Australie : le Parti de l'égalité socialiste achève sa campagne pour gagner 1 500 membres électoraux

Lundi 23 septembre, le Socialist Equality Party (SEP, Parti de l'égalité socialiste) a achevé sa campagne pour recruter 1 500 nouveaux membres électoraux et a déposé une demande d'enregistrement officiel du parti auprès de la Commission électorale australienne (AEC).

Campagne de recrutement d’adhérents électoraux du SEP à Brisbane, Queensland

La campagne a révélé qu’un nombre croissant de travailleurs et de jeunes étaient en quête d’une véritable alternative politique aux programmes capitalistes du Parti travailliste, du Parti libéral et des Verts, qui tous défendent l’impérialisme australien et international.

Plus de 1 000 nouveaux membres ont rejoint les 500 adhérents électoraux actuels du SEP, sur la base de son programme socialiste, internationaliste et antiguerre. Beaucoup de ces membres ont confirmé leur soutien à maintes reprises.

L'AEC va néanmoins se lancer à présent dans un processus d'évaluation de quatre mois qui comprendra des appels et des courriels aux membres afin d’examiner leur adhésion. Si le SEP obtient gain de cause, il pourra à nouveau apparaître sur le bulletin de vote sous son propre nom lors des prochaines élections fédérales.

La campagne visant à tripler le nombre d'adhérents électoraux du SEP avait été rendue nécessaire par une législation antidémocratique que le gouvernement libéral-national de l'époque, soutenu sans réserve par le Parti travailliste, avait fait adopter à toute vitesse par le Parlement en 2021. En vertu de ces lois, les partis politiques étaient privés de leur enregistrement s'ils ne pouvaient pas prouver qu'ils comptaient au moins 1 500 membres électoraux, contre 500 auparavant.

Les partis ayant une représentation parlementaire étaient exemptés de ces exigences.

Les petites organisations «tierces» eurent trois mois pour mener à bien cette tâche, pendant la pandémie de COVID-19, qui a entraîné des confinements, rendant les campagnes de rue irresponsables, imprudentes et parfois illégales. Il s’agissait d’une tentative transparente des principaux partis de l’establishment d’empêcher toute perspective d’alternative d’être représentée aux élections fédérales.

Les cercles dirigeants craignaient que le profond mécontentement de larges pans de la population face à l’offensive bipartite en faveur des trusts, face au démantèlement des mesures préventives liées au COVID, à la participation aux guerres menées par les États-Unis, aux baisses de salaires et aux coupes dans la protection sociale, ne trouve une expression électorale consciente..

Ce processus s’est accéléré depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement travailliste d’Albanese en mai 2022. Celui-ci est arrivé de justesse au pouvoir avec un nombre de voix de première préférence au bas niveau presque record de moins de 33 pour cent. Son « Plan pour un avenir meilleur» s’est transformé en son contraire: la guerre et l’austérité contre la classe ouvrière.

Le Parti travailliste a intensifié sa participation aux guerres menées par les États-Unis en allouant des milliards de dollars au pacte militaire AUKUS et en transformant le continent en en plate-forme pour la guerre contre la Chine. Les familles de la classe ouvrière supportent le poids de ces coûts à travers des coupes massives dans la santé publique, l’éducation et les dispositifs sociaux élémentaires.

Des centaines de milliers de jeunes, de travailleurs et de professionnels ont été choqués et consternés par le soutien virulent et sanguinaire du Parti travailliste au génocide à Gaza.

Cet assaut brutal s’inscrit dans un programme impérialiste plus vaste. Déjà engagés dans la guerre contre la Russie en Ukraine, les États-Unis et leurs alliés intensifient le conflit au Moyen-Orient et avancent rapidement dans leurs préparatifs de guerre contre la Chine. Dans la campagne irresponsable qu’il mène pour maintenir sa domination mondiale, l’impérialisme américain pousse l’humanité vers une troisième guerre mondiale catastrophique, qui pourrait impliquer des puissances nucléaires.

Les membres et sympathisants du SEP ont mené, depuis le 7 mars, une campagne de plus de six mois pour gagner de nouveaux adhérents électoraux. Beaucoup furent gagnés lors des manifestations anti-guerre et anti-génocide organisées chaque semaine depuis plus de 11 mois dans tout le pays ; d’autres ont été rencontrés dans les banlieues ouvrières de Sydney, Melbourne, Brisbane et Newcastle, ainsi que sur les campus universitaires et les réseaux sociaux.

Les militants du SEP ont expliqué que la crise du capitalisme mondial, qui a mené à une descente dans la barbarie, avait également créé les conditions d'un mouvement mondial contre le capitalisme. L'une des manifestations de ce mouvement étaient les millions de travailleurs et de jeunes qui se sont opposés au génocide israélien et ont manifesté contre lui.

Les gouvernements impérialistes ont balayé ces manifestations avec mépris. Les appels et supplications adressés aux gouvernements qui financent, approvisionnent et soutiennent les guerres sont une perspective vaine et stérile, menée par les organisateurs pseudo-de gauche des manifestations et les Verts. Ils affirment que, quel que soit le crime soutenu par le gouvernement travailliste, tout ce que l’on peut faire est de manifester chaque semaine. Cette démarche vise à démoraliser et à désorienter ceux qui s’opposent à la guerre impérialiste.

Le déclin du nombre de manifestants en est le résultat. Loin d’écouter et de répondre aux aspirations et aux revendications des manifestants, le gouvernement travailliste les a faussement qualifiés d’antisémites dans le but d’en finir avec les manifestations. Les journalistes, artistes, acteurs et universitaires qui s’opposent au massacre sont régulièrement et ouvertement pris pour cible par les groupes de pression sionistes, et risquent de perdre leur emploi et leurs moyens de subsistance.

Des groupes d'extrême droite ont attaqué des campements d'étudiants opposés au génocide suite aux incitations du Premier ministre Albanese. Les étudiants participant à ces campements sont confrontés à des mesures disciplinaires qui menacent leur avenir universitaire, les universités adoptant des règles antidémocratiques pour empêcher de futures manifestations étudiantes.

Le fait qu’Israël, avec le soutien de l’impérialisme américain, se soit lancé dans une guerre meurtrière contre le Liban prouve que ce génocide s’inscrit dans une campagne de guerre plus vaste au Moyen-Orient et dans le monde. Le Liban est réduit aux conditions crées à Gaza et tranformé en champ de ruines.

L’attaque des droits démocratiques va de pair avec l’attaque des conditions de vie et de travail de la classe ouvrière australienne. L’augmentation sans précédent des dépenses militaires est soustraite des fonds sociaux destinés à la santé, à l’éducation, au logement et aux infrastructures par les gouvernements, tant des États que fédéral, en majorité travaillistes.

Les syndicats ont joué un rôle central dans la répression de l’agitation grandissante de la classe ouvrière, des grèves et des manifestations notamment. Pas une seule cargaison destinée à soutenir l'effort de guerre d'Israël n'a été bloquée sur les quais ou dans les usines, et encore moins stoppée, conformément à la répression plus générale de l'opposition massive des travailleurs à l’attaque de leurs salaires et conditions de travail.

Le gouvernement travailliste a, avec un soutien bipartite, placé sous administration judiciaire le syndicat CFMEU (Salariés du Bâtiment, des Forêts et de la Marine), une quasi-dictature où l’État exerce un contrôle quasi direct sur le syndicat. Loin de mettre un terme à la corruption présumée du syndicat, cette mesure vise à étouffer les luttes salariales de grande ampleur.

Le Conseil australien des syndicats (initiales anglaises ACTU) a joué un rôle central dans cette opération en expulsant le CFMEU et en collaborant dans les coulisses avec le Parti travailliste.

La question cruciale est le développement d’une direction politique dans la classe ouvrière, qui avance une perspective socialiste pour mettre fin au système capitaliste, la source de la crise à laquelle l’humanité est confrontée.

Le SEP a déclaré qu'il n'existait pas de solution nationale à cette crise et que la campagne pour retrouver un statut électoral s'inscrivait dans le cadre plus large du combat du Comité international de la Quatrième Internationale pour une lutte mondiale unifiée contre le capitalisme.

Le succès de la campagne pour gagner des membres électoraux a révélé l’existence d’une couche croissante de travailleurs et de jeunes en quête d’une alternative socialiste au capitalisme. Cependant, comme le souligne le SEP, il n’existe pas de voie électorale vers le socialisme.

L’urgente nécessité est à présent la construction du SEP comme direction de la classe ouvrière. Soutenir une perspective révolutionnaire et socialiste est crucial, mais pour qu’une telle perspective soit couronnée de succès, il faut lutter activement pour la faire aboutir. La prochaine étape cruciale consiste à rejoindre le SEP, la section australienne de la Quatrième Internationale, en tant que membre à part entière et à faire avancer la lutte pour la révolution socialiste mondiale.

(Article paru en anglais le 26 septembre 2024)

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