Le Socialist Equality Party (SEP, Parti de l'égalité socialiste) a tenu son septième congrès national du 29 novembre au 2 décembre 2024.

Le congrès a adopté à l’unanimité deux résolutions, «La guerre, la lutte des classes et les tâches du Parti de l’égalité socialiste» et «Libérons Bogdan Syrotiuk!», après de longues et passionnantes discussions entre les membres du parti, depuis les plus anciens, âgés de 80 et 90 ans et comptant des décennies d’expérience dans le mouvement socialiste, jusqu’aux plus récents, âgés d’une vingtaine d’années. Tous se sont exprimés mettant à profit leur expérience des deux dernières années d’activité politique intense et de formation théorique.

D’importantes délégations du mouvement trotskyste international dont le SEP est une section – le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) – ont participé au congrès et y ont apporté de précieuses contributions. Des salutations ont été transmises au nom des sections du CIQI des États-Unis, du Canada, de France, d’Allemagne, du Sri Lanka et d’Australie, ainsi que des groupes sympathisants du Brésil, de Turquie et de Nouvelle-Zélande.

Chris Marsden a été réélu secrétaire national du parti, Thomas Scripps secrétaire national adjoint et Robert Stevens rédacteur en chefnational du World Socialist Web Site.

Marsden a ouvert le congrès par un hommage et une minute de silence pour Wolfgang Weber, décédé le 16 novembre à l'âge de 75 ans. Wolfgang, une figure dirigeante du Parti de l’égalité socialiste en Allemagne, et de son précurseur, la Ligue des travailleurs socialistes, a participé activement au mouvement trotskyste pendant plus d'un demi-siècle.

«Nos cadres sont unis par leur haine de la souffrance humaine, de l’oppression, leur désir ardent de changer le monde pour le rendre meilleur, leur volonté de se battre pour cela quel qu’en soit le prix personnel, et leur compréhension du fait que le parti est le seul mécanisme pour la réalisation de ces objectifs», a déclaré Marsden. «Wolfgang était ce genre d’homme et il a consacré toute sa vie d’adulte et sa grande intelligence à la cause du socialisme.»

Son exemple de lutte révolutionnaire fondée sur des principes et sur les leçons de l’histoire formait une partie vivante du Congrès, à laquelle se sont référé les délégués du SEP au Royaume-Uni et à l’international.

Le rapport d'ouverture de Marsden a abordé le danger imminent d'une troisième guerre mondiale, la montée de l'extrême droite, les implications de l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis pour la politique mondiale et l'offensive réactionnaire préparée par un gouvernement travailliste droitier et belliciste.

«Nous devons le dire clairement, a-t-il résumé, nous sommes en terrain inconnu et aucune des anciennes méthodes de lutte ne suffira. La compréhension de ce fait par la classe ouvrière déterminera la suite. Cela commence et se termine par la formation de nos cadres et l’assimilation complète de notre analyse et de sa confirmation.»

Il a cité les remarques faites par le président du WSWS, David North, lors d'un récent webinaire :

Il y a de très nombreuses raisons de croire que nous en arrivons maintenant au point culminant de ce que Trotsky appelait l'agonie du capitalisme. Soit on en finit définitivement avec le système capitaliste, soit il détruira la civilisation humaine. C'est ainsi que se posent les questions politiques aujourd'hui. La question centrale est donc aujourd'hui le développement de ce mouvement mondial, la renaissance d'un véritable mouvement socialiste dans la classe ouvrière. Et lorsque nous disons que le trotskysme est le marxisme du XXIe siècle, ce que nous voulons dire, c'est que le trotskysme, le mouvement trotskyste, est l'incarnation, ou toutes les leçons historiques du siècle passé sont ancrées dans le mouvement trotskyste.

Dans son introduction à la résolution principale, Scripps a noté qu’au cours des deux années écoulées depuis le dernier congrès, «la classe ouvrière et les jeunes ont été poussés par leur situation socio-économique et leur réponse aux développements internationaux, jusqu’aux limites de leur propre organisation et compréhension politiques actuelles ».

Il a poursuivi ainsi: «Il est indéniable que la classe ouvrière, en Grande-Bretagne et dans le monde, est confrontée de plus en plus intensément à la réalité brutale du capitalisme contemporain. Mais ce contexte ne fait que poser les questions auxquelles le parti révolutionnaire doit répondre.»

Ces rapports d'ouverture seront publiés ultérieurement. La résolution principale a été publiée aujourd'hui et peut être lue ici [en anglais].

Au Congrès, une attention particulière a été portée au travail de construction de l’Alliance ouvrière internationale des comités de base, à la défense de l’héritage du trotskysme et à la présentation de sa perspective politique essentielle aux travailleurs et aux jeunes radicalisés par le rapide développement de la crise du capitalisme.

Tony Robson, membre du comité national du SEP, a expliqué la nature du travail du SEP pour aider à la création de comités de base: «La question est de savoir comment nous pouvons faire avancer les secteurs de la classe ouvrière qui cherchent un moyen de lutter. La lutte pour créer un comité de base comme centre d'opposition à la bureaucratie signifie que les travailleurs doivent comprendre qu'ils ne sont pas confrontés à une lutte syndicale.»

«Nous formulons des revendications que les travailleurs reconnaissent comme non négociables. Elles sont empreintes d’une perspective qui relie les luttes défensives pour l’emploi et les conditions de travail à la question du contrôle ouvrier et à une réorganisation socialiste de la société.»

De nombreux délégués ont évoqué les récentes attaques contre le mouvement trotskyste, rédigées par John Kelly (The Twilight of World Trotskyism) et Aidan Beatty (The Party is Always Right), que la résolution identifie comme la dernière d’une série d’efforts «pour couper les étudiants et les jeunes des traditions révolutionnaires avec lesquelles ils doivent se familiariser». Les membres du SEP ont puissamment articulé ces traditions, justifiant l’accent renouvelé que le CIQI a mis sur l’étude de sa propre histoire avec sa série de conférences de l’École d’été américaine de 2023.

La contribution la plus marquante est venue de Barbara Slaughter, qui était membre active de la Socialist Labour League et du Workers Revolutionary Party, les prédécesseurs du SEP. Elle expliqua comment «dans les années 1950 et 1960, lorsque le mouvement trotskyste était décimé par la tendance contre-révolutionnaire du révisionnisme pabliste, Gerry Healy [le dirigeant de la Socialist Labour League] s’est battu contre vents et marées pour la continuité de la Quatrième Internationale.

«Quand, en 1963, le Socialist Workers Party [en Amérique, dirigé par James P. Cannon] rejoignit les pablistes au sein du Secrétariat unifié, la Socialist Labour League se retrouva seule sur la scène mondiale, incarnant dans sa lutte toutes les leçons de l’histoire du mouvement révolutionnaire remontant à la révolution bolchevique de 1917 et au-delà.»

Les Partis de l’égalité socialiste luttent au niveau international pour la libération de notre camarade ukrainien Bogdan Syrotiuk depuis son emprisonnement par le régime de Volodymyr Zelensky pour le crime d’avoir lutté pour unifier les travailleurs ukrainiens et russes dans une lutte socialiste contre la guerre OTAN-Russie. Les délégués au Congrès se sont engagés à redoubler d’efforts en adoptant la résolution «Libérez Bogdan Syrotiuk! »

Scripps a expliqué que «Bogdan est une cible de la dictature d’extrême droite qui atteint chaque jour de nouveaux degrés d’autoritarisme et de cruauté pour faire respecter les exigences de l’oligarchie ukrainienne et surtout de la classe dirigeante impérialiste. Mais bien sûr, il est beaucoup plus que cela. Il représente non seulement une opposition générale à la guerre, mais aussi un programme socialiste pour y mettre fin.» Il représentait la «renaissance des traditions authentiques du marxisme international, les traditions du trotskysme, au sein des anciennes républiques de l’Union soviétique.»

En conclusion, Marsden a observé: «Le gouffre politique entre nous et la pseudo-gauche, mis en évidence dans notre projet de résolution et dans les contributions de nos camarades ici et surtout à l’international, devient de plus en plus apparent. Et nous examinons ici la base objective du réalignement de la classe ouvrière sur l’axe du marxisme révolutionnaire, de l’internationalisme socialiste – en bref, du triomphe politique du véritable trotskysme.»

Nous encourageons nos lecteurs à étudier les résolutions publiées et les rapports présentés au congrès et à prendre la décision d’adhérer au SEP.