Résultats d’une étude de la société britannique Airfinity spécialisée dans le suivi des maladies

Augmentation en flèche des maladies infectieuses dans le monde entier alimentée par la pandémie de COVID-19

Une nouvelle étude révèle que l’incidence mondiale de la pandémie de COVID-19 au cours des quatre dernières années coïncide avec une nouvelle poussée de nombreuses autres maladies infectieuses, atteignant des sommets allant bien au-delà des niveaux pré-pandémiques. L’étude a été menée par Airfinity, une société de données et d’analyse basée au Royaume-Uni et spécialisée dans le suivi et la prévision des tendances en matière de maladies et de santé publique à l’échelle mondiale.

L’implication de cette découverte est que le démantèlement systématique des mesures de santé publique mené par les gouvernements capitalistes dans le monde entier permet au SRAS-CoV-2, le virus qui cause la COVID-19, de se répandre sans entrave dans la population mondiale et crée des conditions pour des dommages encore plus importants à la santé humaine.

Airfinity a déjà suivi les conséquences désastreuses qu’a eues la levée des mesures de lutte contre la COVID en Chine à la fin de l’année 2022 – levée qui a entraîné l’infection de centaines de millions de personnes et la mort de plus d’un million d’entre elles. La semaine dernière, l’entreprise publiait sur sa page web une nouvelle analyse montrant que «le monde assiste à une résurgence d’au moins 13 maladies infectieuses présentant des cas plus élevés qu’avant la pandémie dans de nombreuses régions. Plus de 40 pays ou territoires signalent au moins une résurgence de maladie infectieuse ayant été multipliée par 10 ou plus par rapport à la situation de référence avant la pandémie».

Carte mondiale des récentes épidémies de 13 maladies infectieuses. [Photo: Airfinity]

Comme l’indique la figure ci-dessus dans le coin supérieur gauche, il s’agit du choléra, de la dengue, de la maladie invasive à streptocoques du groupe A, qui peut provoquer une «angine à streptocoques» mais dont les ramifications sont graves et mortelles, de la tuberculose, de la poliomyélite et de la grippe. La rougeole, le virus respiratoire syncytial, la varicelle et la coqueluche sont d’autres maladies en augmentation qui ont des conséquences importantes pour les enfants et les personnes immunodéprimées.

L’augmentation de ces maladies au-delà des niveaux pré-pandémiques, dans certains cas de plusieurs ordres de grandeur, est profondément troublante. Dans ce processus, la COVID longue semble jouer un rôle central. Pouvant affecter presque tous les organes du corps humain, elle agit comme un événement invalidant de masse, avec plus de 200 symptômes méticuleusement documentés par l’Académie nationale des sciences.

Rien qu’aux États-Unis, près d’une personne sur cinq, soit 50 millions de personnes, a souffert d’une COVID longue. La prévalence de cette maladie chronique s’élève à près de 7 %, soit environ 17,6 millions de personnes.

Phillip Alvelda, PDG de Brainworks Foundry et ancien directeur de programme au Bureau des technologies biologiques du Pentagone, qui a joué un rôle déterminant dans le développement de la technologie des vaccins à ARNm, décrit l’impact d’une exposition prolongée à la COVID sur la résistance immunitaire à d’autres maladies dans une récente interview en deux parties publiée par l’Institute of New Economic Thinking (Institut de la nouvelle pensée économique). Il déclare avec insistance:

Même une infection légère ou asymptomatique peut nuire au système immunitaire. Elle peut vous rendre vulnérable à de nouvelles maladies qui ne vous auraient peut-être pas dérangé auparavant, mais qui, maintenant que votre système immunitaire est affaibli, peuvent s’implanter et vous attaquer. De même, des maladies qui étaient en sommeil ou qui étaient contenues dans votre corps par votre système immunitaire peuvent refaire surface maintenant qu’il est affaibli, comme le zona, le VIH ou une résurgence de l’herpès. Nous constatons une résurgence de toutes ces maladies dans la population générale. Nous assistons également à une résurgence de la rougeole, de la coqueluche et de la polio – toutes des maladies dont nous pensions nous être débarrassés.

Les effets à long terme sont considérables et dureront probablement toute la vie. Même deux ans plus tard, les risques de crise cardiaque sont multipliés par deux et les risques d’accident vasculaire cérébral par trois, sans parler de la myriade de problèmes neurologiques et métaboliques qui contribuent à la détérioration générale de la santé. Il est donc à craindre que les infections répétées ne provoquent des dommages cumulatifs, affaiblissant encore davantage l’ensemble de l’organisme humain. À l’heure actuelle, chaque Américain a connu en moyenne trois épisodes de COVID-19, un chiffre qui, selon les estimations, devrait plus que doubler d’ici l’année prochaine au rythme actuel.

Pire encore, l’incidence de ces infections sur les enfants exposés de façon répétée à la COVID-19 et à d’autres agents pathogènes respiratoires dans des écoles surpeuplées et mal ventilées n’a pas fait l’objet d’études approfondies. Il s’agit là d’une conséquence directe de la campagne menée par la classe dirigeante pour relancer «l’économie», c’est-à-dire les profits capitalistes, en rouvrant les écoles afin que les parents d’enfants d’âge scolaire puissent être contraints d’aller travailler.

Les communautés ont été inondées par la perpétuation du mensonge selon lequel les enfants ne sont pas affectés par la COVID-19. Les chiffres actuels montrant une baisse généralisée des résultats scolaires sont faussement attribués aux fermetures d’écoles, qui ont permis de sauver des vies au début de la pandémie, et non à l’impact des conséquences sanitaires de la maladie elle-même sur la capacité d’apprentissage des enfants.

Un récent rapport australien intitulé «Too many children with Long COVID are suffering in silence» (Trop d’enfants atteints de la COVID longue souffrent en silence) met en évidence l’incidence de la maladie sur les enfants. David Putrino, de Putrino Labs, un organisme d’innovation en matière de réadaptation relevant du Mount Sinai Health System à New York, qui est à l’avant-garde de l’étude et du traitement de la maladie, déclare: «Le monde de ces enfants devient très petit, très rapidement.»

Il ajoute:

Nous voyons des enfants qui manquent l’école, qui ne peuvent pas faire de sport. Nous constatons un isolement social. La COVID longue est beaucoup plus compliquée et plus brutale pour les jeunes. Les adultes ont tendance à être plus à même de naviguer dans les méandres médicaux et politiques de leur maladie. Je n’aime pas la souffrance comparative en tant que concept, mais je sais que les enfants ont plus de mal à l’accepter parce que les gens semblent moins compréhensifs à son égard.

Tout cela signifie également que la COVID longue tue, un point que les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) et les responsables fédéraux en matière de santé publique minimisent. Comme le note Alvelda, la COVID longue tue «immédiatement un et demi pour cent des personnes qui la contracte».

Cependant, les discussions sur la COVID-19 et ses conséquences ont largement disparu des médias bourgeois. Les tableaux de bord de la santé publique ont disparus. À leur place, on promulgue des politiques anti-scientifiques qui rassurent le public qu’il peut retourner au travail en toute sécurité, même s’il est infecté par un agent pathogène contagieux. Cela signifie simplement que la politique de mort massive est devenue «officiellement» normalisée.

La seule exception significative au silence de la grande entreprise est l’important reportage de Bloomberg News, réalisé en collaboration avec Airfinity, qui documente la résurgence des 13 maladies transmissibles. Certains des faits relevés dans ce reportage sont surprenants:

- Les cas de grippe aux États-Unis ont fait un bond de 40 % par rapport aux années précédant la pandémie.

- Les cas de coqueluche ont été multipliés par 45 en Chine au cours des quatre premiers mois de 2024 par rapport à l’année précédente.

- En Australie, les cas de virus respiratoire syncytial (VRS) ont presque doublé par rapport à l’année précédente.

- L’Argentine et le Brésil sont confrontés aux pires épidémies de fièvre dengue qu’ils aient jamais connues.

- Au Japon, on observe une augmentation inexpliquée des cas de streptocoque A.

- La rougeole refait surface en Grande-Bretagne, dans certaines parties de l’Europe continentale et dans 20 États américains.

- À l’échelle mondiale, 7,5 millions de personnes ont contracté de nouveaux cas de tuberculose en 2022, soit le pire total depuis que l’Organisation mondiale de la santé a commencé à assurer une surveillance mondiale de la maladie au milieu des années 1990.

Tableau des maladies infectieuses et des régions géographiques touchées. [Photo: Airfinity]

Comme le suggère le tableau, les causes sont nombreuses et diffèrent d’une région à l’autre, mais presque toutes sont liées à la pandémie de COVID-19 et exacerbées par la crise mondiale du capitalisme.

Alors même que la FDA débat de la prochaine souche que les vaccins COVID-19 cibleront, les experts de principe dans ce domaine avertissent que cette tentative de rattrapage ne contribuera guère à atténuer les problèmes de santé publique soulevés par une COVID longue «éternelle». La capacité du virus SARS-CoV-2 à s’adapter et à changer constamment, rendant les derniers vaccins obsolètes, a pour effet d’engendrer la complaisance, même s’il s’agit du seul traitement capable de réduire le risque de COVID longue.

Les seuls moyens efficaces de combattre la COVID-19 et ces pathogènes résurgents, qu’ils soient communs ou rares, sont les politiques de santé publique de base qui ont fait leurs preuves: tests, suivi et isolement; port du masque N95; purification de l’air intérieur. Les systèmes de santé et les infrastructures de santé publique ont besoin de ressources pour fonctionner comme prévu. Et avec la menace maintenant posée par le virus aviaire hautement pathogène, il y a des préoccupations immédiates pour lesquelles le monde est moins préparé que jamais.

Le capitalisme est une maladie sociale qui se moque de la science. La recrudescence actuelle des infections dans le monde est un symptôme de cette maladie sociale.

(Article paru en anglais le 18 juin 2024)

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