Macron remanie son gouvernement pour les prochaines attaques contre les travailleurs

Après avoir imposé une réforme des retraites impopulaire où deux tiers des Français étaient favorables à une grève générale, Macron a décidé de remanier son gouvernement en prévision des attaques contre les acquis sociaux à la rentrée de septembre.

Avec le remaniement, le gouvernement envisage de poursuivre ses réformes et ses mesures d’austérités tout en sachant que sa politique est très impopulaire dans un contexte de la résurgence de la lutte de classe en France et à travers l'Europe. La guerre que l'Otan poursuit contre la Russie en Ukraine a produit la hausse de l'inflation qui détruit la vie quotidienne de la population. 

Le gouvernement Macron est empêtré dans une crise politique faisant face à l’opposition des travailleurs à sa réforme des retraites. Macron a piétiné la volonté de l’écrasante majorité des Français, en imposant sa réforme des retraites par le 49-3 sans même un vote au parlement avec en parallèle le déploiement d’un service policier important pour briser les grèves. Malgré cela, la lutte des travailleurs s’est radicalisée avec deux Français sur trois qui voulaient une grève générale pour faire chuter Macron.

Ce dernier a ensuite fait face à un deuxième mouvement contre son gouvernement lors des émeutes contre les violences policières après le meurtre de Nahel par un policier. Le régime du président Emmanuel Macron a répondu à la révolte des travailleurs et des jeunes en mobilisant 45.000 policiers lourdement armés pour réprimer les manifestations. Peu après le début des émeutes, les syndicats de police ont déclaré qu’ils étaient en « guerre » contre « ces hordes sauvages ». Avec le soutien bruyant du Rassemblement national de Marine Le Pen, la police, aidée par des éléments d’extrême droite, a réprimé brutalement les manifestations.

Juste avant le remaniement, le gouvernement Macron a applaudi sa réforme de la retraite réactionnaire. Macron a dit à BFMTV « On a fait bouger les choses, des retraites au marché du travail. On a pris des grandes mesures sur l’emploi, l’énergie ou la transition écologique. On a porté de grandes réformes. » Pour Emmanuel Macron, l’exécutif « peut être fier » de ce qu’il a accompli : « Là où on nous prédisait le pire, le gouvernement a mené beaucoup de réformes qui étaient envisagées par certains, décalées par d’autres, impensables pour beaucoup ».

La posture triomphaliste de Macron cache en fait un pouvoir extrêmement fragilisé par l’opposition des travailleurs et par la guerre. La presse indique que Macron et Borne, qui a été maintenue à son poste de premier ministre, ont bien eu du mal à remanier le gouvernement. Le Huffington Post rapporte qu’il a fallu trois réunions entre Macron et Borne pour décider des nouveaux ministres.

La présentation du gouvernement remanié aurait dû avoir lieu jeudi avant d’être repoussée au lendemain. Un conseiller ministériel de premier plan jeudi soir alors que le gouvernement fuitait, toujours en direct sur BFMTV sans qu’aucune communication élyséenne ou gouvernementale n’arrive, s’agaçait : « Quand on part du mauvais pied, on part du mauvais pied. Tout est foireux dans cette séquence ».

Thomas Cazeneuve remplace Gabriel Attal au ministère des Comptes Publics qui devient ministre de l’Education Nationale et de la Jeunesse à la place de Pap Ndiaye. Aurore Berger devient ministre des Solidarités et Aurélien Rousseau ministre de la Santé et de la Prévention. Bruno Le Maire reste Ministre de l’Economie et Dupond-Morreti reste Garde des Sceaux. Gérald Darmanin, ancien membre du groupe d’extrême droite Action Française qui a supervisé la répression des manifestations contre la réforme des retraites et les violences policières, reste ministre de l’Intérieur et des Outre-mer.

Macron, qui doit intervenir à la télévision lundi, a dit devant son gouvernement remanié qu’il souhaitait que d'autres « réformes décisives » soient menées « à l'automne » : « Les choses ne seront pas plus simples à l'automne prochain, car la vie politique française ne sera pas plus simple ».

Le gouvernement veut renforcer la politique d'austérité pour faire payer à la classe ouvrière la guerre impérialiste. Macron a prétendu à tort qu’il n’existait pas d’argent pour les retraites. Cependant, avec son appel à construire une « économie de guerre » européenne, il est de plus en plus évident que les réductions des retraites de Macron visent à financer un détournement massif des ressources des travailleurs et des retraités vers la machine militaire en vue d’une guerre mondiale qui se prépare dans le dos du peuple.

La future Loi de Programmation Militaire porte le budget total des forces armées à 413 milliards d’euros sur sept ans. Le budget militaire atteindrait 69 milliards d’euros en 2030, contre 32 milliards d’euros en 2017. Dans son projet de loi de finances 2024, Macron souhaite baisser de 4,2 milliards d’euros les dépenses de l’État, une première depuis environ 10 ans que le budget s’inscrit dans cette tendance. La classe dirigeante française, comme ses homologues, répond à l’aggravation des crises économiques et politiques en poursuivant ses ambitions impérialistes par des moyens militaires.

Malgré l’opposition d’une écrasante majorité des Français à la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, les bureaucraties syndicales et de leurs alliés de la pseudo gauche, tels que la France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot, ou Lutte ouvrière (LO) de Nathalie Arthaud, ont étouffé l’opposition sociale à Macron. Alors que les deux-tiers des Français disent vouloir bloquer l’économie et durcir la lutte, les appareils syndicaux ont insisté que les travailleurs devaient s’apprêter à l’arrêter.

Alors que Macron veut intensifier ses attaques contre la classe ouvrière tout en augmentant le budget militaire pour la guerre, toutes les mesures cyniques proposées par ces organisations ont échoué. Les récents événements ont pleinement confirmé l'analyse du Parti de l’égalité socialiste (PES) et son appel à faire tomber le régime Macron.

Dès le début de la lutte contre la réforme des retraites, il a insisté que cette lutte opposait les travailleurs à tout l’État capitaliste, dans laquelle les travailleurs se verraient forcés de s’organiser indépendamment des appareils syndicaux pour faire chuter Macron.

Le PES a dit, « un mouvement de masse se développe, mais il se trouve d’emblée dans une impasse. Toutes les demi-mesures proposées pour arrêter Macron ont échoué. L’Assemblée n’a pas réussi à censurer Macron pour l’avoir forcée à adopter sa réforme sans vote. L’effondrement de Macron dans les sondages et la panique croissante des milieux dirigeants face à la colère sociale n’ont pas persuadé Macron de battre en retraite, pas plus que les grèves d’un jour des bureaucraties syndicales ».

« La direction de la lutte des classes pointe inéluctablement vers ceci : Macron doit partir et la présidence française, avec ses vastes pouvoirs antidémocratiques, doit être abolie. En luttant pour faire tomber Macron, la classe ouvrière doit se battre pour développer des comités d’action de la base, afin de préparer ce qui remplacera son régime ».

Pour imposer les prochaines attaques contre la classe ouvrière, le gouvernement compte sur les organisations syndicales qui ont été reçues en amont du remaniement en vue d’imposer les mesures d’austérités aux travailleurs. Pour François Hommeril, président de la CFE-CGC, Elisabeth Borne a prouvé qu'elle souhaitait effectivement rétablir le lien, « dans le sens où son intervention, aujourd'hui, est assez conforme pour la partie des négociations qu'on souhaite entamer avec le patronat et pour lesquelles on veut que le gouvernement s'engage dans un cadre ». François Hommeril estime que la Première ministre « a répondu à nos attentes sur ce sujet-là ».

Pour la secrétaire de la CGT Sophie Binet, « si Emmanuel Macron a pris un peu d'avance sur la première partie du Tour, si on reste sur la métaphore sportive, il est carbonisé, il n'a plus d'équipe, il est seul. Le cyclisme, c'est un sport d'équipe ». Or, la cheffe de la CGT vante les beaux résultats de son syndicat qui « s'est renforcé puisque la CGT a gagné 40 000 nouveaux syndiqués. La fin de l'étape, ça va durer quatre ans et ça va être extrêmement dur pour le gouvernement. Et nous, on continue sur la question des retraites, sur la question des salaires et sur la question environnementale, notamment ».

Binet se vante d’avoir gagné 40 000 adhérents lors de la réforme des retraites, mais la CGT est allée à la table des négociations avec l’intersyndicale pour se ranger derrière le gouvernement fragilisé par les manifestations contre la réforme des retraites et cherchant à mettre fin aux manifestations. Les remarques de Binet sont surtout un aveu d’une opposition des travailleurs face à la politique de Macron qui va se poursuivre et se radicaliser et par laquelle la CGT craint d’être débordée.

La mobilisation de la classe ouvrière contre la politique de guerre insensée de l’élite dirigeante, tout comme la mobilisation de la classe ouvrière contre les austérités, ne peut se faire qu’à travers la construction d’un mouvement de masse et de base indépendant des bureaucraties syndicales et de leurs alliés de la pseudo gauche. Ces forces, qui ne fournissent aucune perspective à la lutte contre les mesures d’austérités de Macron, sont davantage alignées sur les guerres impérialistes françaises.

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