Au cours des dernières 24 heures, l'armée israélienne, avec le soutien de l'administration Biden, a ciblé les hôpitaux et le personnel médical dans ses frappes de missiles à Gaza. Vendredi, elle a mené une frappe aérienne sur une ambulance à l'entrée de l'hôpital Al Shifa, tuant quinze personnes et en blessant soixante, selon le ministère palestinien de la Santé. La frappe près de l'hôpital, situé dans le quartier de Rimal dans le nord de Gaza-ville, a été confirmée par le gouvernement israélien, qui a affirmé que l'ambulance était « utilisée par une cellule terroriste du Hamas ». Une allégation « rejetée par les porte-parole du ministère de la santé ».
Le Croissant-Rouge palestinien a publié une déclaration condamnant le bombardement du convoi d'ambulances, et qui précise: « A l'arrivée de l'ambulance du Croissant-Rouge palestinien (Mercedes 3-1242-55) à l'entrée de l'hôpital pour décharger le blessé (Najwa Toutah, 35 ans, éclats d'obus dans la poitrine et la jambe, nécessitant des soins intensifs), qui était destiné au point de passage de Rafah pour recevoir le traitement médical nécessaire dans les hôpitaux égyptiens, le véhicule a été frappé par un missile tiré par les forces israéliennes, à environ deux mètres de l'entrée de l'hôpital ».
Le New York Times a rapporté qu'une « explosion » s'était produite près de l'hôpital à 16h30, heure locale, vendredi. L'attaque israélienne a été menée après qu'un porte-parole du ministère palestinien de la Santé a annoncé, lors d'une conférence de presse, qu'un convoi transportant « un grand nombre de blessés » se dirigeait vers le sud sur la route côtière d'Al Rasheed, près du poste-frontière de Rafah avec l'Égypte.
Une vidéo explicite de la scène à l'entrée de l'hôpital Al Shifa a été publiée sur Twitter/X, montrant la mort et la destruction causées par cette frappe aérienne.
Le message posté par le journaliste d'Al Jazeera Muhammad Shehada comprenait la description suivante: « Israël vient de bombarder l'entrée principale du complexe médical d'al-Shifa où plus de 30 000 réfugiés sont abrités. Des dizaines de personnes ont été tuées et blessées; il y a des mares de sang partout! Plusieurs ambulances ont été endommagées alors qu'elles tentaient de transporter les blessés graves vers Rafah ».
S'exprimant après l'attaque, Ashraf al-Qudra a déclaré à la presse que le convoi avait quitté l'hôpital et s'était dirigé vers un rond-point voisin lorsqu'il a été touché par une frappe aérienne. Le Times rapporte qu'al-Qudra a déclaré: « Le convoi a fait demi-tour et lorsqu'il est revenu à l'entrée d'Al Shifa, il a été frappé à nouveau ».
Le ministère de la Santé et les groupes d'aide internationale affirment que l'hôpital Al Shifa est à court de carburant et qu'il a réduit ses services en raison de la coupure de l'électricité et du carburant par Israël. Les médecins ont signalé qu'un grand nombre de personnes avaient été blessées par les frappes aériennes et étaient traitées sans suffisamment de médicaments ni de fournitures.
Outre la frappe sur l'établissement médical d'Al Shifa, Al Jazeera rapporte qu'Israël a également frappé l'hôpital indonésien de Bait Lahia, situé dans le gouvernorat nord de la bande de Gaza. Son article indique que les habitants de la zone fouillaient les décombres en utilisant leurs téléphones portables comme torches et que « de grands panaches de fumée pouvaient être vus dans le ciel du soir, car de petits incendies s'étaient déclarés parmi les monticules de débris ».
Al Jazeera a également rapporté un raid aérien à proximité de l'hôpital al-Quds dans le quartier Tel al-Hawa de Gaza-ville. Un message sur Twitter/X a indiqué que des avions israéliens avaient pris l'hôpital pour cible et qu'il y avait eu « plusieurs victimes ». L'installation al-Quds fournit des abris et des nécessités essentielles à 14 000 personnes, principalement des femmes et des enfants.
Le site Palestine Chronicle a rapporté vendredi qu'Israël avait frappé l'école Osama Ben Zaid ce jour-là, tuant 20 personnes et blessant des dizaines d'autres. L'école était utilisée pour héberger les personnes déplacées dont les maisons ont été détruites par la guerre.
De nombreux médias rapportent que les forces israéliennes ont encerclé la ville de Gaza sur trois côtés et qu'elles opèrent à l'intérieur de la ville dans des combats au corps à corps. Dans une déclaration télévisée, le lieutenant-général Herzi Halevi, chef d'état-major de l’armée israélienne, a indiqué que les forces israéliennes « se trouvent au cœur du nord de Gaza, qu'elles opèrent dans la ville de Gaza et qu'elles l'encerclent ».
Le siège de Gaza-ville est la dernière en date des opérations de nettoyage ethnique menées par l'État sioniste contre les Palestiniens. Celles-ci ont jusque là tué plus de 9 200 personnes, principalement des femmes et des enfants, et fait au moins 32 000 blessés. Le nombre de morts à Gaza est effroyable et sans précédent dans l'histoire de la violence israélienne contre les Palestiniens, rappelant les crimes des nazis durant la Seconde Guerre mondiale.
Conscient que le nombre de morts palestiniens va grimper en flèche dans les jours à venir, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a été dépêché en Israël vendredi pour soutenir le génocide et dissimuler l'ampleur des crimes commis.
L'organisation caritative internationale Oxfam a publié vendredi un communiqué où elle se dit « gravement préoccupée par la vie de quelque 500 000 Palestiniens, ainsi que par celle de plus de 200 otages israéliens et autres, actuellement pris au piège d'un 'siège dans le siège' dans le nord de la bande de Gaza ».
La déclaration d’Oxfam dit encore: «La décision d’Israël de priver les civils de Gaza de produits essentiels à leur survie, tels que la nourriture, l’eau, le carburant, les médicaments et autres aides, équivaut à une punition collective et à une violation du droit humanitaire international.»
Vendredi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a elle aussi publié une déclaration indiquant que les femmes, les enfants et les nouveau-nés « portaient le fardeau de l'escalade des hostilités dans le territoire palestinien occupé ».
Et l'OMS de poursuivre: « Au 3 novembre, selon les données du ministère de la Santé, 2 326 femmes et 3 760 enfants avaient été tués dans la bande de Gaza, ce qui représente 67 % de l'ensemble des victimes, tandis que des milliers d'autres ont été blessés. Cela signifie que 420 enfants sont tués ou blessés chaque jour, certains d'entre eux n'ayant que quelques mois ».
Selon l'OMS, on estime à 50 000 le nombre de femmes enceintes à Gaza, dont plus de 180 accouchent chaque jour. Le communiqué précise que « ces femmes n'ont pas accès aux services obstétriques d'urgence dont elles ont besoin pour accoucher sans danger et s'occuper de leurs nouveau-nés. Il y a 14 hôpitaux et 45 centres de soins de santé primaires fermés et certaines femmes doivent accoucher dans des abris, chez elles, dans les rues au milieu des décombres, ou dans des établissements de santé débordés, où les conditions sanitaires s’aggravent et les risques d'infection et de complications médicales augmentent ».
La déclaration de l'OMS indique que plus de la moitié de la population de Gaza est hébergée dans les installations de l'Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) « dans des conditions désastreuses, avec un approvisionnement en eau et en nourriture inadéquat, ce qui provoque la faim et la malnutrition, la déshydratation et la propagation de maladies d'origine hydrique ».
(Article paru en anglais le 4 novembre 2023)