La lutte des travailleurs du secteur public au Québec est menacée:

Votez Non aux ententes de trahison du Front commun et de la FAE

Pour participer au Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public du Québec, vous pouvez envoyer un courriel à cbsectpub@gmail.com, ou cliquer sur le bouton «Nous contacter» à la fin de cet article.

Les premiers votes sur les ententes de principe dans le secteur public du Québec témoignent d’une forte opposition parmi les travailleurs.

En éducation, plusieurs sections locales ont rejeté les offres patronales. C’est le cas notamment du syndicat de Laval (SERL), affilié à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), où l’entente a été rejetée à 68%. C’est aussi le cas du syndicat de Lanaudière (SEL), affilié à la CSQ membre du Front commun, où les membres l’ont refusée à 62%.

En santé, les délégués de la FSQ-CSQ, qui représente entre autres des infirmières et des inhalothérapeutes, ont voté à 98% pour ne pas présenter les offres aux membres de la base tellement elles sont mauvaises.

En général, les travailleurs reconnaissent que ces ententes ne vont pas améliorer leur quotidien, ni ceux des élèves et des patients. Les salaires vont peiner à suivre le coût de la vie tandis les conditions de travail dans les écoles et les hôpitaux vont continuer de se dégrader.

Aucune des demandes essentielles des membres de la base n’a obtenu satisfaction: rattrapage salarial, fin du temps supplémentaire obligatoire, baisse des ratios, embauches massives, meilleurs services de santé et d’éducation pour la population.

Une section de la manifestation de 100.000 travailleurs du secteur public québécois qui a eu lieu à Montréal le 23 septembre dernier

Là où les ententes ont été acceptées, les chiffres démontrent un vote plus par dépit que par appui, certains résultats dépassant à peine les 50%. Dans leurs efforts pour faire passer l’entente, les appareils syndicaux utilisent leurs manœuvres bureaucratiques usuelles.

Ils font miroiter des hausses salariales de 17,4% sur 5 ans sans mentionner que ce montant est inférieur à l’inflation de plus de 18% prévue par le gouvernement. Ils passent sous silence les nombreux reculs concédés au niveau des conditions de travail au nom de la «flexibilité». Ils prolongent le vote sur une période pouvant aller jusqu’à cinq semaines et emploient des méthodes anti-démocratiques lors des votes eux-mêmes.

Par exemple, l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal (APPM), le plus gros syndicat enseignant de Montréal affilié à la FAE, a tenu un vote immédiatement au terme de l’assemblée générale (AG) présentant les offres. Cette réunion en ligne a duré plus de 9 heures et s’est terminée vers 2h du matin lorsque nombre de travailleurs avaient déjà quitté. La direction de l’APPM a refusé de tenir le vote un autre jour, malgré les demandes répétées des membres. L’entente a finalement été entérinée à seulement 52% dans un vote qui pesait lourd dans la balance, car les statuts de la FAE exigent l’accord de 5 sections locales sur 9 et plus de 50% des membres.

Pour intimider leurs membres opposés ou réticents à ces ententes truffées de concessions, les directions syndicales du Front commun, comme celles de la FAE et de la FIQ, ont toutes fait comprendre qu’il n’y aurait aucune nouvelle grève. Au fond, les syndicats disent aux travailleurs: acceptez ces offres, car vous n’aurez rien de mieux et nous n’organiserons rien de plus.

Même si les votes ne sont pas terminés, la lutte est en grave danger. Les travailleurs du secteur public doivent rejeter ces ententes pourries et relancer leur mouvement de grève, mais sur une base complètement différente.

Il ne s’agit pas de faire pression sur le gouvernement pro-patronal de la CAQ (Coalition Avenir Québec), mais de miser sur l’immense appui populaire dont jouissent encore les travailleurs du secteur public. Il faut lutter consciemment pour mobiliser l’ensemble des travailleurs – dans la province et à travers l’Amérique du Nord – pour assurer la défense des services publics et des conditions de travail de tous, et faire face à la menace omniprésente d’une loi spéciale anti-grève.

Foncièrement opposés à cette perspective, les syndicats pro-capitalistes ont mené la lutte dans un cul-de-sac depuis le début. Bien que l’assaut du gouvernement Legault fasse partie de l’offensive anti-ouvrière menée par les classes dirigeantes dans tous les pays, les syndicats sont restés dans le cadre étroit des «négociations collectives» au Québec. Ils ont divisé leurs membres au sein du secteur public et à l’intérieur même des établissements. Quant aux syndicats dans le reste du Canada comme Unifor, le SCFP et le CTC, ils n’ont jamais levé le petit doigt pour mobiliser leurs centaines de milliers de membres pour venir en défense de leurs frères et sœurs de classe du Québec.

Tout au long de la lutte, les syndicats ont cherché à attacher leurs membres aux représentants politiques de l’élite dirigeante. Ils ont fait parader devant des travailleurs en grève des représentants du Parti québécois et du Parti libéral, deux partis de la grande entreprise qui ont imposé – avec la pleine complicité des appareils syndicaux – de brutales coupes sociales à la classe ouvrière au cours des 40 dernières années, notamment à l’aide de lois spéciales.

La bureaucratie syndicale poursuit aujourd’hui son rôle de police sur les lieux de travail vouée à imposer les demandes patronales et à étouffer la lutte de classe. Elle cherche à enterrer la lutte dans le secteur public sous des contrats de trahison, ce qui donnerait à la CAQ sa plus grande victoire: cinq ans de «paix sociale» pour intensifier son programme d’austérité capitaliste et de soutien aux guerres impérialistes menées par Washington avec le soutien d’Ottawa et de l’OTAN.

Le gouvernement ultra-droitier de Legault est déjà passé à l’offensive. Après avoir adopté la Loi 15, qui crée une nouvelle agence de santé gérée par des «top guns» du milieu des affaires afin d’accélérer la privatisation des soins, il a mis en branle un projet de loi pour déréglementer l’industrie de la construction et piétiner les droits des travailleurs au nom de la «productivité».

Les travailleurs du secteur public doivent développer une nouvelle stratégie de lutte basée sur la mobilisation de toute la classe ouvrière, au Québec comme partout au Canada et en Amérique du Nord, en tant que force sociale indépendante.

Les ressources existent pour assurer à tous des emplois et des services de qualité, mais elles sont monopolisées par l’aristocratie financière. Pour assurer une distribution équitable des richesses sociales, il faut une lutte politique animée par la perspective d’une réorganisation de l’économie afin de répondre aux besoins sociaux, et non aux profits d’une minorité.

L’expérience des récentes grèves du secteur public a mis à nu le caractère insuffisant du simple militantisme syndical. La conception partagée par des membres combatifs – notamment ceux au sein de la FAE ayant poussé pour une grève générale illimitée – qu’on peut faire des gains en faisant pression sur la direction syndicale, et par son intermédiaire sur le gouvernement Legault et l’élite dirigeante, a mené à une impasse.

La lutte ne peut aller de l’avant sans une rupture organisationnelle et politique avec les appareils bureaucratiques syndicaux et toute la perspective du syndicalisme.

Il faut former des comités de base dans tous les lieux de travail pour unir les employés du secteur public et mobiliser l’ensemble des travailleurs, dans la province et à travers l’Amérique du Nord, dans une lutte politique pour la défense des emplois, des salaires et des conditions de travail de tous.

Pour participer au Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public du Québec, vous pouvez envoyer un courriel à cbsectpub@gmail.com, ou cliquer sur le bouton «Nous contacter» .

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