Le gouvernement Biden a réaffirmé mercredi son soutien total au génocide israélien à Gaza, après que les forces israéliennes ont systématiquement et délibérément assassiné sept travailleurs humanitaires étrangers de l’ONG World Central Kitchen lundi.
À la question de savoir si la politique du président à l’égard d’Israël et de Gaza avait été modifiée à la suite de la frappe d’hier, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, a déclaré: «Rien n'a changé».
Dans une déclaration antérieure, le porte-parole de la Maison-Blanche pour la Sécurité nationale, John Kirby, avait affirmé: «Nous ne cachons pas qu’Israël continuera à bénéficier du soutien des États-Unis dans la lutte qu’ils mènent pour éliminer la menace du Hamas».
Il a ajouté: «Aucun pays ne devrait avoir à vivre à côté d’une menace qui est véritablement génocidaire, comme l’a été le Hamas…» Israël avait «tous les droits et toutes les responsabilités envers son peuple pour éliminer cette menace après le 7 octobre» et «c’est pourquoi le soutien à Israël se poursuit».
Des commentaires qui interviennent alors qu’il est de plus en plus indéniable que la frappe aérienne qui a tué les travailleurs humanitaires lundi était délibérée, calculée et intentionnelle.
Dans une interview accordée à Reuters, le restaurateur José Andrés, fondateur de World Central Kitchen, a déclaré que les travailleurs avaient été pris pour cible «systématiquement, voiture par voiture».
Il a ajouté que les Forces de défense israéliennes (FDI) avaient été informées des mouvements du groupe. Il ne s’agissait pas d’un simple cas de malchance, où ‘oups’ nous avons lâché la bombe au mauvais endroit », a-t-il expliqué.
Il a poursuivi: «Il s’agissait d’un convoi humanitaire très bien défini, sur une distance de 1,5 à 1,8 kilomètre, avec des panneaux sur le toit, un logo très coloré dont nous sommes évidemment très fiers». Il a ajouté qu’il était «très clair qui nous sommes et ce que nous faisons».
«Ils nous ont pris pour cible dans une zone de déconfliction, dans une zone contrôlée par les FDI. Ils savaient que c’étaient nos équipes qui se déplaçaient sur cette route (...) avec trois voitures», a-t-il déclaré.
Andrés a rejeté l’affirmation des États-Unis que les frappes n’étaient pas intentionnelles: «Catégoriquement, non». Il a ajouté: «Même si nous n’étions pas en coordination avec les Forces de défense israéliennes, aucun pays démocratique et aucune armée ne peut prendre pour cible des civils et des humanitaires».
La déclaration de la Maison-Blanche qu’elle continuera à soutenir inconditionnellement l’offensive d’Israël à Gaza, quelle que soit l’ampleur de ses crimes de guerre, montrent le véritable contenu de la déclaration faite mardi par le président américain Joe Biden, qui s’est dit «indigné» de la tuerie. De telles déclarations ne visent qu’à dissimuler le fait que le génocide se déroule avec la pleine approbation des États-Unis.
«Ce qu’ils disent à Israël, c’est que ce n’est que de la rhétorique. Ces préoccupations sont purement rhétoriques», a déclaré Jeremy Konyndyk, président de Refugees International, au New York Times. «C’est ainsi que Netanyahou aborde la question. Il considère cela comme quelque chose qu’il peut ignorer en toute sécurité, parce qu’il a six mois de données montrant que lui et l’armée israélienne peuvent ignorer ce que le président leur dit sans aucun recours.
Un conseiller de la Maison-Blanche a déclaré au Times: «L’enquête menée par Israël sur soi-même n’entraînera pas de conséquences significatives pour les soldats de Tsahal impliqués».
Mardi, Francesca Albanese, rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés, a averti que l’assassinat des travailleurs humanitaires par Israël visait à ralentir encore plus l’entrée de nourriture à Gaza afin d’affamer plus rapidement la population.
«Connaissant le mode de fonctionnement d'Israël, je pense que les forces israéliennes ont intentionnellement tué des travailleurs de l'organisation #WCK pour que les donateurs se retirent et qu’on puisse tranquillement continuer à affamer les civils de Gaza», écrit Albanese.
C’est exactement ce qui se passe. Mercredi, les Nations Unies ont annoncé qu’elles avaient suspendu les mouvements de leur personnel à Gaza la nuit pour des raisons de sécurité, après qu’on leur ait interdit de faire des livraisons de nourriture dans le nord de Gaza.
Suite à ces meurtres, un convoi de nourriture en provenance de Chypre et destiné à Gaza a été refoulé, ce qui a empêché la livraison de 240 tonnes de nourriture. Les travailleurs humanitaires venaient de livrer 100 tonnes de nourriture et retournaient livrer les 240 tonnes restantes lorsqu'ils ont été tués.
«Jamais auparavant nous n’avions assisté à une détérioration aussi rapide de la situation vers une famine généralisée», a déclaré le mois dernier, Sally Abi Khalil, directrice régionale d’Oxfam pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Et la famine de masse aux mains d’Israël ne fait que s’intensifier.
La famine est «prévue et imminente» dans le nord de Gaza, selon un rapport sur la faim dans la région appuyé par les Nations unies, tandis que le nombre de personnes confrontées à des niveaux de faim «catastrophiques» avait doublé au cours des quatre derniers mois.
Au moins 27 enfants sont morts de malnutrition jusqu’à présent, et ce nombre devrait encore augmenter à mesure que la famine s’intensifie.
À ce jour, 32.957 habitants de Gaza ont été tués, dont 14.500 enfants, selon le bureau des médias du gouvernement de Gaza. Des milliers d’autres sont portés disparus ou piégés sous les décombres, ce qui signifie que le nombre réel de morts est probablement supérieur à 40.000.
Au moins 2 millions de Palestiniens sont déplacés à l’intérieur du pays et plus de la moitié d’entre eux ont contracté des maladies infectieuses en raison du manque de nourriture, d’eau, d’hygiène et de médicaments.
(Article original publié en anglais le 4 avril 2024)