Alors qu'Israël étend son assaut sur Rafah et lance des bombardements et des attaques aveugles dans toute la bande de Gaza, 20 pour cent de la population de Gaza a été forcée une fois de plus de fuir ses maisons et ses abris au cours de la semaine écoulée.
Dans ces conditions, le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, a approuvé sans réserve le soutien des États-Unis à Israël lors d’un point de presse lundi, indiquant clairement que le gouvernement Biden continuerait à fournir des armes au gouvernement Netanyahou.
«Aucun président n’a donné un appui aussi solide à Israël que Joe Biden», a déclaré Sullivan. «Il a été le premier président à se rendre en Israël en temps de guerre. Il protège Israël aux Nations unies. Il a mobilisé une coalition pour défendre directement Israël contre une attaque iranienne sans précédent. Il a mené l’effort bipartisan pour faire passer un supplément qui garantit la défense et l’avantage militaire d’Israël pour les années à venir. Son engagement envers Israël est inconditionnel.»
«Les États-Unis ont envoyé une aide militaire massive à Israël», a déclaré Sullivan. «Nous continuons à envoyer de l’aide militaire et nous veillerons à ce qu’Israël reçoive l’intégralité du montant prévu dans le budget supplémentaire», en référence aux 14 milliards de dollars de dépenses militaires supplémentaires pour Israël prévus dans un projet de loi adopté le mois dernier.
Sullivan a déclaré que l’obstacle à la paix était le Hamas, et non Israël, en déclarant: «Il pourrait y avoir un cessez-le-feu demain si le Hamas libérait simplement les femmes, les blessés et les personnes âgées pris en otage». Il n’a pas mentionné que le Hamas avait déjà accepté ces conditions, qui ont été rejetées par le gouvernement de Netanyahou.
Il a ensuite nié catégoriquement la réalité du génocide perpétré par Israël, déclarant: «Nous ne pensons pas que ce qui se passe à Gaza soit un génocide», ajoutant: «Nous avons fermement rejeté cette proposition». Sullivan a également nié qu’Israël entravait délibérément l’entrée de l’aide alimentaire à Gaza.
Expliquant pourquoi il faisait ces commentaires, Sullivan a déclaré: «Il y a eu beaucoup plus de critiques que d’éclaircissements dans la couverture et les commentaires récents sur la guerre entre Israël et le Hamas», et il a voulu «exposer le point de vue du gouvernement».
L’implication évidente était que Sullivan clarifiait les commentaires faits par le président américain Joe Biden la semaine dernière, à savoir que «s’ils vont à Rafah, je ne fournirai pas les armes qui ont été utilisées historiquement à Rafah».
Sullivan a précisé que la position du gouvernement était qu’Israël n’avait pas lancé d’attaque terrestre majeure sur Rafah, bien que son offensive militaire dans la ville ait déjà fait des centaines de morts et entraîné le déplacement de centaines de milliers de personnes.
Lundi, les forces israéliennes ont tué un employé étranger de l’ONU à Gaza pour la première fois depuis l’invasion de Gaza par les forces de défense israéliennes (FDI) en octobre. Les soldats israéliens ont tiré sur un véhicule de l’ONU clairement identifié, tuant un occupant et en blessant un autre.
«Ils ont été attaqués alors qu’ils se trouvaient à bord d’un véhicule de l’ONU portant le drapeau de l’ONU», a déclaré le bureau des médias du gouvernement de Gaza.
Le même jour, un groupe d’Israéliens a mis le feu au périmètre de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, selon l’association israélienne de défense des droits HaMoked.
Le même jour, des images ont été diffusées montrant des Israéliens d’extrême droite attaquant des cargaisons d’aide alimentaire à la frontière de Rafah, passant des heures à détruire des camions de nourriture, tandis que les forces de police israéliennes restaient là sans rien faire. C’était la deuxième fois en une semaine que les lieux étaient incendiés.
Dans un discours prononcé lundi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a promis de poursuivre l’assaut sur Gaza, déclarant: «Nous ne nous arrêterons pas tant que nous n’aurons pas provoqué l’effondrement du régime terroriste du Hamas. Nous nous vengerons de ceux qui ont perpétré l’attaque [du 7 octobre], jusqu’au dernier d’entre eux. Nous leur couperons les bras pour qu’ils ne puissent plus les lever contre Israël.»
Les forces israéliennes ont mené des raids dans toute la bande de Gaza. Elles ont ciblé non seulement Rafah, mais aussi Jabalia et Zeitoun dans le nord de la bande de Gaza.
Au cours des 24 dernières heures, 57 habitants de Gaza ont été tués, tandis que le bilan officiel s’élève désormais à plus de 35.000 morts, a déclaré lundi le bureau des médias du gouvernement de Gaza.
Selon l’ONU, au moins 360.000 Palestiniens ont été contraints de fuir Rafah au cours de la semaine écoulée, ainsi que 100.000 personnes dans le nord de la bande de Gaza, soit un cinquième de la population totale de Gaza. La grande majorité d’entre eux ont été déplacés à plusieurs reprises. Les routes se dirigeant vers le nord sont remplies de personnes tentant désespérément de fuir.
«Nous ne savons pas où aller. Nous avons été déplacés d’un endroit à l’autre [...] Nous courons dans les rues», a déclaré une femme à Reuters.
«Forcer plus d’un million de Palestiniens déplacés à Rafah à fuir à nouveau sans endroit sûr est illégal et aura des conséquences catastrophiques», a déclaré Human Rights Watch dans un communiqué.
En raison de l’offensive militaire israélienne, la quasi-totalité de l’aide alimentaire n’entre plus dans la bande de Gaza. Abeer Etefa, porte-parole du Programme alimentaire mondial des Nations unies, a déclaré lundi que la grande majorité des distributions de nourriture à Gaza avaient été suspendues. «La majorité des distributions ont été interrompues en raison des ordres d’évacuation, des déplacements et de la pénurie de nourriture», a-t-elle déclaré. «La situation devient de plus en plus insoutenable.»
Sally Abi Khalil, directrice pour le Moyen-Orient de l’organisation caritative «Oxfam», a déclaré dans un communiqué: «La situation est désespérée. Tant de personnes à Gaza vivent dans la peur et sont forcées de supporter des conditions inhumaines et insalubres causées par les bombardements israéliens continus.»
Dans une déclaration, la sous-secrétaire générale des Nations unies aux affaires humanitaires et coordinatrice adjointe des secours d’urgence, Joyce Msuya, a indiqué que «ceux qui ont échappé à la mort et aux blessures risquent maintenant de perdre la vie en raison du manque de nourriture, d’eau potable, de médicaments et de soins de santé».
Elle a poursuivi: «Chaque jour, des dizaines de femmes accouchent dans des conditions horribles, souvent sans anesthésie ni aide médicale, alors que des bombes explosent autour d’elles. Des mères voient leur bébé mourir dans leurs bras parce qu’elles n’ont pas assez de lait pour le maintenir en vie. Des enfants meurent parce qu’ils n’ont pas assez de nourriture ou d’eau.»
(Article paru en anglais le 14 mai 2024)