L’opération déportation de Trump pourrait toucher plus de 13 millions de personnes dont des millions de familles de «statut mixte»

La nouvelle administration Trump et la cabale de fascistes et de fanatiques farouchement anti-immigrés que Trump a choisis pour les postes les plus importants de son cabinet, et d’autres postes gouvernementaux, planifient ce que le «tsar des frontières» de Trump, Tom Homan, a appelé «une massive opération de déportation».

Le gouverneur du Texas Greg Abbott montre une photo à l'ancien président Donald Trump lors d'un briefing à Shelby Park, à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, le jeudi 29 février 2024, à Eagle Pass (Texas). [AP Photo/Eric Gay]

Trump et son vice-président élu, JD Vance, ont évoqué l'idée d'expulser 15 à 20 millions de personnes, Trump allant même jusqu'à 22 millions. Dans de nombreuses interviews, Vance a affirmé que le gouvernement envisagerait d'expulser jusqu'à 1 million de personnes par an, plus du double du précédent record de 435 000 personnes expulsées en 2013 par le président d’alors, Barack Obama.

Le mois dernier, l’American Immigration Council (AIC), une organisation pro-immigrés, a mené une étude majeure sur le coût social et économique dévastateur de la «force de déportation » proposée par Trump.

L’organisation a noté, citant des statistiques du ministère de la Sécurité intérieure, qu’en 2022, il y avait aux États-Unis environ 11 millions de personnes sans statut juridique permanent et qui risquaient d’être expulsées. Cela comprend les demandeurs d’asile, les Dreamers (immigrants amenés aux États-Unis alors qu’ils étaient enfants), les réfugiés et les personnes bénéficiant d’un statut de protection temporaire, comme les quelque 12 000 à 15 000 immigrants haïtiens de Springfield (Ohio).

Les 11 millions de personnes vivant et travaillant «illégalement» aux États-Unis représentent environ 5 pour cent de l’ensemble de la main-d’œuvre civile. Bien qu’il y ait des personnes sans papiers dans chaque État américain, environ la moitié (47 pour cent) du total réside en Californie, au Texas et en Floride.

Une enquête menée en 2016 par le Pew Research Center a révélé que les «immigrants clandestins» représentaient 17 pour cent de la main-d’œuvre du secteur agricole américain et 13 pour cent de la main-d’œuvre dans le secteur du bâtiment.

Cette même enquête a révélé que dans les secteurs des affaires et des services, qui comprennent les services juridiques, la gestion des déchets, la publicité, l’aménagement paysager, le nettoyage à sec, les salons de manucure et les lave-autos, les immigrants non citoyens représentaient 22 pour cent de la main-d’œuvre en 2014.

L’AIC a constaté que si l’administration Trump décidait de commencer à déporter ces immigrés, près de 4 millions de familles à statut mixte (comptant au moins une personne sans papiers) pourraient se trouver séparées. Cela affecterait environ 8,5 millions de citoyens américains, dont 5,1 millions d’enfants américains qui vivent actuellement avec un membre de la famille sans papiers qui, dans de nombreux cas, est leur principale source de revenus.

Dans son étude, l’AIC note que les immigrés travaillent dans toutes les industries américaines et que, sans leur travail, le produit intérieur brut américain chuterait de 4,2 à 6,8 pour cent. Bien que n’étant pas éligibles à la Sécurité sociale et à d’autres services sociaux gouvernementaux, les ménages sans papiers ont payé 46,8 milliards de dollars d’impôts nationaux en 2022, de même que 29,3 milliards de dollars d’impôts dans les États et les municipalités. Les immigrants sans statut juridique ont également contribué à hauteur de 22,6 milliards de dollars à la Sécurité sociale et de 5,7 milliards de dollars à Medicare [assurance maladie].

L’AIC a fait ce qu’elle a appelé une «estimation très prudente» : mener une «opération ponctuelle d’expulsion massive» visant quelque 13,3 millions de personnes sans statut juridique permanent coûterait « au moins 315 milliards de dollars». Elle souligne que ce chiffre «ne prend pas en compte les coûts à long terme d’une opération de déportation massive et prolongée ni les coûts supplémentaires incalculables nécessaires pour acquérir la capacité institutionnelle d’expulser plus de 13 millions de personnes en peu de temps – incalculables car il n’existe tout simplement aucune réalité où une telle opération singulière soit possible ».

Le groupe souligne que pour mener à bien une opération policière de cette ampleur, il faudrait «procéder à des détentions massives comme mesure provisoire». Et bien que les États-Unis disposent d’un complexe carcéral industriel tentaculaire qui incarcère environ une personne sur 185 dans le pays, soit le cinquième taux le plus élevé au monde, la population totale est d’environ 1,9 million de personnes. Autrement dit, l’AIC estime que la capacité de détention de l’ICE [service d’immigration] devrait créer «24 fois plus de capacité de détention que celle qui existe actuellement».

Il estime que pour expulser un million de personnes par an, même en supposant que 20 pour cent de la population quitterait le pays de sa « propre initiative », sous la pression d’un régime policier, le coût du maintien de l’opération jusqu’à son terme serait d’un peu moins de 1000 milliards de dollars et coûterait environ 88 milliards de dollars par an pendant plus d’une décennie.

Outre le facteur économique, certains secteurs de la classe dirigeante craignent que l’opération déportation de Trump ne provoque une réaction massive de la classe ouvrière. Il n’y a aucune raison de croire que des millions de personnes, dont les étudiants et les travailleurs, resteront les bras croisés pendant que leurs amis, familles et collègues sont menottés et emmenés de force hors des écoles, des lieux de travail et des maisons pour être arrêtés et expulsés.

Les alliés de Trump poursuivent leur campagne anti-immigrés à l'approche de son investiture. Mardi, le gouverneur du Texas Greg Abbott a publié une vidéo sur son compte X montrant de nouvelles ‘bouées de mort’ déployées sur le Rio Grande pour dissuader, blesser et tuer les immigrants.

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Abbott déploie illégalement des troupes de la Garde nationale le long du Rio Grande depuis plus d’un an, usurpant ainsi directement l’autorité fédérale. L’administration Biden a déposé une plainte en justice au début de cette année, qui a été rejetée par la Cour d’appel conservatrice du cinquième circuit. Depuis, elle a abandonné l’affaire et Abbott continue de militariser la frontière entre le Texas et le Mexique.

Chacune des bouées est une sphère de 1,20 m qui tourne indépendamment, empêchant quiconque de grimper dessus. Entre chaque sphère se trouve une lame de scie en métal qui peut facilement couper la peau humaine et provoquer un traumatisme massif. Les bouées sont fixées ensemble par de lourds câbles métalliques et ancrées en place par des blocs de béton. Afin d'empêcher quiconque de nager sous les bouées, une clôture grillagée est installée sous l'eau entre les blocs de béton et les câbles métalliques.

Les attaques préparées par Trump et celles menées actuellement par l’administration Biden-Harris sont une attaque des droits démocratiques de toute la classe ouvrière internationale. La solution aux inégalités capitalistes ne réside pas dans les expulsions massives et le protectionnisme par le biais de tarifs douaniers. Elle se trouve dans la propriété sociale des forces productrices et dans l’élimination du système des États-nations par la création d’une économie scientifiquement planifiée et intégrée à l’échelle mondiale.

Cela nécessite la mobilisation indépendante de la classe ouvrière contre les grands partis des Affaires et contre le système capitaliste.

(Article paru en anglais le 26 novembre 2024)

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