Dans une réunion d’étudiants à Paris, le PES appelle à faire chuter Macron

Mardi soir, des membres du Parti de l'égalité socialiste (PES) sont intervenus dans l'assemblée de la coordination Inter-facs, à l'université Saint-Denis.

L'Inter-facs regroupe des étudiants actifs dans la politique universitaire à Paris. Ses membres viennent des universités de la Sorbonne-Panthéon, Tolbiac, Nanterre, Saint Denis, Gustave Eiffel, Paris-Lumière, Créteil et Saclay, qui représentent la majeure partie du demi-million d'étudiants de la région parisienne. L'assemblée et son comité de présidence comprennent des membres du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), du parti moréniste Révolution permanente et de groupes anarchistes.

A Saint-Denis, le PES a proposé à l'Inter-facs de voter une résolution appelant à la chute de Macron. Il passe en force sur les retraites, piétinant l’opinion de l'écrasante majorité des Français, tout en augmentant les dépenses militaires pour faire la guerre à la Russie en Ukraine, provoquant une colère sociale explosive et des grèves de masse, brutalement réprimées par les forces de l’ordre. Mais la tribune de l'assemblée Inter-facs a finalement refusé d'autoriser un vote sur la proposition du PES, arguant qu'elle n’était pas nécessaire.

L'assemblée a commencé par des rapports sur les manifestations dans chaque université. Les étudiants ont fait état d'une croissance rapide sur leurs campus de l'opposition et de la colère des étudiants après le recours de Macron au 49.3 pour imposer sa réforme sans vote.

Après que la réunion soit passée de ces rapports aux propositions d'action, Alexandre Lantier, secrétaire national du PES, a demandé à s'adresser à l'assemblée. Lantier s'est présenté et a déclaré :

« Macron dirige un régime illégitime qui gouverne par la force, contre la volonté du peuple, et qui utilise la répression contre la classe ouvrière et les jeunes. Il y a déjà eu de nombreux témoignages de cela. La question qui est posée, et qui ressort de partout, est : que faire ?

«Aujourd'hui, Macron a annoncé qu'il est très mécontent de ceux qui disent que son gouvernement est illégitime. C'est dommage, car son gouvernement est illégitime.

« Ce qu'il faut faire, c'est lancer un mouvement politique pour le renvoi de Macron, pour faire tomber le gouvernement Macron par une grève générale. Il s’agit d’organiser des assemblées générales dans les universités, dans tous les lieux de travail de France pour dire que ce président doit partir et que pour cela, il faut mobiliser la classe ouvrière indépendamment de tous les appareils qui sont en train de négocier avec Macron, non pas de lutter contre lui.

«Si cette assemblée vote une résolution claire, qui dit que Macron doit partir, que la présidence de la Ve République est devenu le centre d’une dictature illégitime exercée par les banques contre les travailleurs, cela aura un impact énorme.

«Cela nous permettre aux jeunes d’aller sur les lieux de travail, de parler aux travailleurs, de leur dire de faire la même chose, de se rassembler sur leurs lieux de travail en assemblée générale, de voter des déclarations appelant à faire chuter Macron ainsi, créer des organisations par lesquelles les travailleurs peuvent renvoyer Macron, abolir la présidence de la Ve République, et ouvrir un chemin vers la prise du pouvoir par la classe ouvrière et la construction du socialisme.»

L’assemblée a applaudi ces remarques, mais la tribune n’a pas retenu cette motion sur la liste d’actions proposées. Lantier a dû demander à nouveau que cette motion soit inscrite sur la liste, ce que la tribune a fait initialement. Ensuite, cependant, la tribune de l’assemblée a refusé de permettre aux membres du PES d’intervenir à propos des actions à entreprendre.

Aucune restriction n'a été appliquée à une délégation de la tendance spartaciste petite-bourgeoise du Québec. Ils ont distribué leur journal, qui appelle à construire une faction prétendument « révolutionnaire » de la bureaucratie syndicale française, et ont pris la parole à plusieurs reprises.

Les discussions a continué sur des questions telles que le service d’ordre et les liens avec les syndicats à la manifestation de mercredi, les blocages d’universités, et une manifestation devant la fac d’Assas, contre le groupe fasciste « Waffen-Assas » qui attaque des étudiants de gauche. Tout au long de cette partie de la réunion, un nombre croissant d’étudiants quittaient l’amphi.

Dans la dernière partie de la réunion, alors que l'assemblée votait sur les actions proposées, la tribune a annoncé qu'un vote sur la motion du PES n'était pas nécessaire. Quand Lantier a demandé pourquoi, le président a déclaré que Lantier n'était pas étudiant et a mis fin à la discussion. Les étudiants présents à la réunion ont ensuite dit à Lantier qu'ils pensaient que la proposition du PES n'était pas nécessaire, car tous les participants à la réunion sont contre Macron.

En réalité, le refus de la présidence de voter sur la motion du PES illustre les obstacles au développement d'un mouvement véritablement révolutionnaire, et en particulier les obstacles politiques à une convergence des jeunes avec la classe ouvrière.

La motion du PES visait à initier un tournant politique de masse des jeunes vers la classe ouvrière, pour mobiliser toute la classe ouvrière contre Macron. Les membres de l'Inter-facs peuvent très bien ne pas aimer Macron et sympathiser avec les grévistes visés par la répression. Mais leur pratique ne pousse pas les étudiants et les jeunes à se rendre sur les lieux de travail pour discuter avec les travailleurs de la nécessité de construire des organisations de lutte pour faire chuter Macron.

L'énergie de la jeunesse est ainsi dissipée dans des discussions futiles avec les appareils syndicaux, qui elles cherchent une « médiation » avec Macron pour désamorcer une crise objectivement révolutionnaire. L'organisation d'actions de solidarité avec les grévistes, au lieu d'être menée par des dizaines ou des centaines de milliers d'étudiants, est laissée à quelques dizaines d'étudiants dans des partis étroitement liés aux bureaucraties syndicales, comme le NPA.

La lutte du PES pour orienter les jeunes vers les travailleurs se heurte à la politique des partis petit bourgeois actifs dans l'Inter-facs. Révolution permanente, dont la fraction féministe Poing levé est active à Saint-Denis, a déclaré dans les articles de Juan Chingo que les travailleurs ont encore besoin d'une plus grande expérience de la « démocratie représentative bourgeoise », en clair, d'un régime capitaliste. RP dit aussi vouloir se développer en tant que fraction de la bureaucratie stalinienne de la Confédération générale du travail.

Le site web francophone de Spartacist, dont les membres critiquent le PSE pour avoir soulevé la question soi-disant « inutile » de faire tomber Macron, attaque les trotskistes pour s'être opposés à la constitution bourgeoise française adoptée en 1946, après l'Occupation et la chute de Vichy.

En réalité, la crise actuelle justifie cette lutte historique du mouvement trotskiste. La constitution de 1946, à laquelle Charles de Gaulle a ajouté les pouvoirs élargis de la présidence, au milieu du coup d'État pro-colonial de 1958 pendant la guerre d'Algérie, est encore le fondement de l'État capitaliste français. Elle a maintenant engendré un régime policier dirigé par Macron, le « président des riches » qui gouverne contre le peuple.

Le PES est la section française du Comité international de la IVe Internationale (CIQI), le mouvement trotskiste mondial. Il explique que les luttes en France font partie d'un mouvement international de la classe ouvrière et une rébellion croissante des travailleurs et des jeunes contre les bureaucraties nationales. Il invite les travailleurs et les jeunes favorables à son appel à faire chuter Macron à le contacter et à lutter pour développer ce mouvement dans la classe ouvrière.

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