Le Conseil constitutionnel valide la réforme des retraites, des émeutes éclatent à travers la France

À 18h vendredi, le Conseil constitutionnel a validé la réforme des retraites comme étant constitutionnelle, levant ainsi le dernier obstacle juridique à sa promulgation. L’Élysée a annoncé 15 minutes plus tard que Macron promulguerait la loi sur les retraites dans les 48 heures. Macron a ensuite promulgué la réforme samedi matin.

L'approbation par le Conseil d'une loi à laquelle s'opposent 80 pour cent des Français et que Macron a imposé sans même un vote au parlement, arrache une fois de plus le masque « démocratique » de l'État capitaliste. L’État impose le diktat des banques qui, sur fond de guerre OTAN-Russie en Ukraine, comptent détourner massivement les dépenses sociales pour renforcer l’appareil militaro-policier. La lutte contre la réforme ne peut être menée que dans le cadre d'une lutte politique de la classe ouvrière contre l’appareil d’État.

Le vote du Conseil expose également la bureaucratie syndicale et mes partis de pseudo-gauche. Mettant en garde contre la « violence » des manifestants, ils ont poussé les travailleurs à placer leurs espoirs dans la « médiation » syndicale avec Macron. Tous, y compris des masses de travailleurs et de jeunes, savaient très bien que Macron foulerait la « médiation » aux pieds. D’autre part, les deux tiers des Français voulaient une grève générale pour bloquer l’économie et faire cuter Macron.

Les bureaucrates se sont efforcées d'épuiser et de démobiliser la colère des masses en promettant, de manière réactionnaire et inutile, de reprendre les pourparlers avec Macron.

Des manifestations et des émeutes ont éclaté dans plus de 100 villes de France vendredi soir après l’annonce du Conseil. À Rennes, les manifestants ont pris d’assaut et incendié un poste de police et mis feu à la porte du couvent des Jacobins. Des affrontements ont également eu lieu à Grenoble et à Lyon, où les forces de l’ordre ont bouclé le quartier de la Croix-Rousse.

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À Paris, où la police a bouclé le quartier du Conseil constitutionnel, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés place de Grève, devant l’Hôtel de Ville. Ils se sont d’abord dirigés vers l’ouest et l’Élysée, mais ont été repoussés par une série de charges policières, pour finalement se diriger vers la place de la République. Les affrontements entre la police et les jeunes se sont poursuivis toute la nuit.

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Le Conseil constitutionnel est composé de réactionnaires nommés par des présidents successifs pour des mandats de neuf ans. Y siège Alain Juppé, l’ex-premier ministre repris de justice pour abus de fonds sociaux, qui a provoqué en 1995, quatre ans après la dissolution stalinienne de l’Union soviétique, une vague de grèves des cheminots avec une première attaque contre les retraites. Son président est Laurent Fabius, à jamais entaché, malgré son blanchiment par une justice de classe, par l’affaire du sang contaminé et la mort de masse des hémophiles dans les années 1980.

Sans surprise, le Conseil a rendu un arrêt illégitime et antidémocratique qui discrédite tout l’État capitaliste. Il n’a apporté que des modifications mineures, supprimant certaines mesures « sociales », telles que l’obligation de recenser les licenciements des travailleurs plus âgés afin d’embaucher des travailleurs coûtant moins cher, que Macron avait ajouté à la demande des bureaucrates syndicaux.

La lutte doit et va continuer contre cette réforme antidémocratique et contre le régime brutal et policier dirigé par Macron. Mener cette lutte, cependant, nécessitera la construction d’un mouvement à la base, indépendant des bureaucraties syndicales qui s’efforcent de protéger Macron. Les premières réponses des chefs syndicaux et des politiciens de pseudo-gauche à la décision du Conseil constitutionnel montrent clairement qu’ils comptent épuiser le mouvement. Ils vont faire des appels à des manifestations périodiques sans aucune perspective.

Jean-Luc Mélenchon, le chef de la France insoumise (LFI) et de sa Nouvelle Union Populaire (NUPES) avec les décombres des partis sociaux-démocrates et staliniens, a réagi en tweetant: «La décision du Conseil constitutionnel montre qu'il est plus attentif aux besoins de la monarchie présidentielle qu'à ceux du peuple souverain. La lutte continue et doit rassembler ses forces. »

Quelques heures plus tard, il a souligné que lui et ses alliés vont travailler avec les bureaucraties syndicales pour garder le contrôle des luttes. Il a tweeté: «La violence exceptionnelle des décisions du Conseil Constitutionnel nécessite une étroite coordination entre la NUPES et les syndicats pour continuer la lutte et maîtriser la riposte. Alerte aux colères de désespoirs. »

L’appel de Mélenchon à « maîtriser la riposte » ne vise pas à mobiliser et à donner une perspective à la colère sociale, mais à la détourner dans l’impasse de la « médiation » syndicale avec Macron. Mélenchon a obtenu près de 8 millions de voix lors de l’élection présidentielle de 2022, surtout dans les quartiers populaires des grandes villes. Un appel à ses électeurs à une grève de masse afin de faire chuter Macron bloquerait rapidement l’économie de la France, comme le souhaite une grande majorité des Français.

Mais il s’est abstenu de lancer un tel appel, préférant proposer la grève générale aux dirigeants syndicaux, qui n’ont aucune intention d’y donner suite. Craignant d’être débordés s’ils stoppent les journées d’action, ces dirigeants continuent de les appeler tout en essayant d’épuiser le mouvement.

Sophie Binet, la dirigeante de la fédération des cadres fraîchement élue à la tête de la bureaucratie stalinienne de la CGT, a lancé un appel impuissant de l’intersyndicale à Macron pour qu’il fasse preuve de « sagesse » et abandonne la réforme qu’il vient d’imposer.

Elle a refusé la proposition de Macron d’une rencontre mardi avec l’intersyndicale à l’Élysée, appelant à un « raz-de-marée historique et populaire » dans les manifestations du 1er mai. Binet a déclaré : « On n'ira pas voir le président de la République s'il promulgue la loi. S'il la retire on ira avec grand plaisir discuter avec lui. »

Face à la colère massive de la classe ouvrière, certains alliés politiques des bureaucraties syndicales cachent leur « grand plaisir » à l’idée de parler à Macron, mettant en avant un visage plus « militant ». Olivier Besancenot, l’ex-candidat présidentiel du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) pabliste, a tweeté: «Ci-gît le tombeau de la Vème République, 1958/2023: R.I.P!»

Les proclamations de la mort de la Ve République, par les alliés petit-bourgeois des bureaucraties syndicales qui tentent de démobiliser l’opposition à Macron et à l’État policier de la Ve République, n’ont aucune valeur. La lutte des classes a confirmé que ces partis de pseudo-gauche veulent lier les travailleurs au « dialogue social » bureaucratique avec Macron, qui gouverne contre le peuple.

Alors que la colère sociale continue de monter, la tâche reste de préparer une grève générale pour faire chuter le banquier Macron, l’architecte des réformes antisociales et centre des conspirations policières contre les travailleurs. Mais la décision du Conseil constitutionnel met fin à une période de la lutte contre Macron. Elle confirme qu’il n’y a pas de voie « démocratique » au sein de la structure étatique existante et de son «dialogue social», pour s’opposer à une dictature des banques.

La tâche est de construire par le bas un mouvement de masse des travailleurs, organisé en comités d’action de la base, pour faire chuter Macron, et un mouvement politique pour transférer le pouvoir aux organisations de lutte ouvrières.

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