Le sommet de l’OTAN annoncera des plans pour la création d’un bureau de l’OTAN en Ukraine

Le président américain Joe Biden prononce un discours à l’occasion du 75e anniversaire de l’OTAN à l’auditorium Andrew W. Mellon, à Washington, le mardi 9 juillet 2024. [AP Photo/Evan Vucci]

Le conseiller américain à la Sécurité nationale Jake Sullivan a déclaré mardi que le sommet de l’OTAN qui se tient cette semaine à Washington annoncerait la création en Ukraine même d’un bureau de l’OTAN qui serait dirigé par un haut responsable.

Ce bureau de l’OTAN accompagnera la création d’un commandement de l’OTAN chargé de superviser la guerre en Ukraine, transférant la fourniture d’armes et la supervision logistique d’un groupe ad hoc dirigé par les États-Unis à l’alliance militaire même.

Les remarques de Sullivan décrivent les principaux points de l’ordre du jour du sommet de trois jours, qui devrait marquer une escalade majeure du conflit avec la Russie en Ukraine et de plans visant à accroître considérablement les capacités de l’OTAN à mener une guerre à grande échelle dans toute l’Europe.

Sullivan a fait cette annonce lors d’un forum organisé par la Chambre de commerce des États-Unis et co-parrainé par RTX (fabricant du missile Tomahawk), General Atomics (fabricant du drone Predator) et BAE (fabricant du véhicule de combat Bradley).

Après les remarques introductives d’un représentant de la Chambre de commerce remerciant les entreprises de défense, Sullivan a déclaré que le sommet annoncerait «un nouveau haut représentant de l’OTAN à Kiev, nommé par le secrétaire général Stoltenberg […] qui approfondira les relations institutionnelles de l’Ukraine avec l’Alliance et servira de point focal pour l’engagement de l’OTAN auprès des hauts responsables ukrainiens».

Le sommet annoncerait également «un nouveau commandement militaire de l’OTAN en Allemagne, dirigé par un général trois étoiles. Ce dernier lancera un programme de formation, d’équipement et de développement des forces pour les troupes ukrainiennes».

Les États-Unis avaient obtenu «l’engagement de tous les alliés de fournir collectivement à l’Ukraine une aide à la sécurité d’une valeur d’au moins 40 milliards d’euros cette année».

Le sommet ferait également une nouvelle annonce concernant «la fourniture de F-16».

La création d’un bureau de l’OTAN à Kiev et la réorganisation de la fourniture d’armes, de la formation et de la logistique militaire sous un commandement direct de l’OTAN marquent la fin de toute prétention que le conflit en Ukraine n’est pas une guerre entre l’OTAN et la Russie.

Il s’agit d’une nouvelle phase dangereuse de la guerre, qui ouvre la perspective d’une escalade majeure. À tout moment, le bureau de l’OTAN à Kiev, un pays en guerre, risque d’être frappé par un missile, ce qui pourrait entraîner l’ensemble de l’alliance de l’OTAN dans une guerre totale avec la Russie.

Cette annonce intervient dans le contexte d’une importante série de mesures d’escalade prises par les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN.

En avril, le gouvernement Biden a commencé à fournir à l’Ukraine des missiles ATACMS longue portée. Sullivan a ensuite affirmé que les États-Unis autorisaient l’Ukraine à utiliser les armes fournies par les États-Unis pour frapper «n’importe où» à l’intérieur du territoire russe.

L’ouverture du sommet de l’OTAN s’est accompagnée d’appels à une escalade encore plus intense. La sénatrice républicaine Joni Ernst a exigé que les États-Unis fournissent davantage d’armes de longue portée capables de frapper à l’intérieur de la Russie : «Nous devons leur donner ce dont ils ont besoin… Je pense que nous devrions leur fournir ce dont ils ont besoin pour frapper à l’intérieur de la Russie».

«Je ne pense pas que nous puissions lier les mains des Ukrainiens», a déclaré le député démocrate Tom Suozzi, ajoutant : «parfois, il faut donner à une brute un coup de poing sur le nez».

L’historien de droite Timothy Snyder a appelé à étendre les frappes à l’intérieur de la Russie en utilisant les armes de l’OTAN. «L’Ukraine devrait être autorisée à se défendre conformément au droit international. Les aérodromes à partir desquels la Russie lance ces attaques terroristes ne peuvent être des havres de paix».

L’ancien ambassadeur des États-Unis en Russie, Michael McFaul, a appelé l’OTAN à admettre l’Ukraine en tant que membre: «L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN est le seul moyen de garantir que Poutine ne profitera pas d’un cessez-le-feu ou d’une autre pause négociée dans la guerre pour préparer la prochaine phase de son invasion, comme il l’a fait entre 2014 et 2022». Il a ajouté: «Seule l’adhésion à l’OTAN empêchera enfin une nouvelle invasion russe».

Dans ses remarques de mardi, Sullivan a fait la chronique du réarmement militaire massif de l’OTAN depuis le déclenchement du conflit avec la Russie en Ukraine en 2022. «Rien que cette année, nos alliés de l’OTAN investiront plus de 500 milliards de dollars dans la défense. En 2020, [ils] avaient investi un peu plus de 325 milliards de dollars, soit une augmentation de 175 milliards de dollars et un pourcentage substantiel d’augmentation ces trois dernières années et demie».

Stoltenberg a précisé l’état avancé des préparatifs de l’OTAN à une guerre de grande ampleur. «En cas de crise, l’OTAN peut rapidement passer à l’état de guerre», a-t-il déclaré, «et les forces alliées sauront dès le premier instant de qui elles reçoivent leurs ordres».

Dans le cadre du nouveau «modèle de forces» de l’OTAN devant être adopté au sommet, «les alliés sauront combien de troupes ils sont censés rassembler en cas de crise et dans quel délai. Par exemple: en l’espace de dix jours, les alliés pourraient disposer de 100.000 hommes là où ils doivent être. En l’espace d’un mois, ce nombre doublerait et, dans les semaines suivantes, il atteindrait 500.000 ».

L’OTAN «investit dans un arsenal moderne » a déclaré Sullivan. Cela signifiait « des avions, des sous-marins, des navires de guerre et des systèmes d’artillerie de la prochaine génération, afin que nous soyons prêts à combattre dans tous les domaines: terre, mer, air, cybernétique et espace».

Ses remarques ont été suivies d’un discours belliciste du président américain Joe Biden, plus tard dans la soirée, lors d’une cérémonie commémorant le 75e anniversaire de l’alliance de l’OTAN. «Pendant des années, la Finlande et la Suède ont été parmi nos partenaires les plus proches. Aujourd'hui, elles ont choisi d’adhérer officiellement à l’OTAN, en raison de la puissance et de la signification de la garantie de l’article 5 ».

«Aujourd'hui, l’OTAN dispose de ressources plus importantes que jamais. En 2020, l’année où j’ai été élu président, seuls neuf alliés de l’OTAN consacraient 2 pour cent de leur PIB à la défense. Cette année, 23 d’entre eux y consacreront au moins 2 pour cent.

«Nous sommes prêts à dissuader toute agression et à défendre chaque centimètre carré du territoire de l’OTAN dans tous les domaines: terre, air, mer, cybernétique et espace».

«Il est bon que nous soyons plus forts que jamais, car ce moment de l’histoire exige notre force collective», a conclu Biden.

Tous les dirigeants des États membres de l’OTAN réunis au sommet de Washington sont confrontés à des crises politiques intérieures majeures. Biden est confronté à des appels venant de l’establishment politique américain pour qu’il se retire comme candidat démocrate à l’élection présidentielle de novembre. Mais au milieu de ces crises de plus en plus graves, les puissances de l’OTAN sont déterminées à intensifier la guerre avec la Russie en Ukraine et les autres conflits dans le monde entier.

Le génocide de Gaza soutenu par l’impérialisme, qui a entraîné la mort confirmée d’au moins 40.000 personnes et celle estimée de 200.000 personnes ou plus, montre jusqu’où les puissances impérialistes sont prêtes à aller pour atteindre leurs objectifs de domination mondiale.

(Article paru en anglais le 9 juillet 2024)

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