«Je vais faire tout ce que je peux pour que Biden soit réélu»

Bernie Sanders demande aux électeurs de faire preuve de «maturité» et d’appuyer Biden après le fiasco du débat

Après le débat du 27 juin entre le président Joe Biden et l'ex-président Donald Trump, le sénateur «indépendant» Bernie Sanders du Vermont fait campagne pour défendre le président Joe Biden et le Parti démocrate.

Le président Joe Biden, à droite, et le sénateur Bernie Sanders, indépendant-Vermont, quittent Marine One à leur arrivée sur la pelouse sud de la Maison-Blanche, le lundi 22 avril 2024, à Washington. [AP Photo/Alex Brandon]

Vendredi, Joe Biden a fait de son mieux pour résister aux appels de plus en plus nombreux de ses donateurs et de ses collègues démocrates à se retirer. À Madison, dans le Wisconsin, il a tenu son deuxième rassemblement public depuis le débat. Il a ensuite accordé une interview préenregistrée à George Stephanopoulos, de la chaîne ABC.

Contrairement à la grande majorité de la population, qui méprise les candidats probables des deux partis de la grande entreprise, Sanders a non seulement refusé d'appeler le criminel de guerre Biden à se retirer, mais le faux socialiste et héros des Socialistes démocrates d'Amérique s'est au contraire imposé comme l'un des plus ardents défenseurs de Biden.

Lors de multiples interviews et arrêts de campagne qui ont suivi le débat, Sanders a adopté la ligne de campagne de Biden concernant la performance sénile du président : une «mauvaise soirée» ne doit pas effacer un bilan «très solide».

«Il n'était pas concentré», a déclaré Sanders à Semafor lors d'une interview réalisée alors qu'il faisait campagne pour Biden dans le centre du Wisconsin la semaine dernière. «Il n'a pas défendu son bilan qui est très solide.»

Quel est ce «bilan très solide» ? Sanders faisait-il référence au fait que Biden et les démocrates se sont joints aux républicains pour empêcher les cheminots de faire grève en novembre 2022 ? Peut-être faisait-il référence au fait que Biden a adopté les politiques anti-immigration de Trump, y compris la suppression des lois sur l'asile, la séparation des familles et la reprise de la construction du mur frontalier de Trump ?

Ou faisait-il référence au fait que, sous le gouvernement Biden, la richesse des milliardaires a presque doublé au cours des quatre dernières années, alors même que plus d'un million de personnes sont mortes du COVID-19 – la majorité sous le gouvernement Biden.

Au cœur du bilan «très solide» vanté par Sanders, on trouve le soutien politique et militaire apporté par Biden à la guerre génocidaire menée par le régime israélien contre la population de Gaza, ainsi que sa campagne d'attaques policières et d'arrestations massives de manifestants pro-palestiniens, accompagnée d'accusations calomnieuses d'«antisémitisme» à leur encontre.

Cette politique génocidaire fait elle-même partie du programme de guerre impérialiste mondiale du gouvernement Biden, centré sur la guerre des États-Unis et de l'OTAN contre la Russie en Ukraine. Ce conflit a déjà coûté la vie à plus de 500.000 Ukrainiens et à des dizaines de milliers de Russes, et il est sur le point d'être massivement étendu lors du sommet de l'OTAN qui se tiendra la semaine prochaine à Washington DC. Il conduit l'humanité au bord d'un holocauste nucléaire.

Biden «aurait dû dire haut et fort au peuple américain qu'il était le premier président de l'histoire des États-Unis à participer à un piquet de grève», a déclaré Sanders. Il s'agissait d'une référence à la courte visite soigneusement préparée de Biden avec des représentants de l'United Auto Workers et des politiciens démocrates en septembre dernier dans le Michigan, pendant la «grève debout» bidon de l'UAW, une véritable trahison commise envers ses membres.

Cette soi-disant grève a été conçue par la bureaucratie de l'UAW, de concert avec Biden, pour maintenir la grande majorité des usines en activité et minimiser l'impact des débrayages dispersés sur les bénéfices des patrons des Trois Grands de l'automobile.

Alors que Sanders présente la visite de Biden dans le Michigan l'année dernière, y compris dans un récent podcast avec le président de l'UAW Shawn Fain, comme une preuve de l'affinité de Biden pour la classe ouvrière, il s'agit en réalité d'une expression de l'intégration complète de l'appareil syndical avec la Maison-Blanche et le patronat contre la classe ouvrière. Dans la foulée de la «grève debout», les Trois Grands ont procédé à des milliers de suppressions d'emplois et Fain est devenu l'un des principaux porte-parole de la campagne de Biden, aux côtés des fanfarons de la fausse gauche : Sanders et la représentante de New York Alexandria Ocasio-Cortez.

Dans la même interview accordée à Semafor, Sanders a déclaré : «Biden est le candidat», ajoutant : «Je ferai de mon mieux pour qu'il soit élu».

Alors que les appels au retrait de Biden se multipliaient au cours du week-end, Biden et Sanders ont publié une tribune commune dans USA Today le 2 juillet, dans laquelle ils affirment avoir «réalisé des progrès substantiels» en matière de réduction des prix des médicaments et avoir «tenu tête aux grandes sociétés pharmaceutiques».

Cette affirmation est mise à mal plus loin dans l'article, lorsque les deux auteurs admettent que «l'industrie pharmaceutique réalise d'énormes profits». Ils poursuivent : «En fait, 10 grandes entreprises pharmaceutiques ont réalisé plus de 110 milliards de dollars de bénéfices l'année dernière.»

Le 3 juillet, Sanders a publié une interview avec l'AP, dans laquelle il déclarait à nouveau : «Je vais faire tout ce que je peux pour que Biden soit réélu».

Sanders a admis qu'il «n'était pas sûr» que Biden puisse gagner avant le débat, mais après que le président, âgé de 81 ans, a radoté de manière incohérente et est resté bouche bée pendant environ 90 minutes, Sanders a déclaré à l'agence de presse AP :

Ce dont nous avons besoin de la part du peuple américain, c'est d'une maturité en ce moment – et c'est de comprendre que ce qui est important, ce sont les enjeux. Et la différence entre Trump et Biden : c'est le jour et la nuit.

En fait, il devient de plus en plus difficile de distinguer les différences entre les deux politiciens capitalistes de droite. Au cours du débat lui-même, les deux candidats se sont vantés de leur soutien au gouvernement sioniste d'Israël et à des politiques anti-immigration encore plus draconiennes.

Tous deux ont passé la majeure partie du premier semestre à sillonner le pays, tendant le chapeau, pour solliciter les dons des milliardaires et des multimillionnaires en affirmant que leur richesse imméritée ne serait pas entamée s'ils étaient élus.

C'est la troisième élection présidentielle consécutive au cours de laquelle Sanders encourage ses partisans, de moins en moins nombreux, à soutenir le candidat démocrate présumé à la présidence. Au sommet de sa popularité lors des primaires présidentielles de 2016, Sanders a mis fin à sa fausse «révolution politique» et a dit à ses partisans de voter pour l'ancienne secrétaire d'État Hillary Clinton. En 2020, et maintenant à nouveau en 2024, Sanders est tout à fait d'accord avec «Joe le génocidaire».

Dans un contexte où les travailleurs et les jeunes sont indignés par le rôle de Biden et des démocrates dans le génocide à Gaza, le fait que Sanders demande catégoriquement aux travailleurs et aux jeunes de faire preuve de «maturité» et de soutenir Biden le démasque complètement, ainsi que la politique sans issue de «réforme» du Parti démocrate.

Les efforts répétés de Sanders pour trahir les travailleurs et les piéger dans le Parti démocrate ont produit des résultats catastrophiques pour la classe ouvrière. Les démocrates ont travaillé avec les républicains fascistes pour adopter des budgets de guerre de mille milliards de dollars tout en réduisant le financement de l'éducation, de Medicaid, du logement et d'autres besoins sociaux vitaux.

Les travailleurs et les jeunes doivent tirer les leçons de l'expérience Sanders. Il n'y a pas de «réforme» du Parti démocrate. Le Parti démocrate, y compris son aile gauche, les Socialistes démocrates d'Amérique, et les sections alliées de la bureaucratie syndicale, incarnées par Fain et l'UAW, sont les pions de l'oligarchie patronale américaine et les ennemis de la classe ouvrière.

(Article paru en anglais le 6 juillet 2024)

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