décennies sous la férule de l'État
bureaucratique policier créé par Staline et ses
héritiers. Toutefois, ce qui est certain, c'est que la
formation de l'URSS par le Parti Bolchevik sous Lénine
a représenté un énorme pas en avant dans
le développement collectif politique, économique
et culturel des peuples de l'Eurasie. De ce point de vue, l'actuel
foisonnement des divers mouvements séparatistes dans le
Caucase et ailleurs n'est pas en opposition à la contre-révolution
sociale qui a culminé avec la liquidation de l'URSS, mais
s'inscrit au contraire dans la même lignée.
Les forces séparatistes islamistes ont certes été
en mesure d'exploiter les griefs historiques et actuels des tchétchènes
contre la Russie, mais leurs méthodes, leurs visées
et leurs perspectives ne diffèrent pas fondamentalement
de celles de Eltsine et de Poutine. Depuis la liquidation de
l'URSS, le Caucase a été déchiré
par des conflits nationaux qui ont déjà coûté
des dizaines de milliers de vies. Ces conflits ont été
nourris et dirigés en grande partie par d'anciens bureaucrates
du Parti Communiste, tel notamment le principal leader du mouvement
indépendantiste tchétchène post-perestroika,
Jokhar Dudaev.
Ces mouvements ne sont pas des mouvements légitimes
de libération nationale. Non seulement ils n'ont rien
à voir avec une quelconque lutte anti-impérialiste,
mais ils n'incarnent en rien les aspirations démocratiques
des masses oppressées. Ils expriment plutôt les
intérêts sociaux de diverses cliques de capitalistes
nationaux, qui cherchent à établir leur propres
rapports directs avec le capitalisme mondial en façonnant
des territoires ethniques homogènes et en divisant la
classe ouvrière selon des lignes ethno-communales.
Pour autant que cette couche sociale est concernée,
l'indépendance nationale est vue comme un moyen de s'approprier
les profits issus du raffinage et de l'acheminement du pétrole,
du trafic d'armes et de stupéfiants et de la prostitution.
En prônant la lutte armée contre la Russie, les
séparatistes espèrent transformer leur proximité
de réserves pétrolières importantes en lucratifs
rapports marchands avec Washington, Berlin et Londres.
Cet objectif apparaît clairement dans un article du
Wall Street Journal paru le 27 décembre et signé
par Khoz-Ahmed Noukhaev, le président du Marché
commun du Caucase. Représentant typique des cercles dirigeants
des séparatistes tchétchènes, Noukhaev a
commencé sa carrière comme chef de la notoire mafia
tchétchène à Moscou en décrivant
ses activités criminelles telles que le racket comme «
la poursuite de la lutte pour l'indépendance ».
Dans son article, Noukhavev vante la capacité des séparatistes
de pouvoir mener une « guérilla sans fin »
et lance une mise en garde à l'Occident : « la restauration
de la paix dans le Caucase le plus tôt possible est d'intérêt
stratégique et économique vital pour l'Europe et
les États-Unis avant que la guerre en Tchétchénie
ne s'étende à la Géorgie, à l'Azerbaïdjan
et aux champs de pétrole de la mer Caspienne ».
Les appels aussi clairs aux intérêts occidentaux
ne sont pas l'apanage exclusif des nationalistes tchétchènes.
D'autres mouvements nationalistes semblables agissent de la même
façon partout dans le monde. Au cours de la première
moitié du XXe siècle, les directions bourgeoises
des luttes de libération nationale dans les pays oppressés
cherchaient à renverser la domination impérialiste
et à contrôler leur marché national. Mais
aujourd'hui, l'intégration mondiale de la production capitaliste
a entraîné le développement d'un nouveau
type de mouvements nationaux séparatistes basés
sur l'identité ethnique ou le communalisme. Plutôt
que de chercher à renverser le contrôle impérialiste
sur leur pays et à développer leur marché
national, ces mouvements cherchent à démembrer
les États actuels pour établir des rapports directs
avec les puissances impérialistes et les transnationales.
Dans tous les cas, les efforts pour attirer des investissements
sont basés sur les diminutions de salaires, l'accroissement
systématique de l'exploitation et le démantèlement
de dispositions sociales essentielles telles que les soins de
santé et les pensions, qui sont perçus comme des
prélèvements inadmissibles sur les profits des
entreprises. Les choses ne seront pas différentes en Tchétchénie.
L'élite dominante pourra bien s'engraisser grâce
aux revenus produits par le pétrole et leurs activités
criminelles, mais la population en majorité rurale du
pays restera condamnée à la pauvreté et
à la misère.
Pour une réponse socialiste
La seule base progressiste pour s'opposer à la guerre
en Tchétchénie - et aux attaques croissantes sur
les droits sociaux et démocratiques de la classe ouvrière
dans toute la Russie - passe par l'union des centaines de millions
de victimes de la restauration capitaliste dans la lutte contre
les dirigeants corrompus du Kremlin et les puissances impérialistes.
À l'aube du XXe siècle, des millions de travailleurs
étaient inspirés par la perspective du socialisme
et la lutte pour l'unification internationale de la classe ouvrière.
Pourquoi les travailleurs conscients et critiques devraient maintenant
avaler les déclarations pessimistes, cyniques et ignares
selon lesquelles la perspective socialiste n'est plus pertinente
au XXIe siècle ?
Déjà au début du XXe siècle, les
esprits les plus avancés tels Lénine, Rosa Luxemburg
et Trotsky décelaient les limitations des mouvements de
libération nationale. Pourquoi la classe ouvrière
embrasserait-elle la résurgence de ce phénomène
qui revêt une forme incomparablement moins fondée
qu'auparavant - soit l'appel à l'identité ethnique
comme base de la construction d'une nation - à une époque
où la mondialisation de la vie économique est au-dessus
de tout ?
Pour combattre le chauvinisme grand russe du régime
de Poutine, les peuples de l'ex-Union Soviétique doivent
renouer avec la perspective socialiste et internationaliste sur
laquelle l'URSS fut fondée à l'origine. L'unification
volontaire des peuples russe et du Caucase au début des
années 1920 a été rendue possible par la
réorganisation économique de la société
soviétique afin de répondre aux besoins essentiels
des masses laborieuses. En dépit de la dégénérescence
stalinienne subséquente qui survint en URSS, cette voie
est restée la seule possible vers le progrès social
et la démocratie. En poursuivant ce but, les travailleurs
russes et tchétchènes doivent se tourner vers leurs
alliés naturels que sont les travailleurs d'Europe et
d'Amérique dans leur lutte contre l'agression impérialiste
et l'exploitation capitaliste.
La principale tâche politique des travailleurs en Russie
et dans le monde est le développement d'une nouvelle direction
marxiste pour reprendre la lutte pour le socialisme mondial.
Le World Socialist Web Site est le site Internet de la Quatrième
Internationale qui a été fondée par Léon
Trotsky pour lutter pour défendre l'internationalisme
socialiste contre les trahisons du stalinisme. C'est le forum
autour duquel les travailleurs et les intellectuels les plus
conscients politiquement se réuniront et construiront
le parti mondial de la révolution socialiste.
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