Le SEP va participer aux élections générales au Sri Lanka

Le Socialist Equality Party (SEP, Parti de l’égalité socialiste) se présente aux élections générales qui auront lieu au Sri Lanka le 14 novembre. Nous présentons 41 candidats dans trois circonscriptions électorales : dans la capitale Colombo, à Jaffna dans le nord et à Nuwaraeliya dans la zone centrale des plantations. Les membres du comité politique du SEP, Vilani Peiris, PT Sampanthar et M. Thevarajah, sont nos têtes de liste respectivement dans ces circonscriptions.

Le SEP intervient dans ces élections parlementaires pour construire un mouvement politique indépendant de la classe ouvrière, basé sur le socialisme international, contre la guerre, l’austérité et le recours à des méthodes de gouvernement autoritaires.

Des manifestants se rassemblent dans une rue menant à la résidence du président sri-lankais, le 9 juillet 2022, quelques jours avant que Gotabaya Rajapakse ne fuie le pays. [AP Photo/Amitha Thennakoon]

En 2022, un soulèvement massif des travailleurs, des jeunes et des pauvres des zones rurales contre la misère sociale a contraint Gotabaya Rajapakse à quitter la présidence. Mais son successeur, Ranil Wickremesinghe, qui a été porté au pouvoir dans le dos du peuple avec le soutien de tous les partis politiques et des syndicats, n’a fait qu’intensifier l’assaut contre les travailleurs.

En collaboration avec le capital mondial et à la demande des grandes entreprises, son gouvernement a imposé des mesures d’austérité drastiques du Fonds monétaire international (FMI), notamment des coupes budgétaires massives, des augmentations punitives des tarifs de l’électricité et de nouvelles taxes régressives.

Aujourd'hui, des millions de travailleurs ont élu Anura Kumara Dissanayake, le leader du Janatha Vimukthi Peramuna (JVP) et de son front électoral, le National People's Power (NPP), à la présidence, et un gouvernement JVP/NPP a été formé.

Pour arriver au pouvoir, Dissanayake et son JVP/NPP ont cyniquement exploité l’hostilité populaire profondément enracinée envers les partis capitalistes traditionnels au pouvoir et la petite clique de familles dirigeantes corrompues (les Jayawardene / Wickremesinghe, Rajapakse, Premadasa, etc.) qui les ont toujours dominés.

Le SEP lance un avertissement catégorique à tous les travailleurs et aux exploités de la campagne: ne vous laissez pas tromper deux fois ! Dissanayake ne sera pas différent de Rajapakse et Wickremesinghe.

Le JVP/NPP est un parti de droite, pro-impérialiste et chauvin cinghalais. Les affirmations des médias sri-lankais selon lesquelles Dissanayake est un « gauchiste », voire un « marxiste », sont des mensonges propagés pour semer la confusion dans la classe ouvrière et la désarmer politiquement.

Le JVP était un fervent partisan de la guerre raciste contre les Tamouls, a renoncé depuis longtemps à toute mention de socialisme et a passé les trois dernières décennies à s’intégrer dans l’establishment politique de Colombo.

Dissanayake et le JVP/NPP ont promis à plusieurs reprises de mettre en œuvre les diktats d'austérité du FMI. Ces mesures comprennent la privatisation et restructuration de plus de 400 entreprises publiques, la destruction de centaines de milliers d'emplois dans le secteur public, de nouvelles coupes dans les services essentiels, notamment l'éducation et les soins de santé gratuits, et une augmentation de la charge fiscale pour la masse du peuple.

Le président sri-lankais Anura Kumara Dissanayake s'adresse aux médias après son investiture le 23 septembre 2024. [Photo: Sri Lanka President's Media Division]

Les travailleurs devraient tirer les leçons des déclarations répétées de Dissanayake selon lesquelles « la loi et l’ordre » sont essentiels au programme de « développement » économique du JVP/NPP. Le gouvernement du JVP/NPP n’hésitera pas à utiliser la batterie de lois antidémocratiques existantes pour réprimer l’inévitable opposition à ses mesures d’austérité. Fait significatif, il a abandonné presque toute mention de ses précédentes déclarations selon lesquelles il abolirait le pouvoir exécutif autoritaire.

Le gouvernement JVP/NPP a été salué par la classe dirigeante, qui compte sur lui pour défendre ses intérêts. De manière révélatrice, Wickremesinghe, qui prédisait une catastrophe économique si le JVP arrivait au pouvoir, a immédiatement déclaré sa confiance dans le nouveau gouvernement. Le président américain Biden et le Premier ministre indien Modi ont tous deux affirmé leur volonté de collaborer étroitement avec le nouveau gouvernement.

Dissanayake a convoqué des élections anticipées (article en anglais) pour tromper la population et l'inciter à donner au JVP/NPP une majorité parlementaire et à renforcer sa position avant de passer à la prochaine étape d'austérité du FMI.

Pour le SEP, sa campagne électorale est un élément essentiel dans notre lutte pour préparer politiquement et de manière organisationnelle la classe ouvrière à la lutte politique à venir contre le nouveau gouvernement JVP/NPP.

Nous disons qu’aucun des problèmes brûlants auxquels sont confrontées la classe ouvrière et les masses opprimées – la pauvreté, le chômage, les inégalités sociales, le danger croissant d’une guerre mondiale et l’assaut contre les droits démocratiques – ne peut être résolu dans le cadre du capitalisme et de l’État-nation.

Ce qu’il faut, c’est l’unification des luttes disparates des travailleurs dans la lutte pour un gouvernement ouvrier et paysan qui transformera la société sur des bases socialistes afin de répondre aux besoins sociaux pressants de la grande majorité, et non aux profits d’une poignée de super-riches.

Pour un mouvement mondial mené par la classe ouvrière contre la guerre impérialiste

Les élections au Sri Lanka se déroulent dans un contexte de crise sociale, économique et politique sans précédent qui a ébranlé le régime bourgeois sur l’île. Cette crise est elle-même enracinée dans un effondrement systémique du capitalisme mondial qui pousse les puissances impérialistes, les États-Unis en tête, à poursuivre un nouveau partage du monde par l’agression et la guerre mondiale.

Les États-Unis et les autres puissances impérialistes soutiennent politiquement et matériellement la guerre génocidaire menée par Israël contre les Palestiniens de Gaza, et facilitent désormais son invasion du Liban et ses préparatifs en vue d’une attaque contre l’Iran.

La guerre lancée par les États-Unis et l’OTAN contre la Russie en Ukraine constitue un deuxième front dans cette guerre mondiale. Au cours des deux ans et demi écoulés, les puissances impérialistes ont intensifié sans relâche la guerre, montrant clairement qu’elles étaient prêtes à risquer une guerre nucléaire pour atteindre leurs objectifs prédateurs.

Dans le même temps, l’impérialisme américain intensifie dangereusement ses provocations et ses préparatifs de guerre contre la Chine, qu’il perçoit comme son rival le plus dangereux.

Les États-Unis et leur allié indien s’emploient activement à intégrer les pays d’Asie du Sud, dont le Sri Lanka, dans leur campagne de guerre contre la Chine. La direction du JVP a déjà signalé sa volonté de s’aligner sur Washington et New Delhi, une politique qui était déjà bien avancée sous le gouvernement Wickremesinghe. En réponse au message de félicitations de Biden, Dissanayake a déclaré que le Sri Lanka, sous sa direction, travaillerait en étroite collaboration avec les États-Unis et favoriserait les intérêts de Washington dans la région indo-pacifique.

Le SEP insiste sur le fait que seule l’intervention révolutionnaire de la classe ouvrière internationale peut empêcher l’impérialisme américain et ses alliés de plonger l’humanité dans une troisième guerre mondiale catastrophique. Avec les autres sections du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI), nous faisons campagne pour un mouvement anti-guerre unifié de la classe ouvrière internationale afin de mettre fin à la source de la guerre : le capitalisme et sa division désuète du monde en États-nations rivaux. Nous appelons les travailleurs et les jeunes du Sri Lanka et de toute l’Asie du Sud à se joindre à cette lutte contre la guerre.

Une crise de la bourgeoisie

Tous les partis de l'establishment politique bourgeois, y compris le Samagi Jana Balawegaya (SJB) dirigé par Premadasa, le Parti national uni (UNP) de Wickremesinghe, le Parti de la liberté du Sri Lanka (SLFP), le parti Sri Lanka Podujana Peramuna (SLPP) des anciens présidents Mahinda et Gotabhaya Rajapakse, ainsi que les partis bourgeois tamouls, sont en plein désarroi. La cause profonde de leur crise est l’hémorragie de leur soutien populaire après des décennies d’avoir présidé à la pauvreté, les inégalités sociales et la guerre.

Aucun d'entre eux n’incarne une quelconque alternative pour les travailleurs. Si le JVP échoue dans sa tentative de remporter une majorité parlementaire, aucun d'entre eux ne constituera le moindre obstacle à la mise en œuvre par Dissanayake des mesures d'austérité du FMI ou à l'attelage du Sri Lanka au char de guerre de l'impérialisme américain.

Le SEP exhorte les travailleurs à rejeter les partis de la fausse gauche comme le Parti socialiste de première ligne (FSP), qui s’efforcent de soumettre politiquement la classe ouvrière au cadre parlementaire bourgeois. Le FSP sème des illusions dans le nouveau gouvernement JVP/NPP, en prétendant qu’il pourrait être poussé à gauche et en dissimulant son caractère réactionnaire.

Les leçons du soulèvement de 2022 et la lutte pour un Congrès démocratique et socialiste des travailleurs et des masses rurales

Le SEP se battra pour transmettre à la classe ouvrière les leçons fondamentales du soulèvement de masse de 2022. S’étant déroulé sur une période de quatre mois, le soulèvement a démontré l’immense pouvoir social de la classe ouvrière, dont les grèves ont brisé le régime Rajapakse. Il a également affirmé avec force l’unité de classe objective des masses cinghalaises, tamoules et musulmanes qui sont descendues ensemble dans la rue pour s’opposer à des conditions de vie intolérables.

En même temps, la faiblesse politique fatale du soulèvement fut que la classe ouvrière resta en marge et laissa l’initiative politique à la classe dirigeante, à ses partis et aux syndicats. Les syndicats, y compris ceux dirigés par le JVP et le FSP, prônèrent la mise en place d’un gouvernement capitaliste « intérimaire » basé sur un remaniement parlementaire. Le résultat fut l’installation antidémocratique de Wickremesinghe, qui négocia et imposa l’accord avec le FMI, que tous les partis soutenaient fermement.

En opposition à toutes ces tendances, le SEP a rejeté le « gouvernement intérimaire » et a cherché à armer le soulèvement de 2022 d’un programme socialiste révolutionnaire, basé sur la mobilisation indépendante de la classe ouvrière en opposition à l’ensemble de l’establishment capitaliste.

Nous nous sommes battus pour construire des comités d'action de travailleurs et de pauvres dans chaque lieu de travail et dans chaque zone rurale, indépendants des syndicats et des partis bourgeois, pour organiser la lutte pour garantir les besoins de base, s'opposer à l'austérité et développer un mouvement pour une prise du pouvoir par les travailleurs.

En juillet 2022, le SEP a lancé une campagne pour construire un Congrès démocratique et socialiste des travailleurs et des masses rurales, basé sur un réseau grandissant de comités d’action. Il servirait de moyen pour la classe ouvrière et les masses opprimées d’unir leurs luttes, d’articuler leurs revendications et d’opposer systématiquement leur pouvoir de classe à tous les partis et institutions de la bourgeoisie, y compris le parlement et la présidence exécutive.

Deux ans plus tard, et dans des conditions où la classe ouvrière aura à se confronter dans des luttes explosives au gouvernement JVP/NPP, la lutte pour construire des comités d’action et convoquer un Congrès démocratique et socialiste des travailleurs et des masses rurales est encore plus urgente.

Pour l'unité de la classe ouvrière ! Rejetons toute forme de nationalisme et de communautarisme !

La classe ouvrière ne peut pas se permettre d’être divisée. Nous appelons les travailleurs à rejeter toute forme de nationalisme, y compris le chauvinisme cinghalais, le séparatisme tamoul et toute forme de communautarisme. Le SEP met en garde : ne vous laissez pas tromper par les tentatives du JVP/NPP de dissimuler son tristement célèbre bilan en matière d’incitation à la haine contre les Tamouls. À mesure que la classe ouvrière remettra en cause son programme patronal, il aura recours à l’emploi du chauvinisme cinghalais pour diviser les travailleurs et canaliser la colère sociale croissante dans une direction réactionnaire.

Déjà, à l’approche de l’élection présidentielle, Dissanayake et son JVP ont réaffirmé leur soutien au statut glorifié du bouddhisme dans la constitution et ont menacé les Tamouls du nord et de l’est de s’attirer les foudres du « sud » s’ils s’opposaient à un gouvernement JVP/NPP. Quant aux partis capitalistes tamouls, ils soutiennent l’austérité du FMI et sont de fervents partisans du Sri Lanka en tant que préfet de Washington. La seule préoccupation des élites tamoules est d’obtenir un accord de « partage du pouvoir » pour accroître leurs privilèges et leurs profits aux dépens de la classe ouvrière.

En opposition à toutes les factions de la classe dirigeante et à sa politique communautariste toxique, le SEP se bat pour forger l’unité de combat de tous les travailleurs – cinghalais, tamouls et musulmans – pour établir une République socialiste du Sri Lanka-Eelam dans le cadre d’une lutte plus large pour le socialisme en Asie du Sud et au niveau international.

Un programme d’action :

Nous appelons les travailleurs à lutter pour les revendications suivantes :

  • Il faut rejeter dans son intégralité le programme d’austérité du FMI ! Il faut répudier les dettes extérieures contractées par la bourgeoisie et exproprier ses richesses mal acquises pour répondre aux besoins sociaux urgents des masses.

  • Non à toutes les privatisations et restructurations capitalistes ! Il faut placer toutes les entreprises du secteur public menacées de privatisation sous le contrôle démocratique des travailleurs !

  • Pour une augmentation des subventions et des protections sociales pour les agriculteurs ruraux et les nécessiteux !

  • Transformer les banques, les grandes entreprises et les plantations en entreprises publiques sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière !

  • Il faut démanteler l’immense appareil militaro-sécuritaire ! Pour le retrait de toutes les troupes du nord et de l’est, où elles continuent de réprimer la minorité tamoule.

  • Pour l’abrogation de toutes les lois répressives, y compris la loi sur les services publics essentiels, le projet de loi antiterroriste et le projet de loi sur la sécurité en ligne !

  • Pour l’abolition de la présidence exécutive autoritaire !

Le SEP fonde sa stratégie sur le programme trotskiste de la révolution permanente. Les travailleurs du Sri Lanka doivent unir leurs forces à celles des travailleurs d’Asie du Sud et du monde entier qui, confrontés à la même politique d’austérité capitaliste et à l’intensification de l’exploitation des travailleurs, ainsi qu’à la même menace de guerre et de dictature, se lancent dans des luttes de masse révolutionnaires.

La leçon la plus cruciale du soulèvement de 2022 est la nécessité de construire une direction révolutionnaire pour insuffler aux luttes de la classe ouvrière un programme socialiste-internationaliste, forger son indépendance politique et mener sa lutte pour rallier les masses opprimées contre le capitalisme sri-lankais et international.

Nous encourageons vivement tous les travailleurs et les jeunes à entrer dans la lutte pour construire le SEP en tant que parti révolutionnaire de masse de la classe ouvrière, à lire le World Socialist Web Site et à voter pour nos candidats dans les districts de Colombo, Jaffna et Nuwaraeliya le 14 novembre.

(Article paru en anglais le 12 octobre 2024)

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