États-Unis : La bureaucratie syndicale du rail traite ceux qui s’opposent aux ententes de trahison d’«acteurs de mauvaise foi»

Opposez-vous à la nouvelle entente de trahison ! Rejoignez le comité de base des cheminots en nous contactant.

La gare de triage de Norfolk Southern le mercredi 14 septembre 2022 à Atlanta [AP Photo/Danny Karnik]

La semaine dernière, la bureaucratie du syndicat SMART s'est attaquée à l'opposition croissante aux ententes de capitulation des chemins de fer en publiant deux lettres ouvertes sur son site Internet.

La première est une déclaration dénonçant le World Socialist Web Site pour un article qu'il a publié et qui explique comment la nouvelle convention collective de la division des transports de la SMART (SMART-TD) ouvre la voie à des équipes composées d'un seul homme. Cet article a été lu par des dizaines de milliers de cheminots à travers le pays. La seconde attaque les travailleurs eux-mêmes sur leurs attentes soi-disant irréalistes en voulant plus que l'augmentation salariale de 17,5 % sur quatre ans, qui est contenue dans une série de nouveaux accords de principe. C'est encore moins que l'augmentation de 24% de la convention collective imposée par le Congrès il y a deux ans.

Le World Socialist Web Site n'est que la cible immédiate de la première lettre. Ce qui les rend vraiment furieux, c'est que les travailleurs apprennent la vérité sur l’entente, ce qui compromet leurs tentatives de la faire ratifier. Ils sont également terrifiés à l'idée que la vague croissante de grèves, notamment celle des 33.000 travailleurs de Boeing et celle des 45.000 débardeurs de la côte est la semaine dernière, enhardisse les cheminots à se battre pour leurs propres revendications.

Ce que le WSWS a rapporté sur la convention collective de BNSF était correct et précis, basé sur le texte réel de l'accord provisoire sur la composition de l'équipe, qui avait été largement partagé par les travailleurs eux-mêmes. Des captures d'écran de l'accord montrent que le haut de chaque page est paraphé par des représentants du transporteur et de SMART.

Bien que l'accord n'abolisse pas explicitement le poste de chef de train, il en fixe clairement le cadre en éliminant « toutes les dispositions relatives au droit de refus en ce qui concerne la taille de l'équipe ». Il crée également un « poste d'agent de service », un emploi au sol par lequel les transporteurs tentent de remplacer les chefs de train.

Extrait de la deuxième page de l'accord de principe entre BNSF et SMART-TD, détaillant la création d'un poste d'agent de service. Notez les initiales d'un représentant de SMART-TD en haut de la page. [Photo: BNSF/SMART-TD]


SMART ne fait aucune référence à ces détails spécifiques et factuels dans sa « réponse ». Au lieu de cela, elle affirme qu'il est absurde de suggérer une telle chose, car cela saperait les « victoires durement acquises ». Ils entendent par là des réglementations fédérales impuissantes sur les équipages à un seul homme et des concessions volontaires des transporteurs sur les congés de maladie et les congés après l'interdiction de la grève en 2022.

En fait, BNSF a déjà déclaré à Trains, une publication du secteur, à la fin de l'année 2022, qu'elle négociait avec SMART-TD « depuis un certain temps déjà sur une transition viable vers des chefs de train au sol ». Quant aux « victoires » citées par SMART, ce qui est donné est facilement repris : la réglementation permet aux transporteurs de demander des exceptions aux exigences relatives aux équipes de deux personnes, et Union Pacific a déjà révoqué unilatéralement sa politique en matière de congés en invoquant des « pénuries de main-d'œuvre ».

Le reste de la lettre consiste essentiellement en une série de calomnies et d’« anti-communisme ». Se contredisant eux-mêmes, ils accusent le WSWS d'être non seulement des agents de la direction, mais aussi des « agitateurs extérieurs », un terme autrefois utilisé par les entreprises pour décrire les organisateurs syndicaux, et pour ses politiques socialistes et marxistes (sur lesquelles nous reviendrons plus loin dans cet article) qui, selon eux, ont « peu de rapport avec notre vie quotidienne ».

Ils affirment également que les négociations contractuelles « ne sont pas un processus secret ». Cette déclaration suscitera un rire amer chez les travailleurs, étant donné que SMART et les bureaucrates des autres syndicats ferroviaires ont travaillé main dans la main avec Washington pour bloquer une grève en 2022.

À l'époque, lorsqu'il est devenu évident que les travailleurs voteraient massivement contre l’entente, ils ont soumis le processus à d'innombrables prolongations inexpliquées afin de gagner suffisamment de temps jusqu'à la fin des élections de mi-mandat pour donner au Congrès l'espace nécessaire pour adopter une interdiction de grève.

Ils ont répondu à la colère croissante de la base face à cette conspiration par des mensonges et des menaces. Le président de SMART-TD, Jeremy Ferguson, a affirmé de manière absurde que la Constitution américaine interdisait aux travailleurs de faire grève – une affirmation que même les avocats de l'entreprise n'ont pas eu le courage de formuler. Tony Cardwell, président de la Brotherhood of Maintenance of Way Employes, a menacé de persécuter les travailleurs qui feraient grève et a dénoncé les « groupes marginaux » – c'est-à-dire la quasi-totalité des membres – qui soutiennent la grève.

Le président Joe Biden rit avec Jeremy Ferguson, président de la division des transports de SMART, à Washington DC, le 15 septembre 2022. L'ancien président de la BLET, Dennis Pierce, est derrière Joe Biden. [AP Photo/Andrew Harnik]

De graves irrégularités ont commencé à être constatées lors du vote, l'adoption de justesse de la convention collective des électriciens en particulier ayant été éclipsée par le fait que de nombreuses personnes n'ont pas été en mesure de voter. La National Conference of Firemen and Oilers a annoncé que ses membres avaient « ratifié » le contrat sans donner d'autres détails que des pourcentages. Le président de la CNPO, Dean Devita, a accusé un journaliste du WSWS de « s'immiscer dans les affaires de mon organisation » lorsqu'on lui a demandé plus d'informations.

La nécessité d'un contrôle du vote par la base aujourd'hui a été soulignée par l'annonce vendredi par le département mécanique et ingénierie de SMART (SMART-MD), une unité plus petite avec une convention collective séparée de SMART-TD, de ratifications d’ententes chez BNSF, Norfolk Southern et CSX. Le mois dernier, plusieurs petits syndicats ont également annoncé des « ratifications » de contrats chez CSX de cette manière.

Entre-temps, le WSWS a gagné une audience parmi les cheminots parce qu'il était le seul organe d'information à dénoncer systématiquement les mensonges de la bureaucratie et à encourager les travailleurs à prendre des mesures pour faire respecter leur volonté démocratique. Le WSWS a notamment soutenu le travail du Comité de base des cheminots, qui a tenu des réunions en ligne très suivies, publié des déclarations et organisé des piquets d'information.

Des cheminots au piquet d'information devant le Hobson Yard à Lincoln, Nebraska, mercredi 12 octobre 2022


La bureaucratie est terrifiée parce que les travailleurs sont d'humeur combative. En particulier, les travailleurs regardent l'augmentation de salaire de 61 % sur les quais – et même cet accord était une trahison du syndicat des débardeurs – et ne voient aucune raison de ne pas se battre pour obtenir des gains substantiels. Ils sont notamment déterminés à lutter contre les lois anti-grève qu'ils subissent depuis un siècle et que les bureaucrates syndicaux utilisent comme une excuse commode pour expliquer pourquoi les travailleurs doivent accepter des reculs.

Dans la deuxième lettre publiée la semaine dernière, Jeremy Ferguson, de SMART-TD, affirme que les travailleurs « ne peuvent pas faire une fixation sur les pourcentages des augmentations générales de salaire d'un autre syndicat » – faisant référence à l'offre salariale de 30 % chez Boeing, sans mentionner l'offre bien plus élevée sur les docks. Tous ceux qui exigent davantage, affirme-t-il, sont des « acteurs de mauvaise foi qui veulent nous faire échouer ».

Avec cette déclaration, Ferguson fait preuve d'une incroyable arrogance bureaucratique et de mépris pour l'intelligence des travailleurs. L'utilisation de l'expression « acteurs de mauvaise foi » est également tirée de l'attaque des démocrates contre le WSWS pour sa critique d'Alexandria Ocasio-Cortez et d'autres membres de la pseudo-gauche dans ce parti et son orbite pour leur soutien à la guerre et au capitalisme – ce qui inclut leur vote, il y a deux ans, en faveur de l'interdiction de la grève des chemins de fer.

La haine bureaucratique des travailleurs trouve sa forme la plus politiquement explicite dans les attaques anticommunistes contre le WSWS. La bureaucratie dit aux milliers de lecteurs du WSWS dans les chemins de fer que le socialisme « n'a aucun rapport avec notre vie quotidienne », mais c'est Ferguson, qui gagne 420.000 dollars par an grâce aux cotisations des travailleurs, qui est totalement éloigné de la vie des travailleurs. Lui et les autres bureaucrates sont des créatures des conseils d'administration des entreprises et du gouvernement, pas des dirigeants des travailleurs.

Ferguson et compagnie dénoncent le socialisme parce qu'ils défendent l'inégalité, la dictature des entreprises et un système politique qui prive les travailleurs de leurs droits fondamentaux, y compris le droit de grève. Chaque avancée des travailleurs contre cet état de fait met en péril leurs propres privilèges, qui dépendent de leur capacité à imposer la paix sociale. Le soutien de SMART au sénateur Josh Hawley (et le soutien de facto des Teamsters à Trump) montre que cette perspective amène également la bureaucratie à une alliance naturelle avec le fascisme.

Le WSWS, en revanche, est socialiste parce qu'il est pour le pouvoir des travailleurs et contre un système social, le capitalisme, où les riches contrôlent tout tandis que la majorité qui crée la richesse est laissée sans pouvoir et dans la pauvreté. Il prône le remplacement du capitalisme par un système de pouvoir politique démocratique et de contrôle par les travailleurs eux-mêmes, qui dirigeront les chemins de fer et les autres grandes industries dans l'intérêt de la société dans son ensemble et non dans celui du profit. C'est ce que représente le socialisme.

Le soutien au pouvoir des travailleurs est également la raison pour laquelle le WSWS encourage les travailleurs à former des comités de base pour préparer une lutte contre la dictature bureaucratique à l'intérieur des syndicats. La classe ouvrière est la force la plus puissante sur terre, si elle est organisée. Au 21e siècle, cela implique que les travailleurs se libèrent du carcan des bureaucrates syndicaux pro-patronaux et développent de nouvelles structures qu'ils dirigeront et qui uniront les travailleurs à travers les industries et les frontières nationales.

Cela souligne la nécessité pour les cheminots de poursuivre la lutte entamée il y a deux ans. La réponse la plus directe à Ferguson est de continuer à construire le Comité de base des cheminots, qui est devenu le centre de l'opposition en 2022.

(Article paru en anglais le 7 octobre 2024)

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