L'armée américaine a mené des dizaines de frappes aériennes au Yémen samedi et dimanche, notamment sur des zones d’habitation de la ville très peuplée de Sanaa, tuant au moins 53 personnes, dont 31 civils.
Anis al-Asbahi, porte-parole du ministère yéménite de la Santé, a déclaré que plus de 100 personnes avaient été blessées, « dont la plupart étaient des enfants et des femmes ».
Dans une diatribe délirante postée sur Truth Social, Trump a écrit : « À tous les terroristes houthis, l’heure est arrivée pour vous et vos attaques doivent cesser dès aujourd’hui. S’ILS NE LE FONT PAS, IL PLEUVRA UN ENFER SUR VOUS COMME VOUS N’EN AVEZ JAMAIS VU AUPARAVANT ! »
Il a ajouté: «Nous utiliserons une force létale écrasante jusqu'à ce que nous ayons atteint notre objectif.» Le journal The Hill a rapporté, selon une source, que les attaques de samedi étaient le début de «plusieurs jours, voire semaines» d'attaques.
Ce massacre, qui constitue un crime de guerre et un acte criminel d'agression militaire, a été justifié comme une frappe «préventive» en réponse à une déclaration des Houthis du Yémen, la semaine dernière, selon laquelle ils empêcheraient les navires israéliens de traverser la mer Rouge jusqu'à ce qu'Israël mette fin à son blocus de nourriture et d'eau dans la bande de Gaza.
Ni nourriture, ni eau, ni carburant, ni électricité ne sont entrés à Gaza depuis le 2 mars, malgré un «cessez-le-feu» nominal entre Israël et le Hamas. Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les droits de l'homme, Volker Türk, a accusé Israël d'utiliser «la famine comme méthode de guerre, ce qui constitue un crime de guerre».
Israël cherche, avec le soutien des États-Unis, à affamer la population de Gaza, qui comptait 2 millions d'habitants avant le début du génocide, dans le but de procéder au nettoyage ethnique du territoire. Le président américain a déclaré que les États-Unis chercheraient à «posséder» Gaza.
Dimanche, l'armée américaine a mené plus de 40 raids au Yémen, attaquant cinq provinces différentes. Parmi les victimes, on compte au moins cinq enfants et deux femmes, a indiqué le ministère de la Santé des Houthis. La plupart des victimes se trouvaient à Sanaa, où les États-Unis ont affirmé qu'ils tentaient d'assassiner des dirigeants houthis – en soi un crime de guerre.
Michael Waltz, conseiller de Trump en matière de sécurité nationale, a déclaré dimanche à Fox News que les attaques étaient «une réponse écrasante qui visait en fait plusieurs dirigeants houthis et les a éliminés, et la différence ici est, d'une part, de s'en prendre aux dirigeants houthis et, d'autre part, de tenir l'Iran pour responsable».
Ce massacre a été la plus grande action militaire au Moyen-Orient de l'administration Trump à ce jour, et la plus grande attaque américaine au Yémen de ces dernières années. Entre janvier et mai derniers, les États-Unis et le Royaume-Uni avaient mené cinq attaques majeures au Yémen.
Ahmed, père de deux enfants, a déclaré à l'AFP : « Je vis à Sanaa depuis 10 ans, j'ai entendu des bombardements tout au long de la guerre. Par Dieu, je n'ai jamais rien vécu de tel auparavant. »
Abdul Rahman al-Nuerah, un habitant de Sanaa, a déclaré au New York Times que les explosions avaient brisé les fenêtres de sa maison et terrifié ses enfants. «Je les ai immédiatement embrassés et réconfortés.… Les enfants et les mères ont peur et sont encore sous le choc. »
Un habitant qui a été témoin des attaques a déclaré à Reuters: «Les explosions ont été violentes et ont secoué le quartier comme un tremblement de terre.»
En plus des attaques contre les zones résidentielles, les États-Unis ont bombardé une centrale électrique dans la ville de Dahyan, provoquant des pannes d'électricité.
Les autorités américaines ont déclaré que ce massacre était une menace en direction de l'Iran. Les frappes étaient destinées à «faire savoir à l'Iran que trop c'est trop», a déclaré le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth, défenseur public notoire des crimes de guerre américains, lors d'une interview à Fox News.
Hegseth a déclaré que l'attaque américaine contre le Yémen serait «implacable», ajoutant: «Ce n'est pas une affaire d'un soir. Elle se poursuivra jusqu'à ce que vous disiez: “Nous avons fini de tirer sur les navires. Nous avons fini de tirer sur les marchandises”».
« À l'Iran: le soutien aux terroristes houthis doit cesser immédiatement!' a déclaré Trump sur Truth Social, ajoutant: « car l'Amérique vous tiendra pleinement responsable ».
Dans une interview accordée à l'émission «This Week» de la chaîne ABC, Waltz a clairement indiqué que les États-Unis envisageaient de cibler également les forces iraniennes présentes au Yémen. «Nous ne tiendrons pas seulement les Houthis pour responsables, mais nous tiendrons également l'Iran, qui les soutient, pour responsable», a-t-il déclaré. «Leurs formateurs iraniens, le CGRI [Corps des gardiens de la révolution islamique] et d'autres, les renseignements, les autres éléments qu'ils ont mis en place pour aider les Houthis à attaquer l'économie mondiale, ces cibles seront également sur la table ».
Ces attaques pourraient marquer le début d'une nouvelle intervention militaire majeure des États-Unis au Moyen-Orient. Le New York Times rapporte que «certains conseillers en matière de sécurité nationale souhaitent mener une campagne encore plus agressive qui pourrait conduire les Houthis à perdre essentiellement le contrôle de vastes régions du nord du pays».
Le Times rapporte que «le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a fait pression sur M. Trump pour qu'il autorise une opération conjointe États-Unis-Israël visant à détruire les installations d'armes nucléaires de l'Iran, profitant d'un moment où les défenses aériennes de l'Iran sont exposées, après qu'une campagne de bombardement d'Israël en octobre a démantelé des infrastructures militaires essentielles».
Au cours de l'année écoulée, les États-Unis et Israël ont mené une guerre régionale majeure, coordonnée avec le génocide de Gaza, visant le Liban, la Syrie, le Yémen et l'Iran même. Israël a mené deux attaques majeures contre l'Iran, ciblant son infrastructure de défense aérienne et ouvrant potentiellement la porte à une attaque majeure américano-israélienne contre le programme nucléaire iranien.
L'objectif de cette guerre est de créer ce que Netanyahou a appelé le «nouveau Moyen-Orient», un terme inventé pour la première fois par la secrétaire d'État de l'administration Bush, Condoleezza Rice, en 2006.
Alors que les États-Unis poursuivent leur escalade militaire au Moyen-Orient, la situation humanitaire à Gaza se détériore. «Sans qu’une aide ne pénètre dans la bande de Gaza, environ un million d'enfants vivent sans les éléments de base dont ils ont besoin pour survivre, une fois de plus», a déclaré Edouard Beigbeder, porte-parole de l'Agence des Nations unies pour l'enfance.
«Tragiquement, environ 4 000 nouveau-nés n'ont pas accès à des soins vitaux essentiels en raison de l'impact majeur sur les installations médicales de la bande de Gaza», a déclaré Beigbeder. «Chaque jour, sans ces ventilateurs, des vies sont perdues, en particulier parmi les nouveau-nés vulnérables et prématurés du nord de la bande de Gaza. »
Malgré le cessez-le-feu nominal, les forces israéliennes continuent de tuer tous les jours des gens à Gaza. Dans les dernières 24 heures, 29 corps ont été amenés dans les hôpitaux de Gaza et 51 personnes ont été blessées. Ces chiffres portent le nombre de morts confirmés à 48 572, auxquels s'ajoutent 10 000 personnes disparues et probablement ensevelies sous les décombres. Samedi, une attaque de drone israélien a tué neuf personnes, dont huit travailleurs humanitaires.
«C'est avec beaucoup de tristesse et de regret que nous annonçons la mort à Gaza de huit travailleurs humanitaires dévoués de notre équipe. Ils ont été tués en violation du cessez-le-feu convenu lors d'une frappe aérienne menée par un drone», a déclaré Shuaib Yusaf, directeur général de la fondation Al Khair, un groupe humanitaire.
(Article paru en anglais le 17 mars 2025)