Après la réunification de 1963, le SWP et ses alliés révisionnistes en Europe tentèrent tous de présenter la scission de 1953 comme une terrible méprise, une chose qui n’aurait jamais dû se produire. En 1962 déjà, Joseph Hansen se lamentait à propos des « huit années déraisonnables de la scission ». [220] On nia jusqu’à l’existence du pablisme en tant que tendance révisionniste internationale particulière. Et dans la mesure où le terme « pablisme » avait encore un sens pour le SWP, il s’en servait tout au plus pour décrire certaines méthodes bureaucratiques déplaisantes dans le domaine de l’organisation internationale.
Le SWP chercha à obscurcir la signification politique objective de son propre changement d’attitude vis-à-vis du pablisme. En 1953, il avait organisé une scission internationale contre le Secrétariat International sous contrôle pabliste ; en 1963, il imposait une réunification avec ceux qu’il avait violemment dénoncés comme révisionnistes et rompait avec le Comité International.
L’analyse des dix années décisives qui ont suivi la Lettre ouverte montre que la réunification de 1963 était le résultat final de la capitulation de Cannon et du SWP devant la pression de l’impérialisme américain. La transformation du SWP de parti de la révolution socialiste en parti de la réforme sociale – dont la direction centrale était en outre infestée d’agents de l’État capitaliste – est l’essence du processus au cours duquel il répudia les principes pour lesquels il s’était battu en 1953. La réunification marquait pour le SWP la fin de vingt-cinq ans d’existence en tant que parti trotskyste.
Banda évite de faire une étude objective de la période 1953-1963 parce qu’une telle étude touche directement la question cruciale de la continuité historique. Retracer la dégénérescence du SWP et l’opposition qu’elle rencontra au sein du Comité International, c’est examiner comment le trotskysme fut défendu et développé dans une lutte contre le révisionnisme, c’est-à-dire contre les pressions sociales, politiques et idéologiques exercées par l’impérialisme sur la Quatrième Internationale. Une telle étude prouve que dans sa lutte contre la réunification sans principe proposée par le SWP, le Comité International a défendu les intérêts historiques de la classe ouvrière internationale.
Banda n’est pas le moins du monde intéressé par un tel examen des luttes de la Quatrième Internationale comme une partie objective de la lutte des classes internationale. Sa méthode est au contraire toujours subjective. Afin de nier la signification historique de la Lettre ouverte, Banda dénonce les crimes présumés de Cannon avant 1953 qui, nous l’avons vu, ne sont que des mensonges et des inventions malveillantes. Afin de nier les implications historiques de la lutte menée contre la réunification, Banda s’en prend aux erreurs de Healy à propos de l’Algérie en 1955-57. Banda cite les événements algériens dans le but de se faire un peu de publicité privée et malhonnête, mais aussi pour prouver qu’il n’y avait pas de réelles divergences entre le SWP et les trotskystes britanniques et français, qu’au contraire ils faisaient tous partie du même mouvement international politiquement dégénéré, un mouvement dont la déchéance avait commencé pratiquement dès que Trotsky eut fondé la Quatrième Internationale en 1938. Quelle que fût l’importance, pour ce qui est de sa biographie et de l’histoire en général, des fautes commises par Healy à propos de l’Algérie, elles n’altèrent en rien le contenu révolutionnaire de la lutte menée contre la trahison du trotskysme par le SWP. [221]
Afin de minimiser l’importance qu’eut l’abandon de la lutte contre le pablisme par le SWP, Banda insinue que la Lettre ouverte n’était guère plus qu’un incident passager bien vite oublié par Cannon. « Après s’être créé, selon son habitude, un champ de manœuvre avec la bureaucratie ouvrière et s’être débarrassé de la gênante tendance Cochran, Cannon était maintenant prêt à s’arranger avec Pablo sur la base d’une position commune sur la révolution hongroise et d’un délayage du programme de la révolution politique en URSS. »
Il n’est pas nécessaire de démasquer à nouveau le mensonge de Banda selon lequel, dans la lutte contre Cochran et Clarke, Cannon représentait la bureaucratie syndicale américaine. Ce que nous aimerions faire remarquer en revanche c’est qu’entre la Lettre ouverte et la révolution hongroise s’écoulèrent pas moins de trois ans au cours desquels le SWP dénonça le pablisme en adversaire irréconciliable dans toutes ses déclarations publiques et dans sa correspondance avec la Quatrième Internationale et s’opposa à toute relation politique avec ses représentants. Banda, en escamotant ce fait, rejoint tous les centristes et les révisionnistes qui, comme le SWP aujourd’hui, préfèrent traiter la scission de 1953 comme si elle n’avait jamais eu aucune importance.
Pendant plus de trois ans, le SWP insista avec force sur l’importance de la lutte contre le pablisme. Après tout ce que ses dirigeants avaient écrit sur cette question entre 1953 et 1956, il était parfaitement correct de la part de la section britannique de voir dans le brusque changement d’attitude vis-à-vis de la perspective d’une réunification avec les pablistes, un développement extrêmement inquiétant.
Dans les premiers mois de 1954, Cannon poursuivit l’offensive politique contre les pablistes, précisant la signification historique et politique de la scission. Le 1er mars 1954, il écrivait à George Breitman :
« Notre but est foncièrement différent de celui de Germain. En dernière analyse, notre but découle d’une conception différente du rôle de l’avant-garde révolutionnaire et de son rapport avec les autres tendances dans le mouvement ouvrier. Germain croit qu’il a un point de vue orthodoxe sur cette question, et il a même écrit un article à ce sujet dans Quatrième Internationale, mais, dans la pratique, il compromet la théorie. Nous sommes les seuls à adhérer inconditionnellement à la théorie de Lénine et Trotsky sur le parti de l’avant-garde consciente et sur son rôle comme leader de la lutte révolutionnaire. Cette théorie acquiert une actualité brûlante et prend le pas sur toutes les autres à l’époque actuelle.
« Le problème de la direction ne se limite pas aujourd’hui aux manifestations spontanées de la lutte des classes au cours d’un long processus, ni même à la prise du pouvoir dans tel ou tel pays où le capitalisme est particulièrement faible. La question c’est le développement de la révolution internationale et de la transformation socialiste de la société. Admettre que cela peut se produire automatiquement revient en fait à abandonner en bloc le marxisme. Non, cela ne peut être qu’une opération consciente et qui exige impérativement la direction du parti marxiste représentant l’élément conscient du processus historique. Aucun autre parti ne fera l’affaire. Aucune autre tendance dans le mouvement ouvrier ne peut constituer un moyen de substitution satisfaisant. Voilà pourquoi notre attitude à l’égard de tous les autres partis et tendances est une irréconciliable hostilité.
« Si le rapport de force nécessite une adaptation des cadres de l’avant-garde aux organisations actuellement dominées par ces tendances hostiles – staliniennes, sociales-démocrates ou centristes – il faut que cette adaptation soit considérée en tout temps comme une adaptation tactique, pour faciliter la lutte contre elles, jamais pour se réconcilier avec elles ; jamais pour leur attribuer le rôle historique décisif, les marxistes se limitant à un rôle subalterne, donnant des conseils amicaux et des critiques ‘loyales’ à la manière des commentaires pablistes sur la grève générale en France.
« Germain ne le sait pas, mais au fond nos divergences avec lui sont les mêmes dans ce domaine qu’avec Shachtman et Pablo. Germain nous propose une politique ‘d’entrisme’ : il veut que nous nous contentions d’une opposition critique dans l’internationale pabliste, exactement comme Pablo, qui réduisait implicitement la Quatrième Internationale au rôle d’aile critique du stalinisme et comme Shachtman qui conseille implicitement à l’avant-garde révolutionnaire de se contenter du rôle infâme d’’opposition loyale’ – la formule est de Shachtman – de la social-démocratie.
« La Quatrième Internationale à ce stade de son évolution et de son développement n’est pas une organisation de masse dans laquelle des tendances différentes et même antagonistes pourraient s’adapter les unes aux autres pendant une longue période, alors que la lutte pour gagner les masses se poursuivrait dans ses rangs. La Quatrième Internationale est aujourd’hui une organisation de cadres. Sa force de frappe et sa légitimité historique lui viennent de son programme et de son homogénéité idéologique. Le pablisme n’est pas un mouvement de masse qu’il faut infiltrer et influencer, mais une tendance révisionniste qui discrédite la Quatrième Internationale et divise ses cadres. Sa tâche révolutionnaire n’est pas de vivre avec cette tendance, qui de plus est minoritaire, mais de la pulvériser…
« La prochaine étape de notre stratégie devrait à mon avis s’appuyer sur la détermination intransigeante d’anéantir le pablisme politiquement et organisationnellement. Cela prendra du temps et nous devrions nous préparer à une bataille rangée sur trois plans, dans l’ordre d’importance suivant.
« Premièrement : consolider et rééduquer les cadres qui soutiennent déjà le Comité International.
« Deuxièmement : assurer l’alignement organisationnel sur le Comité International des sections dont l’accord politique avec nous est déjà substantiel ou qui sont encore indécises.
« Troisièmement : consolider les minorités dans les sections où les dirigeants sont déjà corrompus par le pablisme et les armer en vue d’une lutte sans merci.
« J’accorde la plus grande importance au premier point : la consolidation et le renforcement idéologique des cadres orthodoxes de base. Les matériaux polémiques que nous publions s’adressent à mon avis principalement à eux, afin de les impliquer dans la discussion et de les aider à aller consciemment de l’avant avec nous à chaque étape. Nous devrions nous rappeler que les polémiques détaillées contre les staliniens étaient plus qu’un débat avec ces derniers, elles étaient le moyen par lequel nos premiers cadres furent éduqués et affermis.
« Nous devrions délibérément viser au même résultat à un niveau plus élevé cette fois. Ceci revêt une grande importance pour nous dans le SWP, car il est évident qu’à travers cette discussion le parti est reconstruit de fond en comble. Et c’est doublement important pour des organisations comme nos sections canadiennes et britanniques et d’autres qui sont obligées par les circonstances de suivre une politique ‘d’entrisme profond’. » [222]
Cannon qui avait parfaitement compris que l’apparition sur la scène du révisionnisme pabliste était l’expression de la pression exercée par l’impérialisme sur l’ensemble de la Quatrième Internationale et que la tendance liquidatrice représentait un danger réel, même dans les sections qui s’étaient déclarées trotskystes « orthodoxes », insista à maintes reprises pour que soit opérée une rééducation en profondeur des membres dans la lutte contre le révisionnisme. Il ne se déclara pas seulement pour « une polémique impitoyable contre les pablistes », il mit aussi en garde contre le fait que ces attaques à l’aide d’écrits, « seraient partiellement perdues si les matériaux polémiques se limitent aux seuls cercles dirigeants et ne sont pas rendus accessibles aux membres, étudiés et discutés par eux. Sans quoi le pablisme, qui ne peut conduire qu’à une dissolution des cadres trotskystes, pourrait finir par emporter la victoire par défaut, même si les cadres rejettent formellement la fraction pabliste ». [223].
Le 24 avril 1954, dans une lettre à Dobbs, Cannon intensifia l’offensive anti-pabliste. Dans un commentaire sur l’attitude prise par les pablistes vis-à-vis des élections indochinoises et l’admission de la Chine aux Nations unies, il écrivit :
« Ce qui m’a immédiatement frappé en lisant cette déclaration des pablistes, c’est que pour la première fois, ils ont ouvertement rejeté le programme trotskyste de l’internationalisme révolutionnaire au profit des formules pacifistes et diplomatiques des staliniens. Il ne s’agit pas là d’une méprise ou d’un oubli, mais d’une trahison calculée de notre programme qu’ils ont publiée au nom de la Quatrième Internationale.
« Le pablisme jette le masque et se montre tel qu’il est. Et tous ceux qui veulent bien voir pourront comprendre pourquoi il choisit cette occasion de révéler sa vraie nature. La même session du Secrétariat International pabliste qui publia cette infâme déclaration le 9 avril, prit la décision de formaliser la scission avec les trotskystes qui demeuraient fidèles au programme de l’internationalisme révolutionnaire. Les deux actions vont de pair. Il fallait aux pablistes couper le dernier lien les unissant aux trotskystes avant de laisser tomber leurs formules diplomatiques et de montrer leur programme au grand jour.
« Nous verrons ce genre de choses se produire plus souvent à l’avenir et tout deviendra clair pour tout le monde. Notre intérêt sur le plan international n’est donc pas désormais de nous disputer sur des formalités organisationnelles et des questions techniques avec les crapules pablistes, mais de consolider les forces du trotskysme international dans la lutte pour la défense du programme de la Quatrième Internationale et de débarrasser son drapeau de la fange stalinienne dont l’a souillé le gang pabliste.
« Toutes les questions formelles d’organisation et les questions techniques, correctes ou non selon les cas, qui auraient par le passé pu être un sujet de discussion pour les trotskystes orthodoxes, sont désormais effacées et sans valeur. Plus rien d’autre ne compte maintenant que les principes politiques qui séparent les trotskystes des agents staliniens et de ceux qui les défendent. Le regroupement du mouvement international ne peut avoir lieu que sur cette base. Voilà le réel état des choses et c’est à partir de là qu’il faut continuer. Rien d’autre ne compte plus à présent. » [224]
Après la scission, il y avait eu des discussions dans le Comité International sur la façon la plus efficace de continuer la lutte contre les pablistes. Cannon accordait correctement une place centrale à la nécessité de consolider les rangs des trotskystes orthodoxes sur la base d’une lutte politique et théorique implacable contre le révisionnisme. Il rejetait toute concession organisationnelle ou politique au nom d’une unité de façade. Il désapprouvait toute proposition de poursuivre une discussion avec les révisionnistes qui aurait menacé cette lutte politique essentielle.
Il y avait un autre paramètre dans l’équation politique qui compliquait la lutte contre les pablistes. Le Lanka Sama Samaja Party (LSSP), la section cingalaise de la Quatrième Internationale s’était opposée à la scission sur la base de ce qui semblait être des questions purement organisationnelles. Usant d’un stratagème tiré de l’arsenal centriste, ce parti déclarait être totalement opposé aux révisions du programme trotskyste par Pablo, mais disait que la Lettre ouverte était une erreur. L’évolution ultérieure du LSSP allait révéler le point de vue politique réactionnaire des objections émises vis-à-vis de la scission. En réalité, les dirigeants du LSSP ne voulaient pas d’une lutte contre le centrisme dans la Quatrième Internationale, pour la bonne raison qu’une telle lutte aurait fait obstacle à la ligne opportuniste qu’ils avaient développée au Ceylan même.
L’attitude du LSSP rendait plus difficile la position du trotskysme orthodoxe. Leur opposition à la scission apportait de l’eau au moulin de Pablo et leurs prétentions à s’opposer à sa ligne encourageaient de façon cynique l’espoir qu’on pourrait gagner le LSSP au trotskysme orthodoxe, une fois clarifiées les questions politiques. Beaucoup d’énergie fut inutilement dépensée à tenter de satisfaire les susceptibilités organisationnelles du LSSP avant que son double jeu ne soit finalement démasqué. C’est ainsi que la question d’un comité paritaire fut soulevée pour la première fois en 1954. Le LSSP était en faveur de la création d’un organe médiateur grâce auquel une scission irréparable pourrait être évitée et un congrès mondial de toutes les fractions pourrait être tenu.
En février 1954, Cannon fit savoir au LSSP qu’il ne croyait pas qu’un congrès mondial puisse surmonter une scission causée par des divergences politiques irréconciliables. Il s’opposa à une conception qui voulait que la Quatrième Internationale puisse exister comme une organisation internationale regroupant des organisations politiquement disparates. Mais Cannon ne rejeta pas carrément les propositions du LSSP. À la suite de la publication par le LSSP de critiques concernant le document Ascension et chute du stalinisme de Pablo – dans lesquelles les Cingalais reconnaissent que « l’idée directrice unique des pablistes… non seulement conduisait à une révision fondamentale des positions du trotskysme à l’égard du stalinisme, mais refusait également au mouvement trotskyste toute raison d’être » – Cannon se persuada de ce que le parti cingalais pouvait être gagné au Comité International.
Il reconsidéra la proposition du LSSP sur la formation d’un comité paritaire dans lequel pourraient être organisés des échanges formels entre le Secrétariat International et le CI en vue de préparer un quatrième congrès mondial unifié. Mais il avertissait clairement Leslie Goonewardene dans une lettre datée du 12 mai 1954 que « tous les efforts pour amorcer une réunification sur le plan organisationnel sans clarification complète des divergences politiques et sans réelle volonté de la part des deux fractions de réaliser l’unité malgré des divergences politiques clairement établies et reconnues, se sont soldées par un échec ». [225]
Les pablistes – malgré l’opposition formelle du LSSP – persistèrent dans leur plan d’un Quatrième Congrès mondial indépendant. Ceci ne faisait que confirmer la nature irrémédiable de la scission. Le LSSP continuait néanmoins d’insister pour organiser un comité paritaire. Durant l’été 1954, Colvin Da Silva et Goonewardene rencontrèrent Healy à Londres et le persuadèrent d’accepter leur proposition.
Healy n’avait pas encore reconnu la duplicité du LSSP et dans une lettre datée du 8 juillet 1954 et écrite conjointement avec Sam Gordon, il pressait Cannon d’accepter le comité paritaire proposé par les Cingalais :
« Ils nous ont demandé de faire ceci (accepter leur proposition de comité paritaire) ‘pour les aider à organiser la lutte’ (ce sont leurs paroles). Tout en maintenant leurs liens formels avec Pablo, ils considèrent indiscutablement comme leur perspective la collaboration avec nous.
« Après mûre réflexion, nous ne voyons pas d’autre solution raisonnable que celle de proposer au CI d’accepter leur proposition. Qu’avons-nous à perdre en acceptant ? Nous ne nous engageons à rien d’autre qu’à nous rencontrer. Nous préservons notre complète liberté d’action. La seule chose que nous faisons c’est obtenir un moyen nous permettant d’avoir un lien formel avec les Cingalais, ce qu’ils désirent ardemment et est, au sens littéral, la première de leurs préoccupations. » [226]
Dobbs écrivit à Cannon le 14 juillet 1954, le pressant d’accepter les propositions du LSSP ainsi que l’avaient conseillé Healy et Gordon dans leur lettre, bien que Pablo fût déjà bien avancé dans ses préparatifs d’un quatrième congrès bidon.
« La question devant laquelle nous nous trouvons maintenant est celle-ci : devons-nous insister pour dire que le fait de proclamer le ‘quatrième congrès’ représente une scission définitive ou devons-nous accepter la proposition cingalaise de former un comité paritaire pour l’organisation d’une discussion commune et la préparation d’une conférence unitaire ?…
« Nous aurions toutes les raisons du monde de prendre cette position que la décision du rassemblement bidon de se proclamer ‘quatrième congrès’ a rendu la scission définitive. Si, cependant, nous refusions pour cette raison d’avoir un quelconque rapport avec les éléments qui dans leur congrès sont attirés par le CI nous érigerions des barrières organisationnelles qui aideraient à les maintenir dans les filets révisionnistes et liquidateurs de Pablo. » [227]
Cannon accepta la proposition à contrecœur, mais au bout de quelques mois il revenait sur sa décision, s’élevant contre toute initiative organisationnelle qui pouvait suggérer un virage vers une réunification des trotskystes et des pablistes. Dans une lettre à Healy, datée du 8 décembre 1954, Dobbs écrivit :
« Si l’on fait la rétrospective des événements récents, il nous semble maintenant avoir commis une erreur en nous orientant vers la formation d’un comité paritaire avec les pablistes, aussi limitée que soit la base de celui-ci. Cela peut donner lieu à des illusions qui peuvent devenir un obstacle à la réalisation de nos objectifs fondamentaux.
« Depuis la Lettre ouverte, les forces qui se sont rassemblées autour du Comité International ont condamné le pablisme comme une tendance révisionniste et liquidatrice coupable d’avoir jeté aux orties le Programme de transition ; renoncé à la révolution politique inévitable contre la bureaucratie stalinienne et attendu son autoréforme ; couvert les trahisons staliniennes ; adopté une attitude conciliatrice vis-à-vis de tendances politiques hostiles en général ; liquidé le mouvement par la tactique de ‘l’entrisme profond’ ; organisé une fraction personnelle secrète ; étouffé une discussion démocratique à l’intérieur du mouvement ; réduit au silence des camarades dirigeants dans les organes exécutifs et dans les sections ; effectué des scissions causées par des minorités et des expulsions bureaucratiques – le tout dans le cadre d’une conspiration pour réaliser ces objectifs liquidateurs et révisionnistes au moyen d’un coup d’état minoritaire au cours d’un congrès illégitime. » [228]
Par la suite, le SWP devait traiter la scission comme si elle n’avait été qu’une erreur, mais la lettre de Dobbs, écrite plus d’un an après celle-ci, montre quelle énorme importance le SWP avait tout d’abord attribuée à la lutte contre le pablisme.
« La scission d’avec les pablistes est par conséquent déjà définitive et ce qui reste à faire est un travail de déblayage afin de sauver ce qu’il est possible de sauver parmi les éléments confus, acceptant seulement l’unité avec ceux qui sont prêts à rompre définitivement avec tout ce que le pablisme représente. Le problème n’est donc pas au sens le plus fondamental une question d’unification. Notre tâche est de consolider les forces qui ont rompu avec Pablo et de porter et d’approfondir la scission dans les rangs pablistes. » [229]
La conclusion de Dobbs quant à la nature définitive de la scission était sans aucun doute prématurée comme allaient le montrer les événements ultérieurs. De plus, il y a lieu de croire que l’opposition subite de Cannon au comité paritaire pouvait bien avoir été motivée en partie par le fait qu’il se rendait compte que les rangs du SWP n’étaient pas aussi homogènes qu’il l’avait prétendu dans sa correspondance. Il est plus que probable que Cannon pressentait qu’une discussion prolongée sur la nature du pablisme révélerait l’existence de tendances révisionnistes au sein de la direction du SWP. Le danger existait donc qu’un lien organisationnel quelconque avec le Secrétariat International donnerait à Pablo une occasion de plus de se chercher des alliés dans les eaux agitées du SWP.
La scission n’avait certainement pas résolu les problèmes politiques qui avaient été révélés par le peu d’enthousiasme de plus d’un dirigeant du SWP, comme Dobbs, à accepter la nécessité d’une lutte contre la fraction Cochran. Comme nous allons le voir bientôt, les signes avant-coureurs inquiétants d’une crise qui allait s’approfondissant dans le SWP existaient déjà à la fin de 1954. Néanmoins, quels qu’aient été les motivations ultérieures de Cannon et d’autres dirigeants, leur analyse du pablisme était absolument correcte et leurs conclusions générales absolument justifiées.
« L’idée d’un comité paritaire sert tout au plus de moyen pour gagner du temps jusqu’à une scission définitive d’avec les pablistes dans un sens tout à fait officiel. Le temps travaille pour nous dans la tâche de clarifier des éléments confus et hésitants qui demeurent jusqu’à un certain point dans la structure formelle du pablisme. Les développements encourageants en Allemagne et en Italie dont tu nous fais part soulignent ce fait. Mais nous devons nous garder d’entretenir des illusions parmi les Cingalais, les Allemands, les Italiens et d’autres sur la possibilité d’une cohabitation à long terme avec les pablistes. Il ne faut pas que ces camarades aient l’idée qu’ils peuvent éviter une rupture claire et nette d’avec le pablisme dans l’espoir que nous retournerons au vieil état de choses sur la base d’un modus vivendi avec Pablo…
« Notre plate-forme ne permet aucun organe exécutif commun avec les pablistes. C’est exactement le contraire qui est nécessaire étant donné que nous insistons sur le renforcement des forces trotskystes et sur une séparation définitive d’avec le pablisme. Il n’y a donc rien qui, du point de vue de l’exécutif, nécessite d’urgence la réunion d’un comité paritaire. Nos documents ne seront pas écrits en vue d’une ‘discussion commune’ avec les pablistes, mais d’une clarification des trotskystes et de l’élaboration d’une plate-forme trotskyste. Nous n’avons rien à négocier avec les pablistes en ce qui concerne le caractère et la portée des documents qui servent à la discussion. » [230]
Dans sa réponse à Dobbs, datée du 16 décembre 1954, Healy était pour la poursuite du comité paritaire. Il remarquait que :
« …les rangs pablistes comptent des membres très importants que nous ne voulons pas voir démoralisés du fait de l’impasse pabliste…
« Les Cingalais constituent une partie essentielle de notre mouvement mondial tout comme les Boliviens et les Latino-Américains et ils demeurent au sein de l’organisation de Pablo. À mon avis, certains d’entre eux (les Cingalais) sont très près de nous et doivent être gagnés au trotskysme orthodoxe. C’est là une tâche urgente et inévitable. C’est aussi une des raisons qui m’incitent à conclure que la lutte n’est en rien terminée et que nous ne pouvons pas compter seulement sur le temps pour la bonne et simple raison que nous sommes dans une impasse internationale depuis juin. Le mouvement international n’a pas, à l’heure qu’il est, de perspective générale. » [231]
Bien que Healy ait abandonné ses objections peu après, la direction du SWP s’opposa fortement à l’idée que le CIQI ait à accepter un comité paritaire pour donner satisfaction aux Cingalais. Dans une lettre au secrétaire du CI, Gérard Bloch, datée du 12 février 1955, Dobbs écrivait :
« Des divergences tactiques sont apparues sur la meilleure façon d’agir avec les Cingalais et d’autres conciliateurs. Nous croyons toutefois que ces divergences sont en grande partie épisodiques et dues surtout à des malentendus.
« Comment devons-nous traiter le problème des conciliateurs ? Leur seule préoccupation est d’éviter de prendre une position claire et ils croient qu’ils peuvent y arriver en élaborant une formule de modus vivendi entre trotskystes et pablistes. Mais un tel modus vivendi n’est pas possible. Les organisations affiliées au CI ont catégoriquement rejeté les méthodes politiques et organisationnelles des pablistes. Ils en ont eu une expérience de première main dans une lutte acharnée et irréconciliable et dans la scission d’avec les agents de Pablo dans leurs propres rangs.
« Ils se rendent pleinement compte du dommage causé au mouvement mondial par le pablisme et ne sont guère enclins à l’indulgence sur cette question.
« En fait, si nous avions réfléchi sérieusement et jusqu’au bout à cette question du comité paritaire quand elle fut proposée pour la première fois, elle aurait été rejetée à ce moment-là. Il y a de nombreuses raisons de rejeter cette proposition, mais le fait qu’elle devrait être rejetée pour le bien des Cingalais eux-mêmes est une des toutes premières. La meilleure façon de traiter les Cingalais est de leur faire comprendre sans l’ombre d’un doute qu’il n’y a aucune marge de manœuvre entre les trotskystes et les pablistes. De ce point de vue, le comité paritaire n’est pas une aide, mais un obstacle à gagner les Cingalais à un soutien inconditionnel du CI. » [232]
Pendant les mois qui suivirent, le plus ferme défenseur du comité paritaire et autres tactiques unitaires fut le trotskyste chinois Peng-Chou-Tsé qui vivait dans l’illusion que le pablisme était une maladie passagère de la Quatrième Internationale. Malgré la forte critique qu’il avait faite du pablisme, il sous-estimait le danger représenté par celui-ci. Peng considérait le refus de diverses sections de rompre avec le pablisme comme une erreur malheureuse, aisément rectifiable pourvu que le CI accepte un comité paritaire. Ces illusions se manifestaient dans cette appréciation des Cingalais dans une lettre à Farrell Dobbs, le 8 septembre 1956 :
« Politiquement, le LSSP est un parti trotskyste à part entière. (De plus, c’est un parti de notre mouvement qui possède une réelle base de masse). Ce fait est reconnu de tous. S’ils restent dans le SI c’est parce qu’ils restent enfermés dans le formalisme organisationnel, mais ils désirent sérieusement une discussion générale au moyen du comité paritaire afin d’en finir avec le révisionnisme de Pablo et de réunifier tous les trotskystes. Jusqu’à ce jour, les trotskystes de l’Inde n’ont pas fait connaître leur attitude, mais du fait de leurs liens traditionnellement étroits avec le LSSP, ils sont probablement sous l’influence de ce dernier. » [233]
La confiance de Peng dans le LSSP, liée au fait qu’il ne comprenait pas les origines de classe du pablisme, était exprimée de façon plus nette encore dans une lettre adressée à Healy le 15 décembre 1955 et dans laquelle il s’opposait à la critique du mouvement cingalais par le dirigeant de la section britannique. Le LSSP, soulignait-il,
« …n’a pas seulement maintenu politiquement la position traditionnelle trotskyste, mais il est la seule section de notre mouvement qui a une véritable base de masse et qui a effectivement dirigé un mouvement de masse d’ampleur nationale. C’est précisément pourquoi elle a gagné du prestige parmi tous les trotskystes du monde, particulièrement parmi les camarades d’Orient. Notre principale tâche devrait être de l’encourager et de l’aider (sans taire les critiques justifiées) afin d’essayer de collaborer étroitement avec elle pour développer le mouvement trotskyste en Orient ». [234]
Dobbs répondit durement au plaidoyer de Peng en faveur du LSSP. Dans une lettre datée du 30 janvier 1956, il écrivait :
« Nous remarquons que le LSSP continue d’insister sur un comité paritaire afin d’organiser une discussion et de préparer une conférence unitaire. Les pablistes se donnent de faux airs d’unificateurs, montent la question en épingle et tentent de stigmatiser le CI comme ‘scissionniste’, parce qu’il ne cède pas à leur demande de comité paritaire. Le LSSP a facilité la démagogie pabliste en critiquant le CI pour son attitude sur la question du comité paritaire et a indiqué qu’il continuerait de se tenir à l’écart de la lutte politique…
« Naturellement, le CI doit chercher à gagner le soutien des trotskystes orthodoxes qui restent pris au piège de Pablo. Mais il serait dangereux de manœuvrer en se servant de la question de l’unité afin d’en sauver quelques-uns, restés en arrière dans la lutte contre les pablistes. Une réelle unité n’est concevable qu’avec ceux qui sont prêts à une rupture ouverte et radicale d’avec le pablisme tant sur le plan organisationnel que politique. Ce serait une erreur de croire que la discussion formelle au moyen d’un comité paritaire leur permettra de résoudre la contradiction entre leurs opinions politiques et leurs affiliations organisationnelles.
« Le comité paritaire empêche en réalité que nous ayons de l’influence sur les trotskystes orthodoxes trompés par Pablo et donne du poids à l’idée qu’ils peuvent éviter une rupture définitive d’avec le pablisme. Il a l’allure d’une réunification alors que les questions politiques sont loin d’être clarifiées. Il donne aux pablistes l’occasion de nouvelles manœuvres et les aide à semer à nouveau la confusion politique.
« Nous pensons que ce serait une erreur d’adapter notre tactique à la politique du LSSP. Il ne veut pas se décider dans la lutte politique internationale actuelle. Leur ligne politique soutient Pablo du point de vue de la tactique et contribue à la confusion politique. Elle constitue de leur part une déclaration de faillite politique.
« Au congrès bidon, le LSSP a voté pour la résolution principale de Pablo avec les amendements qui contenaient leurs critiques vis-à-vis de celle-ci. C’était là un compromis politique semant la confusion et cela n’avait rien à voir avec la lutte pour une ligne politique de principe basée sur les fondements du trotskysme. Le LSSP a clairement évité une répudiation directe du pablisme et se place à présent au-dessus de la lutte dans l’attente des ‘documents en provenance des deux côtés’.
« Ce n’est pas par simple méprise que les camarades du LSSP ont pris une position hésitante et conciliatrice. Leur tactique semble procéder de l’opportunisme nationaliste. À notre avis, il est préférable de renoncer à toutes les manœuvres avec eux et d’appeler par leur nom toutes leurs erreurs sans laisser de place au moindre doute. En même temps, nous devrions continuer d’envoyer nos documents au LSSP.
« Un examen des raisons de leur attitude conciliatrice ne fera que souligner combien est nécessaire une attitude ferme à l’égard de leur ligne conciliatrice. Ils n’ont pas eu à lutter contre une fraction pabliste. En général, ils se tiennent à l’écart de la lutte de fraction internationale et se soucient des problèmes de leur propre mouvement de masse. Ils expriment le désir d’être laissés en paix pendant que le CI et Pablo trouvent un modus vivendi quelconque grâce auquel l’épreuve de force pourrait être au moins retardée.
« Nous pensons que le LSSP n’adoptera un point de vue politique clair que quand on lui enlèvera la possibilité de manœuvrer. Le comité paritaire n’est par conséquent pas une aide, mais un obstacle à obtenir de leur part un soutien inconditionnel en faveur du CI. Nous partageons entièrement ton désir de collaborer avec eux afin de développer le mouvement trotskyste en Orient. Mais si nous voulons atteindre nos objectifs finaux, cette collaboration doit se baser sur une ligne politique de principe et une voie organisationnelle générale qui lui corresponde. » [235]
Dobbs rejetait l’argument de Peng selon lequel l’effervescence dans les rangs du Parti communiste français était une raison pour trouver une solution organisationnelle au problème du révisionnisme pabliste.
« Si important qu’il soit d’exploiter l’effervescence dans les rangs du Parti communiste français, ainsi que tu l’as souligné, il est encore plus important pour les adhérents du Comité International, d’avoir une ligne politique correcte qu’ils doivent développer dans une discussion commune. Passer par-dessus la discussion du CI au moyen d’un comité paritaire ne ferait que créer la confusion dans la section française et restreindre plus encore nos possibilités de travail efficace parmi les staliniens.
« Pour toutes ces raisons, nous considérons le comité paritaire comme inutile pour le temps présent. En fait nous pensons qu’il ne peut qu’être nuisible. Nous proposons plutôt la procédure générale suivante :
« 1. Clarifier et consolider nos positions politiques au moyen d’un échange libre et complet des points de vue parmi nos alliés idéologiques du CI.
« 2. Tandis qu’une ligne politique clairement définie est élaborée par le CI, chercher à gagner les trotskystes orthodoxes encore prisonniers de Pablo, leur faisant parvenir nos documents via la presse de notre parti et si possible par contact direct.
« 3. Œuvrer à l’unification de tous les trotskystes orthodoxes sur la base suivante : des positions politiques communes et des rapports organisationnels corrects ; rejet de la politique révisionniste et des méthodes organisationnelles pablistes. » [236]
Ces lettres soulignent l’ampleur de la transformation politique qui s’est manifestée dans une lettre écrite par Cannon en mars 1957, en réponse à une lettre de Goonewardene et où pour la première fois il laissait entendre que le SWP pourrait ne pas s’opposer à un règlement organisationnel de la scission, sans résolution des questions politiques qui avaient conduit à la lutte de 1953. Pendant plus de trois ans, le SWP avait insisté sur la nature irrévocable de la rupture d’avec le pablisme. Il avait insisté pour faire des leçons de la scission la base de la rééducation de tous les cadres au niveau international et sur le fait qu’aucun compromis avec les révisionnistes n’était possible. Et pourtant, sans discussion préalable dans le CI, le SWP changea soudainement de position. La section britannique du CIQI qui, à la demande expresse de Cannon et Dobbs, avait retiré son soutien au comité paritaire en 1954, avait parfaitement raison de s’alarmer de l’ouverture faite par Cannon au LSSP et aux pablistes.
Pour comprendre la signification de ce changement, il faut examiner plus attentivement ce qui s’est produit au sein du SWP entre 1954 et 1957. Ce n’est que de cette façon que peut être compris concrètement le rapport existant entre la lutte des classes aux États-Unis, la dégénérescence politique du SWP et la marche de celui-ci vers une réunification sans principes.
Cliff Slaughter, ed. Trotskyism versus Revisionism : A Documentary History, New Park Publications, Londres 1974, t.4, The International Committee against liquidationism, p.20.
Banda prétend qu’il a mené une lutte acharnée dans les années 1950 contre l’adaptation de Healy à Messali Hadj, le dirigeant du MNA. Il écrit dans un style tourmenté qu’on lui intima d’écrire dans Labour Review un article en soutien au MNA. «Ayant refusé de m’exécuter, Healy et la rédaction de Labour Reviewm’ordonnèrent, par un vote à 20 contre 1 d’écrire cet article. J’avoue que ce fut un des épisodes les plus honteux de ma carrière politique.»
La mémoire de Banda lui joue une fois de plus des tours. Il n’y a dans l’article mentionné, aucune trace de la honte dont il parle à présent. Cet article (écrit en 1958 et non pas en 1957 !) était une analyse soigneusement documentée des forces de classes représentées par les différentes tendances du mouvement national algérien. Il remontait aux origines historiques du MNA et du FLN, et montrait la longue association de Messali Hadj avec le mouvement ouvrier français et algérien. Il passe aussi en revue l’histoire versatile du FLN. L’article faisait des concessions politiques au MNA et n’anticipait pas sa trahison ultérieure de la lutte de libération nationale. Mais les crimes du MNA ne changent rien à la nature de classe du FLN et au fait qu’il subordonna le mouvement national aux intérêts de la bourgeoisie algérienne. L’article de Banda disait bien que le MNA n’était pas un parti socialiste, mais il le qualifiait à tort de «précurseur du parti révolutionnaire» (Labour Review, mars-avril 1958, p.44). Il déclarait en revanche dans sa conclusion : «Une chose est sûre, l’avenir de l’Algérie n’est pas avec le FLN et ses défenseurs, mais avec la classe ouvrière et la paysannerie sans terre. Elles seules peuvent mener à bien l’émancipation politique et économique de ce pays martyrisé.
«La tâche des marxistes n’est ni d’excuser ni de défendre le fait accompli, mais de rendre plus proche le jour où la classe ouvrière algérienne se lèvera en véritable protagoniste de la liberté algérienne grâce à ses propres organisations (Ibid.).»
Ce que Banda rejette réellement ici, ce n’est pas la confiance accordée à Messali Hadj, mais le fait que l’article défende le rôle du prolétariat algérien.
National Education Department Socialist Workers Party, Towards a History of the Fourth International t.4, 3e partie, pp.218-219.
Ibid. p.219.
Ibid., pp.233-234.
Ibid., p.242.
Ibid., p.244.
Ibid., p.245.
National Education Department Socialist Workers Party, Education for Socialists : The Struggle to Reunify the Fourth International 1954-1963, t.1, mai 1977, p.6.
Ibid.
Ibid.
Ibid., p.7.
Ibid., p.8.
Ibid., p.11.
Ibid., p.17.
Ibid., p.18-19.
Ibid., p. 20.