Les États-Unis sont actuellement embourbés dans leur neuvième vague d'infections en masse depuis le début de la pandémie de COVID-19, la population étant désormais complètement abandonnée par les pouvoirs en place. Une politique de la contamination forcée a émergé, dans laquelle toutes les mesures de santé publique ont été abandonnées et la protection la plus élémentaire de port du masque est criminalisée dans de plus en plus de comtés et d'États.
Les données à partir des eaux usées montrent que plus de 1,2 million d'Américains sont infectés par le COVID-19 chaque jour. Les hospitalisations augmentent, en particulier chez les enfants et les personnes âgées, alors que les décès officiels approchent le millier par semaine. La surmortalité, une mesure plus précise du nombre réel de décès attribuables au COVID-19, s'élève à plus de 500 par jour, le nombre cumulé de décès aux États-Unis approchant les 1,5 million. Le COVID long, une gamme de symptômes souvent débilitants, touche désormais plus de 20 millions d'Américains et plus de 400 millions de personnes dans le monde.
Selon le Dr Mike Hoerger, modélisateur des eaux usées, il y a eu plus de 1,1 milliard d'infections cumulées au COVID-19 rien qu'aux États-Unis, l'Américain moyen étant infecté trois ou quatre fois. De nombreuses études montrant que chaque réinfection augmente le risque de COVID long et d'autres problèmes de santé tels que les accidents vasculaires cérébraux ou les crises cardiaques, la trajectoire actuelle de la politique du «COVID pour toujours» va dans le sens d’une débilitation et d’une mort en masse toujours plus étendues à l’échelle mondiale.
Dans ces conditions, le 23 août, de hauts responsables des principales agences de santé publique américaines ont tenu une conférence de presse extraordinaire qui a décrit très explicitement la politique criminelle de «COVID pour toujours» du gouvernement Biden.
La directrice des CDC (Centres de contrôle et prévention des maladies), la Dre Mandy Cohen, qui dirigeait l'événement, déclara sans détours que le COVID-19 était «endémique, il est ici avec nous». C'est la première fois qu'un haut responsable de la santé publique proclame que la COVID-19 est «endémique», après que les Drs Anthony Fauci, Rochelle Walensky et Ashish Jha eurent déclaré à maintes reprises, et à tort, que le virus était «en train» de devenir endémique depuis l'émergence du variant Omicron fin 2021.
Une maladie endémique est une maladie largement contenue, prévisible et qui ne perturbe pas le fonctionnement fondamental de la société. Rien de tout cela ne s'applique au COVID-19, qui se propage comme un feu de brousse presque toute l'année, causant de vastes dommages à la santé de la population, ainsi qu'un absentéisme massif et des perturbations économiques de plus de mille milliards de dollars par an.
Après avoir affirmé que le COVID-19 était «endémique», Cohen s'est empressé d'ajouter: «Nous devons nous protéger. Et nous avons les outils pour le faire, nous avons juste besoin de les utiliser ».
La réalité est que les «outils» de santé publique nécessaires pour atténuer les dangers du COVID-19, sans même parler d'arrêter la pandémie, ont été systématiquement stigmatisés, déniés et même criminalisés par l'ensemble de l'establishment politique. L'État capitaliste, fidèle aux intérêts et aux profits de Wall Street et des trusts américains, a démantelé toute surveillance pandémique et a laissé la population se débrouiller toute seule. Ceux qui restent vigilants et cherchent à éviter l'infection sont de plus en plus isolés et incapables de se protéger dans une mer de transmission virale.
Il est devenu très clair durant la conférence de presse que le seul «outil» préconisé par le gouvernement Biden sont les nouveaux vaccins conçus pour le variant KP.2 et actuellement en cours de déploiement. Les responsables présents ont dissimulé le fait que ces vaccins sont trop peu, trop tard, étant donné que le variant KP.3.1.1 est désormais dominant, le KP.2 ne représentant que 3,2 pour cent des cas à l'échelle nationale, et qu’il semble que la vague actuelle atteint juste son pic.
Il était également clair que les derniers vaccins ne seraient pas garantis à tout le monde. Cohen a déclaré que les Américains non assurés (plus de 26 millions de personnes) allaient devoir essayer de s'y retrouver dans la bureaucratie sanitaire de leur localité ou de leur comté ou payer plus de 120 dollars pour un vaccin. Aucun des intervenants n'a sérieusement abordé le fait que le taux de vaccination est extrêmement faible, le produit de la désinformation anti-vaccin bipartite et de la propagande dépeignant la pandémie comme terminée.
Pas une seule fois le mot «masque» n'a été mentionné, malgré le fait que de nombreuses études aient prouvé que des respirateurs N95 bien ajustés peuvent bloquer la transmission du COVID-19 et de tous les autres agents pathogènes en suspension dans l'air.
En fait, deux jours seulement après la conférence de presse du CDC, la police a arrêté un jeune homme de 18 ans dans le comté de Nassau (État de New York) pour avoir porté un masque de ski, après qu'une interdiction de port du masque à l'échelle du comté ait été mise en place plus tôt ce mois-ci. Les personnes arrêtées pour avoir porté des masques sont passibles d'une amende pouvant aller jusqu'à 1000 dollars, d'une peine d'emprisonnement de jusqu'à un an, ou des deux. Une interdiction similaire des masques est maintenant en vigueur en Caroline du Nord, tandis que des villes comme Los Angeles ont lancé l'idée de telles interdictions.
Un autre «outil» de plus en plus inaccessible pour l'Américain moyen est le Paxlovid, l'un des seuls traitements efficaces contre le COVID-19. Dans ses remarques, la responsable du ministère de la Santé et des Services sociaux (initiales anglaises HHS), Dawn O'Connell, a noté qu'à partir de 2025, Pfizer contrôlera entièrement la distribution de Paxlovid. Le géant pharmaceutique facturera sans aucun doute le prix complet du médicament, qui coûte plus de 1500 dollars.
Interrogé par un journaliste sur les dernières données scientifiques concernant les risques de réinfection par le COVID-19, Cohen a minimisé les dangers et a réitéré la stratégie de vaccination uniquement du gouvernement Biden, sans rien dire de la nécessité de porter des masques pour prévenir la transmission. La réalité est que de nombreuses études ont montré que chaque réinfection augmente le risque de développer le COVID long, qui n'est que légèrement atténué par la vaccination.
La réaction du gouvernement Biden à la dernière vague d'infections de masse est la confirmation que le capitalisme est en train de sombrer dans la barbarie, des siècles de progrès dans les domaines de la science et de la santé publique étant piétinés et mis au rebut. La contamination de masse par une maladie évitable ne doit plus être combattue, mais bien plutôt encouragée.
Si les démocrates et les républicains sont les premiers responsables de cette politique de la mort, ils sont rejoints par les campagnes présidentielles pseudo de gauche menées par Jill Stein du Parti vert et par le candidat indépendant Cornel West. Tous deux ont adapté leur rhétorique à l'électorat anti-vaccin d'extrême droite cultivé par Robert F. Kennedy Jr., qui soutient lui-même le pionnier de l'«immunité collective» Donald Trump.
Le seul parti politique qui se bat pour la santé publique et la science est le Socialist Equality Party (Parti de l'égalité socialiste) et ses candidats Joseph Kishore et Jerry White. Tout au long de leur campagne, ils ont éduqué les travailleurs sur la science de la pandémie, y compris la viabilité et la nécessité d'une stratégie mondiale d'élimination du COVID-19 et d'autres agents pathogènes. Ils ont appelé à une vaste injection de ressources pour financer la recherche sur le COVID long et les vaccins de nouvelle génération, ainsi que la rénovation de tous les espaces publics pour garantir l'accès à un air intérieur pur – à payer au moyen du gargantuesque budget militaire et la richesse de l’oligarchie financière.
La politique du «COVID pour toujours», par laquelle on laisse libre cours à un virus connu pour endommager tous les organes du corps, afin qu’il provoque des réinfections perpétuelles dans l'ensemble de la population mondiale, n'est pas viable. Aucune rhétorique disant que le COVID-19 devient «endémique» ne cachera la réalité objective du déclin de la santé et du bien-être de masses de travailleurs.
La tâche essentielle est d'éduquer la classe ouvrière internationale sur les dangers sanitaires auxquels elle est confrontée et qui coïncident maintenant avec la menace grandissante d'une guerre nucléaire et d'une dictature fasciste, et de construire un mouvement socialiste révolutionnaire pour mettre fin à la source de ces fléaux: le système de profit capitaliste.
(Article paru en anglais le 30 août 2024)