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Pourquoi les États-Unis vont-ils en guerre dans le Golfe ?

 

Le gouvernement des États-Unis en est à l'étape finale dans ses préparatifs pour une nouvelle guerre dans le Golf Persique. Le Pentagone a déployé deux porte-avions, plusieurs bateaux de guerre armés de missiles de croisières, et un contingent de plus de 300 avions de combat, prêts à lancer des attaques à quelques heures d'avis.

Cette attaque va aller beaucoup plus loin que les brèves frappes aériennes commandées par Clinton au cours des dernières confrontations avec le régime irakien. Le Pentagone, avec l'appui sans réserve du Congrès et des médias, se prépare à lancer une attaque aérienne soutenue contre des cibles civiles fortement habitées.

Il est de plus en plus question d'une guerre pour «éliminer Saddam Hussein»; cet objectif américain ne peut être réalisé que par une occupation de l'Irak par les troupes américaines.

En prévision de la guerre, les médias préparent l'opinion publique américaine à accepter l'idée qu'il y aura d'énormes pertes de vie. Andréa Mitchell a déclaré aux nouvelles du soir à la NBC que les Américains devraient s'attendre à des « centaines de milliers » de morts du côté irakien. Le chroniqueur du New-York Times, William Safir, a déclaré que des « morts sont à prévoir » et suggère qu'une résistance de l'Irak serait une « invitation à une réponse nucléaire. »

La politique de Washington dans le Golfe Persique est d'accuser sa victime désignée des crimes que le Pentagone se prépare lui-même à commettre: l'utilisation d'armes de destruction massive contre une population virtuellement sans défense. Il ne faudrait pas oublier, à travers toute l'hystérie contre Sadam Hussein, que les États-Unis demeurent le seul pays à avoir utiliser l'arme nucléaire en temps de guerre.

Le gouvernement compte sur une population politiquement désorientée et mal informée pour faire accepter l'idée d'une nouvelle guerre. Il compte sur les médias, une couche corrompue et contrôlée par de grandes corporations, pour servir d'agents promotionnels pour le compte des militaires américains. Nulle part dans la presse ou sur les ondes y a t-il eu une tentative d'examiner de façon critique les allégations des États-Unis contre l'Irak ou d'identifier les véritables intérêts qui se cachent derrière ces nouveaux préparatifs militaires américains.

Dans les cercles politiques officiels, l'absence de critique est encore plus marquée. Personne, parmi les figures politiques de proue des deux partis, n'a remis en question la politique des États-Unis, et encore moins demandé un débat au Congrès et la tenu d'un vote tel que prévu par la constitution dans les cas de déclaration de guerre. Alors qu'ils sont engagés dans une lutte intestine féroce sur des questions comme celle de la moralité personnelle de Clinton, les Républicains et les Démocrates sont entièrement d'accord sur la question de la guerre contre l'Irak.

« Armes de destruction massive »

La tuerie va se faire au nom du peuple américain et est justifiée par la nécessité de protéger les Américains des « armes de destruction massive ». Cette phrase, sans cesse répétée, est utilisée pour éviter tout débat et endormir l'opinion publique.

Depuis 1990, les États-Unis ont utilisé la soi-disant menace des armes irakiennes pour maintenir un embargo qui a anéanti économiquement l'Irak et plongé la vaste majorité de la population dans la misère, la faim et la maladie. Selon une résolution présentée par les États-Unis et adoptée par les Nations-Unis, l'embargo ne peut être levé que si l'Irak prouve qu'elle ne possède plus d'armes de destruction massive ou les moyens d'en produire.

L'UNSCOM, l'agence des Nations-Unis chargée d'imposer la résolution, a voyagé à travers le pays depuis sept ans et demi sans produire la moindre preuve que l'Irak produit ou cache de telles armes. L'UNSCOM fonctionne sans aucun échéancier, libre de poursuivre et d'étendre les inspections et l'embargo indéfiniment. Quoique fasse l'Irak pour se soumettre, de nouvelles demandes sont présentées, accompagnées de nouvelles provocations et menaces d'interventions militaires.

L'essence de la mission de l'UNSCOM est de demander à l'Irak de faire la preuve de quelque chose qui est impossible à prouver. La production d'armes chimiques ou biologiques ne nécessite pas beaucoup de ressources ou une technologie de pointe. Selon un expert en armes, une quantité substantielle d'armes biologiques peut être produite dans une pièce de 10 pieds par 15 pieds carrés avec pour ingrédient principal du ferment à bière. Comment peut-on prouver que de telles installations n'existent pas dans un pays de 22 millions d'habitants couvrant un territoire plus grand que la Californie?

Une des principales accusations concoctées par les États-Unis, est que l'Irak a développé la capacité de produire le « gaz mortel VX ». Cependant, la composition et la technologie utilisée pour la fabrication de ce gaz sont utilisées dans la fabrication de pesticides communément utilisés dans l'agriculture partout à travers le monde.

La population américaine devrait être consciente de la facilité avec laquelle il est possible de fabriquer secrètement des «armes de destruction massive». Timothy McVeigh a été capable de fabriquer une arme semblable, tuant 16 personnes dans l'explosion de l'édifice fédéral à Oklahoma City. De la même manière, une secte bouddhiste japonaise a été capable de fabriquer et de répandre un gaz mortel dans le métro de Tokyo.

Si Washington veut se donner pour mission l'élimination de la capacité de production de telles armes partout à travers le monde (sauf bien sûr aux États-Unis) aucun pays ne sera épargné des bombes américaines.

Washington prétend que les armes de destruction massive de l'Irak présentent un danger réel et imminent. Si c'est vrai, pourquoi le reste du monde ne se sent-il pas menacé ? Les pays prêts des frontières irakiennes devraient en principe se sentir le plus grand en danger. Cependant tous, incluant la Turquie et l'Arabie Saoudite, qui avaient supporté la dernière guerre du Golfe, s'opposent à l'intervention américaine. Même l'Iran, qui a déjà souffert des armes chimiques irakiennes durant la guerre Iran-Irak, est contre l'attaque américaine.

Tous ces gouvernements peuvent-ils être indifférents à la menace d'extermination par les armes chimiques et biologiques irakiennes ? Ou peut-être comprennent-ils que les accusations américaines sont des fabrications visant à masquer les véritables objectifs des Américains ?

Comment les États-Unis ont commencé la dernière guerre?

Durant les années 1980, le régime de Sadam Hussein a fonctionné en tant que fidèle allié des États-Unis. Washington a consolidé militairement le régime pour faire contre-poids à la révolution iranienne. Les inspecteurs des Nations-Unies ont une documentation exhaustive sur le précédent programme d'armes chimiques et biologiques de l'Irak précisément parce que le matériel et les équipements nécessaires à la fabrication de ces armes étaient fournis par des compagnies américaines agissant grâce aux permis délivrés par les administrations Reagan et Bush. Washington encourageait la production de ces armes utilisées à la fois contre l'Iran et la minorité kurde en Irak.

Après la guerre Iran-Irak et les nouvelles opportunités offertes par la dissolution du bloc soviétique, Washington n'avait plus besoin des services de Saddam Hussein et a préparé son intervention dans le Golfe en l'attirant dans un piège.

En juillet 1990 Hussein a dévoilé à l'ambassadeur américain en Irak, April Glaspie, son intention d'utiliser la force militaire contre le Koweït, pays voisin, pour résoudre un conflit qui devenait de plus en plus tendu. Glaspie a volontairement laissé croire à Hussein que l'invasion du Koweït par l'Irak ne serait pas opposée par les États-Unis.

Par la suite, Washington a commencé à mettre en place ses objectifs stratégiques à long terme consistant à imposer sa domination militaire dans la région hautement stratégique et très riche en pétrole du Golf Persique. Toutes les tentatives de solution pacifique aux crise étaient sabotées par les États-Unis. Dans une courte guerre à sens unique, ils ont détruit l'infrastructure industrielle et la capacité militaire de l'Irak laissant le régime de Saddam intact. Après la guerre, ils ont tacitement appuyé Saddam contre les rébellions des populations Chiites du sud et Kurdes dans le nord du pays.

Les États-Unis ont réussi à faire ce qu'ils voulaient dans le Golfe: maintenir une présence militaire permanente et l'entreposage d'importantes quantités de matériel militaire. Mais les régimes de la région et les rivaux économiques des États-Unis en Europe sont de plus en plus hostiles à la domination que Washington a réussi à imposer dans la région après la première guerre du Golfe. La puissance militaire de l'Irak n'étant plus une sérieuse menace, la présence américaine dans la région est de moins en moins justifiée, d'où la nécessité d' une nouvelle guerre.

Quels sont les objectifs militaires des États-Unis ?

La politique des États-Unis dans le Golfe Persique et à travers le monde, est déterminée par les intérêts stratégiques et économiques du capitalisme américain. Avec le contrôle militaire du Golfe, les États-Unis gardent le contrôle sur les approvisionnements en pétrole desquels dépendent ses principaux rivaux économiques en Europe et au Japon.

De plus, d'un point de vue géopolitique, le Golfe fournit aux États-Unis une base opérationnelle pour projeter leur puissance dans toute la région caucasienne et dans le Sud de L'Asie Centrale. L'Irak est situé à seulement quelques centaines de kilomètres des basins pétroliers de la mer Caspienne, là où les conglomérats américains s'imposent.

Il y d'autres facteurs incitatifs. Passer sept ans sans mener de guerre nulle part sur la planète, est une longue période pour les États-Unis. Une des caractéristiques de l'impérialisme américain est de toujours chercher à résoudre les problèmes par des interventions militaires. Pas une décennie n'est passée depuis la seconde guerre mondiale, durant laquelle les États-Unis n'ont pas déclenché un ou plusieurs conflits militaires. Dans les années 50, c'était en Corée; dans les années 60 et 70, au Vietnam. En 1980, les États-Unis sont intervenus au Liban, au Panama, en Libye et en Grenade, tout en appuyant des conflits militaires en Amérique Centrale et en Afrique. Au début des années 90, il y a eu la guerre du Golfe Persique.

Les besoins du complexe industriel militaire doivent être considérés dans l'équation. De nouvelles armes doivent être testées et les nouveaux officiers et soldats entraînés au combat. Un appareil militaire aussi massif que celui qui existe aux États-Unis ne peut pas rester indéfiniment sans combattre dans une guerre quelque part.

Ce qui est peut être le plus décisif dans les calculs des États-Unis, c'est la crainte des conséquences d'une nouvelle crise économique et l'instabilité sociale que la montée du chômage et la chute des revenus pourraient produire sur son territoire. La guerre fournit une diversion utile. L'armée peut absorber une quantité de chômeurs comme chair à canon et le spectacle des massacres à l'étranger peut détourner l'attention de la population de la misère dans laquelle elle se trouve elle-même. Ce n'est pas une coïncidence si les préparatifs pour cette nouvelle guerre se développent en tandem avec la crise du capitalisme dans les centres économiques de l'Asie Centrale.

Le régime de Saddam Hussein

Saddam Hussein est à la tête d'un régime dictatorial qui a piétiné les aspirations du peuple irakien. Mais, il faut le souligner, il a été appuyé par Washington dans ce rôle.

De plus son régime est loin d'être unique. Au cours des derniers mois, l'administration Clinton a appuyé des types tels que Suharto en Indonésie et Laurent Kabila, le nouveau chef du Congo. Suharto a massacré un million de personnes dans son propre pays lors du coup d'état dirigé par les États-Unis en 1965. Kabila a exterminé des dizaines de milliers de réfugiés Hutus. Pour ce qui est des assassinats de masse, en comparaison, Hussein fait partie des ligues mineures.

Bien que « les droits de l'Homme » soient régulièrement invoqués, Washington n'a jamais évalué un régime selon la façon dont il traite sa propre population. Il formule sa politique de relations internationales, selon les intérêts commerciaux des grandes corporations américaines.

La politique poursuivie par les États-Unis vis-à-vis de l'Irak au cours des sept ans et demi passés constitue l'un des grands crimes de ce siècle. Un pays qui avait atteint un niveau de développement relativement élevé, a été ramené, en l'espace de quelques années, à des conditions barbares. Près d'un million et demi de personnes, est-il estimé, dont plus de la moitié des enfants, sont mortes de maladies et de la faim à cause de la guerre et des conséquences de l'embargo qui a suivi. Le taux de mortalité infantile a été multiplié par dix

Un rapport produit par l'Organisation de la Santé Mondiale lançait un avertissement sur les conséquences catastrophiques de l'embargo sur les conditions de santé en Irak: « Le niveau de soins a chuté sérieusement et plusieurs maladies sont réapparues à cause du manque continu de médicaments depuis l'imposition de l'embargo...Des maladies comme la tuberculose, la malaria et le choléra sont devenues, au cours des dernières années, choses fréquentes à cause de la malnutrition, de l'eau sale et du manque de médicaments. »

La course vers la guerre du Golfe démontre encore une fois comment les décisions sont orchestrées dans le dos de la population américaine. La grande masse de la population ouvrière est réduite à l'état de spectateur alors que les Démocrates et les Républicains imposent des politiques qui auront des conséquences terribles. Bourrée et manipulée par les mensonges des médias et n'ayant pas accès à d'autres informations, la classe ouvrière est privée de ses droits politiques dans le présent système.

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