Barnier nomme des ministres fascisants au gouvernement

L’identité des ministres choisis par le premier ministre Michel Barnier et validés par Macron confirme que Paris compte mener une politique d’extrême-droite contre les travailleurs afin de poursuivre l’intensification de la guerre en Ukraine et au Moyen Orient. A l’Assemblée, ce gouvernement dépendra pour trouver une majorité du soutien du Rassemblement national (RN) néofasciste.

Parmi les ministres de plein exercice nommé par Barnier, sept seraient macronistes, trois de LR, deux MoDem, un Horizons et un UDI. Ce choix confirme que Macron gouverne contre le peuple avec le soutien du RN. Jeudi soir, le Michel Barnier a soumis une liste de de 38 ministres, dont 16 de plein exercice, à Macron. Lors d’une visite à Chartres, Macron a déclaré: «Il est important que tous les groupes politiques, avec engagement, sens des responsabilités, aident [Barnier] à former un gouvernement. Il faut que tout le monde l’aide à réussir, parce que c’est l’intérêt collectif».

Le gouvernement compte mener une guerre de classes pour continuer l’escalade militaire contre la Russie. La semaine dernière, Pierre Moscovici a dit à France Inter: «Le gouvernement va hériter d’une situation extraordinairement compliquée, avec des projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale qui seront les plus compliqués à élaborer peut-être depuis le début de la Ve République». Le gouvernement prévoit une hausse des impôts, des attaques contre la retraites et l’assurance chômage entre autres afin de dégager des dizaines de milliards pour la guerre.

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu est reconduit dans ce gouvernement, ce qui est une indication de la continuité de la politique militariste de la France au sein de l’OTAN. Lecornu était ministre quand Macron avait menacé d’envoyer des troupes française combattre sur le sol Ukrainien. Macron avait également été favorable au génocide à Gaza, soutenant l’élargissement du conflit au Moyen Orient qui à présent s’étend au Liban visant une confrontation avec l’Iran.

Le patron du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau devient ministre de l’Intérieur. Ancien protégé du royaliste Philippe De Villiers, il a joué un rôle central dans le durcissement de la loi immigration en négociant avec Matignon. Lors des émeutes de juin 2023, il avait fait polémique en établissant un lien entre l’immigration, ces débordements et «une sorte de régression vers les origines ethniques» de la part des «deuxième et troisième générations».

Laurence Garnier, qui devient ministre de la Consommation, a voté contre le mariage pour tous, en 2013, et contre la constitutionnalisation de l’IVG, en mars.

La nomination de figures comme Retailleau est un signe politique sans ambiguïté aucune. La politique d’austérité, de guerre et de génocide menée par Macron, rejetée massivement par les Français, est incompatible avec la démocratie. La bourgeoisie, à travers ses représentants politiques comme Macron et le RN, met en place un régime dont la coloration d’extrême-droite est ouvertement assumée.

Les deux possibles ministres figure conservatrice fait même craindre à certains alliés de Macron, dont des élus du MoDem que le gouvernement serait facilement identifié comme d’extrême-droite. Après concertation, le MoDem a toutefois décidé de participer au gouvernement «en dépit de divergences fortes avec LR, mais il assumera sa responsabilité politique devant le pays».

La mise en place de ce gouvernement, par des députés macronistes installés avec le soutien et grâce aux désistements de LFI et du NFP lors des élections du 7 juillet, confirme les avertissements du PES sur la traîtrise du Nouveau Front Populaire. Mélenchon s'est avéré être la cheville ouvrière de l'installation d'un gouvernement d'extrême-droite.

La chef de file LFI, Mathilde Panot « en colère » a dit sur TF1 : « Nous avons un gouvernement qui s'annonce recycler tous les perdants des élections » et « une extrême droitisation de la macronie ».

Pour le député PS Jérôme Guedj interrogé sur Sud Radio, «Je voterai la motion de censure car je ne me fais pas d'illusions sur le contenu de l'orientation programmatique. Que ce soit la composition du gouvernement ou les premières déclarations de Michel Barnier, on va avoir une ligne politique de droite et on ne remet pas en cause la question de la réforme des retraites. La deuxième raison est démocratique. C'est la sanction de cette séquence-là et le non-respect du message de l'élection du 7 juillet.»

Les travailleurs ne doivent pas se faire d’illusions sur les critiques creuses formulées par Panot et Guedj. Mélenchon a recueilli les voix de la majeure partie de la classe ouvrière urbaine lors des élections de 2022 et de 2024. Mais il a fait des alliances électorales avec Macron en 2024, prétendant que c’était la seule façon de barrer la route au néofascisme. En réalité, ce que Mélenchon a accompli est de maintenir suffisamment de députés macronistes à l’Assemblée pour permettre à Macron d’installer un gouvernement d’extrême-droite.

Après les élections, le NFP s'est avéré incapable d’appeler ses millions d'électeurs ouvriers à se mobiliser et à faire grève contre la conspiration de Macron. En abandonnant ainsi la lutte, le NFP permet à Macron de comploter tranquillement l'installation d'un gouvernement illégitime.

Les commentaires de Panot et de Guedj visent à présent à endormir les travailleurs et à maintenir le contrôle des bureaucraties sur la lutte des classes, non pas à préparer une lutte des travailleurs contre le gouvernement.

La France insoumise (LFI), force principale dans le NFP, ne représente pas les travailleurs, mais – comme des partis alliés en l'Europe dont Syriza en Grèce, Podemos en Espagne ou Die Linke en Allemagne – des couches aisées d’universitaires, de bureaucrates syndicaux et dans l'establishment politico-médiatique. Le NFP et LFI partagent une large partie du programme de Macron-Barnier. En effet, le programme électoral du NFP appelait à envoyer des troupes françaises en tant que «casques bleus» en Ukraine et à renforcer le renseignement et la gendarmerie.

Le gouvernement Barnier à peine nommé fait face à une énorme opposition de la classe ouvrière. Lors de la réforme des retraites de 2023, deux-tiers des Français étaient favorable à une grève générale et 75 pour cent des Français sont inquiets à l’idée que le conflit militaire se propage dans d’autres pays que l’Ukraine. De manière similaire, trois-quarts des Français estiment qu’en nommant un gouvernement de droite, Macron foule aux pieds les résultats de l’élection du 7 juillet 2024.

Mais la classe ouvrière ne peut pas lutter contre le gouvernment Macron-Barnier sous le contrôle du NFP et des bureaucraties syndicales. Ceux-ci ont d’ailleurs perdu la confiance de millions de travailleurs qui votent à présent RN pour marquer leur opposition au PS et à Macron. Le PES lutte pour l'unification des travailleurs en lutte contre Macron, à la fois contre les alliés néofascistes de Macron et la propre politique du NFP.

La lutte contre le gouvernement d’ultra-droite de Barnier nécessite la construciond d’une nouvelle direction révolutionnaire dans la classe ouvrière. Le Parti de l’égalité socialiste est le seul parti à avoir mis en garde contre la nomination d’un tel gouvernement et le rôle réactionnaire joué par le NFP. Le PES, section française du Comité international de la IVe Internationale, est de même le seul parti à avancer un programme à même de briser l'obstacle politique posé par les forces staliniennes, sociales-démocrates et populistes du NFP à une lutte contre Macron-Barnier.

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