Dimanche, trois jours après que les combattants palestiniens de la bande de Gaza eurent lancé une offensive contre les forces d’occupation israéliennes qui font le blocus de la région, le régime du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a annoncé qu’il en ferait le siège. Après qu’il se soit engagé à faire payer aux Palestiniens de Gaza un «prix sans précédent» en vies humaines, le régime sioniste prépare une sanglante répression de masse.
La vision fasciste des hauts responsables israéliens a été exprimée sans détour par le ministre de la Défense Yoav Gallant. Après une réunion lundi matin du commandement sud des Forces de défense israéliennes (FDI) à Beersheba, qui effectue actuellement des bombardements à grande échelle sur Gaza, Gallant a déclaré: «J'ai ordonné un siège complet de la bande de Gaza. Il n’y aura pas d’électricité, pas de nourriture, pas de carburant, tout est bouclé».
Pour justifier sa décision de prendre pour cible l’ensemble des deux millions d’habitants de Gaza, Gallant les a comparés à des animaux, déclarant: «Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence».
Dans un discours télévisé prononcé lundi, Netanyahou a souligné que les bombardements actuels d’Israël sur Gaza n’étaient que «le début» de l’assaut planifié contre Gaza. Il a déclaré: «J'ai dit que chaque endroit où le Hamas opère sera changé en ruines. C’est déjà le cas aujourd’hui et ça le sera encore plus à l’avenir». Il a repris le langage de Gallant, qualifiant les Palestiniens d’«animaux».
Netanyahou a ajouté sur Twitter: «Nous leur ferons payer un prix dont ils se souviendront, ainsi que les autres ennemis d’Israël, pendant des décennies… Ce sont des sauvages».
Les menaces avilissantes de Netanyahou et de Gallant doivent être vues comme un avertissement par les travailleurs, les jeunes et les intellectuels socialistes en Israël, au Moyen-Orient et dans le monde. Netanyahou a l’intention de mettre en œuvre les mesures les plus impitoyables, de tuer ou déplacer une grande partie de la population de Gaza, afin d’écraser la résistance à l’occupation israélienne. Pour arrêter l’escalade massive de l’effusion de sang, il faut construire un mouvement dans la classe ouvrière, en Israël et à l’échelle internationale, afin de mettre un terme à cet assaut et à l’oppression des Palestiniens par Israël.
Le régime d’extrême droite de Netanyahou prévoit de mener contre Gaza une guerre politiquement criminelle. «Les déclarations du ministre de la Défense Gallant sont odieuses. Priver la population d’un territoire occupé de nourriture et d’électricité est une punition collective, qui constitue un crime de guerre, tout comme le fait d’utiliser la famine comme arme de guerre. La Cour pénale internationale devrait prendre note de cet appel à commettre un crime de guerre», a déclaré lundi Omar Shakir, directeur de Human Rights Watch pour Israël et la Palestine.
Les autorités de l’Égypte voisine avertissent que les FDI pourraient assassiner ou expulser toute la population palestinienne de Gaza. Le journal d’État Ahram Online écrit: «Des sources égyptiennes de haut niveau ont mis en garde lundi contre le fait de pousser les civils palestiniens vers les frontières égyptiennes et d’alimenter les appels au déplacement massif… L’Égypte a intensifié ses communications avec toutes les parties concernées de la communauté internationale afin de mettre fin à l’escalade et de préserver la vie du peuple palestinien».
En réalité, les forces centrales qui soutiennent et permettent l’assaut du gouvernement Netanyahou sur Gaza sont les principales puissances impérialistes de l’OTAN. Hier, le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz, la première ministre italienne Georgia Meloni, le premier ministre britannique Rishi Sunak et le président américain Joe Biden ont tenu une discussion commune sur le conflit de Gaza. Ils ont ensuite publié une déclaration cynique qui soutient Netanyahou et dénonce les autorités du Hamas à Gaza.
Soulignant «notre soutien inébranlable et uni à l’État d’Israël et notre condamnation sans équivoque du Hamas et de ses effroyables actes de terrorisme», la déclaration prend cet engagement: «Au cours des prochains jours, nous resterons unis et coordonnés, en tant qu’alliés et amis communs d’Israël, pour veiller à ce qu’Israël soit en mesure de se défendre […]».
Cette diffamation de la population opprimée de Gaza, qualifiée de «terroriste», qui prétend que le gouvernement Netanyahou, lourdement armé, ne fait que «se défendre», est un mensonge politique répugnant. Des masses de gens dans le monde entier sympathisent avec le soulèvement des Palestiniens qui ont été soumis pendant des décennies à la violence sanglante du régime sioniste, armé à coups de milliards de dollars par les principales puissances de l’OTAN.
Hier, l’armée israélienne s’est vantée que son aviation avait frappé 2.400 cibles à Gaza depuis le début des combats dans la nuit de vendredi à samedi. Les navires de guerre israéliens en Méditerranée effectuent également des frappes de missiles sur Gaza, et il y a des informations que les forces israéliennes utilisent des bombes au phosphore blanc, une arme chimique interdite qui inflige d’atroces brûlures à ses victimes. Plus de 123.000 personnes ont déjà été déplacées par les bombardements, ont indiqué hier les autorités de Gaza.
Mohammed Saidam a raconté au Monde sa vie sous les bombardements israéliens, les forces des FDI prenant régulièrement pour cible des complexes d’appartements et même des hôpitaux. « Au début, c’était comme n’importe quelle autre escalade. Mais ensuite, c’est devenu terrifiant. Nous entendons des explosions très proches, les murs vibrent comme lors d’un tremblement de terre, nous ne pouvons pas dormir et nos nerfs sont à vif au moindre bruit».
Adnan Abu Hasna, porte-parole de l’Association pour le secours et les travaux des Nations unies (UNRWA), qui s’occupe des personnes déplacées à Gaza, a déclaré que son agence était débordée. «Nous n’avons toujours pas réussi à surmonter les guerres de 2014 et de 2021. Tout cela dépasse largement les capacités de l’UNRWA», a-t-il déclaré.
Depuis le début du blocus israélien de Gaza en 2007, le régime sioniste a mené des guerres répétées contre la population de Gaza. En 2014, 2.251 personnes ont été tuées lors de bombardements israéliens répétés. En 2018, au moins 270 Palestiniens ont été tués et 7.000 blessés, dont de nombreux mutilés à vie, lorsque les troupes israéliennes ont ouvert le feu sur une marche pacifique de Gazaouis qui réclamait le droit de retourner sur la terre de leurs ancêtres à l’intérieur des frontières actuelles d’Israël.
Le soulèvement actuel de Gaza n’est pas un acte de terrorisme, il est bien plutôt légitimement perçu par les masses de Gaza comme un acte héroïque de défi contre ces crimes.
«La résistance palestinienne a réussi à imposer un nouveau rapport de forces avec l’armée israélienne, bien que celle-ci dispose d’un armement et d’une technologie mille fois supérieurs», a déclaré le cinéaste Iyad Alasttal au journal Le Monde depuis l’intérieur de Gaza. «Cela a rendu à Gaza une partie de sa dignité, ce que les pays arabes, comme les Nations unies, nous ont refusé.
Le Hamas, qui a déclaré que son offensive visait à mettre fin à l’occupation israélienne et au blocus de la bande de Gaza qu’elle impose depuis 2007, continue d’attaquer des cibles israéliennes. Ses roquettes sont tombées sur des villes de tout le pays, notamment Jérusalem, Tel-Aviv, Sderot, Ashdod, Ashkelon, Rishon Lezion et Beersheba. Un grand nombre d’Israéliens sont dans des abris anti-atomiques et les écoles et universités israéliennes sont restées fermées hier et aujourd’hui.
Des vidéos diffusées sur Internet montrent des Palestiniens détruisant des caméras de sécurité sur le fameux mur frontalier séparant Gaza d’Israël, et frappant des chars israéliens avec des drones. Des combats ont également éclaté le long de la frontière nord d’Israël avec le Liban, les troupes israéliennes ayant abattu trois combattants du Hezbollah, tandis que des unités du Hezbollah ont riposté par des tirs sur des positions militaires israéliennes.
Les FDI préparent clairement une offensive terrestre dans la bande de Gaza. Elles font appel à un nombre sans précédent de 300.000 réservistes, préparent des positions d’artillerie le long de la frontière entre Israël et Gaza et y massent des chars et des véhicules blindés transport de troupes. Une telle offensive, dans une zone minuscule de 2 millions d’habitants qui, si c’était un pays, serait la troisième zone la plus densément peuplée du monde, entraînera inévitablement d’horrifiantes pertes civiles.
L’escalade de la violence de l’État israélien contre Gaza suscite une opposition et une colère croissantes dans le monde entier.
Des manifestations de soutien aux Palestiniens ont lieu au Moyen-Orient et dans le monde entier. Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans la capitale du Yémen, Sanaa, et des milliers d’autres à Bagdad, Istanbul et Téhéran pour s’opposer à la répression lancée contre Gaza. Des manifestations de moindre ampleur ont eu lieu à New York, Londres, Sydney et dans d’autres villes, et des manifestations pour la défense de Gaza ont été organisées à Paris jeudi. Le religieux irakien Moqtada al-Sadr a appelé à une «marche d’un million d’hommes» vendredi à Bagdad.
La question décisive est d’armer le mouvement grandissant de la classe ouvrière – y compris en Israël où la politique antidémocratique du gouvernement d’extrême droite de Netanyahou ont provoqué des manifestations de masse au début de cette année – avec une perspective socialiste et internationaliste pour défendre le peuple palestinien.
(Article paru d’abord en anglais le 10 octobre 2023)