L'armée ukrainienne bat en retraite alors que l'élection de Trump sème le doute sur la guerre en Ukraine

L'armée ukrainienne subit des revers majeurs alors que l'incertitude grandit quant à la politique qu’adoptera une nouvelle administration Trump à l'égard de l'Ukraine.

Sur cette photo tirée d'une vidéo diffusée par le service de presse du ministère russe de la Défense le mercredi 30 octobre 2024, des soldats russes tirent avec un canon de 152 mm Giatsint-B sur un lieu non divulgué en Ukraine. [AP Photo/Russian Defense Ministry Press Service]

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué Trump, affirmant que sa victoire permettrait une intervention intensifiée de l'OTAN contre la Russie en Ukraine: «Félicitations à Donald Trump pour son impressionnante victoire électorale! Je me rappelle notre grande rencontre avec le président Trump en septembre, nous avons discuté en détail du partenariat stratégique Ukraine-USA, du plan de victoire et des moyens de mettre fin à l'agression russe contre l'Ukraine.»

Mais ni le « plan de la victoire » de Zelensky ni « l'art de l'accord » de Trump ne résoudront la catastrophe de la guerre en Ukraine. L'OTAN mène pas une guerre pour défendre la démocratie ukrainienne contre un ennemi russe agressif mais inepte, comme l'affirment les pays impérialistes de l'OTAN, mais utilisait les Ukrainiens comme chair à canon dans une tentative ratée d'écraser la Russie. Il est difficile, même pour les médias impérialistes, de cacher totalement que l'Ukraine n'a pas été libérée mais brisée, et que l'opposition à la guerre monte parmi les travailleurs ukrainiens.

Partout les forces ukrainiennes battent en retraite. En octobre, les troupes russes ont pris Vuhledar, une ville au sud-est de Donetsk, et ont menacé Toretsk et Pokrovsk. Selon les analystes militaires occidentaux, Pokrovsk, un centre logistique clé, est le dernier obstacle majeur à une marche russe sur Dnipro et le fleuve Dniepr, qui coupe l'Ukraine en deux. Si les troupes russes progressaient le long de cette ligne, cela pourrait forcer l'armée ukrainienne à se retirer de tout le sud-est de l'Ukraine.

Le site d’analyse militaire La Vigie a déclaré:

Les progressions entre Advidka et Pokrovsk, à Toretsk ou le contournement de Vouhledar interviennent au terme d’un effort conséquent de plusieurs mois, dans des zones très valorisées et défendues avec acharnement par les adversaires. L’apparente résignation actuelle des FAU contraste d’autant plus avec la combativité initiale. … Si Toretsk tombe, c’est tout le Donbass central qui s’ouvre à la manœuvre russe ; Si Pokrovsk tombe, il n’y a plus de défense derrière, jusqu’au Dniepr ; Si Vouhledar tombe, c’est l’unification du front du Donbass et de celui de Zaporijjia qui est rendue possible.

En outre, le chef militaire ukrainien, le général Oleksandr Syrskiy, a dit mercredi que le Kremlin massait 45 000 soldats au nord de l'Ukraine, près de Koursk. Il a affirmé que 10 000 soldats nord-coréens y avaient rejoint les troupes russes. Ces forces, a-t-il dit, visent à s'emparer de le territoire russe près de Koursk tenu par les troupes ukrainiennes, puis à envhair l’Ukraine à Soumy.

Drones et missiles russes attaquent des cibles militaires et stratégiques à travers l'Ukraine, ce que les défenses aériennes de l'Ukraine sont impuissantes à empêcher. Le 6 novembre, celles-ci ont affirmé avoir abattu 38 des 63 drones russes lancés dans neuf régions: Odessa, Mykolaïv, Kiev, Soumy, Kirovohrad, Jytomyr, Tcherkassy, Tchernihiv et Zaporizhzhya. Selon le gouverneur de Zaporizhzhya, les frappes sur sa région avaient tué sept personnes et en avaient blessé 25.

Au cours de la semaine dernière, des frappes russes auraient été menées sur de grandes villes ukrainiennes, dont Kiev, Kharkiv et Odessa, où le pont stratégique de Zakota a été touché.

Quand Trump prétend qu’il négociera du jour au lendemain la fin de la guerre OTAN-Russie en Ukraine, cela n’a aucune crédibilité. Non seulement l'OTAN et son régime fantoche en Ukraine sont dans une position désespérément faible, mais la guerre en Ukraine elle-même n'est qu'un front d'une guerre bien plus large pour l'hégémonie mondiale que Trump s'engage à intensifier, en bombardant l'Iran ou en imposant des droits de douane à la Chine. Mais de telles attaques contre les alliés de la Russie ranimerait inévitablement le conflit OTAN-Russie en Ukraine.

Le 6 novembre, Zelensky a dénoncé le danger posé par les drones Shahed livrés par l'Iran à la Russie et a appelé à bombarder l'Iran. Il a déclaré: « Cette année, nous avons été confrontés à la menace des drones Shahed presque toutes les nuits, parfois le matin, même pendant la journée. Ces drones, fournis à la Russie par l'Iran, sont devenus l'un des principaux instruments de la terreur russe contre l'Ukraine. … Nous avons besoin de la capacité de détruire les bases de stockage de Shahed ainsi que l'ensemble de l'infrastructure de production et de logistique.

Zelensky a déjà proposé de bombarder les site de production de drones en Iran et en Syrie et ainsi d’intensifier la guerre au Moyen-Orient. L'année dernière, le Guardian a publié des plans qu’il avait proposés à l'OTAN, appelant à «des frappes de missiles sur les usines de production de ces drones en Iran, en Syrie, ainsi que sur un site de production potentiel dans la Fédération de Russie. … Ce qui précède peut être effectué par les forces de défense ukrainiennes si les partenaires fournissent les moyens de destruction nécessaires.»

Alors que Zelensky et Trump discutent d'une escalade, l'opposition à la guerre monte parmi les travailleurs ukrainiens. La débâcle militaire provoque une indignation de masse contre le régime de Zelensky, qui traite les travailleurs de chair à canon tout en menant une guerre basée sur des intérêts géostratégiques impérialistes. Avec l'inquiétude croissante des classes dirigeantes, cela provoque même une couverture limitée dans les médias pro-guerre comme Le Monde.

L’écrivain ukrainien Stanislav Asseyev, qui selon Le Monde est proche du renseignement ukrainien, avoue que des masses d'Ukrainiens désertent l'armée. Citant Serhiy Hnezdilov, un soldat qui a annoncé publiquement sur les réseaux sociaux qu'il désertait, Asseyev a dit: «C’est un problème qui dépasse déjà les 100.000 personnes. Nous avons une immense armée de déserteurs qui se balade dans le pays. Et Hnezdilov l’a dit: arrêtons ça, car nous sommes en train de perdre.»

Asseyev a ajouté : «Les soldats ne sont pas aveugles. Ils voient bien comment une part de la société évite la mobilisation, ils voient bien ces liasses d’argent pour des pots-de-vin… Et, encore une fois, quelle est la solution pour eux ? La désertion.»

Les journalistes du Monde sont aussi allés à Kryve Ozero, une ville de 7.500 habitants avant la guerre. L'un des habitants, le lieutenant-colonel Ihor Hryb, s'est suicidé plutôt que d'emmener des soldats âgés de son unité mal armée au combat avec les troupes russes près de Vouhledar. Un habitant de la ville a déclaré au quotidien: «On n’avait que des mitraillettes mais ni artillerie ni blindés [pour contenir l’avancée russe], poursuit le sous-officier. Ihor savait ce que ça signifiait, que tout le monde allait mourir.»

Dans son unité, un autre habitant de la ville a déclaré au Monde : «Ihor connaissait tout le monde. Certains le connaissaient depuis l’enfance, d’autres avaient l’âge d’être son père. Il savait qu’il n’aurait jamais pu rentrer un jour chez lui s’il avait obéi.»

Si le refus de Hryb d'emmener son unité au combat a pour l'instant sauvé la vie de nombreux habitants, un autre a expliqué au Monde que les pertes sont quand même énormes: « À Kryve Ozero, nous avons perdu 76 hommes. Mais regardez combien sont blessés!»

Cela démasque les affirmations du Monde selon lesquelles l'Ukraine aurait perdu 58.000 hommes et confirme les informations, souvent traitées de propagande russe par les médias impérialistes – selon lesquelles elle en a perdu des centaines de milliers. Même dans une ville où de nombreux soldats ont été épargnés, plus d’un pour cent de la population d'avant-guerre a été tuée. Mais 1 pour cent de la population ukrainienne d'avant-guerre, cela signifierait 420 000 morts.

La voie à suivre est l'unification des travailleurs et des jeunes ukrainiens et russes, ainsi que de leurs frères et sœurs de classe dans les pays de l'OTAN, dans un mouvement socialiste contre cette guerre. La base politique d'un tel mouvement est la perspective trotskyste de la révolution socialiste internationale et l'opposition à la dissolution stalinienne de l'URSS en 1991, qui a ouvert la voie à l'impérialisme pour inciter à un conflit fratricide entre la Russie et l'Ukraine.

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