Israël massacre au moins 40 personnes en frappant une école avec des missiles américains à guidage de précision

Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont lancé une attaque brutale contre une école gérée par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens dans le camp de réfugiés de Nuseirat au centre de Gaza tôt jeudi, tuant au moins 40 personnes, dont neuf enfants et trois femmes.

Des Palestiniens regardent les conséquences de l’attaque israélienne sur une école gérée par l’ONU qui a tué des dizaines de personnes dans le camp de réfugiés de Nuseirat à Gaza, le jeudi 6 juin 2024. [AP Photo/Jehad Alshrafi]

Une enquête menée par Al Jazeera a confirmé que les missiles tirés sur le camp étaient équipés de systèmes de guidage de «précision» fournis par les États-Unis. Un débris de l’une des armes utilisées a été identifié comme provenant de la société américaine Honeywell. Au moins trois missiles ont été tirés durant l’attaque, qui a également blessé 73 personnes. Utilisant leur justification habituelle pour réduire en ruines les hôpitaux, les écoles, les universités et les autres infrastructures essentielles, les FDI ont affirmé que des combattants du Hamas utilisaient cette école, où vivaient quelque 6.000 civils déplacés, comme base.

Interrogé sur l’attaque lors de la conférence de presse quotidienne du département d’État, son porte-parole Matthew Miller a déclaré: «Si c’est vrai que vous avez ce site où le Hamas se cache dans une école, où d’autres militants se cachent dans une école, ces individus sont des cibles légitimes, mais en même temps, ils sont incrustés près de civils, Israël a le droit d’essayer de viser ces civils».

Le ciblage aveugle de civils lors d’opérations militaires est un crime de guerre qui rappelle les jours les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale où le régime nazi hitlérien a mené contre l’Union soviétique une guerre d’extermination qui coûté la vie à 27 millions de personnes. Les tapis de bombes lancées sur les grandes villes des deux cotés comme à Dresde, Hambourg, Londres ou Tokyo, et le largage de deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki ont démontré la barbarie de l’impérialisme. Huit décennies plus tard, les remarques de Miller confirment la précision avec laquelle le World Socialist Web Site a évalué les commémorations officielles du jour J, écrivant jeudi: «Pour être tout à fait franc, la politique et les objectifs de l’OTAN sont étrangement similaires à ceux du régime nazi contre lequel les Alliés se sont battus pendant la Seconde Guerre mondiale. Hitler, s’il ressuscitait pour l’occasion, se sentirait parfaitement à l’aise en compagnie du président américain Biden, du Premier ministre britannique Sunak, du président français Macron et du chancelier allemand Scholz».

Quelques heures seulement après l’attaque de cette école, la Maison-Blanche a publié une déclaration commune au nom de l’impérialisme américain et de ses alliés canadiens et européens, qui équivalait à une déclaration de soutien au génocide perpétré à Gaza par le régime israélien d’extrême droite. Présentée comme un plaidoyer en faveur d’un «cessez-le-feu» dans l’assaut mené depuis huit mois par l’armée israélienne contre des civils sans défense, il s’agit en réalité d’une approbation de la politique du Premier ministre Benjamin Netanyahou de nettoyer ethniquement les Palestiniens de Gaza.

La déclaration, qui ne mentionne jamais les plus de 36.000 Palestiniens massacrés par l’armée israélienne ni les plus de 2 millions de personnes poussées au bord de la famine par le refus délibéré d’Israël de leur fournir de l’aide, commence par souligner que les leaders qui l’ont signée sont «profondément préoccupés par le sort des otages détenus par le Hamas dans la bande de Gaza». Parmi les signataires figurent les gouvernements de Grande-Bretagne, du Canada, de la France et de l’Allemagne, le principal fournisseur d’armes d’Israël après les États-Unis, ainsi qu’un certain nombre de pays plus petits d’Europe et d’Amérique latine. Se référant à la proposition de cessez-le-feu présentée par le président américain Joseph Biden et dont on a fait grand bruit, la déclaration poursuit: «[N]ous soutenons pleinement le mouvement en faveur d’un cessez-le-feu et d’un accord sur la libération des otages qui est maintenant sur la table. Il n’y a pas de temps à perdre. Nous appelons le Hamas à conclure cet accord, avec lequel Israël est disposé à aller de l’avant».

Dans cette recherche ostensible d’un «cessez-le-feu» tout ce qu’Israël a prouvé en fait de «disposition à aller de l’avant» c’est celle d’étendre son assaut sur Rafah avec les armes fournies par les puissances impérialistes. La semaine dernière, les FDI ont mené deux attaques à la bombe meurtrières contre des camps de personnes déplacées dans des zones prétendument «sûres» à l’ouest de Rafah.

L’UNRWA a déclaré qu’on ne l’avait pas prévenue de l’attaque de jeudi contre son école. Le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a déclaré dans un message sur X: «Attaquer, viser ou utiliser des bâtiments de l’ONU à des fins militaires constitue un mépris flagrant du droit international humanitaire». Il ajoute : «le personnel, les locaux et les opérations de l’ONU doivent être protégés à tout moment. Cela doit cesser et tous les responsables doivent être tenus de rendre des comptes».

Le ciblage systématique des écoles a été une caractéristique majeure de l’assaut barbare d’Israël sur Gaza. Fin janvier, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies a signalé que 76 pour cent des écoles de Gaza avaient été détruites par les attaques israéliennes. Les 12 universités de Gaza ont été démolies. Les FDI ont intentionnellement visé de nombreux universitaires et éducateurs de premier plan, tels que le poète et professeur de littérature Refaat Alareer et le professeur Nasser Abu Al-Nour, doyen des sciences infirmières de l’université islamique de Gaza.

Netanyahou, qui dirige un gouvernement fasciste comprenant des partis d’extrême droite déterminés à rétablir les colonies à Gaza, a déclaré maintes fois que l’assaut contre Gaza prendrait fin lorsque le Hamas serait éliminé, que les otages seraient libérés et qu’Israël exercerait un contrôle total sur la sécurité de Gaza. Ce programme génocidaire n’est possible que par le nettoyage ethnique de l’enclave. Ceux qui parviennent à survivre aux bombardements incessants des FDI doivent soit mourir de faim, soit être emportés par la maladie, soit être expulsés de force derrière la frontière égyptienne. La déclaration commune des puissances impérialistes jeudi, confirme une fois de plus leur soutien à cet agenda, le terme «cessez-le-feu» étant utilisé uniquement à des fins de propagande.

Un responsable du Hamas a souligné ce point en décrivant l’accord promu par Biden comme «inacceptable pour nous». Décrivant le texte d’une résolution qui sera présentée au Conseil de sécurité de l’ONU par Washington, Sami Abu Zuhr, a déclaré à Reuters: «Le document [américain]… ne mentionne pas la fin de l’agression ou le retrait. Les documents israéliens parlent de négociations ouvertes, sans date limite, et évoquent une étape au cours de laquelle l’occupation récupère ses otages et reprend la guerre». Zuhri a réitéré l’acceptation par le Hamas d’une proposition faite le 5 mai, qui prévoyait la libération des otages en échange d’un retrait des forces israéliennes de Gaza et de la libération de centaines de prisonniers palestiniens.

Le régime israélien n’a pas tenu compte de l’acceptation par le Hamas de l’accord précédent parce qu’il était intervenu la veille même de l’assaut sur Rafah, qui a commencé le 6 mai. Depuis, plus d’un million de Palestiniens ont fui la ville la plus méridionale de Gaza, nombre d’entre eux retournant dans les ruines de Khan Younis. Les livraisons d’aide dans l’enclave ont chuté des deux tiers par rapport au niveau déjà extrêmement bas atteint avant l’offensive sur Rafah, en raison de la fermeture par les FDI du point de passage frontalier avec l’Égypte et de la fermeture effective du point de passage de Kerem Shalom avec Israël. La mort de deux enfants en l’espace d’une semaine pour cause de malnutrition dans le centre de Gaza a incité les organisations humanitaires à mettre en garde contre l’imminence d’une famine. Environ 1,7 million de personnes chercheraient à s’abriter dans les zones autour de Khan Younis, où les infrastructures civiles ont été anéanties.

La dernière proposition présentée par les États-Unis dans un projet de résolution qui pourrait être voté au Conseil de sécurité dès lundi est un effort transparent pour dissimuler la complicité de Washington dans la destruction de Gaza. Elle parle d’un «cessez-le-feu» de six semaines au cours duquel toutes les femmes, les personnes âgées et les otages malades seraient libérés. Ensuite, tous les otages restants seraient libérés et les forces des FDI se retireraient de Gaza, permettant ainsi aux Palestiniens de «retourner chez eux». Ceux qui l’ont rédigé sont indifférents au fait que l’assaut génocidaire des FDI a détruit 55 pour cent de toutes les structures de Gaza, y compris la grande majorité des logements.

La promesse de «reconstruire» Gaza est tout aussi creuse. Une récente projection des Nations unies a estimé que, dans le meilleur des cas, il faudrait jusqu’en 2040 pour reconstruire les bâtiments détruits dans l’enclave. De l’aveu même du document, un délai plus réaliste, basé sur les séquelles des conflits passés, serait de plus de huit décennies.

(Article paru en anglais le 7 juin 2024)

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