La réunion du Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale de Chine, qui se tiendra du 4 au 8 novembre, devrait être l'une des plus importantes depuis des années.
Les principales annonces à venir de la réunion porteront sur les mesures prises par le régime de Xi Jinping pour stimuler l'économie en perte de vitesse, qui connaît actuellement sa plus faible croissance depuis le début des années 1990.
Fin septembre et début d’octobre, les autorités, sous la direction de la Banque populaire de Chine, ont lancé une série de mesures de relance financière visant le marché boursier et le secteur immobilier, ce qui a donné un certain coup de pouce.
Mais l'opinion des analystes économiques et financiers, tant en Chine qu'à l'étranger, est qu'il faut faire davantage pour stimuler les dépenses de consommation. Autrement, le taux de croissance cible pour cette année «d'environ 5%» ne sera pas atteint, sans parler de croissance viable pour l'avenir.
Reuters a fait savoir qu’une mesure majeure à l'étude est l'approbation de 10.000 milliards de yuans (1400 milliards de dollars) d'emprunts au cours des prochaines années, afin de soutenir les gouvernements locaux et de stimuler le secteur immobilier. Selon Reuters, 6.000 milliards de yuans de dettes seraient levés pour aider les autorités locales à faire face à leurs problèmes financiers, et 4.000 milliards pour financer l'achat de terrains et de propriétés au cours des cinq prochaines années.
Les responsables du gouvernement chinois ont déclaré qu'il y avait d'autres mesures de relance à venir, qui viseraient à stimuler la demande intérieure.
S'adressant à Bloomberg en marge de la réunion du FMI à Washington la semaine dernière, le vice-ministre des Finances, Liao Min, a déclaré: «Les objectifs sont de renforcer les politiques macroéconomiques pour stimuler la demande intérieure et atteindre l'objectif de croissance du PIB de cette année. Et en attendant, de se coordonner avec la politique monétaire pour pousser à la restructuration de l'économie, en particulier pour stimuler la demande intérieure, y compris la consommation.»
Il a déclaré que la prochaine série de politiques serait d'une « assez grande ampleur», mais n'a donné aucun détail. Celles-ci n'interviendraient qu'à la fin de la réunion du Comité permanent, car il y avait un «processus juridique à suivre pour la politique fiscale de la Chine».
Le résultat sera observé de près à l'échelle internationale pour deux raisons. Le premier est l'impact du ralentissement de l'économie chinoise, la deuxième plus importante au monde, sur la croissance mondiale.
Le FMI a déclaré que le gouvernement chinois devrait donner un coup de pouce à l'économie nationale. En l'absence de mesures visant à stimuler la consommation intérieure, la directrice du FMI, Kristalina Georgieva, a averti que la croissance annuelle chinoise pourrait tomber «bien en dessous» de 4% à l'avenir.
Le deuxième problème est la volonté du gouvernement chinois de stimuler l'économie par le biais des exportations, en particulier dans les domaines de haute technologie tels que les technologies vertes et les véhicules électriques. Cela est conforme à la perspective du président Xi Jinping et du gouvernement selon laquelle la croissance future de la Chine doit être basée sur le développement de nouvelles forces productives de haute qualité.
Cette politique a fait l'objet d'une attaque internationale, menée par les États-Unis, qui a entraîné l'imposition de droits de douane et d'autres restrictions sur l'exportation de produits chinois. À Washington pour la réunion du FMI, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a critiqué les mesures annoncées jusqu'à présent pour ne pas avoir fait face à la prétendue surcapacité chinoise et à la faiblesse de la demande intérieure.
Avant la réunion, elle a déclaré que les politiques de la Chine conduisaient à «une surcapacité industrielle dans des industries critiques, menaçant la viabilité des entreprises américaines et autres et augmentant le risque de chaînes d'approvisionnement trop concentrées qui sapent la résilience économique mondiale».
Les dernières données en provenance de la Chine indiquent l'ampleur des problèmes croissants de son économie intérieure. Selon les chiffres publiés dimanche par le Bureau national des statistiques, les bénéfices industriels des grandes entreprises chinoises ont baissé de 27,1% en septembre par rapport à l'année précédente, après une baisse de 17,1% en août.
Seul le secteur de la haute technologie a affiché une augmentation, avec des bénéfices en hausse de 6,3% pour les six premiers mois de l'année.
Dans l'ensemble, l'économie a progressé de 4,6% au cours du trimestre de septembre par rapport à l'année précédente. Il s'agit du taux le plus bas depuis le trimestre de mars 2023.
Les chiffres compilés par Bloomberg montrent l'ampleur du ralentissement de l'économie et que de nombreuses provinces sont même en deçà de l'objectif officiel de 5 pour cent, lui-même le plus bas depuis une trentaine d'années.
Les données montrent que les provinces qui représentaient le tiers de l'économie affichaient de moins bons résultats cette année que l'ensemble du pays. Seules cinq provinces sur un total de 26 qui ont publié des chiffres au troisième trimestre affichaient une croissance plus élevée cette année qu'en 2023, et quelque 11 ont signalé une baisse plus marquée que l'ensemble de l'économie.
«Les provinces les moins performantes depuis le début de l'année», a rapporté Bloomberg, «sont le Tibet, le Jilin et Hainan, dont le gain de 3,2% est inférieur de 6 points de pourcentage à celui de 2023.
«Guangdong, qui représentait plus de 10% de l'économie l'année dernière, n'a progressé que de 3,4%, le résultat le plus faible depuis la pandémie et en baisse de 1,4 point de pourcentage par rapport à l'ensemble de l'année 2023. Le PIB à l'échelle nationale a augmenté de 4,8% au cours des neuf premiers mois, contre 5,2% l'année dernière.»
Lorsque le gouvernement chinois, sous la pression intense de puissantes entreprises, tant internationales que nationales, a abandonné sa politique Zéro COVID à la fin de 2022, il a été largement prédit qu'avec la levée des restrictions, l'économie connaîtrait un «rebond».
Il y a eu une légère augmentation au cours des premiers mois de 2023, mais elle s'est rapidement essoufflée, les dépenses de consommation étant restées stagnantes.
Toute mesure de relance dépendra fortement des actions des autorités locales. Mais celles-ci sont confrontées à une dette croissante à mesure que leurs revenus provenant de la vente de terrains chutent, en raison de l'effondrement du secteur immobilier qui a vu de grandes entreprises, telles qu'Evergrande, faire faillite.
Le gouvernement central a promis d'aider les gouvernements locaux à rembourser leurs dettes, mais leurs problèmes continuent de s'aggraver. Les déficits de l'ensemble des administrations locales ont augmenté de 3% cette année pour atteindre 11.200 milliards de yuans (1.600 milliards de dollars) à la fin du mois de septembre, selon le ministère des Finances.
Quelles que soient les décisions prises lors de la réunion de haut niveau de la semaine prochaine, elles seront déterminées à la fois par des calculs économiques et politiques. Sur le front économique, le gouvernement central ne veut pas du type de mesures de relance qu'il a pratiquées dans le passé, notamment parce qu'il craint que cela ne fasse qu'augmenter davantage la dette.
Mais en même temps, il est parfaitement conscient que la légitimité politique dont il jouit aux yeux de la classe ouvrière, ainsi que des sections de la classe moyenne en quête d’ascension sociale, dépend de sa capacité à continuer à assurer l'expansion économique. Et cette capacité est de plus en plus remise en question.
(Article paru en anglais le 31 octobre 2024)