Des centaines de fascistes se sont saisis de la mort tragique de trois enfants à Southport, dans le Nord-Ouest de l’Angleterre, pour assiéger la ville mardi soir et lancer une émeute anti-immigrés.
Ces émeutes faisaient suite à une horrifiante agression multiple au couteau lundi matin lors d'un atelier de danse pour enfants sur le thème de Taylor Swift dans une école de danse de Hart Street. Deux fillettes, âgées de 6 et 7 ans, sont décédées sur les lieux et 11 personnes, dont neuf enfants, ont été soignées par le Service d'ambulance du Nord-Ouest. Une troisième fillette, âgée de 9 ans, est décédée mardi à l'hôpital des suites de ses blessures. Cinq enfants et deux adultes sont dans un état critique.
Les circonstances de cette attaque au couteau, notamment les motifs du suspect arrêté, restent inexpliqués. Mais des groupes d’extrême droite ont diffusé de fausses informations affirmant que l’attaque aurait été perpétrée par un jeune musulman.
Mardi soir, peu après que les résidents locaux se soient rassemblés pour une veillée pacifique à Lord Street pour les trois fillettes décédées, des voyous d'extrême droite se sont rassemblés et ont attaqué la mosquée et le centre islamique de Southport, à environ un kilomètre et demi de là. Lorsque la police anti-émeute est arrivée, les fascistes l’ont attaquée, blessant une cinquantaine policiers. Les murs de jardins ont été démantelés par les émeutiers pour fabriquer des projectiles lancés sur la police, de même que des bennes d’ordures dont plusieurs ont été incendiées.
Le Service d'ambulance du Nord-Ouest a déclaré que son personnel avait soigné 39 policiers, dont 27 avaient été hospitalisés.
Les émeutiers fascistes ont encerclé la mosquée, lançant contre elle des briques et d'autres projectiles, alors qu'une demi-douzaine de fidèles terrifiés étaient toujours à l'intérieur. Une partie du mur d’enceinte de la mosquée a été détruite. Elle n'a pas été incendié, mais la horde a allumé plusieurs feux à proximité et a incendié un fourgon de police et endommagé d'autres véhicules. Les personnes à l’intérieur de la mosquée ont dû attendre une escorte policière avant de pouvoir la quitter.
Les fascistes ont également pillé un magasin de quartier tenu par des immigrés après en avoir brisé les vitres.
L’attaque de Southport a été organisée par les fascistes de la Ligue de défense anglaise (initiales anglaises EDL) et d’autres éléments d’extrême droite. Celle-ci a été cofondée par Tommy Robinson qui l’a dirigée jusqu'à sa démission en 2013. Il était auparavant membre du British National Party.
Norman Wallis, directeur général du parc d’attractions Southport Pleasureland, a été témoin oculaire des émeutes de mardi. Il a déclaré à Sky News que l'attaque était clairement une mobilisation organisée d'extrême droite: «C'était comme une scène de guerre. Des gens de l'extérieur de la ville provoquant un chaos absolu […] Ce sont les habitants de Southport qui sont ici aujourd'hui pour nettoyer les dégâts. Ces gens de l'extérieur – ils sont venus en bus et en voiture et avaient des vêtements de rechange. Ils ont juste commencé une émeute et fait ça ».
Quelques minutes après l'attaque de lundi contre l'école de danse, des activistes d'extrême droite ont répandu des mensonges sur les réseaux sociaux, accusant les demandeurs d'asile et faisant circuler un faux nom du suspect arrêté. Et ce, bien que la police ait déclaré que le seul suspect était un homme de 17 ans détenu par la police du village de Banks dans le Lancashire, né à Cardiff, au Pays de Galles.
Le suspect reste en garde à vue, la police ayant demandé mercredi une prolongation du délai de 48 heures dont ils disposent pour un interrogatoire, jusqu'au maximum de 96 heures autorisé pour les crimes graves.
Le Parti travailliste intensifie le poison de l’extrême droite
Mardi à 23 heures – alors que les fascistes avaient déjà quitté les lieux – le Premier ministre Keir Starmer a publié une déclaration sur X déclarant: «Ceux qui ont détourné la veillée des victimes avec violence et brutalité ont insulté la communauté dans son deuil… [et] connaîtront toute la force de la loi ».
Mais les autorités ont pris des gants avec les émeutiers fascistes – bien loin de la violence brutale infligée par des policiers à des immigrés à l’aéroport de Manchester il y a un peu plus d’une semaine. Bien que 54 policiers aient été blessés dans l'émeute, dont des dizaines ont eu besoin de soins médicaux et d’une hospitalisation, seules quatre arrestations ont été effectuées, selon un bilan de la police mercredi après-midi.
Il n’existe aucun précédent de mémoire d’homme où la police n’ait pas procédé à des arrestations massives en réponse à une émeute aussi violente. Et ce malgré une ordonnance de 24 heures en vertu de l'Article 60, donnant aux policiers des pouvoirs accrus d'interpellation et de fouille. Un ordre de dispersion en vertu de l'Article 34 a également été émis, autorisant la police à disperser la foule de la zone et à saisir tout objet, y compris les véhicules, utilisé pour commettre un comportement anti-social.
Quelques heures seulement avant l’émeute de mardi, où les voyous scandaient : «Qu’on nous redonne notre pays», «plus de bateaux», «pas de reddition» et «Stoppez les bateaux! Renvoyez-les!», le leader du parti Reform UK Nigel Farage est intervenu pour attiser l’hystérie anti-immigrés, postant sur X: «La police dit qu’il s’agissait d’un incident non terroriste […] Je me demande simplement si la vérité nous est cachée? » tout en laissant entendre que le suspect était sous surveillance des services de sécurité. Il a conclu que «quelque chose va horriblement mal dans notre pays autrefois magnifique». L'émeute a eu lieu trois jours seulement après que Robinson eut organisé un rassemblement mobilisant jusqu'à 30 000 partisans d'extrême droite à Londres.
Les fascistes comme Farage et Robinson traduisent la saleté nationaliste et militariste des principaux partis capitalistes – le Parti travailliste (Labour) au pouvoir et les conservateurs de l’opposition – en grognements et aboiements de leur cru.
C’est le Labour qui porte la principale responsabilité des mobilisations d'extrême droite de cette semaine. Le programme autoritaire du gouvernement Starmer, «le pays d'abord, le parti ensuite» avec sa promesse de «sécuriser les frontières» par des expulsions massives de demandeurs d'asile, fait le lit de l'extrême droite.
Dans les 48 heures suivant son entrée en fonction, le Labour avait mis en place son « Commandement de la sécurité des frontières» et son «Unité des expulsions et d’action coercitive», semblables à la Gestapo, pour faire la chasse aux réfugiés. La ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, a annoncé un «blitz estival de raids contre l’immigration illégale» impliquant plus de 1 000 agents d’«application de la loi sur l’immigration », se vantant de ses projets auprès du journal de droite The Sun.
Et juste un jour avant les émeutes de Southport, la ministre des Finances Rachel Reeves se vantait que les travaillistes abrogeraient la «loi sur les migrations illégales» des conservateurs, qu’elle a dénoncée comme pas assez dure, économisant jusqu’à 800 millions de livres. Elle a déclaré la fin du logement temporaire des demandeurs d’asile dans des hôtels. Sa déclaration était une adresse aux campagnes infâmes menées par des fascistes comme Robinson, qui présentent les demandeurs d’asile comme vivant dans le luxe aux dépens du «peuple britannique», accusant les immigrés du cauchemar social provoqué par le capitalisme.
(Article paru en anglais le 1er août 2024)