2014-2024 : La réponse du CIQI à une décennie de guerre mondialisée

Nous publions ci-après le rapport au huitième congrès du Socialist Equality Party (Parti de l'égalité socialiste, États-Unis), présenté par Andre Damon, rédacteur en chef adjoint national américain du World Socialist Web Site. Le congrès s'est tenu du 4 au 9 août 2024. Il a adopté à l'unanimité deux résolutions, « Les élections américaines de 2024 et les tâches du Parti de l'égalité socialiste » et « Libérez Bogdan Syrotiuk ! »

2014-2024 : La réponse du CIQI à une décennie de guerre mondialisée

Le mois prochain, Mehring Books publiera un nouveau volume composé de discours prononcés par David North lors des rassemblements annuels du 1er mai organisés par le Comité international de la Quatrième Internationale à partir de 2014.

Le livre s’intitule « Sonner l’alarme : le socialisme contre la guerre » et c’est à juste titre. Il documente comment le CIQI a travaillé systématiquement pendant une décennie entière pour avertir la classe ouvrière des États-Unis et du monde entier de l’ampleur avec laquelle les classes dirigeantes se préparent à une nouvelle guerre mondiale.

Dans ses remarques lors du premier rassemblement du CIQI le 1er mai 2014, David North a averti :

Ceux qui croient que la guerre avec la Chine et la Russie est impossible – que les grandes puissances impérialistes ne «risqueraient pas la guerre» avec des puissances nucléaires – se bercent d'illusions. L'histoire du vingtième siècle, avec ses deux guerres mondiales dévastatrices et ses innombrables conflits «localisés» et néanmoins sanglants, a fourni des preuves suffisantes des risques que les classes dirigeantes impérialistes sont prêtes à prendre. En fait, elles sont prêtes à risquer le sort de toute l'humanité et de la planète elle-même. Cent ans après l'éclatement de la Première Guerre mondiale et 75 ans après l'éclatement de la Deuxième, la lutte contre les risques d'un troisième cataclysme impérialiste s'impose à la classe ouvrière internationale.

Le but du CIQI en lançant ces avertissements n’était pas de prédire une catastrophe imminente, mais d’alerter la classe ouvrière des immenses dangers qui existent afin de, sur la base d’une évaluation sobre, mobiliser l’opposition à la guerre impérialiste.

Les avertissements du CIQI depuis le premier rassemblement international du 1er mai ont été confirmés par l’éclatement de la guerre entre les États-Unis et la Russie en Ukraine, l’escalade du conflit avec la Chine et le génocide à Gaza. Ce rapport s’efforcera de présenter une histoire de l’éruption de la guerre mondialisée au cours de cette période, à travers une revue des écrits et des déclarations publiées sur le WSWS.

Cette période s’est étendue sur trois administrations – Obama, Trump et Biden – et nécessite un examen préparatoire des politiques de l’administration Bush. Alors que toutes ces administrations ont été caractérisées par d’âpres divisions sur la priorité à donner dans le domaine de la politique étrangère américaine, principalement sur la primauté du Pacifique par rapport aux théâtres européens, il y a eu une continuité remarquable dans l’objectif de domination mondiale par la guerre.

En effet, toutes ces administrations expriment les tendances fondamentales du capitalisme américain et la volonté du capital financier américain de dominer le monde, découlant de la crise de plus en plus désespérée du capitalisme américain et, plus fondamentalement, de la contradiction entre l’État-nation et l’économie mondialisée.

Dans la période qui a suivi la dissolution de l’Union soviétique, le CIQI a mis l’accent sur la crise accentuée du capitalisme américain en tant que force motrice de décennies d’agression militaire américaine à travers le monde.

Dans l’essai de 2009 intitulé « La crise capitaliste et le retour de l’histoire », David North observait (article en anglais) que :

Jusqu’à présent, le rôle mondial du dollar conférait aux États-Unis un avantage financier unique. Les États-Unis contrôlaient l’émission monétaire qui faisait office de monnaie de réserve mondiale.

Il a noté que:

Si le dollar perdait son statut mondial unique, cela aurait des conséquences immédiates non seulement sur la position mondiale du capitalisme américain, mais aussi sur la conduite de sa politique économique intérieure. Il suffit de souligner que l’ensemble du plan de relance de l’administration Obama, qui implique des déficits de plusieurs milliers de milliards de dollars, dépend de la volonté des créanciers étrangers de détenir des dollars américains.

Lorsque le camarade Nord a écrit ces lignes, le bilan de la Réserve fédérale s’élevait à 2 000 milliards de dollars et la dette fédérale américaine à 12 000 milliards de dollars. Aujourd’hui, le bilan de la Réserve fédérale a quadruplé pour atteindre 8 000 milliards de dollars, et la dette fédérale a triplé pour atteindre 36 000 milliards de dollars.

En d’autres termes, aussi aiguë qu’ait été la crise en 2008-2009, elle est bien plus grave aujourd’hui. La classe dirigeante américaine a poussé jusqu’à la limite le « privilège exorbitant » exercé par le dollar américain. Sa situation économique désespérée est l’un des principaux moteurs de ses actions de plus en plus imprudentes et violentes sur la scène mondiale.

L’expression la plus visible du déclin relatif et de la crise de l’économie américaine s’est manifestée dans l’effondrement des exportations nettes, reflété par la balance courante. En 1990, le déficit de la balance courante américaine s'élevait à 79 milliards de dollars. En 2000, le déficit de la balance courante avait considérablement augmenté pour atteindre 416 milliards de dollars. En 2008, lors de la crise financière mondiale, le déficit avait atteint 676 milliards de dollars. En 2022, le déficit de la balance courante passa à 943 milliards de dollars.

La balance courante des États-Unis [Photo: Federal Reserve Economic Database]

À partir de la fin des années 1980, la politique économique américaine fut caractérisée par la création et l’effondrement d’une série de bulles économiques spéculatives, chacune suivie par un sauvetage des banques à une échelle de plus en plus grande.

Alors que la réponse au krach du vendredi noir de 1987 et à la crise de l'épargne et du crédit de la fin des années 1980 a été une période prolongée de taux d'intérêt extrêmement bas, au moment du krach de 2008, même des taux d'intérêt proches de zéro n'étaient pas suffisants, et la Réserve fédérale a lancé une politique « d'assouplissement quantitatif » qui a considérablement élargi son bilan. Cette énorme opération d’émission monétaire a été reproduite à une échelle encore plus grande en réponse à la crise financière déclenchée par la pandémie de COVID-19, dans une expansion de la masse monétaire sans précédent dans l’histoire américaine.

Le bilan de la Réserve fédérale américaine [Photo: Federal Reserve Economic Database]
M2, une mesure de la masse monétaire américaine [Photo: Federal Reserve Economic Database]

Selon une analyse du Comité pour un budget fédéral responsable, la loi CARES de 2 300 milliards de dollars contenait 1 400 milliards de dollars de soutien direct du gouvernement aux entreprises, dont la part la plus importante tombait dans l’escarcelle des grandes entreprises bien connectées.

Mais ce n’était que l’acompte. La loi CARES était la composante budgétaire d’une intervention monétaire massive de la Réserve fédérale à laquelle l’administration Trump se vantait d’avoir ajouté 4 000 milliards de dollars.

En février 2020, le bilan de la Réserve fédérale s'élevait à 4 100 milliards de dollars. Aujourd'hui, il en compte plus du double, pour atteindre près de 8 500 milliards de dollars.

Ainsi, sur une intervention fédérale en 2020 totalisant plus de 6 700 milliards de dollars, les paiements directs aux ménages et les allocations de chômage représentaient moins de dix pour cent du total. En conséquence, les milliardaires américains se sont enrichis de 2 100 milliards de dollars supplémentaires depuis le début de la pandémie.

Ces décennies de sauvetage des banques ont conduit à une augmentation massive de la dette publique américaine. En 2000, à la suite de la bulle Internet, la dette fédérale a atteint 5 700 milliards de dollars. Puis, en 2010, ce montant a doublé pour atteindre 12 100 milliards de dollars. Fin 2020, ce montant avait encore doublé, pour atteindre 26 000 milliards de dollars, et il s’élève désormais à 34 000 milliards de dollars. En termes réels, la dette fédérale américaine a augmenté de 358,9 pour cent sur cette période.

La dette fédérale américaine [Photo: Federal Reserve Economic Database]

Lors de l’événement du 1er mai 2024, le camarade Nord a noté :

Mais la campagne d'hégémonie mondiale est minée par la réalité de la détérioration des fondements économiques du capitalisme américain. Pour parler franchement, elle est confrontée au problème fondamental qui est inévitablement posé à un système économique dégénéré : la faillite de l'État.

Si un autre pays avait procédé à l’émission monétaire à cette échelle, cela aurait conduit à une hyperinflation et à un effondrement précipité de la valeur du dollar. Les États-Unis n’ont pu mettre en œuvre cette politique que grâce au « privilège exorbitant » du dollar américain.

Mais l’affaiblissement sous-jacent de l’économie américaine s’est traduit par la hausse du prix de l’or. Au plus fort de la crise de 2020, le prix de l’or a brièvement atteint 2 000 dollars l’once. Il a dépassé ce sommet en novembre et n'a depuis continué qu'à augmenter, atteignant son sommet actuel de 2 442 $.

Dans le rapport d’ouverture de l’université d’été 2023 du Parti de l’égalité socialiste, David North a noté :

Cette relation entre détérioration économique et recours à des solutions militaires a acquis quelque chose du caractère d'une loi de la géopolitique contemporaine. La préservation du rôle central des États-Unis dans la géopolitique mondiale, sans parler de ses efforts pour atteindre l'hégémonie, est entièrement liée au maintien du dollar américain comme monnaie de réserve mondiale indiscutable. C'est le fondement central non seulement de la domination de l'Amérique dans les affaires mondiales, mais, et ce n'est pas moins crucial, de l'évitement de la faillite financière nationale.

L’expression la plus aiguë de l’éruption violente de l’impérialisme américain au cours de la dernière décennie est la guerre contre la Russie en Ukraine. Mais cette guerre ne peut être comprise en dehors des efforts déployés depuis des décennies par l’impérialisme américain pour élargir l’alliance de l’OTAN et dominer les pays d’Europe de l’Est et de l’ex-Union soviétique.

En 1998, le Sénat a voté en faveur de l’élargissement de l’OTAN à la Pologne, à la Hongrie et à la République tchèque.

« Les États-Unis sont une puissance européenne », avait déclaré la secrétaire d’État Madeleine Albright en 1997 devant la commission sénatoriale des relations étrangères. « Nous avons un intérêt non seulement dans les terres situées à l’ouest de l’Oder, mais aussi dans le sort des 200 millions de personnes qui vivent dans les pays situés entre la Baltique et la mer Noire. »

Le 15 juin 2001, dans un discours prononcé à Varsovie, en Pologne, le président américain George W. Bush a déclaré son « Plan d’élargissement de l’OTAN » afin de créer un cercle de pays qui s’étendrait « de la Baltique à la mer Noire ».

Biden a soutenu l'élargissement de l'OTAN en 2004 avec l'inclusion de la Bulgarie, de la Roumanie, de la Slovaquie, de la Slovénie, de l'Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie.

La stratégie qui sous-tend l’expansion de l’OTAN vers l’est s’inspire largement des conceptions du dictateur de droite Józef Piłsudski, qui a dirigé la Pologne pendant une grande partie de l’entre-deux-guerres.

Le géostratège américain Robert Kaplan a souligné, dans un article d'août 2014 intitulé « L'Europe de Piłsudski », que « ce sont la Pologne et la Roumanie, les deux plus grands États de l'OTAN respectivement dans le nord-est et le sud-est de l'Europe, qui sont cruciales pour l'émergence d'un Intermarium efficace pour contrer la Russie. Ensemble, ils relient pratiquement la Baltique à la mer Noire».

Mais l’élément central de ce nouvel « Intermarium » devait être l’Ukraine.

En 2008, lorsque Bush a déclaré que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN était dans « l’intérêt » des États-Unis, il bénéficiait du soutien enthousiaste de Biden et d’autres dirigeants du Parti démocrate. Sous la direction de Bush, l’OTAN a déclaré que l’Ukraine et la Géorgie « deviendront membres de l’OTAN ».

L'administration Obama a défendu avec véhémence l'appel de Bush à ce que l'Ukraine devienne membre de l'OTAN.

Dans la poursuite de cet objectif, Victoria Nuland, alors secrétaire d’État adjointe aux Affaires européennes et eurasiennes, a rapporté en 2013 que les États-Unis avaient dépensé 5 milliards de dollars pour aider l’Ukraine à « réaliser ses aspirations européennes ».

Le renversement en février 2014 du gouvernement dirigé par Viktor Ianoukovitch, lors d'un coup d'État organisé et financé par les États-Unis et l'Allemagne, était une tentative non dissimulée de placer l'Ukraine dans l'orbite de l'OTAN et d'en faire une rampe de lancement pour une future guerre contre la Russie.

En quelques mois, le parlement ukrainien a renoncé au statut de non-alignement de son pays et a annoncé son intention d'approfondir sa coopération avec l'OTAN « afin de remplir les critères requis pour l'adhésion à l'alliance ».

Le coup d'État de 2014 a déclenché la sécession de Donetsk et de Lougansk, dans l'est de l'Ukraine, ainsi que l'annexion par la Russie de la Crimée, une région majoritairement russophone, à la suite d'un référendum.

Lors de son premier rassemblement international du 1er mai 2014, David North avait prévenu (article en anglais):

La crise ukrainienne a été délibérément déclenchée par les États-Unis et l’Allemagne en orchestrant un coup d’État à Kiev. Le but de ce coup d’État était d’amener au pouvoir un régime qui placerait l’Ukraine sous le contrôle direct de l’impérialisme américain et allemand. Les conspirateurs de Washington et de Berlin ont compris que ce coup d’État mènerait à une confrontation avec la Russie. En effet, loin de chercher à éviter une confrontation, l’Allemagne et les États-Unis estiment qu’un affrontement avec la Russie est nécessaire à la réalisation de leurs intérêts géopolitiques de grande envergure.

Cette évaluation a en fait été confirmée près de dix ans plus tard, lorsqu’en février 2023, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a reconnu à quel point les puissances orientales de l’OTAN s’étaient réarmées militairement pendant des années en préparation au conflit actuel. Il a déclaré :

La guerre n'a pas commencé en février de l'année dernière, elle a commencé en 2014. Et depuis 2014, nous avons mis en œuvre le plus grand renforcement de notre défense collective, avec plus de troupes, une meilleure préparation, une présence dans la partie orientale de l'Alliance, de nouveaux plans de défense, et également une augmentation des dépenses de défense.

Suite au coup d’État de Maïdan et la sécession de Donetsk et Lougansk, les puissances européennes ont conclu les accords de Minsk dans le but de gagner du temps pour réarmer l’Ukraine et en faire un front de bataille contre la Russie. L'accord prévoyait un cessez-le-feu, le retrait des armes lourdes et l'établissement d'une zone de sécurité, surveillée par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Le gouvernement ukrainien s'est engagé à modifier la constitution pour accorder un statut spécial à Donetsk et Lougansk et leur accorder une plus grande autonomie.

Mais tout cela n’était qu’une ruse de la part des puissances impérialistes. Selon l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel, l’accord de Minsk a permis de gagner du temps pour réarmer l’Ukraine. « L’accord de Minsk de 2014 était une tentative de donner du temps à l’Ukraine », a déclaré Merkel à l’hebdomadaire Die Zeit. « Il a également profité de ce temps pour devenir plus fort, comme vous pouvez le constater aujourd'hui [...] Il était clair pour nous tous qu'il s'agissait d'un conflit gelé, que le problème n'était pas résolu, mais c'est précisément ce qui a donné un temps précieux à l'Ukraine. »

Dans un rapport de 2018, l’Atlantic Council a décrit sans ambages l’afflux massif d’armes en Ukraine après le coup d’État de 2014 :

En 2014, le Congrès américain a adopté la loi sur le soutien à la liberté en Ukraine, qui a alloué 350 millions de dollars d’aide à la sécurité, y compris des armes antichars et anti-blindés, au gouvernement ukrainien pour défendre son intégrité territoriale. Malgré le fort soutien du Congrès, le président Barack Obama a décidé de ne pas autoriser la vente ou le financement par le gouvernement américain d’armes létales à l’Ukraine. Toutefois, cette politique n’a pas empêché l’exportation privée d’armes létales de fabrication américaine vers l’Ukraine.

Sous l’administration Obama, les ventes commerciales directes de petites expéditions d’armes létales vers l’Ukraine étaient examinées, approuvées et autorisées au cas par cas par le département d’État en consultation avec le département de la Défense. Le gouvernement américain a autorisé près de 27 millions de dollars d’articles et de services de défense commerciale à l’Ukraine en 2016 et environ 68 millions de dollars en 2015, dont une partie est classée comme armement létal.

Le 22 décembre 2017, l’administration Trump a approuvé la fourniture de missiles antichar Javelin à l’Ukraine, clôturant un débat de près de trois ans à Washington sur la question de savoir si les États-Unis devraient fournir des armes défensives létales pour contrer une nouvelle agression russe en Europe.

[...] Le gouvernement américain fournit pour la première fois directement du matériel de défense létale à l'armée ukrainienne, même si des armes létales de fabrication américaine se trouvent en Ukraine depuis 2015.

Tout au long de cette période, le CIQI a averti à plusieurs reprises que les puissances impérialistes se rééquipaient pour une nouvelle guerre mondiale, ciblant la Russie et la Chine. Dans la préface de A Quarter Century of War: The US Drive for Global Hegemony 1990-2016, David North a écrit :

Le dernier quart de siècle de guerres déclenchées par les États-Unis doit être étudié comme une chaîne d’événements interconnectés. La logique stratégique de la campagne américaine d’hégémonie mondiale s’étend au-delà des opérations néocoloniales au Moyen-Orient et en Afrique. Les guerres régionales en cours sont des éléments constitutifs de l’escalade rapide de la confrontation entre les États-Unis, la Russie et la Chine.

C’est à travers le prisme des efforts américains pour affirmer le contrôle du territoire stratégiquement crucial de l’Eurasie que la signification essentielle des événements de 1990-1991 se révèle. Mais cette dernière étape dans la lutte en cours pour l’hégémonie mondiale, qui est au cœur du conflit avec la Russie et la Chine [...]

Un parallèle entre aujourd’hui et 1914 est le sentiment croissant parmi les stratèges politiques et militaires qu’une guerre entre les États-Unis et la Chine ou la Russie pourrait être inévitable. À mesure que cette prémisse fataliste éclaire de plus en plus les jugements et les actions des principaux décideurs au plus haut niveau de l’État, elle devient un facteur dynamique qui rend plus probable le déclenchement d’une guerre [...] Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, un tel danger de guerre mondiale n’a jamais été aussi présent.

Un élément clé de la réponse américaine aux événements de 2014 a été le programme de réarmement nucléaire lancé sous l’administration Obama.

En 2016, le président Barack Obama a lancé l'expansion et la modernisation les plus spectaculaires des forces nucléaires américaines depuis la fin de la guerre froide, pour un coût estimé à 1 200 milliards de dollars.

La course aux armements nucléaires d’Obama a déclenché ce que les commentateurs de l’époque appelaient la « deuxième ère nucléaire ». Contrairement à la doctrine de la « destruction mutuelle assurée » de la guerre froide, cette « deuxième ère nucléaire », selon les termes d'un rapport de 2016 du Centre d'études stratégiques et internationales, impliquerait que les combattants « réfléchissent à la manière dont ils pourraient réellement utiliser une arme nucléaire, à la fois au début d’un conflit et de manière discriminatoire ».

En plus de rendre les armes nucléaires plus petites, plus légères, moins destructrices et plus portables, le corollaire de la fabrication d’armes nucléaires « utilisables » était la levée des restrictions sur les armes à plus courte portée.

En janvier 2019, l’administration Trump a publié sa Stratégie de défense nationale de 2018, qui déclarait que « la concurrence stratégique interétatique, et non le terrorisme, est désormais la principale préoccupation de la sécurité nationale des États-Unis ».

Puisque « l’armée américaine n’a aucun droit prédéterminé à la victoire sur le champ de bataille », la seule façon pour les États-Unis de l’emporter dans ce conflit passe par «l’intégration fluide de multiples éléments de la puissance nationale », y compris « l’information, l’économie, la finance, le renseignement, la police et l’armée ».

Dans le Wall Street Journal, l'historien Arthur L. Herman a déclaré que la stratégie de sécurité nationale de Trump annonce un « profond retour au monde d'avant 1917 : une arène internationale anarchique dans laquelle chaque État souverain, grand ou petit, doit s'appuyer sur la force armée » pour sa sécurité.

« Dans cette nouvelle ère », écrit Herman, « le plus fort fait inévitablement le bien ». Seul le pouvoir compte, et « les grandes puissances dominent inévitablement les petites ». Herman ajoute : « C'est le monde d'Otto von Bismarck, qui disait en 1862 : “Les grandes questions de l'époque ne sont pas résolues par des discours et des décisions majoritaires [...] mais par le fer et le sang.” »

En 2018, le vice-président Mike Pence a prononcé un discours sur le conflit entre les États-Unis et la Chine, qui a marqué un renversement de décennies de politique antérieure remontant au voyage de Nixon en Chine en 1971.

La Chine, a déclaré Pence, cherche « à conquérir les sommets de l’économie du 21e siècle » :

Pleine d’optimisme, au tournant du 21e siècle, l’Amérique a accepté de donner à Pékin un accès ouvert à notre économie et d’intégrer la Chine à l’Organisation mondiale du commerce. [...]

Au cours des 17 dernières années, le PIB de la Chine a été multiplié par 9 ; elle est devenue la deuxième économie mondiale. Une grande partie de ce succès est due aux investissements américains en Chine. [...] Ces politiques ont construit la base manufacturière de Pékin, aux dépens de ses concurrents, notamment des États-Unis. [...]

Désormais, grâce au plan « Made in China 2025 », le Parti communiste a pour objectif de contrôler 90 pour cent des industries les plus avancées du monde, notamment la robotique, la biotechnologie et l'intelligence artificielle.

Le discours de Pence a introduit le concept de « découplage » économique et de « démondialisation », déclarant ainsi révolue l'époque où le capitalisme promouvait le « libre-échange ». Au lieu de cela, la politique de l’État devait viser ouvertement à protéger l’industrie nationale dans la lutte pour les « industries clés » du 21e siècle.

La guerre commerciale lancée par Trump, puis poursuivie sous Biden, devait être l’antichambre d’un conflit militaire pour la domination économique mondiale.

En 2019, l’administration Trump a intensifié la course aux armements nucléaires lancée sous Obama en se retirant unilatéralement du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, permettant ainsi aux États-Unis d’encercler la Russie et la Chine avec des armes nucléaires à courte portée capables de frapper de grandes villes en quelques minutes. Cela s’est accompagné de l’expansion systématique du programme américain de modernisation nucléaire, dont le coût a ensuite grimpé jusqu’à près de 2 000 milliards de dollars.

Ce que les groupes de réflexion américains proclamaient il y a seulement deux ans comme le « deuxième âge nucléaire » conduisait à un monde dans lequel il n’y aurait ni limite ni contrôle sur le déploiement – ou l’utilisation – des armes nucléaires.

La présidence de Trump a été caractérisée par un conflit persistant au sein de l'État sur le rythme des expéditions d'armes américaines vers l'Ukraine.

La première mise en accusation de Donald Trump était centrée sur des allégations selon lesquelles Trump aurait attribué le versement d'armes américaines à l'Ukraine à condition que Zelensky ordonne une enquête sur le fils de Biden, Hunter, qui toucha environ 1 million de dollars par an pour siéger au conseil d'administration de Burisma, une société énergétique ukrainienne.

Le WSWS a écrit (article en anglais) en décembre 2019 :

Le conflit qui fait rage au sein de l'État est centré sur la décision de Trump de retarder temporairement une expédition massive d'armes vers l'Ukraine. La férocité avec laquelle l’ensemble de l’appareil de sécurité nationale américain a réagi à ce report soulève la question suivante : existe-t-il un calendrier pour l’utilisation de ces armes au combat dans le cadre d’une guerre contre la Russie ?

Avant que les plans de guerre de grande envergure des États-Unis contre la Russie puissent être mis en œuvre, l’humanité a été confrontée à la première pandémie mondiale du 21e siècle. Nous ne sommes plus qu’à quelques mois du cinquième anniversaire du début de la pandémie de COVID-19. Il y a cinq ans ce mois-ci, le virus qui s'est finalement transmis à l'homme en décembre 2019 se propageait dans les populations d'animaux sauvages qui allaient être, au cours des mois suivants, saisis et emmenés au marché d’animaux vivants de Wuhan, en Chine, où le virus serait transmis ensuite à l'être humain.

Lors du rassemblement du 1er mai 2020, David North a qualifié la pandémie de COVID-19 d’« événement déclencheur dans l’histoire mondiale » :

En analysant la crise mondiale actuelle, le World Socialist Web Site a écrit que la pandémie était un «événement déclencheur». On peut la comparer à l’assassinat de l’archiduc autrichien Franz Ferdinand et de sa femme, le 28 juin 1914. Cet incident à rapidement provoqué le déclenchement de la Première Guerre mondiale cinq semaines plus tard, en août 1914. Sans cet assassinat, il est peu probable que la guerre ait commencé en août. Mais tôt ou tard, peut-être à l’hiver 1914 ou l’année suivante, les contradictions économiques et géopolitiques du capitalisme européen et mondial auraient produit une conflagration militaire. L’assassinat a accéléré le processus historique, mais il a agi sur des conditions socio-économiques et politiques extrêmement inflammables. On peut dire la même chose à propos de la pandémie.

En effet, l’un des plus grands héritages de cet « événement déclencheur » a été l’éruption mondiale d’une guerre impérialiste. Cet « événement déclencheur » a précipité l’éruption de la guerre dans le monde entier, depuis la guerre en Ukraine – la plus grande guerre terrestre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale –, jusqu’au génocide à Gaza – l’extermination systématique du peuple palestinien –, qui s’étend désormais jusqu’à devenir une guerre dans tout le Moyen-Orient.

La réponse à la pandémie a été de « banaliser » diverses formes de barbarie sociale, allant des décès de masse évitables dus à la pandémie de COVID-19 au génocide et à la guerre nucléaire. Le WSWS a établi le lien entre la pandémie et la guerre dans la déclaration « Le capitalisme banalise la mort : du COVID-19 à la menace de guerre nucléaire ».

Le WSWS a écrit :

En 1963, Barry Goldwater, futur candidat du Parti républicain à la présidence des États-Unis, a publié un livre intitulé «Why Not Victory?» dans lequel il affirmait que les États-Unis n’étaient pas suffisamment agressifs face à l’Union soviétique parce que la population américaine avait trop peur de la guerre nucléaire.

«Une peur lâche de la mort est en train de pénétrer dans la conscience américaine», écrivait Goldwater. «Nous voulons rester en vie, bien sûr; mais plus encore, nous voulons être libres.»

Faisant écho à la déclaration de Barry Goldwater en 1964, Philip Breedlove, ancien commandant suprême des forces alliées de l’OTAN en Europe, a déclaré dans une interview à Voice of America: «Nous avons été tellement inquiets au sujet des armes nucléaires et de la Troisième Guerre mondiale que nous nous sommes laissés totalement dissuader. Et franchement, rien ne le [Poutine] dissuade».

La conclusion inévitable est que la population doit accepter la menace de la guerre nucléaire et surmonter sa «crainte lâche de la mort». La désinvolture et l’insouciance totales avec lesquelles l’establishment politique américain traite la perspective d’une guerre qui menace de dégénérer en un échange nucléaire à grande échelle sont à l’image de l’indifférence de la classe dirigeante à l’égard de la mort de masse durant la pandémie.

Un attribut important des commentaires médiatiques sur la pandémie aux États-Unis a été l’affirmation que la lutte pour préserver la vie, le premier droit énuméré dans la Déclaration d’indépendance, est synonyme de «peur».

Avec le recul, il est possible d'ajouter à ce commentaire que le slogan du Dr Folamour de Stanley Kubrick, « comment j'ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe » pourrait tout aussi bien s'appliquer à la politique COVID-19 de l'administration Biden : « comment j'ai appris à ne plus m’en faire et à aimer le virus ».

Lorsque les générations futures repenseront à la pandémie de COVID-19, elles auront du mal à comprendre comment la classe dirigeante a travaillé pour faire accepter deux récits apparemment irréconciliables presque dans le même souffle. Alors que l’administration Trump s’efforçait de rejeter le COVID-19 en le qualifiant de « simple grippe » et de déclarer qu’une infection répétée avait des effets bénéfiques sur la santé en conférant une mythique « immunité collective », elle affirmait simultanément que le COVID-19 était une arme biologique créée de main d’homme par le Parti communiste chinois comme la plus grande attaque contre l'Amérique depuis l'attaque terroriste du 11 septembre 2001.

En mai, l’administration Trump avait commencé à promouvoir publiquement cette théorie du complot. Ce mois-là, le WSWS écrivait :

Son administration cherche à se fabriquer une sortie de secours. Quoi qu’il arrive, ce sera la faute de la Chine. La Maison-Blanche sait que son programme entraînera une montée rapide et considérable du nombre des décès et elle espère que, quand sera venu le moment d’acquitter la facture de sa désastreuse politique, elle pourra dévier les tensions sociales vers l’extérieur, contre la Chine.

À la fin de l’année, cette théorie du complot pseudo-scientifique était promue non seulement par Trump, mais par l’ensemble de l’establishment politique américain. Commentant la promotion de la théorie du complot par le Washington Post, le WSWS a écrit :

L’objectif du Post est de corrompre l’opinion publique, de susciter la haine dans la population, par l’encouragement d’un mensonge pouvant être utilisé pour justifier une guerre.

Le mandat de Trump s'est terminé avec des centaines de milliers de morts du fait d'une pandémie évitable et des manifestations massives de millions de personnes contre la violence policière, auxquelles Trump a répondu par un déchaînement policier dictatorial avec des dizaines de milliers d'arrestations.

Mais face aux affirmations de la pseudo-gauche selon lesquelles l’élection de Biden représenterait le triomphe de la paix et de la démocratie, le WSWS a averti qu’une administration de Biden se consacrerait à une escalade de la guerre.

Dans son rapport du 1er mai 2019, le camarade Nord a averti :

L’hystérie anti-russe qui s’est emparée du Parti démocrate fait qu’il est raisonnable de présumer que, s’il réoccupait la Maison-Blanche, le danger d’une guerre mondiale serait encore plus grand.

Le WSWS a développé ces avertissements dans une perspective publiée le 22 août 2020, intitulée « La campagne Biden et la tentative de “sauvetage” l’hégémonie américaine ».

Un gouvernement Biden/Harris n’inaugurera pas une nouvelle aube d’hégémonie américaine. Cette campagne pour l’hégémonie se fera plutôt par une violence sans précédent. S’ils accèdent au pouvoir – avec le soutien de tous les réactionnaires responsables des pires crimes du XXIe siècle – ils s’engageront dans une vaste expansion de la guerre. Trump et Pompeo se dirigent tête baissée vers un conflit avec la Chine. La critique par Biden de ce cours désastreux est que les États-Unis doivent se montrer «durs» envers la Russie, envers la Chine, l’Afghanistan, la Syrie… enfin, partout.

En décembre 2020, le WSWS a expliqué la politique étrangère de la nouvelle administration Biden :

Le thème sous-jacent est que, pendant les quatre dernières années du gouvernement Trump, Moscou a pu s’en tirer à bon compte. Maintenant, un nouveau gouvernement Biden doit rattraper le temps perdu grâce à une expansion massive de militarisme américain face à la Russie, allant jusqu’au bord de la guerre et peut-être bien au-delà.

Et c’est précisément ce qui s’est passé. Biden a déclaré en 2022 :

Nous avons envoyé à l’Ukraine davantage d’aide à la sécurité l’année dernière [c’est-à-dire en 2021] – 650 millions de dollars en armes, y compris des équipements antiaériens et antiblindés avant l’invasion – plus que ce que nous n’avions jamais fourni auparavant. Ainsi, lorsque l’invasion a commencé, ils avaient déjà entre les mains le type d’armes dont ils avaient besoin pour contrer les avancées russes.

Dans sa déclaration du 17 janvier 2022, intitulée « L’escalade du conflit des États-Unis et l’OTAN avec la Russie mène à la guerre », le WSWS a averti :

Les États-Unis et leurs alliés européens utilisent l’Ukraine comme prétexte afin d’intensifier délibérément et imprudemment leur confrontation avec la Russie. Tout ce qu’ils disent et font mène à la conclusion que la guerre, déclarée ou non, est leur objectif.

Ces thèmes ont été développés dans la déclaration « Pourquoi les États-Unis et l’OTAN veulent la guerre avec la Russie », publiée le 25 janvier 2022 :

Le World Socialist Web Site condamne l’escalade des provocations des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie. Leur objectif est de fabriquer un prétexte pour la guerre. [...]

L’impérialisme américain et européen considère la Russie, comme Hitler l’a fait en 1941, comme une vaste arène à piller. Par une combinaison de guerre et de déstabilisation interne, l’impérialisme cherche à provoquer l’éclatement de la Russie. Leur objectif est de découper la Russie en de nombreux États fantoches qui existeraient en tant que colonies des principales puissances impérialistes.

En outre, les États-Unis considèrent l’intégration de la Russie dans leur sphère d’influence comme une préparation essentielle à la guerre avec la Chine.

Le WSWS est revenu sur ces thèmes dans une déclaration datée du 14 février 2022, intitulée « Il faut s’opposer à la campagne guerrière des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie en Ukraine ! »

Il y a une urgence frénétique dans la campagne de guerre de Washington. Les États-Unis semblent fonctionner sur la base d’un calendrier qui ne leur permet pas de peser les conséquences ou de discuter ouvertement des pires scénarios. Biden a déclaré à la presse le 10 février que si les Américains et les Russes commencent à se tirer dessus, «c’est une guerre mondiale». Pourtant, plutôt que de prendre des mesures pour désamorcer et prévenir un tel cataclysme, les États-Unis poursuivent leurs provocations et leurs allégations [...] des sections puissantes de l’élite patronale et financière et des agences de renseignement ont décidé que la confrontation avec la Russie, prévue de longue date, ne peut plus être retardée.

Maintenant que le gouvernement Biden est au pouvoir, il tente de rattraper le temps perdu. Le stratagème des États-Unis et de l’OTAN est aussi grossier qu’il est évident. L’Ukraine est utilisée comme appât pour attirer la Russie dans la guerre.

Le 22 février 2022, la Russie envahit l’Ukraine. Malgré notre explication du rôle de l'OTAN dans la provocation de la Russie, le WSWS a publié une déclaration du CIQI condamnant l'invasion, intitulée « Non à l'invasion de l'Ukraine par le gouvernement Poutine et au bellicisme des États-Unis et de l'OTAN ! Pour l’unité des travailleurs russes et ukrainiens !

Le Comité international de la Quatrième Internationale et le World Socialist Web Site dénoncent l’intervention militaire russe en Ukraine. Les socialistes et les travailleurs conscients doivent s’opposer à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, malgré les provocations et les menaces des États-Unis et des puissances de l’OTAN. La catastrophe qui a été déclenchée par la dissolution de l’Union soviétique en 1991 ne peut être évitée sur la base du nationalisme russe, une idéologie profondément réactionnaire qui sert les intérêts de la classe dirigeante capitaliste représentée par Vladimir Poutine.

Ce qu’il faut, ce n’est pas un retour à la politique étrangère du tsarisme d’avant 1917, mais plutôt une renaissance, en Russie et dans le monde entier, de l’internationalisme socialiste qui a inspiré la révolution d’Octobre 1917 et a conduit à la création de l’Union soviétique en tant qu’État ouvrier. L’invasion de l’Ukraine, quelles que soient les justifications données par le régime de Poutine, ne peut que diviser la classe ouvrière russe et ukrainienne et, en outre, servir les intérêts de l’impérialisme américain et européen.

Les États-Unis ont répondu à l’invasion de l’Ukraine en inondant l’Ukraine d’armes dans une mesure sans précédent. Dans une déclaration intitulée « L’OTAN entre en guerre contre la Russie » publiée le 28 février 2022, le WSWS a écrit :

Les causes et les intérêts essentiels des guerres ne sont souvent pas apparents au premier abord. Ils sont dissimulés par une avalanche de propagande. Cependant, tôt ou tard, les forces motrices et la signification réelles et plus profondes du conflit apparaissent.

Dans le cas du conflit en Ukraine, la nature de la guerre se révèle à une vitesse considérable. L’Ukraine n’est que le premier champ de bataille physique de ce qui est, par essence et dans les faits, une guerre entre l’OTAN et la Russie.

La non-appartenance de l’Ukraine à l’OTAN est, et a été pendant plusieurs années, largement une fiction. Déjà considérablement armée et continuant de recevoir des armes en quantité, l’Ukraine est la ligne de front d’une guerre qui vise un changement de régime à Moscou et la subordination complète de la Russie à l’OTAN.

Le mois suivant, le WSWS a souligné l'importance de la déclaration de Biden selon laquelle la guerre en Ukraine conduirait à la création d'un « nouvel ordre mondial », avant le sommet de l'OTAN de 2022 :

«Vous savez, nous sommes à un tournant», a déclaré Biden. «Cela se produit toutes les trois ou quatre générations. Comme me l’a dit l’un des principaux dirigeants de l’armée lors d’une réunion sécurisée l’autre jour, 60 millions de personnes sont mortes entre 1900 et 1946». Il a ajouté que «nous vivons une époque où les choses changent… un nouvel ordre mondial va naitre, et nous devons être à la tête». L’expression «nouvel ordre mondial» a une longue et sanglante histoire.

Le «nouvel ordre mondial» de Biden implique la transition de 30 années de guerres et d’interventions au Moyen-Orient et en Asie centrale, qui ont fait plus d’un million de morts, vers un conflit qui vise la Russie et la Chine et qui fait planer le spectre d’une troisième guerre mondiale menée avec des armes nucléaires.

Le WSWS a développé ces thèmes dans une perspective intitulée « Les canons d’avril » :

Les objectifs de la guerre sont désormais clairs. L’effusion de sang en Ukraine n’a pas été provoquée pour défendre son droit technique d’adhérer à l’OTAN, mais elle a été plutôt préparée, instiguée et massivement intensifiée afin de détruire la Russie en tant que force militaire importante et de renverser son gouvernement. L’Ukraine est un pion dans ce conflit, et sa population est de la chair à canon.

Dans l'article « Ressources essentielles, impérialisme et guerre contre la Russie », le camarade Gabriel Black a examiné le rôle clé joué dans la guerre par la quête des États-Unis pour dominer l'approvisionnement mondial en minéraux critiques.

Le besoin profond du capital financier américain de dominer les sources actuelles et futures de minéraux cruciaux, ainsi que le contrôle disproportionné qu’exerce la Chine sur celles-ci, constitue une partie importante de la toile de fond de la campagne de guerre contre la Russie.

Bien que la Russie ne soit pas le fournisseur exclusif d’un minéral critique majeur, l’analyse ci-dessous explique en détail comment elle joue un rôle de premier plan dans la production d’une variété de minéraux clés, détenant une part importante des réserves mondiales. Pour comprendre la volonté générale des États-Unis de dominer l’Eurasie et de soumettre la Russie, on ne doit pas négliger le rôle de ces ressources clés.

Le CIQI a répondu à l’éclatement de la guerre en Ukraine par un nouvel appel à la construction d’un mouvement socialiste anti-guerre. Dans son rapport d'ouverture du 1er mai 2022, intitulé « La guerre OTAN-Russie et les tâches de la classe ouvrière internationale », le camarade David North a affirmé :

Le défi du 1er mai 2022 est de faire de cette célébration de l’unité internationale de la classe ouvrière le début d’un mouvement global de la grande masse de la population mondiale visant à stopper l’escalade criminelle et imprudente de la guerre OTAN-Russie vers un conflit nucléaire.

Les événements ont confirmé nos avertissements. Rien ne peut arrêter le déroulement de la terrible logique de la guerre impérialiste et ses conséquences autre que le mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière contre le capitalisme. Cette perspective anime non seulement notre dénonciation de l’impérialisme des États-Unis et de l’OTAN, mais aussi notre attitude face à l’invasion russe en Ukraine.

Poutine, un ennemi acharné du socialisme et de l’héritage de la révolution d’Octobre, est incapable de faire un appel véritablement démocratique et progressiste à la classe ouvrière ukrainienne. Au lieu de cela, il invoque l’héritage réactionnaire du chauvinisme grand-russe tsariste et stalinien.

Le septième congrès national du Parti de l'égalité socialiste aux États-Unis, tenu du 31 juillet au 5 août 2022, a adopté la résolution « Mobilisez la classe ouvrière contre la guerre impérialiste ! Il a déclaré que :

Le SEP décide de lutter pour construire un puissant mouvement anti-impérialiste aux États-Unis, en tant que composante essentielle d’un mouvement international de la classe ouvrière contre la guerre. Le fait que les États-Unis soient le centre de l’impérialisme mondial et la cabine de pilotage du conflit mondial en train de se développer impose d’immenses responsabilités politiques au SEP des États-Unis.

Alors qu’il existe dans la population américaine une énorme opposition à la guerre, il manque à cette opposition un programme, une perspective et une direction. La tâche du Parti de l’égalité socialiste est de développer dans la classe ouvrière et son avant-garde une compréhension du lien inextricable entre la guerre à l’étranger et l’exploitation au pays, et dans ce processus, de construire dans la classe ouvrière une direction révolutionnaire ayant pour objectif la conquête du pouvoir d’État et la réorganisation socialiste de l’économie américaine comme partie intégrante de la révolution socialiste mondiale.

Lors du sommet de l’OTAN de juin 2022 à Madrid, les membres de l’OTAN ont adopté un document stratégique décrivant des plans visant à militariser le continent européen, à intensifier massivement la guerre avec la Russie et à préparer une guerre avec la Chine.

Le document s’engage à « fournir toute la panoplie de forces » nécessaires « pour une guerre de haute intensité et multi-domaines contre des concurrents dotés de l’arme nucléaire ».

En réponse au sommet de l'OTAN et à la déclaration de Biden d'une nouvelle « guerre éternelle », le WSWS a expliqué que les coûts de cette guerre mondiale seraient supportés par la classe ouvrière :

Peut-on d’ailleurs imaginer qu’une guerre dont le but est de renverser le gouvernement du plus grand pays du monde, la Russie, menée en même temps qu’une guerre contre la Chine, deuxième économie mondiale, peut être réalisée sans appauvrir totalement la population américaine?

Les conséquences sociales et économiques de la militarisation de la société promise par les États-Unis et leurs alliés lors du sommet de l’OTAN sont incalculables. Dans chaque pays, les dépenses publiques en matière de santé publique et d’infrastructures sociales seront réduites radicalement afin de libérer des ressources pour l’effort de guerre.

Les coûts de la guerre seront imposés à la classe ouvrière par le démantèlement des programmes sociaux et la demande faite aux travailleurs d’accepter une réduction des salaires réels au nom de «l’intérêt national».

Dans son rapport précédent, le camarade David North a lu abondamment le rapport publié par la société Rand et la Commission du Congrès sur la stratégie de défense nationale, qui fournissait une évaluation du document sur la stratégie de défense nationale et la stratégie de sécurité nationale de l'administration Biden pour 2022.

En octobre 2022, le World Socialist Web Site a publié sa propre analyse de la stratégie de sécurité nationale de Biden, dans laquelle nous avons souligné (article en anglais) les passages suivants :

« Nous sommes maintenant dans les premières années d'une décennie décisive pour l'Amérique et le monde », déclare Biden dans l'introduction personnelle du document. « Les termes de la compétition géopolitique entre les grandes puissances seront fixés. »

Le document expose le concept de « dissuasion intégrée », déclarant : « Nous exploiterons tous les éléments de notre puissance nationale pour surpasser nos concurrents stratégiques. »

Il ajoute : « Notre stratégie de défense nationale repose sur une dissuasion intégrée : la combinaison harmonieuse de capacités pour convaincre les adversaires potentiels que les coûts de leurs activités hostiles dépassent leurs avantages. Cela implique : l’intégration entre les domaines, en reconnaissant que les stratégies de nos concurrents opèrent dans les domaines militaires [...] et non militaires (économiques, technologiques et informationnels) – et nous devons le faire aussi. »

Dans son passage peut-être le plus effrayant, la fiche d’information de la Maison-Blanche sur le document déclare que « l’administration Biden-Harris a brisé la ligne de démarcation entre la politique intérieure et la politique étrangère ».

Ces concepts, lancés sous l’administration Trump, qui s’inspiraient ouvertement du Troisième Reich, font écho au tristement célèbre manifeste de « guerre totale » d’Alfred Jodl, chef du haut commandement allemand pendant la Seconde Guerre mondiale, qui déclarait que « seules l’unicité et l’unité de l’État, des forces armées et du peuple peuvent assurer le succès d’une guerre. »

Vingt-deux mois se sont écoulés depuis l’écrit de ces mots, la Rand Corporation et la Commission du Congrès sur la stratégie de défense nationale ont confirmé tous ces avertissements, déclarant :

La NDS (Stratégie de défense nationale) de 2022, destinée à guider le DoD (ministère de la Défense) à travers ce que lui et la Stratégie de sécurité nationale (NSS) de 2022 appellent la « décennie décisive », s’inscrit en grande partie dans la continuité des priorités, de l’approche et de la structure des forces décrites par la NDS de 2018. Les deux stratégies mettent l’accent sur la planification et les ressources nécessaires à la compétition entre grandes puissances, en désignant spécifiquement la Chine, puis la Russie, comme principaux concurrents.

Le début de l’année 2023 a marqué une nouvelle étape dans l’implication américaine dans la guerre en Ukraine. Réunis à la base aérienne de Ramstein, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin et le président de l'état-major interarmées, le général Mark Milley, ont promis aux États-Unis la défaite militaire de la Russie. Le 20 janvier, le WSWS écrivait :

Milley y a annoncé l’engagement des États-Unis et de l’OTAN à «passer à l’offensive pour libérer l’Ukraine occupée par la Russie». Et il a répété que l’Ukraine utiliserait les véhicules blindés et les chars de l’OTAN pour passer à «l’offensive tactique et opérationnelle pour libérer les zones occupées».

Par cette déclaration, c’est tout le prestige de l’alliance de l’OTAN qu’on met en jeu dans la reconquête de l’ensemble du territoire ukrainien qui, selon les États-Unis, comprend aussi bien tout le Donbass que la péninsule de Crimée.

Ces déclarations annonçaient ce que les médias américains déclaraient être la grande « offensive du printemps », qui renverserait le cours de la guerre.

« Un dénouement pour l’Ukraine », a proclamé Bret Stephens dans le New York Times, entraînerait une « défaite écrasante et indubitable » pour la Russie. Le chroniqueur du Washington Post, Max Boot, a cité le général David Petraeus qui a déclaré qu'il s'attend à ce que « les Ukrainiens réalisent des percées significatives et accomplissent bien plus que ce que la plupart des analystes prédisent ».

Toutes ces déclarations se sont révélées à la fois illusoires et de faux espoirs. En fait, dès avril, des documents divulgués par le Pentagone ont clairement montré qu’en dépit des proclamations triomphales des médias américains, l’Ukraine n’avait pas les forces nécessaires pour réaliser des avancées sérieuses. Dans le même temps, ces documents montraient l’ampleur de l’implication directe des États-Unis et de l’OTAN dans la guerre, notamment le déploiement de centaines de soldats sur le terrain et l’intégration quotidienne de l’OTAN dans les combats, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Ukraine.

Quelques jours après le lancement officiel de l’offensive en juin, l’ampleur du désastre est devenue claire. Le WSWS a écrit :

Dix jours après le début de l’offensive, celle-ci est devenue un massacre pour les soldats ukrainiens, dont beaucoup sont de nouvelles recrues peu ou pas entraînées. Le gouvernement ukrainien affirme avoir capturé à peine 100 kilomètres carrés de territoire au cours de la semaine écoulée, au prix de milliers de vies. La situation en est arrivée à un point tel que les médias américains qualifient de triomphe massif la capacité des forces ukrainiennes à s’emparer d’un minuscule village et à le tenir pendant quelques heures.

Le lancement de « l’offensive du printemps » a été programmé pour précéder le sommet de l’OTAN de 2023 à Vilnius, qui se voulait un « sommet des vainqueurs » pour célébrer « l’offensive de printemps » triomphale lancée par l’Ukraine quelques semaines auparavant. Mais l’offensive s’est transformée en une débâcle sanglante, les troupes ukrainiennes ayant été lancées contre les lignes russes sans couverture aérienne et massacrées par milliers.

Dans la perspective, « La doctrine Biden : « Aussi longtemps qu’il le faudra, ou peu importe le nombre de morts », le WSWS a écrit :

Par conséquent, lorsque Biden proclame une fois de plus que son gouvernement et l’OTAN fourniront de l’argent et des armes «aussi longtemps qu’il le faudra» pour vaincre la Russie, ce qu’il dit en réalité, c’est que la guerre se poursuivra, quel qu’en soit le coût en vies humaines. C’est l’essence barbare de ce que l’on peut appeler la doctrine Biden: «Peu importe la durée ou le nombre de morts nécessaires».

Le 20 septembre 2023, le Premier ministre ukrainien Volodymir Zelensky, s'exprimant au nom des puissances impérialistes, a prononcé une série de remarques devant l'Assemblée générale de l'ONU dans lesquelles il a condamné l'ONU pour sa « peur » de la guerre. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s'est rendu à cette session des Nations Unies et a eu une réunion très médiatisée avec le président américain Joe Biden.

À ce stade, il était clair que le gouvernement israélien, et probablement le gouvernement américain, était au courant des plans du Hamas visant à lancer un raid à travers la frontière israélienne. En quelques semaines, Israël, avec le plein soutien des États-Unis, lancerait le génocide à Gaza qui, en moins d’un an, entraînerait la mort de 200 000 personnes ou plus.

Le 7 octobre, le Hamas a lancé l’opération Al-Aqsa Flood, sans rencontrer de résistance significative à la frontière de Gaza. Comme nous l'avons expliqué dans la perspective, « Des documents révèlent qu’il existait un complot israélien visant à faciliter l'attaque du 7 octobre ».

Les responsables israéliens, sachant parfaitement où et comment le Hamas allait frapper, ont pris la décision délibérée de ne rien faire, dans le but de faciliter l’attaque.

Le gouvernement israélien a permis et encouragé le meurtre de ses propres citoyens et il est responsable des morts survenues ce jour-là. Cette conspiration criminelle visait à fabriquer un prétexte pour un génocide planifié de longue date contre la population de Gaza.

Quand le Times affirme que le fait qu’Israël n’ait rien fait est un «échec des services de renseignement» cela n’a aucun sens, car il s’agit d’un mensonge du début à la fin. Non, les événements du 7 octobre n’étaient pas un échec du renseignement: Israël a remarquablement réussi à prédire exactement l’opération militaire du Hamas. Au lieu d’agir sur la base de ces renseignements, Israël a orchestré un retrait de ses troupes et cessé la collecte de renseignements au moment précis où l’attaque a eu lieu.

Ces révélations montrent que le génocide à Gaza est une conspiration criminelle du régime de Netanyahou et de ses soutiens impérialistes, dont les victimes ne sont pas seulement les 20.000 Palestiniens massacrés, mais la population même d’Israël.

Le WSWS a répondu à l'attaque israélienne contre Gaza avec la déclaration du 9 octobre 2023 : «À bas le gouvernement de Netanyahou! Arrêtez l'assaut sioniste soutenu par l'impérialisme contre Gaza! »

Le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) dénonce sans équivoque la déclaration de guerre du gouvernement Netanyahou au peuple palestinien suite au soulèvement de Gaza contre l’occupation israélienne. L’écume de rage du régime israélien, qui rappelle les nazis, ne peut être interprétée que comme un appel à l’extermination d’une grande partie de la population de Gaza.

Et nous avons ajouté :

Le CIQI dénonce avec autant d’insistance les déclarations de soutien total du gouvernement Biden et des gouvernements de l’Union européenne à la campagne génocidaire actuellement planifiée et mise en œuvre par les forces armées israéliennes. L’envoi d’un porte-avions américain dans la région est une ignoble démonstration de la solidarité impérialiste avec l’attaque massive contre le peuple palestinien.

Dix jours après, le WSWS expliquait que les puissances impérialistes utilisaient le génocide à Gaza pour préparer une escalade de la guerre dans tout le Moyen-Orient :

Alors que l’armée israélienne commet un génocide contre la population de Gaza, les États-Unis menacent de déclencher une guerre au Moyen-Orient contre l’Iran.

La guerre d’Israël contre Gaza s’est accompagnée d’une expansion massive de la présence militaire américaine dans la région, avec en tête le déploiement de deux groupes aéronavals. L’envoi d’une armada de plus d’une douzaine de navires de guerre au Moyen-Orient ne vise pas seulement à menacer le Hamas, qui n’a pas de marine. Les États-Unis se préparent à un conflit beaucoup plus large au Moyen-Orient, y compris à une guerre avec l’Iran.

Les États-Unis utilisent la crise actuelle pour mettre en œuvre des plans de longue date pour une guerre avec l’Iran, en tant que front moyen-oriental de la guerre des États-Unis avec la Russie et des plans de guerre contre la Chine.

Les États-Unis préparent une guerre contre l’Iran depuis des décennies. En janvier 2002, après les attentats terroristes du 11 septembre 2001, le président de l’époque, George W. Bush, a déclaré que l’Iran faisait partie d’un «axe du mal» comprenant l’Irak, que les États-Unis ont envahi et occupé l’année suivante. À la Maison-Blanche, les responsables du gouvernement Bush aimaient à dire: «Les garçons vont à Bagdad, mais les vrais hommes vont à Téhéran.»

Dans la déclaration du Nouvel An 2024 : « La classe ouvrière, la lutte contre la barbarie capitaliste et la construction du Parti mondial de la révolution socialiste », le WSWS a déclaré :

Toutes les «lignes rouges» qui distinguent la civilisation de la barbarie s’effacent. La devise des gouvernements capitalistes est: «Rien de ce qui est criminel ne nous est étranger». La guerre nucléaire est «normalisée»; le génocide est «normalisé»; les pandémies et l’élimination délibérée des infirmes et des personnes âgées sont «normalisées»; l’incroyable degré de concentration des richesses et les stupéfiantes inégalités sociales sont «normalisés»; la suppression de la démocratie et le recours à l’autoritarisme et au fascisme sont «normalisés».

Dans l’ensemble, la normalisation des différentes formes de barbarie sociale signifie que la classe capitaliste est dans une impasse. Une classe dont la politique consiste en différentes formes de sociocide a clairement épuisé sa légitimité historique, économique, sociale et politique.

C’est la conclusion essentielle qu’il faut tirer de l’examen de cette décennie de guerre mondialisée. La période a commencé avec l’alliance ouverte des États-Unis avec les forces fascistes en Ukraine dans le but de provoquer une guerre avec la Russie. Cela se termine par la mort de 200 000 personnes lors du génocide de Gaza et par les préparatifs de l’impérialisme américain en vue d’une escalade toujours plus grande et plus imprudente visant à la fois la Russie et la Chine.

Trump, le candidat républicain, s'est engagé à imposer des droits de douane de 100 pour cent sur les produits chinois, poussant le conflit américain avec la Chine à un nouveau paroxysme. Une administration démocrate dirigée par Kamala Harris intensifierait massivement la guerre avec la Russie, dans le but d’achever l’affaire inachevée du génocide à Gaza. Et les deux régimes potentiels sont pleinement engagés dans la guerre au Moyen-Orient et dans leur soutien au génocide à Gaza.

Mais cette décennie de guerre n’a pas été vaine. Elle a vu le développement et le renforcement du Comité international de la Quatrième Internationale en tant qu'avant-garde consciente de la lutte de la classe ouvrière contre la guerre et toutes les formes de barbarie et de réaction capitalistes.

J'ajouterai ceci en conclusion. Nous sommes accusés par le professeur Kelly d’être « prétentieux et arrogants ».

En cela, Kelly exprime la vision du monde du solipsiste petit-bourgeois. Dans un monde où il n’existe aucune vérité objective, aucune réalité par rapport à laquelle juger les faits ou la fiction, dans l’obscurité, où tous les chats sont gris ; affirmer que « le trotskisme est le marxisme du 21e siècle » pour lui n’est rien d’autre que faire preuve d’arrogance.

Mais en tant que matérialistes, et non solipsistes et rationalistes subjectifs, nous sommes capables de poser des questions et de tirer des conclusions.

Et je demanderais : où existe-t-il un bilan comme celui présenté par le camarade Kishore dans son rapport, ou dans ce rapport ? Qui ou quoi s’en approche ? Qui est notre rival pour représenter « le marxisme du 21e siècle », sans parler de quelqu’un qui pourrait étayer cette affirmation avec un bilan d’analyse et de perspective politiques comparable à ce qui a été présenté aujourd’hui ?

Poser la question, c'est y répondre. Il n’existe aucun bilan comparable à celui du World Socialist Web Site et du CIQI, et ce bilan, ainsi que toute l’histoire du mouvement trotskiste, est ce qui fait du Comité international de la Quatrième Internationale « le marxisme du 21e siècle ».

Le Comité international a évalué que c'est la décennie de la révolution socialiste et que de profonds changements dans la structure de la vie sociale, économique et politique conduiront à de profonds changements dans la conscience de la classe ouvrière. Dans la période à venir, des millions de travailleurs et de jeunes examineront le bilan du Comité international de la Quatrième Internationale et tireront leurs propres conclusions pour rejoindre et construire ce mouvement.

(Article paru en anglais le 20 août 2024)

Loading