Le nombre de corps découverts dans quatre fosses communes à l’hôpital Nasser de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, s’est élevé à au moins 310 mardi. L’horrifiante découverte de ces dernières 72 heures fournit une nouvelle preuve du génocide lancé par Israël contre les Palestiniens et soutenu par l’impérialisme, qui devrait s’intensifier avec l’assaut imminent contre les plus de 1,5 million de Palestiniens luttant pour leur survie à Rafah.
Le personnel de la défense civile palestinienne a continué mardi de découvrir des corps, dont des femmes et des personnes âgées, enterrées sous des tas d’ordures. Zaina Haroun, représentante du groupe de défense des droits des Palestiniens al-Haq, basé en Cisjordanie, a déclaré à Al Jazeera que cette découverte macabre était «une preuve flagrante des crimes de guerre et, bien sûr, du génocide perpétré par Israël contre le peuple palestinien à Gaza».
Faisant référence à la découverte de fosses communes similaires il y a plusieurs semaines à l’hôpital Shifa de Gaza-ville, elle a poursuivi: «Un membre d’une famille cherchait désespérément à trouver, ne serait-ce qu’une trace de son oncle. Il a dit qu’il avait trouvé ses sandales, mais que même s’il pouvait trouver une partie du corps, un bras ou une jambe, ils pourraient au moins la prendre et l’enterrer afin de pouvoir dormir la nuit ».
Les scènes inhumaines de Khan Younis et de la ville de Gaza, qui rappellent les génocides du XXe siècle, soulignent la barbarie du régime israélien soutenu par l’impérialisme.
Le gouvernement fasciste du Premier ministre Benjamin Netanyahou a ouvertement déclaré son intention de procéder au nettoyage ethnique de la bande de Gaza, a dénoncé les Palestiniens comme des «animaux humains», a systématiquement refusé l’aide à des centaines de milliers de personnes bloquées dans le nord de l’enclave et a tué plus de 34.000 personnes au cours de 200 jours de bombardements ininterrompus.
Avec le soutien inconditionnel de l’impérialisme américain et de ses alliés européens, le régime israélien a balayé l’accusation de génocide portée contre lui par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice et a poursuivi son assaut alors que la famine s’installe à Gaza.
Mardi, l’envoyé spécial des États-Unis pour les questions humanitaires, David Satterfield, a qualifié la menace de famine à Gaza de «très élevée». Le bureau des médias du gouvernement de Gaza a indiqué que 30 enfants étaient morts jusqu’à présent «des suites de la famine».
Dans son dernier rapport sur la situation à Gaza, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) note qu’il y a eu «très peu de changements significatifs» dans la quantité d’aide entrant à Gaza ou dans l’approbation par Israël des convois d’aide vers le nord de Gaza au cours des dernières semaines.
Il y a trois semaines, après l’assassinat ciblé par Israël de sept travailleurs humanitaires de l’organisation World Central Kitchen, le gouvernement Netanyahou a déclaré qu’il était prêt à ouvrir un point de passage terrestre vers le nord de Gaza et à augmenter le flux de camions dans l’enclave à plus de 300 par jour. Philippe Lazzarini, directeur de l’UNRWA, a indiqué que 310 camions étaient entrés dans la bande de Gaza mardi, ce qui est bien en deçà des 500 à 600 camions qui, de l’avis de la plupart des organisations humanitaires, sont nécessaires pour fournir à la population de Gaza de la nourriture et d’autres produits de première nécessité en quantités suffisantes.
Le rapport de l’UNRWA indique également qu’au moins 435 attaques ont été menées par Israël contre des professionnels ou institutions de la santé depuis le début du génocide, un taux mensuel supérieur à celui de tout autre conflit récent. Depuis le 7 octobre, 180 employés de l’UNRWA ont été tués par Israël.
La destruction de Gaza par Israël a déplacé plus de 75 pour cent des habitants de l’enclave, 1,7 million de personnes ayant été forcées à fuir «de nombreuses fois». Ces déplacements répétés ont favorisé la propagation de maladies infectieuses, qui ont infecté quelque 1,09 million de personnes, soit près de 50 pour cent de la population. Selon Volker Turk, responsable des droits de l’homme à l’ONU, un enfant est tué ou blessé à Gaza «toutes les 10 minutes».
Le démantèlement systématique de toutes les infrastructures civiles par les Forces de défense israéliennes (FDI) a créé une situation où la maladie et la famine feront bientôt plus de victimes que les frappes aériennes quotidiennes. Sur les 36 hôpitaux que comptait l’enclave avant la guerre, seuls 10 fonctionnent encore comme établissements de soins. Les hôpitaux ont été transformés en champs de la mort, comme les hôpitaux al-Shifa ou Nasser, ou ont été repris par les FDI. L’hôpital des Amis turco-palestiniens situé au sud de Gaza-ville, qui abritait auparavant la seule unité spécialisée dans le traitement du cancer à Gaza, a été transformé en base militaire par les FDI.
Dans un rapport publié cette semaine et intitulé «Fabriquer la famine: Israël commet le crime de guerre de la famine dans la bande de Gaza», B’Tselem – le Centre israélien pour les droits de l’homme dans les territoires occupés – documente la culpabilité d’Israël dans la crise de la faim dans l’enclave et ses implications à court et à long terme. Se basant sur la classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire, le rapport note que Gaza se trouvait en phase 4 en février et mars, juste en dessous de la phase 5, qui correspond à la famine.
Au cours de ces mois, 55 pour cent des ménages du nord et 25 pour cent des ménages du centre et du sud se trouvaient déjà en phase 5. Ces chiffres devraient atteindre 70 pour cent pour le nord, 50 pour cent pour le centre de Gaza et 45 pour cent pour le sud, ce qui placerait l’ensemble de la bande de Gaza en situation de famine. Le rapport note que Samantha Power, directrice de l’USAID, a été la première responsable américaine à admettre publiquement que la famine s’était déjà installée dans le nord de Gaza, lors d’une audition de la Commission des affaires étrangères de la Chambre début avril.
Khamis al-A’araj, un habitant de 52 ans du quartier Falujah du camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, décrit dans le rapport des conditions de vie épouvantables:
Il n’y a ni eau ni nourriture ici. En fait, il n’y a rien ici. Il n’y a pas non plus de nourriture au marché – pas de conserves, de farine ou de riz. Il n’y a même plus d’orge. Parfois, nous parvenons à trouver de la khubeiza [une plante à fleurs comestible] qui pousse au bord de la route ou dans les champs et nous la cueillons. Si nous parvenons à trouver du carton ou du bois pour faire du feu, nous faisons cuire cela dans de l’eau et nous le mangeons pendant un jour ou deux, ce qui nous permet au moins de mieux dormir la nuit. Nous avions l’habitude de manger de la khubeiza peut-être une fois par an, et maintenant c’est presque notre seule source de nourriture. Ces quatre derniers jours, nous n’avons pas dormi du tout tellement nous avions faim. Nous n’avons rien mangé. Nous n’avons pas pu trouver de nourriture. Je ne fais que chercher de la nourriture, tout le temps, et je n’arrête pas d’y penser la nuit. Ici, dans le camp, tout le monde est livide à cause de la faim et tient à peine debout.
Fort du vote bipartite de la Chambre des députés et du Sénat américains, samedi et mardi, en faveur d’une aide supplémentaire de 26 milliards de dollars pour son attaque génocidaire, le gouvernement d’extrême droite d’Israël se prépare à mettre Rafah en ruines, comme le nord et Khan Younis auparavant.
L’Associated Press (AP) a publié mardi des images satellites montrant la construction d’un village de tentes à l’ouest de Khan Younis, signe de préparatifs visant à déplacer la population de Rafah. L’armée israélienne a déclaré à cette agence qu’elle n’était pas impliquée dans l’établissement de ce complexe de tentes. Le quotidien israélien Haaretz a rapporté que le gouvernement égyptien construisait le site afin d’empêcher les Palestiniens de traverser la frontière vers le Sinaï.
Quoi qu’il en soit, un complexe de tentes pour plus de 1,5 million de personnes constituerait en fait un camp de concentration massif pour plus de la moitié de la population de Gaza et créerait les conditions propices à la propagation des maladies.
Comme l’a indiqué à l’AFP Fabrizio Carboni, directeur régional du Comité international de la Croix-Rouge pour le Moyen-Orient, les travailleurs humanitaires n’ont pas connaissance d’un plan d’évacuation de la population de Rafah, et un tel plan serait impossible à mettre en œuvre. «Lorsque nous voyons le niveau de destruction dans la zone centrale [de Gaza] et dans le nord, nous ne voyons pas clairement où les gens seront déplacés... où ils pourront avoir un abri décent et des services essentiels», a-t-il déclaré. «Ainsi, aujourd'hui, avec les informations dont nous disposons et en l'état actuel des choses, nous ne pensons pas que cette [évacuation massive] soit possible».
La normalisation de la barbarie des FDI à Gaza a été pleinement approuvée par Washington, qui voit dans ce génocide un élément clé de l’escalade d’une guerre régionale visant l’Iran. Ce conflit, à travers lequel l’impérialisme américain vise à consolider son hégémonie sur un Moyen-Orient riche en énergie, est l’un des fronts d’une troisième guerre mondiale qui se développe rapidement entre grandes puissances en vue d’un nouveau partage du monde.
Mettre un terme au génocide de Gaza et à la guerre impérialiste exige la construction d’un mouvement anti-guerre international dirigé par la classe ouvrière. Dans des conditions où les puissances impérialistes répriment toutes les formes d’opposition à la guerre et au génocide avec une implacabilité extrême, les travailleurs doivent répondre dans tous les pays en se mobilisant politiquement sur la base d’un programme socialiste et internationaliste pour mettre fin à un système de profit capitaliste qui fait revivre toutes les horreurs du 20e siècle.
(Article paru en anglais le 24 avril 2024)