L'attaque israélienne contre Gaza a coûté la vie à quelque 10 000 Palestiniens, dont des milliers de femmes et d'enfants. Le monde est témoin d’une explosion de barbarie impérialiste, mise en œuvre par le gouvernement fasciste de Netanyahou, mais encouragée, financée et armée par l’administration Biden et ses alliés occidentaux. Une population pratiquement sans défense est pulvérisée par les armes de destruction les plus modernes.
Chaque vie est précieuse, chacun des meurtres de civils par Israël est un crime. Si nous nous concentrons ici sur le sort d’un certain nombre d’artistes palestiniens, c’est en partie parce que quelque chose sur leur vie et leur mort nous est connu et peut donc être transmis à un public plus large. Leur meurtre ne fait que souligner le caractère tragique et horrifiant de la mort de milliers de personnes dont le grand public ne connaîtra jamais la vie ni les réalisations.
Fin octobre, Inas al-Saqa, actrice et dramaturge palestinienne, a été tuée dans la ville de Gaza lorsque le bâtiment où elle réfugiait avec ses cinq enfants a été touché par une frappe aérienne israélienne. Trois de ses enfants sont morts dans l'attaque, les deux autres ont été grièvement blessés.
Selon Middle East Eye, «aux côtés de 500 autres personnes, la famille avait d'abord cherché refuge au Centre culturel orthodoxe de Gaza, mais l'armée israélienne leurs a ensuite demandé d'évacuer la structure. Finalement, les frappes aériennes israéliennes raseront le bâtiment le 31 octobre. Après avoir quitté le centre, Saqa s'est rendue dans l'appartement d'une amie et c'est là qu'elle a été tuée ».
Breaking News Network rapporte que « Saqa était connue pour sa passion pour les arts et sa volonté d'inspirer les enfants à travers le théâtre. De la direction d'ateliers avec le Théâtre Ishtar de Jérusalem à la collaboration avec l'Académie suédoise, l'influence d'Inas a transcendé les frontières. Elle était connue pour ses œuvres, Quelque chose se passe et L'Ours, qui n'étaient pas seulement des interprétations mais des récits qui incarnaient l'esprit d'un peuple pris dans la ligne de mire d'un conflit ».
Saqa a joué le rôle-titre dans le film palestinien Sara (2014), réalisé par Khalil al- Muzayen, qui traite en partie de la question des «crimes d’honneur» dans le monde arabe. Plus encore, ce film sombre et complexe traite de la vie à Gaza. Des images de pauvreté et de destruction apparaissent partout. Une «troisième guerre de Gaza» encore plus violente est prévue à l’avenir. Les bombardements israéliens jouent un rôle important dans le film. Saqa fait forte impression. Sarah est accessible en streaming chez Viméo.
Les notes du film expliquent: «Le film raconte une histoire différente de Gaza, qui souffre d'autres choses que d'héroïsme, dont les habitants font autre chose que de mourir et sont blessés par des causes ordinaires. Ils rêvent, aiment, détestent, triomphent, échouent, font des erreurs et s’effondrent, comme tous les autres êtres humains. »
Saqa a également joué dans le film The Homeland's Sparrow (Le moineau du pays), produit à Gaza et réalisé par Mustafa al-Nabih. Elle a également travaillé avec des enfants pour leur apprendre le théâtre.
Selon Middle East Eye, le ministère palestinien de la Culture a publié une déclaration pleurant Saqa et ses enfants. « Elle avait déjà monté de nombreuses pièces de théâtre et ateliers de théâtre avec des enfants et avait également participé à diverses activités communautaires », indique le communiqué.
Khaled Juma, un éminent poète basé à Ramallah, a exprimé son chagrin sur Facebook, confirmant la mort d'Inas et de ses enfants. «Aujourd'hui, mon amie, le rideau est tombé […] et la scène du théâtre s'est assombrie », a-t-il écrit. Selon la même source, «Saja Elyan, une amie de Ritta, la fille de Saqa, a partagé son incrédulité sur les réseaux sociaux en écrivant: 'C'est vraiment déchirant. Ritta est en soins intensifs. Veuillez la garder dans vos prières et que Dieu lui accorde la force de supporter cette immense perte. J'écris, mais je n'arrive pas à comprendre cela. Combien de temps, oh mon Dieu? »
Le dernier message de Saqa sur Facebook date du 27 août, écrit Middle East Eye, et elle y parlait de son expérience de survie aux horreurs passées de Gaza, sans savoir quel sort lui serait réservé en octobre. « Parfois, vous regardez en arrière et jetez un coup d'œil sur votre passé [...] pour découvrir que vous êtes sortie vivante d'un massacre », a-t-elle écrit.
Hyperallergic a récemment fait état de la mort de l'artiste palestinienne Heba Zagout, 38 ans. Elle a été tuée avec ses deux jeunes enfants lors d'une autre frappe aérienne israélienne. Sa sœur a confirmé son décès sur Facebook.
«Zagout a étudié les beaux-arts à l'Université Al-Aqsa de Gaza», a commenté Hyperallergic «et a été formée en graphisme. Elle a été suivie par un large public sur les réseaux sociaux pour ses peintures vibrantes de paysages et de personnes palestiniennes, en particulier ses représentations de scènes de Gaza et de Jérusalem.
«J’ai essayé d’exprimer les sentiments négatifs, les émotions et les tensions qui surviennent à Gaza», a-t-elle déclaré à propos de son travail dans une interview publiée environ deux semaines avant sa mort. «Je considère l’art comme un message que je transmets au monde extérieur à travers mon expression de la cause palestinienne et de l’identité palestinienne.»
« Zagout travaillait comme enseignante dans une école publique et était auparavant employée par l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine.
Dans «Au-delà des chiffres: la vie et l'héritage d'Heba Zagout», Jana Shakhashir écrit dans Savoir Flair: «Née dans le camp de réfugiés d'Al Burejj à Gaza, Heba a grandi entourée des histoires de ses ancêtres, qui ont finalement sculpté son amour pour peindre et raconter des histoires à travers l'art. Ses peintures, complexes et pleines de vie, résument la vie quotidienne, l’architecture et la nature de la Palestine, servant de plaidoyer visuel pour la préservation de l’identité palestinienne. »
L’article affirmait que Zagout «a non seulement perfectionné ses compétences en tant qu’artiste, mais a également assumé le rôle d’éducatrice, enseignant l’art aux enfants des écoles primaires de Gaza. Son double rôle d’artiste et d’enseignante est devenu une lueur de résilience et d’espoir, tout en partageant son temps entre ses activités artistiques et ses responsabilités de principal gagne-pain de la famille ».
Une frappe aérienne israélienne le 13 octobre «a éteint une vie consacrée à l’art, à l’éducation et à la famille».
L'écrivaine Hiba Abu Nada a été tuée le 10 octobre. Elle était poète, romancière et enseignante, née en Arabie Saoudite. Elle a obtenu une licence en biochimie de l'Université islamique de Gaza et une maîtrise en nutrition clinique de l'Université Al-Azhar. Son roman L’Oxygène n'est pas pour les morts a remporté le deuxième prix du Sharjah Award for Arab Creativity en 2017.
Le Literary Hub écrit que Nada était «une figure bien-aimée de la communauté littéraire palestinienne». Dans son dernier tweet, écrit en arabe le 8 octobre, l'auteure avait écrit: «La nuit de Gaza est sombre sans la lueur des roquettes, calme sans le bruit des bombes, terrifiante sans le confort de la prière, noire sans la lumière des martyrs. Bonne nuit, Gaza. »
Nada a été tuée chez elle, au sud de la ville de Gaza, par une frappe aérienne israélienne. Elle avait 32 ans.
Sur les réseaux sociaux, Ahmed From #Gaza a rapporté le décès du muraliste Muhammad Qariqa, «un cher ami artiste». Ci-après une vidéo YouTube de l'artiste moins d'un jour avant sa mort.
Les massacres et la dévastation continuent. Les criminels resteront dans les mémoires.
[Article paru en anglais le 6 novembre 2023)