Voici la déclaration d’un participant à la grève «illégale» de novembre 2022 du personnel de soutien en éducation de l’Ontario et dirigeant du Comité de base des travailleurs de l’éducation en Ontario (OEWRFC). L’OEWRFC a été créé pendant la lutte contractuelle de 2022-2023 menée par 55.000 membres du personnel de soutien en éducation et 200.000 enseignants afin d’organiser la rébellion des travailleurs de la base en éducation contre les appareils syndicaux qui se sont révélés de connivence avec le gouvernement de droite dirigé par le premier ministre Doug Ford afin d’imposer des contrats remplis de concessions. Communiquez avec le comité par courriel au ontedrfc@gmail.com.
Le Comité de base des travailleurs de l’éducation de l’Ontario se déclare solidaire des travailleurs du secteur public du Québec et appelle tous les travailleurs à les soutenir.
Se portant à la défense des soins de santé, de l’éducation et autres services publics essentiels en s’opposant au programme d’austérité mis en œuvre par le gouvernement de droite formé par le parti de la Coalition Avenir Québec (CAQ) de François Legault, les travailleurs québécois mènent une lutte au nom de tous les travailleurs. Ils doivent également lutter contre la bureaucratie syndicale, alliée à Legault, qui agit comme police de l’État capitaliste en démobilisant la lutte des travailleurs du secteur public. La bureaucratie syndicale est déterminée à défendre le système capitaliste et la poursuite de notre exploitation qui engendre les richesses de la société et les profits des entreprises.
Les travailleurs québécois doivent tirer les leçons des autres luttes précédemment menées ailleurs au Canada, notamment la grève des travailleurs de l’éducation de novembre 2022 contre le régime ultra-droitiste de Ford en Ontario. Ford avait alors tenté de bafouer les droits démocratiques des travailleurs en invoquant la clause anti-démocratique «de dérogation» de la constitution afin d’interdire préventivement notre grève et imposer un contrat de travail sauvage en sa faveur. Les travailleurs ont courageusement résisté à cet assaut contre les droits démocratiques en défiant l’interdiction de grève de Ford. Mais nous avons finalement été trahis par le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et la Fédération du travail de l’Ontario.
Dès le premier jour de grève tombant un vendredi, les bureaucrates syndicaux ont eu un petit aperçu du pouvoir social de la classe ouvrière et ont eu une peur bleue de perdre le contrôle de la situation. Dès la fin de semaine, ils suppliaient déjà le gouvernement Ford d’annuler l’interdiction de grève et de «revenir à la table des négociations», l’avertissant qu’une confrontation explosive avec la classe ouvrière pouvait menacer de faire tomber son gouvernement. L’ensemble de la bureaucratie syndicale des secteurs public et privé, sous la houlette du Congrès du travail du Canada (CTC), s’est mobilisée avec l’encouragement du Nouveau Parti démocratique et du gouvernement libéral fédéral de Trudeau, soutenu par le NPD, pour faire pression sur le gouvernement Ford afin qu’il abroge sa loi draconienne.
Face aux appels à la grève générale de plus en plus nombreux venant des travailleurs, Ford et son acolyte détesté, le ministre de l’Éducation Stephen Lecce, ont été persuadés par les bureaucrates syndicaux d’annoncer qu’ils abrogeaient l’interdiction de grève et revenaient à la «table des négociations». En échange, le SCFP et son Conseil des syndicats des conseils scolaires de l'Ontario (CSCSO), encouragés et soutenus par tous les appareils syndicaux, ont immédiatement sabordé la grève. La présidente du CSCSO, Laura Walton, qui, en raison de la colère croissante des travailleurs, avait fait toutes sortes de promesses de tenir des «négociations ouvertes» et d’assurer une participation de la base, a immédiatement ordonné aux travailleurs de reprendre le travail sans la tenue du moindre vote, sans entente de principe et sans qu’aucune revendication n’ait été satisfaite.
Lorsque les négociations ont repris à huis clos, le SCFP a commencé à faire concession sur concession. La capitulation a abouti à un contrat pourri comprenant des réductions de salaire en termes réels. Pour ses services rendus à l’élite dirigeante en trahissant les travailleurs, Walton a été promue par ses collègues bureaucrates au poste de présidente de la Fédération du travail de l’Ontario un an plus tard. Nous encourageons les travailleurs à lire attentivement la couverture du World Socialist Web Site de la lutte des travailleurs du secteur de l’éducation ontariens de 2022, y compris plusieurs déclarations et résolutions publiées par notre comité.
Après l’annonce de l’entente de principe, le CSCSO s’est lancé dans une campagne de propagande mensongère et de désinformation pour manipuler les travailleurs afin de les amener à accepter l’entente contre leurs intérêts. Les bureaucrates nationaux du SCFP bien rémunérés et leurs avocats ont été chargés de mentir et d’intimider les travailleurs, les avertissant que s’ils rejetaient leur entente de vendus, ils seraient livrés à eux-mêmes et qu’il n’y aurait aucune garantie d’obtenir une «meilleure entente».
La bureaucratie syndicale était bien déterminée à imposer une autre entente de capitulation pro-gouvernementale après trois décennies de réductions salariales et d’attaques contre les conditions de travail. Sa détermination découle du fait qu’une entente permet de préserver le système de négociation collective duquel elle tire ses privilèges.
La bureaucratie syndicale ne représente en aucun cas les travailleurs. Les organisations syndicales dépendent entièrement du cadre juridique de l’État capitaliste et tirent leurs privilèges du statu quo et de leur collaboration avec les gouvernements, que ce soit avec Trudeau au niveau fédéral, Ford en Ontario ou Legault au Québec. Elles veulent maintenir les travailleurs divisés par région, par langue et par profession afin qu’ils restent isolés dans leurs luttes contre la classe dirigeante. Mon syndicat, le SCFP, représente également des dizaines de milliers de travailleurs du secteur public québécois. Mais la bureaucratie garde un silence assourdissant sur votre lutte, même si les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont fondamentalement les mêmes.
L’assaut contre le secteur public et ses employés doit également être considéré dans son contexte international. On assiste à un mouvement de grèves explosif dans le monde entier, et ce n’est que le début.
Partout dans le monde, les travailleurs sont déterminés à lutter pour rejeter les offres de salaires misérables et leurs conditions de travail qui se dégradent de plus en plus, et pour mettre fin à la guerre impérialiste.
Le gouvernement réduit les services publics, appauvrit les travailleurs et supprime nos droits démocratiques afin de financer des conflits à l’étranger, notamment le génocide perpétré dans la Bande de Gaza au Moyen-Orient et la guerre provoquée par l’OTAN contre la Russie en Ukraine. À cela s’ajoute les provocations contre la Chine dans la région indo-pacifique.
Les guerres ne profitent pas aux travailleurs. C’est toujours nous qui les payons de nos vies et avec l’aggravation de nos conditions de vie. La classe ouvrière internationale en Russie, en Ukraine, en Chine, au Moyen-Orient et dans le monde entier est notre alliée dans la lutte contre l’assaut sur les services publics et la promotion du militarisme et de la guerre, tous enracinés dans l’agonie du capitalisme.
Nous devons mener une lutte politique consciente contre le capitalisme et ses institutions. Des comités de base indépendants de tous les partis bourgeois et de la bureaucratie syndicale doivent être organisés dans chaque lieu de travail. Un comité composé d’une poignée de membres est un excellent début pour construire une organisation représentant réellement les intérêts indépendants de l’ensemble de la classe ouvrière.
Le Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public du Québec (CBCTSPQ) montre la voie en établissant des comités de base dans tous les lieux de travail du secteur public afin de lutter pour de véritables augmentations de salaire et des améliorations des conditions de travail, et mobiliser le soutien des travailleurs de partout au Canada et d’ailleurs. Le pouvoir social de la classe ouvrière ne peut s’exprimer pleinement sans l’unification de toutes les sections des travailleurs dans une contre-offensive contre l’austérité, les lois antigrève, les inégalités sociales croissantes, et pour la réorganisation socialiste de la société au Québec, au Canada et dans le monde.
(Article paru en anglais le 7 janvier 2024)