L’un des principaux points à l’ordre du jour était de savoir comment les 300 milliards de dollars d’actifs étrangers de la banque centrale russe, gelés par les États-Unis et les puissances européennes au début de la guerre en Ukraine, pourraient être utilisés pour financer le régime Zelensky, qui se prépare à pousser des milliers d’hommes supplémentaires vers le hachoir à viande, en plus des centaines de milliers déjà tués ou blessés.
En outre, révélant le caractère interrelié des divers fronts de guerre impérialistes, la réunion a adopté une attitude plus virulente à l’égard de la Chine, de sa prétendue surcapacité industrielle et de la menace qu’elle représente pour la position économique des États-Unis et de l’Europe.
La déclaration publiée à l’issue de la réunion stipule ainsi : «Nous ferons progresser notre coopération afin de renforcer la résilience et la sécurité économique mondiales et de protéger nos économies contre les chocs et les vulnérabilités systémiques. À cette fin, nous travaillerons à rendre nos chaînes d’approvisionnement plus résilientes, fiables, diversifiées et durables et à répondre aux pratiques néfastes, tout en sauvegardant les technologies critiques et émergentes».
Il s’agit là d’une escalade significative dans la formulation par rapport aux déclarations précédentes qui ne faisaient référence qu’à un «système multilatéral libre et fondé sur des règles».
Au début du mois, le gouvernement Biden a décidé de maintenir les droits de douane sur une série de produits chinois mis en place sous Trump et d’en introduire une série de nouveaux dont le fer de lance est l’imposition à 100 pour cent des véhicules électriques.
Dans ce contexte, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a expliqué ce qui se cachait derrière le nouveau langage du G7.
«Nous devons nous unir et envoyer un message unifié à la Chine pour qu’elle comprenne que ce n’est pas un seul pays qui est de cet avis, mais qu’elle est confrontée à un mur d’opposition à la stratégie qu’elle poursuit», a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse à l’ouverture de la réunion.
Le ministre français des Finances Bruno Le Maire a déclaré qu’il était important d’éviter une guerre commerciale avec la Chine, qui restait «notre partenaire économique», mais que le G7 devait protéger ses intérêts contre les «pratiques commerciales déloyales» de la Chine.
C’est là une référence au fait que les entreprises chinoises peuvent fabriquer des produits de haute technologie, notamment dans le domaine des technologies vertes, à un coût inférieur à celui de leurs rivales américaines et européennes. Les doctrines de «libre marché» sont jetées aux ortilles, car les États-Unis cherchent à écraser le développement économique chinois qu’ils considèrent comme la plus grande menace pour leur domination économique, et à mettre leur propre économie sur le pied de guerre.
Reflétant la dépendance de l’économie allemande à l’égard de la Chine, en particulier pour sa principale industrie, la production automobile, le ministre allemand des Finances Christian Lindner s’est montré plus prudent.
Il a déclaré aux journalistes: «Les guerres commerciales sont des guerres perdues d’avance, vous ne pouvez pas les gagner».
Le ministre italien de l’Économie Giancarlo Giorgetti, qui présidait la réunion, a indiqué que ce n’était qu’une question de temps avant que l’Europe ne se range derrière la guerre tarifaire américaine.
L’utilisation d’actifs financiers russes pour financer la guerre en Ukraine a occupé une grande partie de la réunion. La position préférée des États-Unis est que les fonds, largement détenus dans le système bancaire européen, doivent simplement être saisis. Mais l’UE s’y est opposée, non pas par opposition de principe au vol pur et simple, mais parce qu’elle craint que d’autres pays ne cherchent à placer leur argent ailleurs.
«Les États-Unis ont pris des décisions très sévères et l’Europe devra probablement se demander si elle doit faire de même», a déclaré le ministre à la télévision publique italienne.
Risquant de ne pouvoir faire passer leur proposition initiale, les États-Unis ont cherché d’autres méthodes pour atteindre leurs objectifs. Ils soutiennent à présent un plan visant à utiliser les bénéfices tirés des avoirs russes gelés pour créer un prêt à l’Ukraine qui comporterait jusqu’à 50 milliards de dollars.
Il y a un certain marchandage sur comment le G7 soutiendrait le prêt et qui supporterait les coûts si les taux d’intérêt baissaient et si les bénéfices étaient érodés. L’autre question est d’ordre juridique. Il s’agit en clair de voir comment on peut échafauder un système de vol qualifié qui puisse plus ou moins concorder avec la législation européenne et d’autres lois.
Le communiqué du G7 indique qu’on «progressait» dans les discussions sur «les moyens potentiels de faire bénéficier l’Ukraine des profits extraordinaires provenant des actifs russes immobilisés, dans le respect du droit international et de nos systèmes juridiques respectifs».
Les juristes vont devoir travailler d’arrache-pied au cours des trois prochaines semaines, car les États-Unis font pression pour qu’un mécanisme soit mis en place et approuvé lors de la réunion des dirigeants du G7 qui se tiendra en Italie à la mi-juin.
Yellen a insisté sur la nécessité de finaliser le mécanisme de prêt: «Il semble qu’il y ait un large soutien pour l’idée générale et qu'il s’agisse d’un moyen productif d’aller de l’avant ».
Avant la réunion du G7, le président russe Vladimir Poutine a signé jeudi un décret autorisant la saisie de biens américains pour compenser les pertes éventuelles liées au gel des avoirs. La Russie n’a pas accès aux fonds de l’État américain, mais elle pourrait saisir des biens appartenant à des Américains en guise de représailles.
Toutefois, Yellen, déterminée à aller de l’avant, a balayé cette menace en affirmant qu’elle avait déjà été formulée auparavant.
«Cela ne nous dissuadera pas d’aller de l’avant et de prendre des mesures pour soutenir l'Ukraine», a-t-elle déclaré.
Les participants à la réunion ont également approuvé l’adoption de nouvelles mesures à l’encontre de la Russie, qui pourraient se traduire par des sanctions importantes à l’encontre d’autres pays, dont la Chine.
Le G7 s’est engagé à prendre de nouvelles sanctions financières et économiques pour réduire les sources de revenus de la Russie et sa capacité à mener une guerre contre l’Ukraine. Il s’opposera aux tentatives d’évasion ou de contournement des sanctions «en facilitant les achats de l'industrie de défense russe par des institutions financières».
Il a condamné la coopération militaire entre la Corée du Nord et la Russie, a appelé l’Iran à cesser d’aider l’armée russe et s’est déclarée «préoccupée» par les «transferts vers la Russie, à partir d’entreprises du monde entier, y compris de la Chine, de matériaux et composants à double usage pour les armes et une application à la production militaire».
Ces condamnations sont un avertissement clair que d’autres mesures, sur un front de plus en plus large, sont en préparation.
La réunion du G7 a également apporté son soutien total à Israël en condamnant «dans les termes les plus forts possibles l’attaque terroriste brutale du Hamas contre Israël» le 7 octobre, sans mentionner le génocide, à l’exception d’un passage insignifiant sur la «crise humanitaire dévastatrice et croissante à Gaza».
(Article paru en anglais le 27 mai 2024)