Grèce: La responsabilité de SYRIZA dans la catastrophe ferroviaire meurtrière à Tempi

«Pour les travailleurs, un gouvernement SYRIZA ne représenterait pas un moyen de sortir de la crise; au contraire, il représenterait un énorme danger. Malgré sa façade de gauche, SYRIZA est un parti bourgeois qui repose sur des couches aisées de la classe moyenne. Ses politiques sont déterminées par des bureaucrates syndicaux, des universitaires, des professionnels et des fonctionnaires parlementaires qui cherchent à défendre leurs privilèges en préservant l’ordre social».

«Les élections en Grèce et les tâches politiques de la classe ouvrière», World Socialist Web Site, le 26 janvier 2015.

«Quatre jours seulement après que les travailleurs et la jeunesse grecs ont voté massivement pour rejeter les diktats de l’UE, le gouvernement SYRIZA a présenté une proposition de 13 milliards d’euros de mesures d’austérité à l’attention des ministres des Finances et des chefs de gouvernement européens qui se réunissent ce week-end. Le gouvernement grec espère que ces mesures brutales lui permettront de bénéficier d’un plan de sauvetage européen de 53 milliards d’euros».

«La proposition, qui a été approuvée à une écrasante majorité par le parlement grec vendredi matin, est encore plus brutale que le plan d’austérité de 9 milliards d’euros que les électeurs grecs ont rejeté lors du référendum».

«Syriza trahit la classe ouvrière grecque, World Socialist Web Site», le 12 juillet 2015.

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Des millions de travailleurs et de jeunes en Grèce ont protesté par des manifestations et des grèves depuis la mort évitable de 57 passagers et membres du personnel ferroviaire dans l’accident de train de Tempi le 28 février.

Les victimes, pour la plupart de jeunes étudiants rentrant de vacances, ont connu une mort atroce lorsqu’un train de passagers interurbain à grande vitesse transportant 350 personnes – se rendant d’Athènes à Thessalonique – est entré en collision frontale dans la vallée de Tempi avec un train de marchandises se dirigeant vers le sud.

Une grue, des pompiers et des sauveteurs interviennent après une collision à Tempi, à environ 375 kilomètres au nord d’Athènes, près de la ville de Larissa, en Grèce, le mercredi 1er mars 2023. Un train interurbain à grande vitesse transportant des centaines de passagers est entré en collision le 28 février avec un train de marchandises circulant en sens inverse dans le nord de la Grèce, faisant 57 morts et des dizaines de blessés. [AP Photo/Vaggelis Kousioras]

Les manifestants savent que ces décès ne sont pas qu’un simple accident et qu’ils ne sont pas imputables à un chef de gare solitaire, comme l’a prétendu le gouvernement de la Nouvelle Démocratie (ND). La collision est un crime résultant d’un réseau ferroviaire terriblement dangereux, causé par des années de coupes budgétaires et sa privatisation en 2017.

Après quatre années passées dans l’opposition, depuis qu’il a été démis de ses fonctions pour avoir mené une brutale offensive d’austérité, SYRIZA (Coalition de la gauche radicale) fait maintenant campagne pour revenir au pouvoir lors des prochaines élections générales en tant que «gouvernement progressiste».

Cette affirmation est un mensonge éhonté, et beaucoup le comprennent très bien. Nous sommes en 2023, pas en 2015, et des millions de travailleurs en Grèce ont subi des pertes d’emploi et des attaques dévastatrices contre leurs conditions de travail, leurs pensions et leur niveau de vie aux mains de SYRIZA.

Après la collision mortelle, Alexis Tsipras, le chef de SYRIZA, s’est rendu sur le site de l’accident et a versé des larmes de crocodile en déclarant: «La tragédie n’est pas un sujet de dispute entre partis politiques, mais une dispute collective entre l’ensemble de la société et ceux qui tentent de dissimuler la vérité». Le 1er mars, Tsipras a tweeté qu’il était «choqué par l’épouvantable tragédie de Tempi. Ce qui s’est passé est inconcevable».

Ce n’est pas du tout inconcevable. SYRIZA a joué un rôle essentiel dans les événements qui ont conduit à l’accident.

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras s’adresse aux membres de son parti lors d’une réunion, à Athènes, le 27 mai 2019. Alexis Tsipras a convoqué des élections générales anticipées à la suite de la défaite retentissante de son parti SYRIZA aux élections européennes de la même année. [AP Photo/Yorgos Karahalis]

Les décès de Tempi se sont produits sous la surveillance de la Nouvelle Démocratie, mais SYRIZA ne porte pas moins de responsabilités après avoir trahi un mouvement de masse de la classe ouvrière des 15 dernières années. Tempi était le résultat des politiques menées par le gouvernement de Tsipras de 2015 à 2019, qui a approfondi une offensive d’austérité contre la classe ouvrière sans précédent sur le continent européen.

SYRIZA, dans le cadre d’une vague de privatisations qu’il a menée pendant son mandat, a été responsable de la vente des chemins de fer grecs, TrainOSE, pour presque rien (45 millions d’euros) à l’opérateur ferroviaire italien Ferrovie Dello Stato Italiane (FSI). La privatisation a laissé l’ensemble du service ferroviaire dans l’insécurité, les cheminots étant contraints d’utiliser sur des technologies obsolètes, notamment des systèmes de signalisation manuels.

Le manque de sincérité de Tsipras a été contesté par les travailleurs et les jeunes grecs, qui ont répondu à son tweet en ces termes:

«Oui, tu es choqué, imbécile. Tu t’es aussi assis sur la chaise du Premier ministre, mais tu n’as pas touché aux systèmes de sécurité qui auraient dû être mis en place. Tu peux aussi aller te faire voir.»

«Il est impensable qu’OSE ait été vendu pour 45 millions d’euros, soit le prix d’un train de cinq voitures. C’est impensable qu’il n’y ait pas de mécanisme d’audit depuis six ans, mais seulement des subventions [aux nouveaux propriétaires du chemin de fer]».

«Si seulement tu avais pensé à cela Alexis, quand tu as liquidé OSE».

«Vous êtes tous à blâmer Alexis, c’est juste que la bombe a explosé dans les mains de quelqu’un d’autre. Tu es aussi responsable».

«Lorsque vous avez vendu [les chemins de fer] à des entités monopolistiques italiennes, n’était-ce pas impensable à l’époque? Oh, je suis désolé, ce n’est pas le moment de lancer des accusations».

SYRIZA: le parti de l’austérité et de la privatisation

Les travailleurs grecs étaient déjà saignés à blanc après des années d’austérité imposées par les gouvernements successifs du PASOK (social-démocrate) et de la ND (conservatrice) lorsque SYRIZA a remporté une victoire écrasante en janvier 2015. SYRIZA s’est fait élire sur un mandat d’opposition à l’austérité, mais le premier geste de Tsipras et de son ministre des finances Yanis Varoufakis a été d’accepter son maintien. Dans le mois qui a suivi son arrivée au pouvoir, SYRIZA a convenu avec les ministres des Finances de la zone euro qu’il allait «s’abstenir de tout retour en arrière et de toute modification unilatérale des politiques et des réformes structurelles». SYRIZA a accepté de préparer d’autres «mesures de réforme, basées sur l’accord actuel», spécifiées dans le mémorandum détesté – que Tsipras avait précédemment promis de répudier – un engagement qu’il a respecté à la lettre, s’attirant la haine de millions de travailleurs.

Le président du Conseil européen Donald Tusk, à gauche, rencontre le Premier ministre grec Alexis Tsipras, à droite, et le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis avant un sommet d’urgence de l’UE sur la Grèce dans le bâtiment du Conseil européen à Bruxelles, le lundi 22 juin 2015. [AP Photo/Eric Vidal/Pool Photo via AP]

L’année suivante, le parlement dominé par SYRIZA a voté le «Superfund», une agence de privatisation, gérée par Athènes, mais supervisée par l’Union européenne (UE).

Le Superfund (Société hellénique d’actifs et de participations – Hellenic Company of Assets and Participations) doit rester en activité pendant 99 ans et a fusionné plusieurs entreprises, dont l’agence de privatisation TAIPED. La moitié des fonds qui proviennent de la vente des actifs de l’État a été affectée au remboursement des dettes.

TAIPED, créée en 2011, avait déjà conclu 25 privatisations, dont le site de l’aéroport d’Elliniko, plusieurs complexes hôteliers et de vastes étendues de terres, de plages et de biens de l’État. Quatorze aéroports régionaux étaient prêts à être vendus, ce qui constituait la première grande privatisation de SYRIZA. Les aéroports ont été vendus en novembre 2015 au consortium allemand Fraport-Slentel pour seulement 1,23 milliard d’euros sur la base d’un bail initial de 40 ans. Les 22 aéroports restants sont maintenant prêts à être liquidés.

La prochaine grande privatisation de SYRIZA, conclue le 10 août 2016, a été la vente du port du Pirée, l’une des infrastructures les plus critiques d’Europe, à la société de transport maritime chinoise Cosco. Cosco n’a payé que 280,5 millions d’euros pour s’assurer une participation de 51 pour cent dans le port du Pirée.

Cela a jeté les bases de la privatisation par SYRIZA du service public d’exploitation des trains TrainOSE en 2017 pour 45 millions d’euros et de l’entreprise de maintenance du matériel roulant l’année suivante pour seulement 22 millions d’euros. C’était l’aboutissement d’un processus au cours duquel le PASOK, la ND et SYRIZA ont veillé à ce que TrainOSE soit réduit à l’essentiel, notamment en réduisant les coûts de main-d’œuvre à des niveaux mettant en péril la population, et qui allaient s’avérer si mortels.

En 2010, le gouvernement PASOK au pouvoir a lancé un plan visant à réduire les effectifs de TrainOSE de près de 40 pour cent, passant de plus de 6.000 à environ 3.700 personnes. Le prix des billets a été augmenté de plus de 60 pour cent et une grande partie des lignes a été fermée.

Au cours de la décennie suivante, les gouvernements du PASOK, de la Nouvelle Démocratie et de SYRIZA ont encore réduit les effectifs de TrainOSE. Une étude du site 2020mag, publiée le 6 mars, décrit Tempi comme une «tragédie nationale prédéterminée», notant qu’en 2017, «après 5 ans de réduction du [Train] OSE (55 pour cent de réduction du personnel et 45 pour cent de réduction des salaires)», une privatisation partielle a été effectuée. «Le 14 septembre 2017, le Hellenic State Property Fund a vendu 100 pour cent des actions de la société qui exploite et gère tous les transports, TrainOSE, au FSI italien (Ferrovie dello Stato Italiane) pour 45 millions d’euros. 4 ans plus tard, en 2021, la période de transition est achevée et TrainOSE rebaptisée Hellenic Train».

Tsipras déclare que la privatisation des chemins de fer est un grand succès

SYRIZA et Ferrovie Dello Stato Italiane ont annoncé la vente lors d’une cérémonie somptueuse à Corfou, et Tsipras a déclaré qu’il s’agissait d’une glorieuse réussite. Naftemporiki, le quotidien financier, a rapporté que «Tsipras a expliqué que l’importance de l’investissement réside dans le fait que le pays a évité un grand fardeau financier… dans le prix lui-même, mais encore plus dans la taille de l’investissement qu’il fera dans l’économie grecque, dans les chemins de fer grecs, qui s’élèvent à 500 millions d’euros».

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras, à l’arrière-plan à droite, et son homologue italien Paolo Gentiloni, à l’arrière-plan à gauche, observent la directrice du Fonds de développement des actifs de la Grèce, Lila Tsitsogianopoulou, à droite, et Renato Mazzoncini, PDG de la holding ferroviaire italienne Ferrovie dello Stato Italiane, signer un accord final pour la vente de TrainOSE lors de la conférence intergouvernementale gréco-italienne au musée d’art asiatique sur l’île de Corfou, le 14 septembre 2017. [AP Photo/Petros Giannakouris]

Il n’y a pas eu d’investissement. Comme l’a noté une recherche de 2020mag, «Les trains des années 1990 ont été présentés comme neufs! Mais nous n’avons pas vu d’amélioration du service non plus. Et les problèmes techniques augmentent à un rythme exponentiel. Pour la seule année 2023 (moins de 60 jours), nous avons reçu 25 avis de défaillance de la part de Hellenic Train!»

Des milliers de cheminots ont été licenciés. Comme le WSWS l’a noté dans un article précédent, «Selon les chiffres officiels de TrainOSE, la société n’employait que 637 travailleurs sur l’ensemble du réseau ferroviaire au 31 décembre 2017 – l’année où SYRIZA l’a vendue à l’italienne Ferrovie Dello Stato. Les nouvelles embauches de TrainOSE (93) ont à peine dépassé le nombre de travailleurs qui partaient à la retraite cette année-là (71), car on a rendu l’entreprise aussi légère et rentable que possible pour ses nouveaux propriétaires. Ferrovie n’a pratiquement rien changé, car elle se targuait de réaliser d’énormes bénéfices dans le cadre d’une “opération d’expansion stratégique”. Un an plus tard, la compagnie ferroviaire n’employait plus que 659 personnes».

Au moment de la collision, les chemins de fer grecs n’employaient plus que 750 personnes. La nuit de l’accident, pendant 20 minutes, le chef de gare de Larissa – un seul ouvrier – était responsable de la sécurité des trains dans toute la Grèce centrale!

En 2019, un tweet de Kostis Hatzidakis, ministre du Travail et des Affaires sociales et vice-président de la Nouvelle Démocratie s’est vanté de ce qui était une opération conjointe ND/SYRIZA: «OSE était l’entreprise la plus en difficulté en Europe. Nous avons mis en œuvre un plan de consolidation qui a permis d’économiser des centaines de millions et de rendre TrainOSE rentable. Grâce à nos interventions, la privatisation de l’entreprise a pu être réalisée».

En procédant à la privatisation de TrainOSE, SYRIZA a appliqué à la lettre la déclaration de 2010 de Poul Thomsen du Fonds monétaire international, et d’un représentant de la détestée «Troïka» (FMI, UE, Banque centrale européenne) qui a crié, en jetant au sol un dossier qui contenait les comptes des entreprises ferroviaires d’État, «Il faut mettre la clé sous la porte!»

Une analyse du programme de privatisation grec réalisée par Eurobank en janvier 2019 révèle que SYRIZA a supervisé plus de 3 milliards d’euros sur plus de 6 milliards d’euros de ventes d’actifs de l’État:

  • 2011-2012: 1,17 milliard d’euros - PASOK

  • 2013: 1,04 milliard d’euros - Nouvelle Démocratie-PASOK

  • 2014: 419,6 millions d’euros - Nouvelle Démocratie-PASOK

  • 2015: 289,2 millions d’euros - SYRIZA

  • 2016: 498,3 millions d’euros - SYRIZA

  • 2017: 1,38 milliard d’euros - SYRIZA

  • 2018: 1,03 milliard d’euros - SYRIZA

  • 2019: 1,21 milliard d’euros (SYRIZA a été chassée du pouvoir en juillet 2019, remplacée par Nouvelle Démocratie)

Les conditions de la vente de TrainOSE étaient si onéreuses pour l’État grec qu’elles n’ont jamais été publiées. Mais le site web investigate-europe.eu a publié des détails importants dans un exposé de février 2022. L’article note: «Le contrat de privatisation reste secret, mais les personnes qui en connaissent les termes, comme l’actuel vice-ministre [ND] des Infrastructures et des Transports, Giorgos Karayannis, le qualifient de “colonial”. Il s’agit d’un langage inhabituellement fort de la part d’un membre d’un gouvernement conservateur. Le ministère grec des Transports a accepté de subventionner la compagnie italienne à hauteur de 50 millions d’euros par an pour l’exploitation de certaines lignes, comme le prévoit un contrat d’obligations de service public (OSP)».

Le contrat d’OSP «reste également secret, malgré les demandes de liberté d’information soumises par les députés de l’opposition. Ainsi, les passagers grecs ne peuvent que se plaindre de la suppression ou de la négligence des lignes subventionnées, sans pouvoir prouver qu’il y a eu rupture de contrat. En revanche, les contrats d’OSP entre les compagnies ferroviaires et la plupart des autres gouvernements de l’UE, y compris entre Ferrovie dello Stato et le gouvernement italien, sont publics».

Syriza a veillé à ce que 700 millions d’euros de dettes soient effacés du bilan de l’entreprise publique afin de la rendre plus attrayante pour le transporteur public italien. On a transféré cette dette au Trésor public.

La voie à suivre pour les travailleurs et les jeunes en Grèce

Depuis l’accident de Tempi, la Nouvelle Démocratie a connu une chute dans les sondages d’opinion, la colère des masses face au nombre effroyable de morts étant citée comme un facteur majeur. Alors qu’elle détenait auparavant une avance sur SYRIZA allant jusqu’à 10 points, son avance moyenne dans les derniers sondages est toujours d’environ 5 pour cent. Le premier tour des élections générales grecques doit avoir lieu le 21 mai.

Les sondages concernant Tsipras sont restés statiques, ce qui confirme que des millions de travailleurs et de jeunes grecs savent que SYRIZA, comme ND et d’autres partis pro-austérité, a joué un rôle majeur dans la préparation du terrain pour la collision de février. La jeune génération n’a connu que la pauvreté et un salaire minimum de 700 euros par mois. Elle compatit avec les cheminots et s’oppose à tous les efforts qui visent à faire des employés des boucs émissaires et à rejeter la responsabilité de l’énorme perte de vies humaines.

Des manifestations de masse ont eu lieu le mois dernier en Grèce, dont deux grèves générales, au cours desquelles des travailleurs et des jeunes ont qualifié les morts de «meurtres» et de «crimes», réclamant justice et s’engageant à «parler au nom des morts».

Tsipras, un représentant de confiance de l’élite dirigeante grecque – et un homme politique qui comprend bien la menace de la base – a qualifié le mouvement de masse à propos de Tempi de «soulèvement». Les manifestations de masse en Grèce se déroulent dans un contexte d’éruption de la lutte des classes dans toute l’Europe, alors que des dizaines de millions de travailleurs ripostent contre les gouvernements des riches à l’échelle du continent, comme en témoigne la révolte de masse en France contre les attaques du régime Macron sur les retraites.

Des personnes se rassemblent lors d’une manifestation sur la place Syntagma, à Athènes, en Grèce, le dimanche 5 mars 2023. Des dizaines de milliers de manifestants ont participé à des rassemblements dans tout le pays pour la cinquième journée, protestant contre les conditions qui ont conduit à la mort de 57 personnes mardi, dans le pire accident ferroviaire jamais enregistré en Grèce. [AP Photo/Yorgos Karahalis]

Mais pour que justice soit faite, les travailleurs et les jeunes grecs doivent transformer leur indignation spontanée en un mouvement politiquement conscient contre le système capitaliste et les partis politiques qui le soutiennent.

Ce n’est pas un chef de gare solitaire qui devrait être sur le banc des accusés pour Tempi, mais Tsipras et tous les autres criminels dont les décisions politiques ont créé un réseau ferroviaire dangereux. La justice ne peut pas non plus être obtenue en dehors d’une rébellion politique contre la bureaucratie syndicale sur laquelle SYRIZA et tous les gouvernements grecs successifs se sont appuyés pendant des décennies pour réprimer l’opposition à l’austérité.

La seule tendance politique qui s’est opposée à SYRIZA dès le début, à partir de la gauche, était le Comité international de la Quatrième Internationale. Le CIQI a lancé de nombreux avertissements opportuns sur le caractère de classe de SYRIZA en tant qu’outil de l’État capitaliste, à la solde des banques et des entreprises.

Dans sa déclaration du Nouvel An, publiée le 3 janvier 2020, le CIQI a expliqué que la décennie à venir serait celle de «l’intensification de la lutte des classes et de la révolution socialiste mondiale».

«La croissance de la classe ouvrière et l’émergence de la lutte des classes à l’échelle internationale constituent la base objective de la révolution. Cependant, les luttes spontanées des travailleurs et leur aspiration instinctive au socialisme sont, en elles-mêmes, insuffisantes. La transformation de la lutte des classes en un mouvement conscient pour le socialisme est une question de direction politique».

Aujourd’hui, la question décisive pour tous ceux qui cherchent à obtenir justice pour les morts de Tempi est la construction d’un nouveau mouvement politique de la classe ouvrière, indépendant de tous les partis de l’élite dirigeante capitaliste. Cela nécessite la construction d’une section grecque du CIQI.

Nous encourageons les manifestants et les travailleurs de toute la Grèce à contacter le WSWS pour lui faire part de leurs réflexions sur les morts de la catastrophe ferroviaire de Tempi. Contactez-nous ici.

(Article paru en anglais le 11 avril 2023)