Les démocrates, comme les républicains, applaudissent la certification de la victoire de Trump

Le 6 janvier 2025, quatre ans après que Donald Trump a ordonné à une foule de ses partisans de marcher sur le Capitole pour empêcher l'élection de Joe Biden, le Congrès américain a certifié la victoire de Trump en 2024 sur la vice-présidente Kamala Harris. La certification de lundi était le dernier obstacle procédural constitutionnel avant que Trump ne prête serment en tant que 47e président le 20 janvier 2025.

Contrairement à ce qui s'était passé il y a quatre ans, aucun sénateur ou représentant ne s'est opposé à la réélection de Trump, malgré le rôle de premier plan qu'il a joué dans l'orchestration du coup d'État manqué, en étroite collaboration avec la majorité du Parti républicain, des éléments de l'appareil policier, militaire et de renseignement, ainsi que la Cour suprême. Cette fois, au lieu de quelques centaines de policiers et de barricades à vélo, le complexe du Capitole et ses environs étaient plutôt l’expression d’un État policier, avec des clôtures de sécurité de deux mètres de haut érigées autour du Capitole.

À l'intérieur des chambres, la vice-présidente Harris, en sa qualité de présidente du Sénat, a supervisé la certification de lundi aux côtés du président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, récemment réélu. Les deux politiciens ont été vus en train de sourire et de parler avec jovialité tout au long de l'événement. Après la lecture des résultats définitifs du collège électoral par Harris – 312 pour Trump/J.D. Vance, 226 pour Harris/Tim Walz – la salle a éclaté en applaudissements bipartisans, et Harris a chaleureusement serré la main de Johnson.

La vice-présidente Kamala Harris serre la main du président de la Chambre des représentants, Mike Johnson (Louisiane), alors qu'une session conjointe du Congrès se réunit pour confirmer les votes du collège électoral, confirmant la victoire du président élu Donald Trump à l'élection présidentielle, le lundi 6 janvier 2025, au Capitole des États-Unis à Washington. [AP Photo/Matt Rourke]

Avant et après la certification, les principaux membres du Parti démocrate, y compris le président actuel Joe Biden, ont clairement indiqué qu'ils feraient tout ce qui est en leur pouvoir pour assurer une « transition en douceur » pour Trump. Cela inclut non seulement l'abandon de toute référence à la personnalité et aux projets fascistes de Trump, mais aussi la dissimulation du coup d'État lui-même.

Dans un article d'opinion publié dans le Washington Post la veille de la certification, Biden a fait référence à des « insurgés violents » mais a évité de mentionner la personne pour laquelle ils se battaient et qu’ils voulaient maintenir au pouvoir. Dans l'ensemble de l'article, Biden ne mentionne pas une seule fois le nom de Trump, bien qu'il ait joué un rôle de premier plan dans la promotion du « grand mensonge » selon lequel l'élection de 2020 était « truquée » et que les « patriotes » devaient se rendre à Washington DC pour « mettre un terme au vol [de l’élection] » (stop the steal).

Biden a écrit qu'il y avait eu un « effort incessant [...] pour réécrire – voire effacer – l'histoire de ce jour ». Si Trump et les républicains ont effectivement tenté de présenter les événements du 6 janvier comme une simple « manifestation pacifique » qui « a dégénéré », il n'en reste pas moins que le retour de Trump à la Maison-Blanche n'est possible qu'en raison du refus du Parti démocrate de mener des enquêtes criminelles non seulement sur Trump, mais aussi sur ses complices du Parti républicain, de l'appareil policier, militaire et de renseignement et de la Cour suprême elle-même.

Ignorant la réalité du retour à la Maison-Blanche du principal fomenteur de coup d'État et de ses plus fidèles conseillers, Joe Biden a écrit : « Nous devrions être fiers que notre démocratie ait résisté à cet assaut. Et nous devrions nous réjouir de ne pas voir une attaque aussi honteuse se reproduire cette année. »

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Commentant le commentaire « pathétique » de Biden, David North, président du comité de rédaction international du World Socialist Web Site, a fait remarquer que : « L'attaque honteuse ne sera pas répétée parce que l'homme qui a mené l'assaut du 6 janvier aura son investiture. »

S'adressant aux journalistes dimanche, Biden a présenté la menace d'une dictature comme appartenant au passé. Se référant à Trump, il a déclaré : « Je pense que ce qu'il a fait est une véritable menace pour la démocratie. J'espère que nous avons dépassé ce stade. »

La tribune de Biden a ouvert la voie à une nouvelle prosternation des démocrates lundi. Les principaux démocrates ont présenté leur volonté de réécrire l'histoire et d'acquiescer à Trump comme la preuve que la menace fasciste était passée. Cherchant à chloroformer le public à la menace imminente de la dictature, le chef de la minorité du Sénat, Chuck Schumer, a refusé de nommer Trump ou de reconnaître son rôle dans l'attaque au cours d'un discours de 10 minutes devant la session conjointe.

Au lieu de cela, Schumer a rejeté la responsabilité de l'attentat sur des « émeutiers » et des « insurgés » amorphes, animés du « négationnisme de l’élection ». Il a fallu plus de huit minutes à Schumer pour reconnaître que certains républicains avaient « tenté de renverser l'élection ».

Cherchant à présenter le 6 janvier comme un moment d'unité, Schumer a affirmé que l'insurrection avait échoué non pas en raison de l'inexpérience de la foule violente, mais parce que « les démocrates et les républicains étaient unis au milieu de la tempête de l'anarchie totale et déterminés à terminer le travail de certification de l'élection ». Il a ajouté que le 6 janvier était un « moment historique de bipartisme où les deux camps se sont unis pour protéger notre démocratie ».

Selon Schumer, le coup d'État manqué n'était pas l'expression de la désintégration de la démocratie américaine, mais simplement un « négationnisme de l’élection » qui s'est emballé. Il a déclaré :

Je mentionne le 6 janvier pour avertir cette génération et les générations futures des immenses dangers qui surgissent lorsque le négationnisme de l’élection est toléré, excusé et propagé. Nous ne pourrons plus jamais tolérer un tel niveau de négationnisme de l’élection : ni de la part des républicains, ni de la part des démocrates, ni de la part de quiconque. Et nous donnons l'exemple aujourd'hui.

En réalité, une majorité de républicains de la Chambre des représentants a voté contre la certification de l'élection après l'attentat et a refusé de mettre Trump en accusation moins d'un mois plus tard dans le cadre d'un procès biaisé. Trump a continué à affirmer que l'élection de 2020 avait été volée, a fait l'éloge des centaines de miliciens d'extrême droite qui ont pris d'assaut le Capitole en son nom et a promis de gracier des centaines, voire plus d'un millier, de fantassins de bas niveau qui, selon lui, ont été maltraités par un système judiciaire partial à l'encontre des républicains.

La seule fois où Schumer a fait directement référence à Trump, c'est lorsqu'il a brièvement critiqué « le président » pour avoir « envisagé de gracier ces émeutiers qui ont enfreint la loi [et] attaqué nos policiers le 6 janvier. Gracier les criminels qui ont agressé des policiers et tenté d'interrompre le processus démocratique reviendrait à cautionner dangereusement la violence politique ».

Schumer, ardent défenseur du génocide israélien soutenu par les États-Unis à Gaza, a ajouté :

Cela enverrait un message au pays et au monde que ceux qui utilisent la force pour arriver à leurs fins ne seront pas punis. C'est une erreur, c'est imprudent et ce serait une insulte à la mémoire de ceux qui sont morts ce jour-là.

Alors même que les démocrates déroulent le tapis rouge pour Trump, le président élu a fulminé sur son site de médias sociaux lundi que Biden « faisait tout son possible pour rendre la TRANSITION aussi difficile que possible, allant d'une guerre juridique comme on n'en a jamais vu auparavant à des décrets coûteux et ridicules sur la nouvelle arnaque verte et d'autres canulars qui gaspillent de l'argent ».

La réponse aplaventriste des démocrates au retour de Trump souligne que la résistance à la domination de l'oligarchie ne viendra pas de l'un ou l'autre des partis de la grande entreprise. Immédiatement après le coup d'État manqué d'il y a quatre ans, le WSWS a averti que le danger pour les droits démocratiques « n'est pas passé ». Nous écrivions :

Il est essentiel de construire un réseau de comités de base dans les usines et les lieux de travail, capables d'organiser une large résistance populaire par la mobilisation de toutes les sections de la classe ouvrière.

Avant tout, les travailleurs doivent comprendre que la désintégration de la démocratie américaine procède de la crise du capitalisme. Dans une société déchirée par des inégalités sociales stupéfiantes, il est impossible de préserver la démocratie.

Alors, comme aujourd'hui, nous appelons nos lecteurs à : « Entrer dans la lutte pour le socialisme et la défense des droits démocratiques en adhérant au Parti de l'égalité socialiste. »

(Article paru en anglais le 7 janvier 2025)

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