Le gouvernement Biden promet une «augmentation massive» des livraisons d’armes à l'Ukraine

Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré dimanche que le gouvernement sortant de Joe Biden prévoit une «augmentation massive» des armes destinées à l'Ukraine au cours des sept semaines précédant l'entrée en fonction du prochain gouvernement.

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, s'exprime mardi 1er octobre 2024 lors d'un point de presse à la Maison-Blanche à Washington. [AP Photo/Mark Schiefelbei]

«Le président Biden m'a demandé de superviser une augmentation massive de l'équipement militaire que nous livrons à l'Ukraine afin que nous ayons dépensé chaque dollar que le Congrès nous a alloué avant que le président Biden ne quitte ses fonctions», a déclaré Sullivan dimanche lors de l'émission This Week sur ABC.

« Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pendant ces 50 jours pour donner à l'Ukraine tous les outils possibles pour renforcer sa position sur le champ de bataille », a-t-il ajouté.

Le gouvernement Biden a considérablement amplifié l'intervention militaire directe des États-Unis dans la guerre en Ukraine depuis l'élection présidentielle du 5 novembre 2024.

Le 9 novembre, il a autorisé le déploiement de sous-traitants militaires américains en Ukraine pour entretenir des armes avancées, telles que les chars, les avions de chasse et les armes à longue portée.

Une semaine plus tard, le 17 novembre, Biden a autorisé l'Ukraine à utiliser des missiles à longue portée ATACMS fabriqués aux États-Unis pour frapper la Russie en profondeur. Plus tard dans la semaine, le Royaume-Uni a fait de même avec ses missiles de croisière Storm Shadow. Les deux systèmes d'armes ont été utilisés pour frapper la Russie au cœur de son territoire dans les jours qui ont suivi l'annonce.

Le 19 novembre, Biden a autorisé la fourniture de mines terrestres antipersonnel à l'Ukraine, une arme interdite par de nombreux traités internationaux en raison de sa propension à tuer des civils, en particulier des enfants, longtemps après la fin d'un conflit.

Le 21 novembre, le New York Times a rapporté que le gouvernement Biden discute de la possibilité de permettre à l'Ukraine de déployer des armes nucléaires. Le Times a écrit que «plusieurs responsables ont même suggéré que M. Biden pourrait permettre à l'Ukraine de disposer à nouveau d'armes nucléaires, comme elle le faisait avant la chute de l'Union soviétique. « Ce serait un moyen de dissuasion instantané et énorme. Mais une telle mesure serait compliquée et aurait de graves implications ».

Cet article a suscité une réponse de l'ancien président russe Dimitri Medvedev, qui a averti: «Les politiciens et les journalistes américains discutent sérieusement des conséquences du transfert d'armes nucléaires à Kiev.»

Medvedev a déclaré que «la menace même de transférer des armes nucléaires au régime de Kiev peut être considérée comme la préparation d’un conflit nucléaire avec la Russie», ajoutant que «le transfert réel de telles armes peut être assimilé à un acte d'attaque accompli contre notre pays».

Dans son interview sur ABC dimanche, Sullivan a été invité à répondre directement à l'article du Times, longuement cité par le modérateur Jonathan Karl. Sullivan a nié les affirmations du Times, disant: «Cela n'est pas envisagé. Ce que nous faisons, c'est fournir à l'Ukraine diverses capacités conventionnelles afin qu'elle puisse se défendre efficacement et affronter les Russes, et non des capacités nucléaires».

Il convient de noter que chaque acte d'escalade entrepris par le gouvernement Biden contre la Russie, comme l'envoi de chars Abrams, de F-16 et d'armes à longue portée, a été précédée d'un déni tout aussi catégorique de sa part.

En 2023, le World Socialist Web Site posait la question rhétorique suivante: «Les armes nucléaires sont-elles la prochaine ligne rouge que l'OTAN franchira en Ukraine?», mettant en garde contre «le déploiement ou même l'utilisation d'armes nucléaires tactiques par l'OTAN pour empêcher une victoire de la Russie dans le conflit».

Il est de plus en plus évident que la situation dans laquelle se trouvent les forces armées ukrainiennes est désespérée, les forces russes progressant sur tous les fronts.

Dans un de ses derniers articles sur la guerre, le New York Times rapporte que «les troupes russes dans l'est de l'Ukraine se sont emparées d'au moins 10 villages et colonies en autant de jours». Il ajoute: « La situation semble particulièrement précaire pour les forces ukrainiennes à Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, où les forces russes se rapprochent de leurs deux derniers bastions dans la partie sud de la région... La chute des bastions de Kourakhove et de Velyka Novosilka pourrait ouvrir la voie à une prise de contrôle de la région par la Russie ».

Le Times cite ainsi Andrii Biletskyi, le commandant de la troisième brigade d'assaut ukrainienne: «Il s'agit en effet de la situation la plus difficile en près de trois ans de guerre».

Le Financial Times, quant à lui, a souligné une augmentation massive des désertions, notant que «plus de soldats ukrainiens ont déserté au cours des 10 premiers mois de cette année qu'au cours des deux années précédentes de la guerre, mettant en évidence la lutte de Kiev pour reconstituer ses rangs de première ligne alors que la Russie capture plus de territoire dans l'est de l'Ukraine».

Il poursuit ainsi: «Dans un cas particulièrement marquant, à la fin du mois d'octobre, des centaines [de soldats] d’infanterie servant dans la brigade 123 de l'Ukraine ont abandonné leurs positions dans la ville de Vuhledar, dans l'est du pays. Ils sont rentrés chez eux dans la région de Mykolaïev, où certains ont organisé une rare manifestation publique ».

En réponse à l'opposition croissante à la guerre en Ukraine, le gouvernement Biden exige que le gouvernement ukrainien abaisse l'âge du recrutement de 25 à 18 ans, envoyant ainsi un nombre incalculable de jeunes Ukrainiens à la mort.

Un haut responsable américain a déclaré au Financial Times: «La vérité simple est que l'Ukraine ne mobilise pas ou ne forme pas actuellement suffisamment de soldats pour remplacer ses pertes sur le champ de bataille tout en suivant le rythme de la croissance de l'armée russe.»

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a nié que son gouvernement envisageait d'abaisser l'âge du recrutement, déclarant: «Qu'il n'y ait pas de spéculation, notre État ne se prépare pas à abaisser l'âge de la mobilisation.»

Le gouvernement Biden fait tout en son pouvoir pour créer des «faits sur le terrain» qui garantissent que l'escalade de la guerre se poursuivra après qu’il aura quitté ses fonctions.

« Le 21 janvier, la guerre en Ukraine ne va pas simplement disparaître », a déclaré Sullivan à Karl lors de son interview de dimanche.

Pour sa part, l'équipe de transition de Trump s’est fait un devoir d’adopter l'escalade de la guerre menée par le gouvernement Biden. «Nos adversaires qui pensent qu'il s'agit d'une occasion à saisir, qu'ils peuvent monter un gouvernement contre l'autre, se trompent», a déclaré la semaine dernière Mike Waltz, nommé par Trump au poste de conseiller à la sécurité nationale.

« Nous sommes main dans la main, a ajouté Waltz, nous formons une seule équipe avec les États-Unis dans cette transition.»

(Article paru en anglais le 2 décembre 2024)

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