Perspective

Votez «NON» à l’entente de trahison chez Boeing ! Organisez la base contre la capitulation que prépare la bureaucratie de l’AIMTA !

Construisez un mouvement pour empêcher cette trahison et imposer la volonté des membres ! Contactez le WSWS dès maintenant pour obtenir des informations sur la création d'un comité de base chez Boeing.

Les travailleurs de Boeing quittent le T-Mobile Park dans le centre de Seattle après avoir voté pour la grève à quasi-unanimité.

L'Alliance ouvrière internationale des comités de base (IWA-RFC) exhorte les 33.000 membres de l'Association internationale des machinistes (AIMTA) chez Boeing à rejeter la nouvelle entente de trahison annoncée dimanche.

L'AIMTA affirme depuis longtemps qu'elle a l'intention de «sauver Boeing de lui-même». Mais «sauver» Boeing signifie en réalité «sauver» ses riches actionnaires en imposant à ses travailleurs le coût des scandales de sécurité, où les réductions de coûts imposées par les dirigeants ont causé des centaines de morts. C'est exactement ce que le contrat vise à accomplir.

Parmi les points faibles de la proposition, citons : une augmentation de salaire de 25 % sur quatre ans, alors que les travailleurs ont enduré une décennie de gel des salaires ; une promesse sans valeur de construire de nouveaux modèles d'avions inexistants ; l'élimination des primes de performance ; et des dispositions prévoyant un nombre illimité d'heures supplémentaires en cas d'«urgence».

L'AIMTA a également demandé à siéger au conseil d'administration, ce qui lui donnerait un «siège à la table» pour réduire encore plus les emplois et la sécurité. Le nouvel accord, qui ne semble pas accorder de siège, prévoit un «dialogue» accru avec le conseil d'administration, où les bureaucrates de l'AIMTA recevront leurs ordres directement de Wall Street.

Des milliers de travailleurs ont participé lundi à des rassemblements anti-entente, réclamant la grève. Mais cette opposition massive doit maintenant être organisée, indépendamment des bureaucrates syndicaux. Les travailleurs doivent se donner le pouvoir d'annuler les décisions qui violent leur volonté et se préparer à une véritable lutte.

En particulier, les travailleurs doivent imposer un contrôle de la base sur le vote de ce jeudi afin d'éviter les irrégularités et de s'assurer qu'une grève aura lieu rapidement une fois que les travailleurs auront jeté cet accord à la poubelle, là où il doit être.

La lutte des classes s'intensifie et une prise de position chez Boeing bénéficiera d'un soutien puissant. Parmi les grèves récentes, citons la grève d'AT&T qui se poursuit dans le Sud, la grève des pièces automobiles à Dakkota, où les travailleurs ont dû faire face à cinq ententes de trahison consécutives, et la grève dans une raffinerie Marathon à Detroit. Mardi, 50.000 fonctionnaires se mettront en grève dans l'État de Washington, où se trouvent les principales installations de Boeing.

Il s'agit également du dernier exemple d'une série de grandes capitulations de la part des bureaucrates syndicaux dans le monde entier, notamment chez UPS, dans l'automobile, les chemins de fer, les docks et d'autres. Une méthode a été mise au point : les représentants utilisent des discours «radicaux» pour endormir les travailleurs avant de faire passer l'accord. Souvent, les concessions cachées ne sont découvertes que des semaines après la ratification de l'accord, comme ce sera sans doute le cas chez Boeing.

Il ne s'agit pas d'une entente mais d'une conspiration. Samedi, les bureaucrates de l'AIMTA ont affirmé qu'ils restaient «éloignés» de Boeing sur des questions essentielles. Mais ils avaient déjà programmé un vote sur une convention collective qui n'existait pas encore et annoncé un accord seulement un jour plus tard. En réalité, ils avaient un accord depuis le début, et la vraie question était de savoir comment l'imposer aux travailleurs.

Ils sont également prêts à passer outre un vote massif en faveur du «non» en utilisant une échappatoire antidémocratique, en «ratifiant» le contrat si moins de deux tiers des votants ne votent pas une seconde fois pour autoriser la grève.

Boeing est une entreprise stratégiquement vitale dont la main-d'œuvre a une longue histoire militante, y compris la grève de deux mois en 2008. Mais à chaque fois, les travailleurs se sont heurtés à un obstacle majeur : la bureaucratie de l'AIMTA.

Après avoir mis fin à la grève de 2008, l'AIMTA a fait adopter un accord qu'elle a maintenu en place pendant une période incroyable de 16 ans. Pendant 10 de ces années, les travailleurs ont vu leur salaire gelé après qu'une prolongation ait été «ratifiée» en 2014 dans des circonstances douteuses.

En soumettant cette entente au vote, les bureaucrates de l'AIMTA, dont le président du district 751, Jon Holden, montrent une fois de plus qu'ils ne sont pas du côté des travailleurs, mais de celui de la direction.

Ils agissent également au nom de l'administration Biden, qui ne veut pas d'une grève chez un important sous-traitant du secteur de la défense. Boeing est également une composante majeure des exportations américaines et un élément clé de la guerre économique mondiale, notamment avec son rival européen Airbus. Brian Bryant, président de l'AIMTA, siège au Conseil des exportations de Biden, aux côtés de milliardaires et d'un autre bureaucrate syndical, Shawn Fain, de l'UAW.

La Maison-Blanche de Biden utilise la bureaucratie syndicale pour sécuriser les chaînes d'approvisionnement critiques contre la menace des travailleurs de la base, en particulier pour assurer la poursuite de la guerre des États-Unis et de l'OTAN contre la Russie et la préparation de nouvelles guerres. Quelles que soient leurs différences, les deux partis politiques, les démocrates et les républicains, soutiennent les impératifs mondiaux de l'impérialisme américain et sont amèrement opposés à une lutte des travailleurs de Boeing qui perturberait ces plans.

Biden a tristement interdit une grève des chemins de fer en 2022 et a approuvé une nouvelle convention collective dans l’industrie automobile qui est maintenant utilisée pour supprimer des milliers d'emplois. La semaine dernière, la secrétaire d'État au travail par intérim, Julie Su, a rendu visite aux responsables de l'AIMTA. Bien que la réunion n'ait pas été rendue publique, il ne fait aucun doute qu'ils ont reçu leurs ordres de la Maison-Blanche pour que cet accord soit adopté à tout prix.

La lutte chez Boeing nécessite une rébellion contre l'appareil de l'AIMTA. Aucune colère ne fera rentrer les fonctionnaires dans le rang car leurs intérêts sociaux sont totalement alignés avec la direction contre les travailleurs. Ils possèdent des actifs de près de 300 millions de dollars (la section locale 751 possède à elle seule près de 79 millions de dollars), financés par les cotisations des travailleurs, avec lesquels ils s'octroient des salaires à six chiffres.

Les travailleurs, source de toutes les richesses, sont plus puissants qu'une poignée de bureaucrates, de cadres et de politiciens bourgeois. Mais ce pouvoir doit être organisé et dirigé par des comités de base.

Il s'agit d'un nouveau type de structure, excluant les responsables syndicaux, qui lutte pour unir les travailleurs indépendamment des appareils bureaucratiques afin de leur donner le pouvoir d’imposer leur volonté démocratique.

Les travailleurs de Boeing doivent tirer les leçons des exemples donnés par les travailleurs qui ont déjà mis en place ces comités, notamment les cheminots, les ouvriers de l'automobile, les postiers de plusieurs pays et d'autres. À cela s'ajoute la campagne de Will Lehman, ouvrier socialiste de Mack Trucks, pour la présidence de l'UAW sur un programme d'abolition de la bureaucratie. Ces comités sont affiliés à un mouvement mondial appelé Alliance ouvrière internationale des comités de base (IWA-RFC).

La question la plus immédiate est celle du vote lui-même. Les travailleurs doivent organiser des comités pour superviser chaque aspect du vote afin de s'assurer qu'il se déroule de manière équitable. Si l'AIMTA tente de passer outre un vote négatif en utilisant l'excuse des deux tiers ou toute autre méthode, les comités donneront aux travailleurs la possibilité d’ignorer cette décision.

Les comités donneront également aux travailleurs de Boeing la possibilité d'élaborer leurs propres revendications, au-delà desquelles ils n'accepteront aucune entente. L'IWA-RFC propose les revendications suivantes :

  • Une augmentation de salaire de 50 %, plus des ajustements rétroactifs au coût de la vie pour compenser 10 années de gel des salaires ;

  • L'embauche massive de postes de sécurité que la direction a imprudemment supprimés pour économiser de l'argent ;

  • Le contrôle des travailleurs sur toutes les questions liées à la sécurité et à l'assurance qualité ;

  • Le rétablissement de l'AMPP ;

  • Le rétablissement des pensions dans leur intégralité ; et

  • L’élimination des échelons salariaux pour que tous les employés de Boeing puissent vivre décemment.

Les comités de base doivent également établir des liens dans la classe ouvrière pour obtenir le soutien le plus large possible. Une prise de position chez Boeing enverra aux travailleurs du monde entier le signal qu'ils peuvent riposter.

En particulier, les travailleurs de Boeing doivent se rapprocher des dockers de la côte est, où les responsables syndicaux parlent de grève à la manière de l'AIMTA, et des cheminots, où les syndicats – y compris l'AIMTA – tentent d'imposer discrètement de nouveaux accords encore pires que le contrat Boeing.

Les travailleurs de Boeing doivent également tendre la main aux travailleurs du monde entier, y compris à ceux d'Airbus en Europe, qui est au cœur d'une vaste campagne de suppressions d'emplois.

Ils doivent également lier la revendication de meilleurs salaires et conditions de travail à l'appel à la transformation de Boeing en une entreprise publique, gérée par les travailleurs eux-mêmes. Les travailleurs de Boeing ne sont pas responsables des catastrophes aériennes causées par la recherche impitoyable du profit. Sans les intérêts parasitaires de Wall Street et de l'oligarchie patronale, ce scandale n'aurait jamais eu lieu.

Avant tout, la lutte chez Boeing est une lutte de classe, qui oppose les travailleurs non seulement à une entreprise cupide, mais aussi au système de profit capitaliste lui-même.

Construisez un mouvement pour empêcher cette trahison et imposer la volonté des membres ! Contactez le WSWS dès maintenant pour obtenir des informations sur la création d'un comité de base chez Boeing.

(Article paru en anglais le 10 septembre 2024)

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