Non à la campagne anti-migrants et à la guerre impérialiste ! Unissez les travailleurs de Turquie, de Syrie et du Moyen-Orient !

1. Le Sosyalist Esitlik Grubu (Groupe pour l'égalité socialiste, SEG, de Turquie) condamne sans équivoque les attaques contre les réfugiés syriens qui ont commencé dimanche à Kayseri et se sont propagées à d'autres villes, ciblant des personnes, des maisons, des magasins et des véhicules. Nous appelons les travailleurs à défendre leurs frères et sœurs de classe migrants contre de tels pogroms.

Réfugiés en Méditerranée [Photo by Brainbitch / CC BY 2.0]

2. La mort à l'arme blanche d'un jeune syrien de 17 ans qui travaillait à Antalya, mardi, par trois agresseurs, a révélé l'ampleur du danger. Cela a été suivi par des ratonnades et des incendies de maisons de travailleurs syriens et par des attaques au couteau par des foules fascistes. On ne peut y mettre fin qu’en mobilisant les travailleurs en tant que force sociale unie basée sur un programme révolutionnaire international.

3. Sur les 474 personnes arrêtées suite aux violences anti-immigrés, 285 auraient eu un casier judiciaire pour des délits tels que « le trafic de migrants, coups et blessures, drogue, pillage, vol, dommages matériels, harcèlement sexuel, fraude, contrefaçon d'argent, menaces, insultes, privation de liberté ». La campagne d’incitation coordonnée contre les réfugiés sur la plateforme de médias sociaux X/Twitter suggère que les incidents étaient organisés.

4. Contrairement à la répression policière des manifestations pacifiques du 1er mai ou contre la complicité du gouvernement turc dans le génocide à Gaza, des reportages indiquent que dans de nombreux endroits, comme lors d'incidents précédents, les forces de police sont restées les bras croisés et ont observé les foules d'agresseurs.

5. Quoi qu’il en soit, cette attaque massive contre les réfugiés, pour laquelle il y a eu de nombreuses répétitions de moindre envergure, est le produit des campagnes de droite anti-réfugiés de la classe dirigeante que ses médias mènent depuis des années.

6. Adoptant le programme mensonger de l'extrême droite pour diviser et semer la confusion dans la classe ouvrière, les partis de l'establishment, qu'ils soient au gouvernement ou dans l'opposition, font des Syriens et d'autres migrants les boucs émissaires de la hausse du coût de la vie, de la détérioration des conditions de vie et autres problèmes sociaux causés par la crise capitaliste.

7. Avec cette campagne, dont l'appareil syndical est complice, la classe dirigeante vise à diviser les travailleurs sur la base de la nationalité et à empêcher le développement d'une lutte unifiée de la classe ouvrière tout en exploitant impitoyablement une main-d'œuvre migrante bon marché et précaire.

8. En Turquie, où la classe dirigeante a soumis la population arménienne et grecque à un nettoyage ethnique au siècle dernier, il existe une longue histoire de provocations et de massacres contre les Kurdes et les Alévis. Ces mesures visent en fin de compte à diviser et à intimider la classe ouvrière pour des raisons ethniques et religieuses et à écraser l’opposition de gauche.

9. Aujourd’hui, non seulement en Turquie mais partout dans le monde, y compris en Europe et aux États-Unis, les réfugiés et les migrants sont devenus la cible principale de la classe dirigeante dans ses efforts pour renforcer les forces fascistes et l’appareil d’État policier contre la montée de l’opposition sociale au capitalisme au sein de la classe ouvrière.

10. Ces dernières atrocités commises contre les réfugiés surviennent alors que le gouvernement du président Recep Tayyip Erdoğan, avec le soutien tacite du Parti républicain du peuple (CHP), renforce son programme d'austérité contre la classe ouvrière au profit du capital financier. Le niveau de vie des travailleurs connaît une baisse sans précédent. Le gouvernement a refusé d’augmenter le salaire minimum en juillet, alors que le taux d’inflation annuel officiel dépassait 70 pour cent et que l’inflation réelle dépasse toujours 110 pour cent. Les cercles dirigeants craignent une explosion de la lutte de classes.

11. La Turquie accueille quelque 4,5 millions de réfugiés et de migrants, dont plus de 3 millions de Syriens, selon les chiffres officiels. C’est le résultat de plus de 30 années d’interventions impérialistes prédatrices et de guerres pour un changement de régime au Moyen-Orient et en Asie centrale. La classe dirigeante et l’establishment politique turcs, qui font désormais des boucs émissaires des réfugiés, ont été complices de l’agression impérialiste des États-Unis et de l’OTAN, de l’Irak à l’Afghanistan, en passant par la Syrie et au-delà.

12. En Syrie, où les puissances impérialistes et leurs alliés, dont la Turquie, ont fomenté une guerre pour un changement de régime qui a tué des centaines de milliers de personnes depuis 2011 et transformé des millions de personnes en réfugiés, le conflit se poursuit. La reconstruction des infrastructures sociales est délibérément empêchée par les sanctions américaines et le chantage pétrolier.

13. Il est incroyablement hypocrite de la part d’Erdoğan, qui a joué un rôle majeur dans la destruction de la Syrie par des intermédiaires islamistes, de se présenter comme un ami des réfugiés syriens. En réalité, son gouvernement non seulement soutient avec enthousiasme une guerre réactionnaire qui a contraint les Syriens à fuir leurs foyers, mais il a également nié les droits les plus fondamentaux de millions de personnes cherchant refuge en Turquie, refusant même de reconnaître leur statut de réfugié au regard du droit international.

14. En les utilisant comme un pion dans ses négociations avec l’Union européenne, Erdoğan a conclu un sale accord avec l’UE et le gouvernement de la pseudo-gauche Syriza, alors au pouvoir en Grèce, pour retenir les réfugiés en Turquie.

15. Il s’agit d’un acte d’accusation sans appel contre Syriza, qui a créé des camps de détention pour les réfugiés alors qu’il était au pouvoir en Grèce, et contre ses alliés de pseudo-gauche au niveau international.

16. Les partis frères de Syriza en Turquie – le Parti nationaliste kurde pour l'égalité du peuple et la démocratie (DEM, anciennement HDP) et le Parti de gauche (anciennement ÖDP), ainsi que le Parti des travailleurs de Turquie stalinien (TIP), le Parti communiste de Turquie (TKP), le Parti travailliste (EMEP) et diverses tendances pablistes ont été complices de cette campagne réactionnaire. Ils sont restés silencieux et ont soutenu le CHP comme un « moindre mal » contre Erdoğan, car le CHP milite depuis des années pour cibler et renvoyer de force les réfugiés.

17. Ankara a répondu au mouvement nationaliste kurde en Syrie, qui est devenu la principale force par procuration de Washington et contrôle le nord-est de la Syrie à la suite de la guerre pour un changement de régime, en occupant de nombreuses régions du nord de la Syrie. Erdoğan a ouvertement déclaré son intention de déplacer les Syriens de Turquie vers le nord de la Syrie dans le cadre d’un plan visant à remplacer la population de la région. Son objectif est de bloquer complètement la possibilité d'un État kurde indépendant à la frontière sud de la Turquie.

18. Le Sosyalist Esitlik Grubu s’oppose de manière résolue à de tels projets, qui entraîneraient le déplacement forcé de millions de personnes et des conflits sanglants dans le nord de la Syrie. Nous défendons le droit de chacun de vivre et de travailler dans le pays de son choix avec les pleins droits de citoyenneté.

19. Le SEG exige la fin immédiate des occupations illégales américaines et turques de la Syrie et de l’Irak, qui ont ouvert la voie à de nouveaux conflits, ainsi que la fermeture des bases américaines et de l’OTAN en Turquie. Ces bases, qui soutiennent aujourd'hui le génocide israélien à Gaza, ont toujours fonctionné comme des instruments d'agression impérialiste dans la région.

20. La guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie en Ukraine, le génocide israélien des Palestiniens à Gaza et les préparatifs de guerre contre l’Iran et la Chine sont divers fronts d’une guerre mondiale en cours. La défense des droits démocratiques des réfugiés et des travailleurs migrants, victimes des guerres impérialistes, ne peut être séparée de la lutte contre la guerre et le système capitaliste qui l’engendre. Il s’agit d’une lutte pour unir les travailleurs des régions opprimées comme le Moyen-Orient et les centres impérialistes dans un mouvement socialiste international contre la guerre.

21. Le développement d’une telle lutte pour une Fédération socialiste au Moyen-Orient nécessite la construction d’une nouvelle direction révolutionnaire dans tous les pays de la région, de la Turquie à la Syrie, en passant par l’Iran et la Palestine. Cette direction est le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI).

22. La construction du CIQI au Moyen-Orient nécessite l’assimilation des expériences stratégiques des XXe et XXIe siècles et des leçons des trahisons du stalinisme, du pablisme et de la pseudo-gauche pro-impérialiste.

23. Le SEG, la section turque du CIQI, est prêt à fournir tout le soutien politique possible à la construction de nouvelles sections du CIQI dans la région, alors qu'il prépare la fondation du parti en Turquie.

(Article paru en anglais le 5 juillet 2024)

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