Perspective

Mobilisons les travailleurs pour faire chuter Barnier et Macron!

Le gouvernement minoritaire de Michel Barnier est au bord de l'effondrement. Son incapacité à faire adopter le budget, qui saccage les dépenses sociales pour détourner des dizaines de milliards vers l'armée et la police, souligne son manque flagrant de légitimité démocratique. Selon un sondage Elabe publié hier, une majorité de Français souhaite sa chute, et les deux-tiers veulent que Macron démissionne.

Le Premier ministre français Michel Barnier participe à la cérémonie de passation de pouvoir, jeudi 5 septembre 2024 à Paris. [AP Photo/Stephane de Sakutin]

La force à mobiliser contre le régime Macron-Barnier est la classe ouvrière. Il existe une opposition populaire écrasante à leurs politiques d'austérité, de guerre avec la Russie et de soutien au génocide israélien à Gaza. Cette opposition doit s'exprimer dans la préparation et le lancement d'un mouvement de grèves et de manifestations pour faire chuter Barnier et Macron.

Les travailleurs et les jeunes ne peuvent pas laisser l'organisation d'une telle lutte au Nouveau Front Populaire (NFP) de Jean-Luc Mélenchon et aux bureaucraties syndicales. Ayant permis à Macron d’installer le gouvernement Barnier après les élections du 7 juillet, le NFP menace de faire chuter Barnier par un vote de censure à l'Assemblée. Depuis que le RN d'extrême-droite de Marine Le Pen a changé de position pour s'opposer à Barnier cette semaine, la censure pourrait être votée et faire chuter Barnier la semaine prochaine.

Mélenchon endort les masses et ne les prépare pas à la situation qu’entraînerait la chute de Barnier. Il ne mobilise pas ses électeurs contre les bombardements de la Russie par l'OTAN, ni contre les projets d'intervention au sol en Ukraine. Il n'avertit pas non plus que le programme fasciste de Trump de guerre commerciale, de déportation de millions d'immigrés et d'attaques sociales est une déclaration d’une guerre mondiale de classe aux travailleurs.

Au lieu d'initier une contre-offensive ouvrière, Mélenchon prétend que la chute de Barnier résoudra ces questions sur une base nationale, via la paix avec la Russie et un gouvernement soutenu par le parti de Mélenchon, la France insoumise (LFI). Il prétend que Barnier chutera lors du débat final sur le budget à l'Assemblée. Mais il n'offre que la perspective de soutenir Lucie Castets, une obscure bureaucrate du Ministère des Finances soutenue par la LFI, en tant que premier ministre:

Le gouvernement de Michel Barnier va tomber entre le 15 et le 21 décembre. Jusqu'à ce que le chef de l'État décide de s'en aller, il faudra choisir un nouveau chef de gouvernement. Pour LFI, Lucie Castets est et reste toujours notre candidate à ce poste.

Mélenchon prétend aussi la décision de Washington et de Londres de donner à l’Ukraine des missiles pour bombarder la Russie va contrecarrer des pourparlers de paix imminents:

Deux missiles tirés vers la profondeur de la Russie. Interceptés. Un grand pas vers la guerre totale. Stratégie absurde et criminelle de Biden à la veille de l'ouverture des discussions de paix entre Ukraine et Russie. Les partisans de cette folie sont-ils prêts à recevoir la réplique ? Le tir russe sur l'Ukraine ouvre l'escalade.

Ces prédictions parlementaires nationales sont simplistes et irréalistes. Le NFP soutient Castets, mais il n’a pas de majorité à l'Assemblée; les députés pro-Macron ou RN peuvent s'unir pour bloquer Castets maintenant, comme ils l'ont fait cet été. Et l'OTAN ne prépare pas la paix avec la Russie. Trump s'est abstenu de critiquer les bombardements par Biden de la Russie, et Londres et Paris se préparent à envoyer des troupes au sol en Ukraine.

Les politiques réactionnaires et stupides de Mélenchon mènent au désastre. Cette année, il a formé le NFP avec le PS bourgeois, le PCF stalinien, les Verts et le NPA pabliste petit-bourgeois. Dans le programme du NFP, Mélenchon a accepté de soutenir l'envoi de «casques bleus» français en Ukraine, le renforcement de la gendarmerie et du renseignement, et de jeter ses critiques du génocide de Gaza «à la rivière », comme il l’a dit, pour obtenir le soutien du PS.

Pendant ces élections, des centaines de candidats LFI se sont désistés pour soutenir des candidats PS ou pro-Macron, arguant que l'alliance Macron-NFP ferait barrage à l'extrême droite.

Cette subordination des travailleurs au président des riches a produit tout le contraire. Mélenchon a tourné le dos aux 91 pour cent de Français hostiles à la réforme des retraites que Macron a imposée l'année dernière, passant en force contre des grèves, afin de financer l'armée, et à une majorité similaire qui s'oppose à une guerre totale avec la Russie. Son parti a contribué à faire élire des centaines de législateurs pro-Macron ou PS.

Macron a ensuite rompu son alliance avec Mélenchon après les élections, installant Barnier alors que le NFP avait le plus grand nombre de voix. Sans majorité parlementaire pour Barnier, Macron s'est allié au RN, qui a d’abord accepté de ne pas voter contre Barnier. Le NFP a organisé une manifestation de masse en septembre pour protester contre cette parodie de démocratie pour ensuite se rendre à Macron, Barnier et Le Pen.

A présente, l'élection de Trump et l'escalade militaire entraînent une restructuration draconienne de la politique européenne. Le gouvernement allemand est tombé le lendemain de la victoire de Trump. Ce dernier a nommé le milliardaire Elon Musk à la tête d'un bureau chargé de réduire les dépenses de l'État de 2.000 milliards de dollars. Alors que les plans sociaux se multiplient en Europe, les marchés spéculent sur la dette française, craignant que Barnier ne puisse pas faire passer un budget ou rembourser la dette de 3.000 milliards d'euros.

Cela pose des questions brûlantes à l'impérialisme français, qui veut des centaines de milliards d'euros de plus pour la guerre et les banques. Il sait que, si les appareils syndicaux ont mis fin aux grèves de masse contre la réforme des retraites en 2023, il est confronté à une opposition explosive. Peut-il restructurer la politique française et créer les conditions pour, par exemple, nommer Bernard Arnault à la tête d'un bureau d'État comme celui de Musk en Amérique, chargé de détruire les retraites et les soins médicaux ?

Cette semaine, alors que les milieux dirigeants débattaient ces questions, Le Pen a retiré son soutien à Barnier et menacé de voter avec le NFP pour le faire chuter. Les travailleurs ne peuvent accorder aucune confiance à ces manœuvres. Le Pen ne met pas en place une renaissance de la démocratie et de la paix. La bourgeoisie européenne prépare la confrontation la plus explosive avec la classe ouvrière depuis la dernière guerre mondiale, il y a 80 ans, pendant laquelle les ancêtres politiques de Le Pen ont collaboré avec la domination nazie sur l'Europe.

Il n'y a qu'une seule politique viable pour les travailleurs dans une telle situation. C’est bâtir dans la classe ouvrière européenne et internationale un mouvement de lutte dure contre la guerre impérialiste, le fascisme, le génocide et l'oligarchie capitaliste. Un tel mouvement nécessite la construction d'organisations de la base, indépendamment des appareils syndicaux. Les politiques nationales stupides des bureaucraties ne doivent pas étouffer les luttes ouvrières.

Les travailleurs doivent rejeter l’austérité et les plans sociaux justifiés par la guerre ou la dette. Cette dernière a été accumulée en grande partie via des «plans de relance» accordant des milliers de milliards d’euros en fonds publics aux banques et aux grandes sociétés. Il faut saisir les fonds de banques et de financiers qui spéculent sur la dette pour imposer la guerre et les attaques sociales à la population, et nationaliser les entreprises qu’ils dirigent sous contrôle ouvrier.

Un tel mouvement ne peut être construit que sur la base d'une perspective de transfert du pouvoir aux organisations de lutte des travailleurs et de remplacement de l'ordre capitaliste en faillite par le socialisme, en Europe et à l’international.

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