Le Parti de l'égalité socialiste (SGP) se présente aux élections européennes du 9 juin en Allemagne. Ces dernières semaines, le parti a mené une campagne électorale intensive contre le militarisme allemand, la menace de guerre nucléaire et la dévastation sociale qui va de pair avec la politique de guerre. Dans de nombreux événements, rassemblements et vidéos en ligne, il a expliqué la perspective socialiste d’un mouvement international de la classe ouvrière contre le capitalisme.

En plus des interventions dans les manifestations et une campagne de rue intensive, le parti a organisé plusieurs événements en ligne sur les questions brûlantes de l'élection : le génocide à Gaza, la guerre de l'OTAN contre la Russie et l’élection présidentielle américaine. Il a également tenu d’importants rassemblements sur ces sujets, auxquels ont participé des centaines de personnes.

Nous publions ci-dessous la déclaration électorale du parti du 13 mai.

Le Sozialistische Gleichheitspartei (Parti de l'égalité socialiste, SGP) se présente aux élections européennes de 2024 pour construire un mouvement international contre la guerre, les inégalités sociales et le fascisme. Si le capitalisme n’est pas renversé, des conditions comme celles de Gaza menacent le monde entier. Nous luttons donc pour une société socialiste dans laquelle les besoins des travailleurs priment sur la recherche du profit.

En soutenant le terrible génocide à Gaza, toutes les puissances impérialistes prouvent qu’elles sont prêtes à commettre les pires crimes pour défendre leurs intérêts économiques mondiaux et pour subjuguer le Moyen-Orient riche en pétrole. La Bundeswehr (forces armées) fait l’objet d’un renforcement massif et se prépare à une guerre ouverte contre la Russie, ce qui signifierait l’anéantissement nucléaire de la planète. Les coûts de cette folie sont supportés par les travailleurs à travers des réductions des salaires réels et des prestations sociales.

Le gouvernement réagit à l’opposition massive à cette politique pro-guerre en abolissant les droits démocratiques fondamentaux et en menant une campagne contre les réfugiés et les immigrants. En Allemagne, des manifestations pacifiques sont attaquées par la police, des institutions culturelles sont fermées et des événements sont interdits.

Cela montre avant tout une chose : il n’est pas possible d’empêcher une troisième guerre mondiale et de défendre les droits démocratiques et les acquis sociaux en faisant appel aux gouvernements. Les intérêts de la grande majorité ne peuvent tout simplement plus être conciliés avec l’avidité du profit et les appétits impérialistes de la classe dirigeante. Pour mettre fin à la guerre et aux inégalités, les masses doivent intervenir de manière indépendante dans le processus politique, briser le pouvoir des banques et des trusts et les placer sous contrôle démocratique.

Nous luttons pour ce programme socialiste avec nos camarades de France, de Grande-Bretagne, de Turquie, d’Ukraine et de Russie. Nous construisons un parti international qui unit les travailleurs du monde entier dans la lutte contre le capitalisme et la guerre : la Quatrième Internationale. Nous opposons au nationalisme croissant et à la menace de guerre la perspective d’États socialistes unis d’Europe. Inscrivez-vous maintenant pour soutenir notre campagne !

Halte au génocide à Gaza

Le gouvernement d’extrême droite de Netanyahou commet un génocide à Gaza, dont la population entière est prise en otage, affamée et soumise à la terreur des bombardements constants. L'armée israélienne a jusqu'à présent tué au moins 35.000 Palestiniens, en a blessé 78.000 et a rendu la bande de Gaza inhabitable pour ses plus de 2 millions d'habitants. Des centaines de milliers de personnes meurent de faim, des hôpitaux, des écoles et des mosquées ont été délibérément détruits et des centaines de journalistes et de travailleurs humanitaires ont été tués. Même la Cour internationale de Justice de La Haye a conclu qu’il existait des preuves « plausibles » d’un génocide.

Cette cruauté indescriptible n’est pas uniquement imputable au régime Netanyahou. C’est le résultat direct de l’intervention des puissances impérialistes, notamment de l’Allemagne et des États-Unis, qui soutiennent et arment Israël. Scholz et Biden considèrent l’élimination des Palestiniens comme une condition préalable à une guerre beaucoup plus vaste contre la Syrie, l’Iran et le Hezbollah au Liban. Comme lors des guerres d’agression criminelles contre l’Irak, la Libye et l’Afghanistan, ils poursuivent l’objectif de mettre sous leur contrôle cette région riche en pétrole.

La dernière chose qui les préoccupe est la sécurité de la vie des Juifs dans la région, elle-même mise en péril par cette politique impérialiste. C’est le comble du cynisme lorsque le gouvernement allemand justifie sa nouvelle politique de grande puissance et son soutien au génocide par la lutte contre l’antisémitisme !

C’est la classe dirigeante allemande qui reprend les traditions fascistes des nazis, et non les millions de travailleurs et de jeunes qui expriment leur solidarité avec les Palestiniens opprimés. Elle lance des chars allemands contre la Russie, déclare que le génocide est une affaire d’État et réarme la Bundeswehr à un niveau jamais vu depuis Hitler.

Mais à ce programme militariste de ceux qui sont au pouvoir s’oppose un puissant mouvement international. Des millions de personnes dans le monde ont manifesté contre le génocide à Gaza ces derniers mois, malgré la propagande politique et médiatique, et ont montré à quel point la classe ouvrière est aujourd’hui forte et connectée à l’échelle mondiale. Ce mouvement doit être élargi et armé d’une perspective socialiste. Nous revendiquons :

• Un arrêt immédiat de la destruction de Gaza et une démobilisation complète de l’armée israélienne !

• Netanyahou, Biden, Scholz et tous les autres criminels de guerre doivent être tenus responsables de leurs crimes de guerre !

• Pour l’unité des travailleurs palestiniens et israéliens dans la lutte pour un État uni, laïc et socialiste !

Non à la Troisième Guerre mondiale !

Le génocide à Gaza est un autre front dans une guerre mondiale en pleine expansion. En Ukraine, l’OTAN mène une guerre par procuration contre la Russie ; au Moyen-Orient, il cible l’Iran et ses alliés, dont le Hezbollah au Liban ; et dans la vaste région Inde-Pacifique, les États-Unis et leurs alliés se préparent à une guerre contre la Chine. Comme en 1914 et 1939, il s’agit d’un dépeçage du monde entre les puissances impérialistes.

La classe dirigeante allemande poursuit directement ses objectifs de guerre des deux guerres mondiales précédentes. Elle veut mettre l’Ukraine sous son contrôle et subjuguer la Russie afin de s’approprier les énormes ressources naturelles de l’Est. Là où elle a réduit l’Europe à l’état de ruine il y a 80 ans, elle menace aujourd’hui l’anéantissement nucléaire de la planète entière. Le militarisme n’est pas uniquement dirigé contre la Russie et la Chine. Les vieilles hostilités entre les puissances de l’OTAN refont également surface – entre l’Allemagne et les États-Unis, mais aussi au sein de l’Europe. Alors que Berlin tente d’organiser l’Europe sous sa direction, les conflits avec la France, la Grande-Bretagne et la Pologne s’intensifient également.

La propagande utilisée pour justifier le retour du militarisme allemand prend des formes toujours plus absurdes. Le soutien du gouvernement au génocide à Gaza montre que son discours sur la lutte pour la « liberté » et la « paix » en Ukraine est complètement mensonger. Alors qu’il justifie les pires crimes de guerre israéliens au Moyen-Orient en faisant référence à la « responsabilité allemande » [pour l’Holocauste], en Ukraine, il travaille avec les héritiers politiques des collaborateurs nazis ainsi qu’avec des fascistes et des antisémites déclarés pour mener à nouveau la guerre contre la Russie. La « responsabilité allemande » pour les 27 millions de citoyens soviétiques tués pendant la Seconde Guerre mondiale est totalement ignorée.

La seule conclusion légitime que l’on puisse tirer de la guerre d’extermination nazie et de l’Holocauste, les pires crimes de l’histoire de l’humanité, est la suivante : la classe ouvrière ne doit plus jamais permettre que la guerre et le fascisme prévalent et doit éliminer la racine de cette horreur, le capitalisme, une fois pour toutes.

La lutte contre la guerre doit également être dirigée contre le régime de Poutine. L’OTAN a provoqué la guerre en Ukraine, mais cela ne justifie pas l’action militaire réactionnaire de la Russie. Le régime Poutine représente les intérêts des oligarques russes, qui ont pillé les biens sociaux de l’Union soviétique et sont maintenant indignés que les voleurs impérialistes veuillent s’en emparer. Nous revendiquons :

• Halte à la guerre de l'OTAN en Ukraine ! Pas de sanctions ni de livraisons d'armes

• Deux guerres mondiales, c’est déjà trop ! Arrêtez les fauteurs de guerre !

• 100 milliards d’euros pour les crèches, les écoles et les hôpitaux au lieu des armements et de la guerre !

Le fascisme, plus jamais

Afin de réprimer l’opposition croissante à sa politique pro-guerre détestée, le gouvernement de coalition des sociaux-démocrates (SPD), des libéraux-démocrates (FDP) et des Verts tendent la perche au fascisme. Il mène une campagne répugnante contre les réfugiés et les immigrés, abolissant les droits démocratiques fondamentaux et établissant un véritable État policier. L'opposition à la guerre et au génocide est criminalisée et les manifestations et les campements, même dans les universités, sont brutalement attaqués.

L’Alternative pour l’Allemagne (AfD) fasciste a été délibérément renforcée dans ce but précis. Il ne s’agit pas d’un corps étranger dans un organisme par ailleurs sain, mais du pire symptôme d’un système gravement malade. Tous les autres partis capitalistes l'ont courtisé et mettent en pratique son programme ; ils se préparent depuis longtemps à l’intégrer au sein du gouvernement.

Cela est particulièrement évident dans la politique envers les réfugiés. La «forteresse Europe », qui s’étend de plus en plus avec des murs de plusieurs mètres de haut, des barbelés et des centres de détention inhumains aux frontières extérieures, entraîne la mort de milliers de réfugiés. Il s’agit d’une politique délibérée de meurtres visant à dissuader les réfugiés fuyant la guerre, la destruction et la misère. Dans le même temps, les politiciens de l’establishment et les médias tentent de faire des réfugiés et des immigrés les boucs émissaires de la profonde crise sociale.

Contrairement aux conditions d’avant la Seconde Guerre mondiale, les partis fascistes ne disposent pas d’un mouvement de masse composé d’anciens combattants et de petits bourgeois. Ce qui leur donne un élan en Allemagne et dans toute l’Europe et leur permet de se présenter comme des forces contestataires, c’est la faillite complète de la prétendue « gauche ». La lutte contre la droite nécessite donc une lutte contre tous les partis bourgeois et contre le système capitaliste pourri.

• Il faut démasquer et détruire les réseaux fascistes dans l’appareil de sécurité et d’État

• Défendons les droits démocratiques fondamentaux!

• Des droits égaux pour les migrants et les réfugiés !

Pour une Europe unie et socialiste

Tous les domaines de la vie sociale sont subordonnés à la politique pro-guerre et à la soif de profits des riches. Alors que les dépenses de défense explosent, le budget allemand de la santé a déjà été réduit des deux tiers l'année dernière en pleine pandémie et le financement de l'éducation et des services sociaux a été réduit drastiquement. De nouvelles réductions sont en préparation. Une inflation effroyable décime les salaires des travailleurs et des centaines de milliers de personnes perdent leur emploi.

Des millions de personnes vivent déjà dans une pauvreté abjecte et doivent lutter chaque jour pour joindre les deux bouts. Selon l'Office de statistiques de l'Union européenne (Eurostat), la proportion de personnes menacées de pauvreté et d'exclusion sociale en Allemagne a augmenté de 3,6 points de pourcentage au cours des trois dernières années et s'élève désormais à 20,9 pour cent, soit 17,3 millions de personnes. La moyenne de l'UE est de 21,7 pour cent. Dans le même temps, la richesse des super-riches explose. Plus d’un million de vies ont été sacrifiées rien qu’en Europe pendant la pandémie de coronavirus afin de maintenir le flux des profits, tandis que la richesse totale des cinq Allemands les plus riches a augmenté d’environ trois quarts au cours de la même période, passant de 89 à 155 milliards de dollars !

Partout en Europe, la résistance à la dévastation sociale s’accroît. Le continent connaît une recrudescence de grèves et de manifestations. Les travailleurs de tous les pays avancent des revendications similaires et les lient à la lutte contre la guerre. Ces luttes ne peuvent être résolues dans le cadre national et syndical, par des négociations avec tel ou tel gouvernement capitaliste. Elles nécessitent une perspective internationale.

Le génocide à Gaza a poussé des millions de personnes à descendre dans la rue à travers l’Europe. Rien qu'à Londres, des millions de personnes ont manifesté contre la guerre d'Israël. Des centaines de milliers de personnes sont également descendues dans les rues en France, en Espagne et en Allemagne. Mais le soutien officiel au génocide de Gaza et la répression de l’opposition montrent que les travailleurs ne peuvent pas obtenir gain de cause sans renverser les gouvernements et prendre le pouvoir.

Les syndicats jouent un rôle central dans la défense des gouvernements et dans la répression des luttes ouvrières. Ils les isolent par pays et par secteur et imposent des réductions de salaires réels et des licenciements aux travailleurs. Le SGP soutient donc la formation de comités d’action de la base indépendants qui représentent véritablement la base et unissent les travailleurs au-delà de toutes les frontières dans la lutte contre les coupes budgétaires et la guerre. Ces comités doivent prendre les grèves en main. Ils doivent être construits comme de nouvelles organisations permettant aux travailleurs de mener une lutte politique pour le pouvoir.

Un tel mouvement doit être dirigé contre le capitalisme lui-même. La guerre en Ukraine montre que l’unification pacifique de l’Europe sous le capitalisme est une illusion réactionnaire. L’UE s’arme jusqu’aux dents, mène une guerre contre la Russie, soutient le génocide à Gaza et sert d’instrument aux attaques contre les travailleurs à travers le continent.

Les travailleurs doivent opposer à l’UE des banques et des trusts, à la mort de masse et à la guerre la perspective d’États socialistes unis d’Europe. La guerre ne peut pas être stoppée, des vies humaines ne peuvent être sauvées et les salaires ne peuvent être défendus sans briser le pouvoir des banques et des trusts et sans les placer sous contrôle démocratique. Au lieu de se tirer dessus, les travailleurs russes et ukrainiens, ainsi que ceux de toute l’Europe, doivent lutter dans cette perspective contre les fauteurs de guerre de leur propre pays.

• La vie au lieu des profits !

• Défendons tous les emplois ! 30 pour cent de salaire en plus pour tous et l’indexation automatique des salaires à l’inflation !

• Pour l’expropriation sans compensation des usuriers du loyer de logements, des sociétés énergétiques et des profiteurs de guerre!

• Contre l’UE des banques et des trusts, de la mort de masse et de la guerre ! Pour les États socialistes unis d’Europe !

Les travailleurs doivent avoir leur propre parti

Ces revendications ne peuvent pas être satisfaites en faisant appel aux pouvoirs en place, car tous les partis capitalistes sont derrière la guerre et la dévastation sociale. Le 12 octobre, tous les membres du Bundestag (parlement), de l'AfD au Parti de gauche, ont donné leur appui à la guerre génocidaire menée par Israël contre les Palestiniens.

Les Verts, qui parlent comme aucun autre parti au nom des couches aisées de la classe moyenne supérieure, ont été pacifistes aussi longtemps que cela était conforme aux intérêts de l’Allemagne en tant que grande puissance. Dès qu’ils ont commencé à organiser la première guerre d’agression allemande depuis Hitler, contre la Serbie en 1999, ils sont devenus les pires militaristes.

Le Parti de gauche soutient également la politique de sanctions contre la Russie et la politique belliciste. Issu du parti d'État stalinien de l'ex-Allemagne de l'Est, ce parti incarne le mépris concentré de l'appareil répressif de l'État à l'égard des travailleurs ordinaires. Partout où il détient des responsabilités gouvernementales au niveau de l’État, il met en œuvre les mêmes politiques réactionnaires que les autres partis capitalistes. Ses partis frères Syriza en Grèce et Podemos en Espagne ont également imposé des coupes budgétaires dans l’UE et des politiques pro-guerre contre une résistance massive.

Le BSW de Sarah Wagenknecht, une scission du Parti de gauche, n'a rien à voir avec l'antimilitarisme. Il critique la guerre contre la Russie exclusivement d’un point de vue nationaliste et estime que le réarmement germano-européen devrait être organisé de manière plus indépendante des États-Unis. Il soutient également pleinement le génocide en tant qu’affaire d’État. L’objectif de Wagenknecht est de stabiliser le système capitaliste pourri et de canaliser l’opposition croissante à son encontre vers les milieux nationalistes.

Seul le SGP lutte de manière cohérente contre le militarisme, le fascisme et la guerre. Nous ne cherchons pas à obtenir des postes lucratifs, mais utilisons les élections européennes et tous les sièges que nous pourrions remporter au Parlement pour nous opposer aux partis bellicistes. Nous mettons en garde contre les énormes dangers et organisons la résistance contre eux.

Ce faisant, nous nous appuyons sur la perspective du socialisme international. En tant que section allemande du Comité international de la Quatrième Internationale, nous nous inscrivons dans la tradition du marxisme – d’August Bebel, Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht, de la révolution russe d’Octobre et de l’Opposition de gauche de Léon Trotsky. L’Opposition de gauche est la preuve vivante qu’il existait une alternative socialiste au stalinisme et que tracer un signe d’égalité entre le stalinisme et le socialisme est un mensonge abominable.

Il est temps d’agir et de construire un nouveau parti socialiste de masse qui éliminera une fois pour toutes les maux du capitalisme. Nous appelons tous ceux qui ne veulent pas accepter la politique génocidaire pro-guerre, les niveaux criants d’inégalités sociales, la destruction des systèmes de santé et d'éducation et la destruction de notre planète : partagez cette déclaration le plus largement possible, participez à nos événements et rassemblements, faites un don généreux à notre campagne électorale et soutenez-la activement, et devenez membre de notre parti !

La lutte contre la pauvreté, l’oppression et la Troisième Guerre mondiale est la lutte pour le socialisme partout dans le monde !

(Article paru en anglais le 6 juin 2024)